Essais - Tome I
213 pages
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Essais - Tome I , livre ebook

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Description

Les Essais sont l'œuvre majeure de Michel de Montaigne (1533-1592), à laquelle il consacre un labeur d'écriture et de réécriture à partir de 1572 continué pratiquement jusqu'à sa mort. Il traite de tous les sujets possibles, sans ordre apparent : médecine, amour et sexualité, livres, affaires domestiques, histoire ancienne, chevaux, maladie entre autres, auxquels Montaigne mêle des réflexions sur sa propre vie et sur l'Homme, le tout formant "un pêle-mêle où se confondent comme à plaisir les choses importantes et futiles, les côtés vite surannés et l’éternel".

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2020
Nombre de lectures 82
EAN13 9782381580074
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MICHEL DE MONTAIGNE


ESSAIS
TOME PREMIER


ISBN 9782381580074
© avril 2020
StoryLab éditions
Paris
www.storylab.fr
COPIE FIGURÉE
DE

L’AVIS A L’IMPRIMEUR,

E CRIT de la main de MONTAIGNE au verso du frontispice gravé de l’édition in-4 o , imprimée chez AbelL’Angellier, en 1588. Sixieme édition 6 , viresqueacquirit eundo.

MONTRE montrer remontrer etc. escrives les sans [s]a la differance de monstre monstrueus
Cet home cette fame escrives le sans [s] a la differance de c’est c’estoit
Ainsi mettes le sans [n] quand une uoyelle 7 suitet aueq [n] si c’est une consonante ainsi marcha ainsinalla
Campaigne espaigne gascouigne etc. mettez un [i]davant le [g] come a Montaigne
Non pas sans [i] campagne espagne
Mettez mon nom tout du long sur chaque face Essaisde Michel de Montaigne liv. I
Ne mettez en grande lettre que les noms propres ouau moins ne diversifies pas come en cet examplere queun mesme mot soit tantost en grande lettre tantost enpetite
La prose latine grecque ou autre estrangiere il la fautmettre parmi la prose françoise en caractere differantles vers a part et les placer selon leur nature pentamettres saphiques les demi vers les comancemans aubout de la ligne la fin sur la fin en cet examplere il ya mille fautes en tout cela
Mettez regles regler non pas reigles reigler suiveslorthografe antiene
Outre les corrections qui sont en cet examplere ily a infinies autres a faire de quoi limprimur se pourraaviser, mais regarder de pres aus poincts qui sont ence stile de grande importance
S’il treuue une mesme chose en mesme sens deus foisqu’il en oste l’une ou il uerra qu’elle sert le moins
C’est un langage coupé qu’il n’y espargne les poinctset lettres maiuscules. Moi mesme ai failli souvant a lesoster et a mettre des comma ou il falloit un poinct.
Qu’il uoie en plusieurs lieus ou il y a des paranthesess’il ne suffira de distinguer le sens aueq des poincts.
Qu’il mette tout au long les dates et sans chiffre.
Qu’il serre les mots autrement qu’ici les uns aus autres.

N.B. On voit par cette espece d’avis à l’imprimeur, combienl’orthographe de Montaigne differe de celle que nous suivonsaujourd’hui. Je remarquerai à ce sujet qu’il écrit les mots à cetteheure, d’un seul mot, asteure , précisément de la même maniere dont nous le prononçons tous les jours dans la conversation, par une de ces contractions que l’usage autorise, et quela célérité propre à la langue parlée, et qui est même un de sescaracteres distinctifss, nécessite en quelque sorte e : souvent aussiil écrit asture , dolur, valur , etc., orthographe conforme à lamaniéré dont ces mots, et tous ceux qui ont la même terminaison, se prononçoient dans son pays, et dont ils s’y prononcent encore aujourd’hui. N.
AU LECTEUR.

C ’EST icy un livre de bonne foy, lecteur. Il t’advertitdés l’entrée, que ie ne m’y suis proposé aucune fin, quedomestique et privée ; ie n’y ay eu nulle consideration deton service, ny de ma gloire e : mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein. le l’ay voué à la commodité particuliere de mes parents et amiss : à ce que m’ayant perdu(ce qu’ils ont à faire bientost) ils y puissent retrouveraucuns traicts de mes conditions et humeurs, et que parce moyen ils nourrissent plus entiere et plus vifve, lacognoissance qu’ils ont eu de moy. Si c’eust esté pourrechercher la faveur du monde e : ie me fusse 8 mieulxparé ; et me presanterois en une marche estudiee. le veulxqu’on m’y voye en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans 9 contention et artifice : car c’est moy queie peins. Mes defauts s’y liront au vif 10 , et ma formenaïfve, autant que la reverence publique me l’a permis. Que si i’eusse esté 11 entre ces nations qu’on dict vivreencores soubs la douce liberté des premieres loix de nature, je t’asseure que ie m’y fusse tres volontiers peinttout entier, et tout nud. Ainsi, lecteur, ie suis moymesme la matiere de mon livre : ce n’est pas raison quetu employes ton loisir en un subiect si frivole et si vain.A Dieu donq, de Montaigne, ce 12 premier de marsmille cinq cents quatre vingt.
LIVRE PREMIER.
CHAPITRE I. Par divers moyens on arrive à pareille fin.
L A plus commune façon d’amollir les cœurs de ceulxqu’on a offensez, lors qu’ayants la vengeance en mainils nous tiennent à leur mercy, c’est de les esmouvoir,par soubmission, à commiseration et à pitié : toutesfois labraverie et la constance, moyens tout contraires, ontquelquesfois servy à ce mesme effect. Edouard 13 ,prince de Galles, celuy qui regenta si longtemps nostreGuienne, personnage duquel les conditions et la fortune ont beaucoup de notables parties de grandeur,ayant esté bien fort offensé par les Limosins, et prenant leur ville par force, ne peut estre arresté par lescris du peuple et des femmes et enfants abandonnezà la boucherie, luy criants mercy, et se iectants à ses pieds ; iusqu’à ce que, passant tousiours oultre dans lavillee, il apperceut trois gentilshommes françois quid’une hardiesse incroyable soustenoient seuls l’effort deson armee victorieuse. La consideration et le respectd’une si notable vertu reboucha premierement la poinctede sa cholere ; et commencea par ces trois à faire miséricorde à touts les aultres habitants de la ville. Scanderberch, prince de l’Epire, suyvant un soldat des sienspour le tuer ; et ce soldat, ayant essayé par toute especed’humilités et de supplications de l’appaiser, se résolut àtoute extremité de l’attendre l’espee au poingg : cettesienne resolution arresta sus bout la furie de son maistre,qui, pour luy avoir veu prendre un si honnorable party,le receut en grace. Cet exemple pourra souffrir aultre interpretation de ceulx qui n’auront leu la prodigieuse forceet vaillance de ce prince là. L’empereur Conrad troisiesme, ayant assiegé 14 Guelphe duc de Bavieres, nevoulut condescendre à plus doulces conditions, quelquesviles et lasches satisfactions qu’on luy offrist, que depermettre seulement aux gentils femmes qui estoient assiegees avecques le duc de sortir, leur honneur sauve, à pied,aveçques ce qu’elles pourroient emporter sur elles. Elles,d’un cœur magnanime, s’adviserent de charger sur leursespaules leurs maris, leurs enfants, et le duc mesme.L’empereur print si grand plaisir à veoir la gentillesse deleur courage, qu’il en pleura d’ayse, et amortit toute cetteaigreur d’inimitié mortelle et capitale qu’il avoit porteecontre ce duc ; et dez lors en avant traicta humainementluy et les siens. L’un et l’aultre de ces deux moyensm’emporteroit ayseement ; carr i’ay une merveilleuse lascheté vers la misericorde et la mansuetude. Tant y a, qu’àmon ad vis ie serois pour me rendre plus naturellementà la compassion qu’à l’estimation : si est la pitié passion vicieuse aux Stoïcques ; ils veulent qu’on secoure les affligez, mais non pas qu’on flechisse et compatisse avecqueseulx. Or ces exemples me semblent plus à propos, d’autant qu’on veoit ces ames, assaillies et essayees par cesdeux moyens, en soustenir l’un sans s’esbransler, etcourber soubs l’aultre. Il se peult dire que, de rompre soncœur à la commiseration, c’est l’effect de la facilité, debonnaireté et mollessee, d’où il advient que les naturesplus foibles, comme celles des femmes, des enfants etdu vulgaire, y sont plus subiectes ; mais, ayant eu àdesdaing les larmes et les prieres, de se rendre à la seulereverence de la saincte image de la vertu, que c’estl’effect d’une ame forte et imployable, ayant en affectionet en honneur une vigueur masle et obstinee. Toutesfoisez ames moins genereuses, l’estonnement et l’admiration peuvent faire naistre un pareil effect : tesmoing lepeuple thebain, lequel, ayant mis en iustice d’accusationcapitale ses capitaines pour avoir continué leur chargeoultre le temps qui leur avoit esté prescript et preordonné, absolut à toute peine Pelopidas qui plioit soubsle faix de telles obiections, et n’employoit à se garantirque requestes et supplicationss ; et au contraire, Epaminondas qui veint à raconter magnifiquement les chosespar luy faictes, et à les reprocher au peuple d’une façonfiere et arrogante, il n’eut pas le cœur de prendre seulement les balotes en mainn ; et se departit l’assemblee,louant grandement la haultesse du courage de ce personnage. Dionysius le vieil, aprez des longueurs etdifficultés extremes, ayant prins la ville de Regge, eten icelle le capitaine Phyton, grand homme de bien, quil’avoit si obstineement deffendue, voulut en tirer untragique exemple de vengeance. Il luy dict premierementt, comment le iour avant il avoit faict noyer son filset touts ceulx de sa parentéé : à quoy Phyton responditseulement Qu’ils en estoient d’un iour plus heureux queluy. Aprez il le feit despouiller et saisir à des bourreaux, et le traisner par la ville, en le fouettant tresignominieusement et cruellement, et en oultre le chargeant defelonnes paroles et contumelieuses : mais il eut le courage tousjours constant, sans se perdre ; et, d’un visageferme, alloit au contraire ramentevant à haulte voixl’honnorable et glorieuse cause de sa mort, pour n’avoirvoulu rendre son païs entre les mains d’un tyran ; lemenaceant d’une prochaine punition des dieux. Dionysius, lisant dans les yeulx de la commune de son armeeque, au lieu de s’animer des bravades de cet ennemy vaincu, au mespris de leur chef et de son triumphe, elle alloits

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