Rapport d'information fait au nom de la commission des finances sur l'enquête de la Cour des comptes relative au coût du passeport biométrique

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Le règlement européen du 13 décembre 2004 impose aux Etats membres de l'Union européenne (UE) de délivrer désormais des passeports dotés d'un composant électronique contenant non seulement la photographie faciale du porteur, mais aussi des empreintes digitales numérisées du détenteur du document. Ainsi que l'avait souligné Michèle André, rapporteure spéciale de la mission Administration générale et territoriale de l'Etat, dans son précédent rapport d'information « La nouvelle génération de titres d'identité : bilan et perspectives » (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/094000487/index.shtml), la France a respecté son engagement européen en passant au passeport biométrique le 28 juin 2009. Dans le même temps, le droit de timbre a connu une augmentation très forte. Dans ces conditions, il devenait nécessaire de déterminer le coût complet du passeport biométrique afin d'établir dans quelle mesure la hausse enregistrée du droit de timbre était justifiée. Dans cette perspective, la commission des finances a demandé à la Cour des comptes de réaliser, en application de l'article 58-2° de la LOLF, une enquête sur le coût du passeport biométrique, dont les conclusions sont publiées en annexe au présent rapport. Au regard des éléments mis en lumière par cette enquête, il apparaît notamment qu'une baisse du droit de timbre est possible, et cela d'autant plus si des économies d'échelle peuvent être réalisées lors du passage envisagé à la carte nationale d'identité électronique.
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01 juin 2010

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N° 596
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2009-2010
Enregistré à la Présidence du Sénat le 30 juin 2010
RAPPORT DINFORMATION
FAIT
au nom de la commission des finances (1) sur lenquêtede laCourdescomptesrelative aucoûtdupasseport biométrique,
Par Mme Michèle ANDRÉ,
Sénatrice.
( 1 ) C e t t e c o m m i s s i o n e s t c o m p o s é e d e : ArthuisM. Jean, président ; Gaillard, MmeM. Yann Bricq, Nicole MM. Jean-Jacques Jégou, Thierry Foucaud, Aymeri de Montesquiou, Joël Bourdin, François Marc, Alain Lambert, vice-présidents ; MM. Philippe Adnot, Jean-Claude Frécon, Mme Fabienne Keller, MM. Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ;M. Philippe Marini, ; rapporteur généralM. Jean-Paul Alduy,Mme Michèle Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, André, MM. Bernard Mme Marie-France Beaufils, MM. Claude Belot, Pierre Bernard-Reymond, Auguste Cazalet, Yvon Collin, Philippe Dallier, Serge Dassault, Jean-Pierre Demerliat, Éric Doligé, André Ferrand, François Fortassin, Jean-Pierre Fourcade, Christian Gaudin, Adrien Gouteyron, Charles Guené, Claude Haut, Edmond Hervé, Pierre Jarlier, Yves Krattinger, Gérard Longuet, Roland du Luart, Jean-Pierre Masseret, Marc Massion, Gérard Miquel, Albéric de Montgolfier, François Rebsamen, Jean-Marc Todeschini, Bernard Vera.
3 --
S O M M A I R E
Pages
AVANT-PROPOS................5.........................................................................................................
I. LE COÛT MOYEN DU PASSEPORT BIOMÉTRIQUE SE MONTE À 55 EUROS............. 7
II. LES FACTEURS EXPLICATIFS DU RENCHÉRISSEMENT DU COÛT DU PASSEPORT LORS DU PASSAGE À LA BIOMÉTRIE...................................................... 8
III. LENJEU DE LA FIXATION DU DROIT DE TIMBRE À UN JUSTE NIVEAU.............. 10
IV. VERS UNE BAISSE DU COÛT DU PASSEPORT BIOMÉTRIQUE.................................. 12
TRAVAUX DE LA COMMISSION - AUDITION POUR SUITE À DONNER À LENQUÊTE DEMANDÉE À LA COUR DES COMPTES, EN APPLICATION DE LARTICLE 58-2° DE LA LOI ORGANIQUE RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES, SUR LE COÛT DU PASSEPORT BIOMÉTRIQUE............................................. 15
ANNEXE - COMMUNICATION DE LA COUR DES COMPTES À LA COMMISSION DES FINANCES DU SÉNAT SUR LE COÛT DU PASSEPORT BIOMÉTRIQUE................................................................................................1..4..........................
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Mesdames, Messieurs, La France sest engagée au cours des dernières années dans une profonde mutation en ce qui concerne lapproche, la conception et la réalisation de ses titres didentité. Tirant partie du développement des nouvelles technologies et notamment de la biométrie, elle cherche à élever le degré de sécurisation de ces titres afin delutter encore plus efficacement contre leur falsification et la contrefaçon. Lobjectif poursuivi renvoie naturellement àun enjeu de souveraineté, dans un contexte où la délinquance sadapte elle-même de plus en plus rapidement et nhésite pas à employer des techniques toujours plus sophistiquées pour usurper lidentité des individus. Les conséquences de ce type de délits peuvent être particulièrement lourdes pour les victimes, dont le nombre est dailleurs croissant. Pour lEtat français, il sagit en outre dese mettre en conformité avec des standards internationaux de plus en plus exigeants. Ainsi, à la suite notamment des événements du 11 septembre 2001 et de laggravation du risque terroriste, lUnion européenne (UE) a-t-elle décidé de faire évoluer ses normes de sécurité dans un sens encore plus contraignant. En particulier,le règlement européen CE n° du 2252 / 2004 13 décembre 2004 aux Etats membres de lUE de délivrer désormais impose des passeports dotés dun composant électronique (une « puce ») contenant non seulement la photographie faciale du porteur, mais aussi des empreintes digitales numérisées du détenteur du document. Ainsi que lavait souligné votre rapporteure spéciale dans son rapport dinformation « La nouvelle génération de titres didentité : bilan et perspectives »1,la France a parfaitement respecté son engagement européendans la mesure où elle est passée au passeport biométrique au 28 juin 2009. Techniquement réussi après quelques ratés inévitables eu égard à lampleur du projet, ce passage au passeport biométrique nest pas sans conséquence dun point de vue strictement budgétaire et financier. Il implique en effet une véritable refonte du processus de production du passeport avec une modification de la structure de coût de ce document. Dans le même temps,le droit de timbre pour le passeport a connu une augmentation très forte du 2008-1425. Larticle 64 de la loi n° 27 décembre 2008 de finances pour 2009 a ainsi, notamment, porté à89 euros (contre 60 euros auparavant) le droit de timbre perçu pour la délivrance de passeports à des personnes majeures en dehors des cas où cette délivrance est
1Sénat, rapport dinformation n° 486 (2008-2009).
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gratuite (renouvellement dun passeport pendant sa durée de validité dans certains cas limitativement énumérés par larticle 953 du code général des impôts, passeports de service et de mission des agents de lEtat se rendant à létranger)1. A lappui de cette augmentation,le Gouvernement a justifié la hausse du droit de timbre par les coûts supplémentaires dus au passage à la biométriede lexamen en séance publique du projet de loi de. Ainsi, lors finances pour 2009 devant le Sénat,Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, a déclaré que «le niveau de sécurité des passeports biométriques, la hausse du coût de fabrication des passeports dotés de composants électroniques et léquipement de 2 000 mairies en stations denregistrement ( nécessaires, quelles que soient, dailleurs, les exigences en matière de photographie ) expliquent la hausse du prix des passeports.»2. Dès lors, il semblait logique de pouvoir retrouver le surcoût imputé à lusager demandeur dun passeport biométrique dans le coût complet dun tel passeport. Or, tel ne fut pas le cas à lissue de la mission de contrôle budgétaire menée en 2009 par votre rapporteure spéciale. Elle dût en effet constater qu«en dépit de demandes réitérées auprès de lagence ( NDLR : lagence nationale des titres sécurisés - ANTS), il na en effet pas été possible dobtenir une décomposition du coût complet du passeport biométrique par grands postes de dépenses»3. Dans ces conditions, votre commission des finances a estimé nécessaire de demander, en application des dispositions de larticle 58-2° de la loi organique n° 2001-692 du 1er août 2001 relative aux lois de finances (LOLF), à la Cour des comptes de réaliser une enquête sur le coût du passeport biométrique. Cette enquête a été adressée à votre commission le17 juin 2010. Il en ressort les principales observations suivantes.
1Ce droit navait pas été relevé depuis la loi n° 97-1269 du 30 décembre 1997 de finances pour 1998 qui lavait porté de 350 francs à 400 francs. 2Compte rendu intégral des débats de la séance du 26 novembre 2008.3Cf. rapport dinformation précité.
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I.COÛT MOYEN DU PASSEPORT BIOMÉTRIQUE SE MONTE ÀLE 55 EUROS
Pour répondre à votre commission, la Cour des comptes sest livrée à un exercice à la fois relativement inédit pour elle mais également très complet decomptabilité analytiqueet de contrôle de gestion. La méthodologie précisément décrite dans le rapport de la retenue, Cour, sappuie sur une démarche danalyse de coûts et de définition de clefs de répartition pertinentes. Elle permet de déboucher sur des résultats robustes ayant fait lobjet dune procédure contradictoire avec les parties concernées : le ministère de lintérieur, de loutre-mer et des collectivités territoriales (MIOMCT), linspection générale de ladministration, la préfecture de police, lANTS, le ministère des affaires étrangères et européennes, ainsi que la direction du budget. La Cour des comptes précise qu«une réunion de validation tenue le 11 mars 2010 a permis de présenter les premiers résultats obtenus au MIOMCT et à lAgence nationale des titres sécurisés (ANTS). Aucune réserve particulière na été émise cette occasion sur les travaux à préparatoires de la Cour». Il ressort des travaux conduit que,en 2009,le coût moyen du passeport biométrique est de 55 euros (arrondi à leuro). Son coût moyen pondéré en fonction de lâge du demandeur est de 69 euros (arrondi à leuro). Ce coût varie selon le lieu de demande et de délivrance du titre. Lorsque le passeport est délivré en mairie, son coût se monte à 53,95 euros. Il est plus élevé dans le cas de la préfecture de police de Paris (60,04 euros) et des consulats (61,81 euros). Il convient cependant de rappeler que, en 2009, les mairies ont délivré 89,01 % des passeports, contre 5,19 % pour la préfecture de police de Paris et 5,81 % pour les consulats. Cette ventilation, mettant en évidence le rôle essentiel et pivot des mairies dans le processus de délivrance de ce titre didentité, explique le coût moyen finalement obtenu. Le coût moyen du passeport biométrique doit nécessairement être rapproché ducoût du passeport électronique le précédait. La Cour des qui comptes apporte cet éclairage après avoir calculé le coût moyen du passeport électronique sur lannée 2008. Celui-ci se montait à38 euros(arrondi à leuro)ressortait à 37,68 euros en mairie, à 40,27 euros dans le cas de la. Il préfecture de police de Paris et à 47,99 euros dans celui des consulats. On constate donc un renchérissement de 17 euros entre le coût moyen en 2008 du passeport électronique et le coût moyen en 2009 du passeport biométrique.
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II.LES FACTEURS EXPLICATIFS DU RENCHÉRISSEMENT DU COÛT DU PASSEPORT LORS DU PASSAGE À LA BIOMÉTRIE
Le rapport de la Cour des comptes permet demieux comprendre le processus de formation du coût du passeport biométrique et, partant, de mettre en évidence les facteurs expliquant laugmentation du coût du passeport à loccasion du passage à la biométrie. Contrairement à une intuition certainement assez répandue mais tout à fait erronée ainsi que le démontrent les conclusions de la Cour, la fabrication en tant que telle du document didentité ne représente pas la majeure partie du coût du passeport.Le coût de fabrication ne se monte en effet quà 13,16 euros et ne constitue donc que 23,9 % du coût moyen total. De ce point de vue, la transition à la biométrie na pas constitué un facteur dalourdissement du coût moyen du passeport et les conclusions de la Cour amènent même à conclure dans un sens inverse :le coût de fabrication du passeport biométrique est inférieur à celui du passeport électronique (14,36 euros). A cet égard, il convient de souligner que la Cour ajoute que«ce coût (de fabrication) reste très en-dessous des éléments connus de fabrication dans dautres pays dEurope». Elle cite notamment les cas du Portugal (25 euros), de la Belgique (27 euros), de lAllemagne (35 euros) et de lItalie (50 euros), même si de telles comparaisons restent sujettes à caution dans la mesure où les tarifs communiqués ne recouvrent pas des périmètres de prestation rigoureusement identiques. En tout état de cause, la Cour indique qu«il napparaît pas de surcoût imputable à la situation de monopole de lImprimerie nationale». La Cour des comptes identifie en revanchetrois facteurs principaux à lorigine du renchérissement du passeportavec le passage à la biométrie. Tout dabord,le saut technique entre le passeport réalisé électronique et le modèle biométrique na été atteint quau prix dinvestissements nouveaux et importants saccompagnant dune «maintenance considérablement accrue». Il contribue, selon la Cour, pour environ 30 % à laugmentation enregistrée depuis lentrée en application du passeport biométrique. Il faut en effet souligner que, parmi les coûts généraux identifiés par lenquête de la Cour,les amortissements des investissements initiaux (hors le raccordement aux mairies) représentent un coût de5,17 eurosdans le cas du passeport biométrique. Ce coût était négligeable sagissant du passeport électronique (0,08 euro). De même, tandis quaucune dépense de maintenance ne pesait sur le coût du passeport électronique,la maintenance des applications et les coûts de structure montent à se2,17 euros le pour passeport biométrique.
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Ensuite, un deuxième facteur daggravation du coût du passeport réside danslaccroissement du temps global consacré à chaque dossier par les agents publics, du stade du dépôt au retrait. La Cour des comptes estime que cet allongement du temps dédié au traitement des dossiers explique environ 35 % de la hausse du coût du passeport. Lanalyse descharges de personnelvient conforter ce constat. Ainsi, dans les préfectures, les charges directes de personnel sont passées de 6,83 euros à 8,77 euros et les charges indirectes de personnel liées aux fonctions support ont progressé de 3,03 euros à 3,89 euros. A la préfecture de police de Paris, lévolution est encore plus marquée puisque les charges de personnel ont cru de 9,83 euros pour culminer à 27,60 euros. Dans les consulats, ces charges atteignent 38,90 euros contre 31,60 euros en 2008. Enfin, dans les communes, ces mêmes charges ont également augmenté de manière conséquente : 5,98 euros en 2008 mais 11,26 euros en 2009. Ce constat de laccroissement du temps passé sur chaque dossier par les agents publics et, corrélativement, des dépenses en personnel ne va pas sans susciterune certaine inquiétude. En effet, au sein de la mission « Administration générale et territoriale de lEtat »,la mise en uvre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) vise notamment à permettre une réduction des emplois en préfecture en sappuyant sur un recours plus large aux nouvelles technologies. Ainsi en va-t-il par exemple des politiques conduites dans le cadre du nouveau système dimmatriculation des véhicules (SIV), de la transmission dématérialisée des actes des collectivités territoriales au contrôle de légalité (programme ACTES) ou, précisément, de lentrée en application du passeport biométrique. Il est espéré des nouvelles technologies des gains de productivité suffisamment conséquents pour pallier les suppressions demplois. Cet espoir nest manifestement pas confirmé par la réalité de la mise en place du passeport biométrique telle quelle ressort de lenquête de la Cour des comptes. Non seulement le passage à la biométrie et la modernisation de linfrastructure informatique conduite sous lautorité de lANTS ne débouchent pas sur des économies de charges de personnel, mais le mouvement est même inverse.Lentrée en application du passeport biométrique na pour linstant non seulement pas permis de réduire le temps passé sur chaque dossier par les agents publics, mais il la augmenté. Le troisième et dernier déterminant de la hausse du coût du passeport, selon la Cour des comptes, renvoie àleffet arithmétique dû à la diminution constatée des demandes de passeport en 2009: les coûts fixes sont répartis sur un moindre nombre de passeports. Alors quen 2008 3 210 976 passeports électroniques avaient été délivrés, lannée 2009 na enregistré que 2 425 250 passeports biométriques (Cf. annexe du rapport de la Cour des comptes). A cet égard, la Cour estime qu«il est raisonnable de penser que la baisse du nombre de passeports biométriques délivrés par rapport à celui des passeports électroniques est, pour une part, due à un effet
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