Fraternité Matin N° 17589 - Du mercredi 16 AOUT 2023
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Fraternité Matin N° 17589 - Du mercredi 16 AOUT 2023 , magazine presse

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 16 août 2023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Cinéma /Décédé le 10 juillet
L’hommage de Grand-Bassam P. 14 à Gnoan M’Bala Mercredi 16 août 2023 / N° 17 589 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES Formation dans l’univers carcéral Enquête Gagner sa vie après la prisonPp. 2-3 Des ex-détenus racontent leur histoire
Lutte contre le terrorisme et l’orpaillage clandestin
gendarmes 1 252en renfort P. 6
Filets sociaux 100 000nouveauPx. 8
ménages pris en charge
Difcultés de la presse
Amadou
Coulibaly :
PHOTOS : SERVICE PHOTO ‘‘ Nous avons demandé une étude ’’ P. 12
2
Regard Prévenir la récidive
près des mois ou des années d’enfermement, il A faut retrouver ses marques dans une société qui a évo-lué. Cette vie après la prison devient un enjeu majeur pour les ex-dé-tenus. Lesquels, à leur sortie, n’ont, la plupart, que quelques sous en poche. Souvent seuls, ils doivent se réinsérer et, parfois, c’est la réci-dive. D’où l’importance de la formation pro-fessionnelle en prison en vue d’éviter qu’ils commettent, de nou-veau, l’infraction qui les a conduits derrière les barreaux. Cette séance de renforcement des connaissances et des compétences des pri-sonniers leur permet de se construire un avenir professionnel. C’est en cela que nous saluons l’intervention des struc-tures comme l’Organi-sation non gouverne-
KANATÉ MAMADOU
mentale ‘’N’Gboadô’’ dans les établissements pénitentiaires, pour un meilleur suivi de ces hommes et femmes pri-vés de liberté et pour le réconfort apporté. Les actions des associations ‘’ Don’t Forget Them’’, ‘’ Y-voir & Sourire’’ et de la structure ‘’ Interna-tional Youth Fellows-hip’’ sont aussi à saluer pour leur contribution à l’épanouissement des détenus via la mise en place de plusieurs pro-grammes de formation. Dans cette enquête, nous nous sommes ren-du compte que les résul-tats obtenus par les dé-tenus formés en prison sont encourageants. Dès lors, il appartient au gouvernement d’amener l’administration péni-tentiaire à s’approprier véritablement le travail de ces Ong ou à les accompagner avec des moyens consistants, pour qu’elles soient plus efficaces. L’État peut aussi repenser sa poli-tique carcérale à travers de nouvelles offres ou en finançant des projets en direction des détenus, dans l’optique de les ac-compagner durant leur incarcération et même après, afin de réduire le risque de récidive.
E nquête
Mercredi 16 août 2023
Formation des détenus dans les prisons La seconde chance Formés pour les uns au métier de la pâtisserie, pour les autres à l’esthétique, au programme de changement de mentalité… durant leur détention, des ex-prisonniers, aujourd’hui transformés, s’intègrent doucement dans la société.
PHOTOS : DR
Grâce aux formations dont ils ont bénécié en prison, ces ex-détenus sont en phase de s’insérer dans la vie active.
.J. n’a rien d’une ex-taularde. Le visage reluisant, très élan-M cée, 1 m 75 pour 90 kg, et sanglée dans un tailleur dominé par le rouge et le bleu, cette belle dame est d’humeur débordante, ce vendredi 4 août quand nous la rencontrons à la Riviera Palmeraie. Elle est sortie de prison, il y a deux jours, après 5 bonnes années passées derrière les barreaux. Et pour-tant, de par sa prestance et la mine souriante qu’elle affiche, nul ne peut deviner que cette mère célibataire de deux en-fants, a ‘’ passé son Qaba’’ avec brio (purger sa peine, un jargon purement des pri-sonniers). « J’ai toujours été une personne joviale, posée et élégante. Ces années de prison n’ont rien altéré en moi », nous situe-t-elle d’em-blée. Puis, la belle dame nous conte la mésaventure qui l’a jetée, en 2018, à la Maison d’arrêt et de correc-tion d’Abidjan (Maca). « J’ai
connu quelqu’un ici, en qui j’avais confiance. Il n’est plus en Côte d’Ivoire. Il m’avait de-mandé de déposer des colis pour lui quelque part. Ce sont ces colis qui m’ont conduit en prison parce qu’il y avait de la drogue à l’intérieur », re-late-t-elle. Notre interlocutrice très décontractée, enchaîne avec son récit : « Aujourd’hui, je suis libre. C’est le plus im-portant. Je vais reprendre le cours de ma vie. » Derrière cette face joyeuse, selon la femme de 47 ans, se cachent des moments de tourments vécus, les premiers jours de son incarcération : « Au début, je refusais de croire que j’étais en prison. Je refusais d’ac-cepter ce fait. Et pourtant, la réalité était là, implacable. Un moment très éprouvant que je ne souhaite guère à mon pire ennemi de vivre. J’avais le choix entre abandonner et me laisser mourir ou me battre pour m’en sortir. » Pour donc tenir le coup, ‘’tuer le temps’’, et rompre avec une oisiveté et
une promiscuité d’autant plus explosives que les conditions d’hygiène laissaient à désirer, il a fallu qu’elle s’occupe. « J’étais en détention quand j’ai appris l’annonce de la forma-tion pour être pâtissière. Avant que je ne parte en prison, je m’intéressais déjà à la res-tauration. C’est ainsi que j’ai approché les responsables de l’Ong ‘’Don’t Forget Them’’ qui devaient dispenser la for-mation. Nous étions 8 filles détenues à être sélectionnées après des tests relatifs au res-pect des règles de la prison et à la moralité. Nous avons passé un an à nous former. La formation était initialement prévue pour 6 mois. Mais compte tenu du programme et des imprévus, nous avons dépassé ce délai. Cela a été, heureusement, à notre avan-tage car on a appris à faire différentes sortes de Pizzas, de gâteaux etc. Nous avons également été formées à cui-siner les mets africains et oc-cidentaux. Mon temps libre en
Les huit détenues du centre de formation à la pâtisserie en séance d’apprentissage.
prison n’a pas été vain grâce à cette structure », s’est-elle réjouie. M.J., qui hume l’air er frais de la liberté depuis le 1août, se considère comme une ressource humaine qua-lifiée prête à l’emploi. Mais son rêve est d’ouvrir son en-treprise de restauration chez elle à la maison. « Je ferai la livraison à domicile. Mais pour l’heure, j’attends de m’instal-ler à mon propre compte », re-late-t-elle. Tout comme M.J., R.O. a aussi bénéficié de la formation en pâtisserie. Elle faisait partie des 8 pension-naires de ce centre. Sortie, il
y a des mois, celle-ci a établi son commerce à Abobo. Ap-prochée, elle n’a pas souhaité s’ouvrir à nous, car effrayée à l’idée de se voir dans les médias. Les assurances que nous lui avons données pour la convaincre de ce que son identité sera préservée, sont restées vaines. Elle a préféré juste dire qu’aujourd’hui, avec la formation acquise en dé-tention, elle gère une activité génératrice de revenus qui lui permet d’assister son époux dans les charges familiales. Y. F.,est aussi un pur produit de la formation dispensée en prison. Sa passion, c’est l’es-thétique. Elle est encore en détention à la Maison d’arrêt et de correction d’Aboisso. Grâce à une personne res-source, la détenue a pu nous faire des confidences. « J’ai toujours adoré le métier du soin corporel, notamment l’esthétique. C’est donc avec bonheur que j’ai participé à une formation de pose de faux ongles. Aujourd’hui, je ne dis pas que je suis une professionnelle avertie, mais je m’y connais un peu. Je vais poursuivre cette activité quand je serai libérée dans deux ans », a-t-elle promis. Sœur Emmanuelle est la res-ponsable de l’Ong ‘’Y-Voir & Sourire’’ qui a dispensé cette formation en esthétique aux détenues de cet établisse-ment pénitentiaire situé dans le Sud-Est de la Côte d’Ivoire. Partie en France pour les va-
Diffcultés rencontrées a réalisation de cette le bien-fondé de notre ac-enquête n’a pas été tion. Vu la délicatesse de facile. Nous avons eu ce travail, nos interlocu-L des difficultés à avoir teurs ont promis adressé accès à certaines nos préoccupations au informations indispen- ministère de la Justice et sables au traitement de des Droits de l’Homme. cette question dans tous Quelques semaines après, ses contours. Notre objec- nous n’avions toujours pas tif premier était de nous de retour. Même des Ong rendre à l’intérieur de la impliquées dans la ges-Maison d’arrêt et de cor- tion des prisons, notam-rection d’Abidjan (Maca) ment celle de la Maca se en vue d’échanger direc- sont montrées réfractaires tement avec des détenus à l’objet de notre travail. qui bénéficient de forma- Après insistance et surtout tions dans la perspective par chance, certaines de de leur réinsertion à la fin ces structures ont accep-de leur détention. Nous té de nous accompagner avons, à cet effet, adressé dans cette aventure. Voici un courrier à la Direction des raisons qui expliquent de l’administration péni- l’absence de la prise de pa-tentiaire (Dap) au Plateau. role de l’administration pé-Nous avons été reçu, nitentiaire dans ce dossier. quelques jours plus tard, Nous n’avons pas éga-pour une séance de tra- lement reçu, en dépit de vail. Au cours de cette ren- notre bonne volonté, l’auto-. contre, nous avons exposé risation d’accès à la Macaaux responsables de cette entité, notre démarche etK. MAMADOU
Mercredi 16 août 2023
cances, nous l’avons joint sur les réseaux sociaux. « Nous avons formé 50 femmes réparties dans les prisons de Daloa et d’Aboisso. Au-jourd’hui, elles sont opéra-tionnelles. Une fois libérées, elles pourront exercer cette activité pour se prendre en charge », nous rassure-t-elle. Ayant consacré sa vie à servir le Seigneur, Sœur Em-manuelle a, en outre, confié que sa structure forme aussi les prisonnières en entrepre-neuriat pour une meilleure gestion de leurs Petites et moyennes entreprises (Pme). « Nous avons aussi un centre d’accueil et d’hébergement, avec au cœur, une activité de porcherie au profit des dro-gués et de jeunes détenus à Issia, précisément à Bobré-guhé », a-t-elle spécifié par la suite. Sœur Emmanuelle a conditionné une visite de ces sites, à une autorisation de la Direction de l’administra-tion pénitentiaire (Dap). Mais toutes nos tentatives pour obtenir ce précieux document sont restées infructueuses pour pouvoir suivre de près les activités des prisonniers ou même d’avoir accès à la Maca. Dans ces conditions, il nous a été aussi difficile de rentrer en contact avec des ex-détenus. Par peur de se voir exposer ou de dévoi-ler leurs activités, certainsont décliné tous nos ren-dez-vous, à l’exception des plus courageux comme S.B.
J’agressais les gens à Adjamé, la prison m’a transformé
C’est un mineur qui a recou-vré la liberté après deux ans de détention pour vol. «J’étais un voyou et j’agressais les gens à Adjamé (...). Je ne suis plus un délinquant. La prison m’a transformé», rassure-t-il. Le gamin nous confie que pendant son séjour carcéral, il a été encadré par la même structure qui a formé les dé-tenues d’Aboisso à la pose de faux ongles. Celle-ci s’est chargé, selon lui de son sui-vi, jusqu’à le scolariser à sa sortie de taule. « J’avais 15 ans quand je suis parti en prison. Aujourd’hui, j’en ai 17. ‘‘J’étais un voyou et j’agres-sais les gens à Adjamé’’. Mes parents n’ayant pas les moyens, j’ai vite quitté les bancs. Arrivé en prison, les responsables de cette organi-sation m’ont beaucoup aidé. Ils me parlaient, me donnaient des conseils pour reprendre le chemin de l’école. Ils m’ont redonné goût à la vie, au fait. Quand je suis sorti, ils m’ont scolarisé. Je passe en classe de Terminale. Ce qui veut dire que je passerai le baccalau-réat. Je suis heureux. Je ne suis plus un délinquant. Ma famille est fière de moi. Je peux dire aujourd’hui que la prison m’a transformé grâce aux bienfaiteurs que j’ai ren-contrés là-bas », s’est-il ré-joui. Durant leur détention, plusieurs détenus sont en proie à des ‘’psychoses car-
E nquête
cérales’’, selon Tapé Yves. Il est en charge de la promo-tion des cours d’éducation au changement de mentalité pour le compte de l’Ong Inter-national Youth Fellowship qui dispense ces sessions dans les prisons. « Ces psychoses carcérales se manifestent gé-néralement par le stress per-manent, l’anxiété, l’agitation, la dépression, un risque sui-cidaire avec un dégoût pour la vie. Une sorte de renie-ment de soi. D’où l’intérêt de la formation à l’éducation au changement de mentalité des prisonniers », nous explique-t-il, à la faveur d’un échange, le vendredi 4 août. Le site de son organisation se trouve à Angré Djorobité. Tapé Yves, pour nous montrer l’impact du programme du changement des mentalités sur les déte-nus, nous présente Douho Léon. C’est un quarantenaire un peu chétif avec les yeux un peu enfoncés dans les orbites. Il est l’un des bénéfi-ciaires de ce module. Ce père de famille de trois enfants a passé 6 mois à l’ombre dans la prison de Man, car accusé d’avoir assassiné sa com-pagne. L’ex-taulard de 44 ans a réfuté les chefs d’accusation qui pesaient contre lui. « La preuve, après les enquêtes, j’ai été libéré sans être jugé. On m’a dit que mon dossier était vide. Ma compagne est décédée après avoir tué un poulet noir. Je l’ai envoyée à l’hôpital, payé les soins, mais elle a succombé. Nous sommes en Afrique où la sor-cellerie est une réalité. Au lieu de regarder de ce côté, sa fa-mille a tout fait pour me coller cette mort sur le dos et j’ai été mis en prison sur la base de leurs dépositions et plaintes », a-t-il déploré. Il a le verbe facile et s’exprime bien. C’est donc dans un français soute-nu que celui qui se présente comme un ancien enseignant d’anglais dans les collèges privés, poursuit la narration des évènements qui l’ont brisé : « Savoir que j’étais en prison, alors que j’étais innocent, était difficile à sup-porter. J’étais déprimé. Je me bagarrais fréquemment avec les gardes pénitentiaires. Je dois aujourd’hui mon salut à un pasteur qui me remontait le moral. Il a réussi à me re-donner confiance, à me faire regarder la vie avec beau-coup d’optimisme. Il a changé ma vision de l’existence et surtout à me fait accepter ma situation de détenu. » Douho Léon qui ambitionne d’être un expert dans l’éducation au changement de mentalité dit être bien dans sa peau et a repris goût à la vie. Confor-mément à ses perspectives d’avenir, il est en poste à N’Douci pour le compte de cette structure qui l’emploie aujourd’hui. « Je suis heureux dans ce que je fais. C’est le travail qui me plaît. Je peux dire que ma réinsertion a . réussi », en est-il persuadé
KANATÉ MAMADOU
3
Job Sodjinou,cofondateur de l’Ong N’Gboadô: ‘‘ Notre vision, faire de l’ex-détenu un agent de développement ’’ truisant sur les valeurs quiexpertise dans l’accompagne-fondent la société.ment des concernés pour la réalisation de leurs projets. Autant dire que le bien-être du détenu et sa réinsertionLes établissements péni-vous tiennent vraiment àtentiaires de la Côte d’Ivoire cœur...sont-ils conçus pour appor-Bien sûr ! L’un de nos objectifster une telle assistance aux principaux est d’accompagnerdétenus ? les détenus à avoir une activi- La vie dans nos prisons est té professionnelle après leur difficile. La surpopulation des détention. Ce qui permettra de détenus à la Maca est connue consolider la sécurité dans le de tous. Le gouvernement, à pays, dans la mesure où une travers le ministère de la Jus-fois en liberté et réintégrés tice et des Droits de l’Homme, dans la vie active, ces ex-pri- fait des efforts pour réduire la sonniers ne redeviendront pénibilité des lieux de déten-pas des gangsters et autres tion. Mais beaucoup reste à bandits de grand chemin ou faire. A la vérité, la prison est des proies faciles pour des une société dans la société. groupes terroristes. Nous devons réfléchir à com-Un ancien prisonnier avec ment utiliser la prison comme une activité rémunératrice un moyen de dissuasion et de revenu ne sera certaine- de prévention. Et à partir de ment pas tenté par l’immigra- là, penser au modèle éco-PtHioOnTO :claDnRde nos prisons. Jedestine. Tout ceci nomique pour dire que nos prisons ne m’explique. Pour le premier doivent pas être vues comme point, il s’agira de conscienti-De façon pratique, qu’est-tance du civisme, du respect des mouroirs, des endroits ser nos jeunes sœurs et frères ce que vous avez fait pourdes valeurs morales et de la de persécution, mais comme qui sont au dehors sur la dure-la réintégration des détenuscitoyenneté. des centres de correction pour té de l’univers carcéral et les dans la vie active ? ces hommes et femmes qui sensibiliser à s’approprier les Nous pouvons dire que lesPourquoi avez-vous ont transgressé les lois de la valeurs civiques et morales. lieux de détention sont notrejugé utile d’engager des société. Ces derniers doivent Quant au modèle économique univers tant nous fréquen-initiatives sur les notions à nouveau être rééduqués des prisons dont nous parlons, tons ces endroits. Dans led’éducation civiques à pour en faire des citoyens il faut penser à créer au sein cadre de nos activités, notredes individus mis derrière sociables et fréquentables. des lieux de détention, des première approche a étéles barreaux pour avoir La prison doit être une sorte ateliers de formation ou des d’aller en repérage dans 10commis des crimes ou des de seconde chance qu’il faut centres d’apprentissage. Je prisons. Nous nous sommesactes délictueux ?offrir aux détenus qui sortent prends mon cas. Je suis un rendus au sein de l’éta- On met une personne en pri-de prison. Notre vision est de ex-détenus. J’ai été emprison-blissement pénitentiaire de son pour le sanctionner rela-faire de l’ex-détenu, un agent né en Suisse parce que j’étais Grand-Bassam, à la Maison tivement à l’acte qu’il a com-de développement. C’est en en situation irrégulière. Dansd’arrêt et de correction d’Abi- mis. Il doit se racheter auprès cela que la réinsertion est in- la prison où j’étais incarcéré, djan (Maca), au camp pénal de la société en purgeant une dispensable pour donner une ce sont les détenus qui fabri-à Bouaké. Nous avons aus- peine, après sa condamna-seconde chance aux détenus. quaient les bougies utilisées si effectué des sorties sur tion. C’est un être humain. Sur ce point, il s’agit pour nous pour alimenter les cheminées les centres de détention de Il faut donc le traiter avec d’identifier des projets pour des trains. Les entreprises Dabou, de M’Bahiakro, de égard, c’est-à-dire ne pas le eux, les former, les encadrer passaient des commandes à Daloa, de Korhogo etc. Nous déshumaniser en le faisant pendant leur temps d’incar- la prison qui engrangeait ain-avons, relativement au conte- évoluer dans un environne-cération. Ce faisant, quand si de l’argent. Une partie de nu de nos missions, échangé, ment inadéquat. Mais surtout ils seront libres, ils pourrontcette manne financière servait sur la base des autorisations en lui faisant comprendre que exercer une activité de leur à l’entretien physique des dé-mises à notre disposition,l’acte répréhensible qui l’a choix pour en tirer leur subsis- tenus, à l’amélioration de leurs avec tous les acteurs de l’ad- conduit en prison est interdit. tance. Précisons que nous fai- conditions et de leur cadre de ministration pénitentiaire, les L’objectif est de le transfor-gardes pénitentiaires. Nous mer pour en faire un citoyen. sons un travail d’encadrement détentionet de suivi en relation avec les avons eu également des en- modèle à sa sortie. Pour ce services sociaux des mairies.ENTRETIEN RÉALISÉ PAR tretiens avec des personnes faire, il faut lui donner une Ceux-ci nous apportent leurK. MAMADOUcondamnées et des préve- nouvelle éducation en l’ins-nus. Parmi ceux-ci, il y avait des femmes et des mineurs incarcérés. Au sortir de ces Un programme-prisons à instituer visites, nous avons vu qu’il y avait des problèmes d’in-frastructures sur le plan sani-es structures privées des Ong. Il s’agira concrète- tie. Et ceci, dans l’intérêt de taire dans les prisons. œuvrent pour facili- ment pour le gouvernement, ces personnes incarcérées, Nous avons également re-ter les conditions de de dégager un budget consé- de leur entourage et de la marqué le souci relatif à à l’absence de loisirs dansDment des projets et surtout détention dans les quent pour les établissements société tout entière. L’un des l’alimentation des détenus et prisons. Elles multi- pénitentiaires pour le finance- pans de ce programme-pri-plient les actions avec leurs sons sera aussi d’initier des ces établissements péniten-maigres moyens pour créer la réalisation de menuiserie, journées portes ouvertes afin tiaires. Dès lors, nous nous de petits centres de forma- de ferronnerie, d’ateliers de de permettre aux jeunes de sommes dit qu’il faut renfor-tion. Elles assistent aussi les couture, ou toutes autres s’imprégner de l’environne-cer la politique de réinsertion détenus à travers la mise en activités de cette nature. Ces ment carcéral. Cette décou-au niveau des lieux de dé-place des activités récréa- formations dont les détenus verte pourrait avoir un effet tention. C’est ainsi qu’après tives et de loisirs. Relative- bénéficieront, devront être dissuasif sur ces derniers à nos visites, nous avons initié ment au plaidoyer des per- sanctionnées par des certifi- commettre des actes répré-des projets d’urgence comme sonnes rencontrées dans le cats professionnels. Ainsi, les hensibles, au risque de se re-l’opération prison propre qui cadre de ce travail et sur la concernés, après leur peine, trouver derrière les barreaux a consisté à l’assainissement base du constat sur le terrain, pour vivre une vie larvaire. seront qualifiés et prêts à af-de l’univers carcéral. Nous il urge pour l’État de penser à fronter la vie et à se faire une avons mené, par ailleurs, des un programme-prisons, pour place au soleil. L’idéal est queK. MAMADOUcampagnes de sensibilisation accompagner les initiatives dès l’entrée en détention, on des prisonniers sur l’impor-commence à préparer la sor-
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