Aspects moléculaires, cellulaires et physiologiques des effets du cannabis
160 pages
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Description

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Lettre de M. François d'Aubert, secrétaire d'état à la Recherche. Préambule. Aperçu sur quelques enquêtes épidémiologiques récentes. Aspects moléculaires et cellulaires. Les récepteurs des cannabinoïdes. Données pharmacologiques. Effets des cannabinoïdes sur l'excitabilité neuronale et la transmission synaptique. La pharmacodépendance et les hypothèses d'hétérosensibilisation. Aspects comportementaux. Toxicité générale et toxicité neurocomportementale. Toxicité générale. Toxicité neurocomportementale. Recherche d'effets thérapeutiques et de nouveaux médicaments. Résumés. Conclusions et recommandations. Annexes. Glossaire. Groupes de consultation. Bibliographie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 1997
Nombre de lectures 39
EAN13 9782743005115
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE I
Aperçu sur quelques enquêtes épidémiologiques récentes
La consommation de produits psychoactifs a fait l’objet, ces dernières années, de plusieurs études et * enquêtes épidémiologiques . La possibilité de mener des enquêtes sur la consommation de produits illicites par les adolescents n’a reçu l’approbation des autorités éducatives et sanitaires qu’en 1988, et ce dans des conditions très précises. Si, à partir de cette date on dispose, à propos de la consommation de drogues illicites, des résultats de deux enquêtes menées auprès de populations scolarisées (départe-ment de Haute-Marne) et d’un complément d’information auprès de jeunes en « désinsertion »
*Notamment enquête INSERM (U.169 M. Choquet auprès des adolescents ; Enquête du service de Santé des Armées auprès des appelés ; CFES Baromètre Santé ; Enquête Ministère de la Santé) (toxicomanie et cannabis) ; Livre Blanc de la Sécurité routière, drogues illicites et médicaments (incidences alcool/cannabis).
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EFFETS DU CANNABIS
scolaire, ce n’est que depuis 1993 que l’on possède des informations plus complètes grâce aux résultats d’une grande enquête nationale auprès d’environ 12 000 adolescents représentatifs des élèves du second degré dans 163 collèges et lycées tirés au sort dans 8 académies. De multiples précautions ont été prises pour garantir au maximum la fiabilité des réponses (formulation des questions, contrat de confiance accepté par les jeunes s’engageant à répondre…). Nous indiquerons ici quelques résultats obtenus lors de cette enquête« Fréquence de la consommation de cannabis (1993) : prévalence sur la vie au cours des * douze derniers mois » . On observe une augmentation importante de la consommation constatée dans l’intervalle qui s’est écoulé entre les deux études effectuées en 1988 et en 1993, la proportion des élèves du second degré ayant fumé au moins une fois du cannabis étant passée de 6 à 12 % (à noter, cependant, que ces deux études n’ont pas été réalisées dans les mêmes régions). La consommation des élèves du second degré est plus marquée chez les garçons que chez les filles et augmente très sensiblement avec l’âge. Un pourcen-tage, négligeable il est vrai, de ces jeunes, a indiqué avoir également consommé de l’héroïne (# 1 %). Une
*Choquet, U.169, INSERM.
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étude comparable, réalisée également en 1993 chez 3 000 jeunes en réinsertion, a donné des résultats comparables à ceux obtenus pour les jeunes scolarisés. L’analyse des résultats permet de dégager certains facteurs sociaux ou psychologiques liés à la consommation de cannabis. Parmi les jeunes scolarisés, la proportion de consommateurs de cannabis est plus élevée dans les catégories les plus favorisées, les Français de souche, les enfants de parents âgés ou séparés. S’il n’y a pas de relation évidente entre lieu d’habitat (ville, banlieue, campagne) et consommation de cannabis, en revanche, on constate une forte association entre consommation de tabac, d’alcool et de cannabis. On note aussi l’association fréquente du tabac avec divers médicaments prescrits contre la nervosité ou l’insomnie. En outre, parmi les consommateurs d’héroïne (qui représentent moins de 1 % de la population juvénile), si presque tous ont consommé du cannabis, en revanche, seuls 5 % des usagers du cannabis ont pris de l’héroïne. Il reste quel’on retrouve toujours une liaison forte tabac/alcool/cannabis. Ces résultats recoupent les études hollandaises d’après lesquelles 1,8 % seulement des consommateurs de cannabis s’orientent vers l’héroïne.
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EFFETS DU CANNABIS
D’une manière générale, on constateune corrélation (qui ne permet pas de conclure à une étiologie) entre consommation de drogue et difficultés personnelles du sujet (absentéisme scolaire, tentatives de suicide, vols, fugues). En revanche, aucune corrélation n’a été constatée entre la consommation de cannabis et le chômage parental.Bref, il y a surtout des liens entre la consommation de drogues et la vie psycho-affective de l’adolescent. Les jeunes âgés de 18 ans et plus au moment de l’enquête nationale ont été suivis pendant deux ans. On dispose actuellement de données concernant 2 182 jeunes de 18 ans et plus dont certains étaient, en 1993, des consommateurs de cannabis. On constate que : – « l’initiation tardive au cannabis », parmi ceux qui, à 18 ans, n’y avaient pas encore eu recours, est plus fréquente parmi les consommateurs précoces d’alcool ou de tabac que parmi les autres, – les trois quarts des jeunes consommateurs de cannabis continuent à y avoir recours après l’âge de 18 ans, – en revanche, parmi les jeunes ainsi suivis, aucun n’a franchi le cap du cannabis aux drogues dites dures.
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Il n’est pas possible de savoir actuellement si l’augmentation importante de la consommation constatée entre 1988 et 1992 a atteint ou non un plateau. La prochaine enquête programmée pour 1998 permettra, sans nul doute, d’éclairer davantage cette question. Comme il serait utile que ces enquêtes soient en général réalisées environ tous les 5 ans, il convient de souligner avec satisfaction lerôle qui est dévolu à « l’Observatoire Français des drogues et des toxicomanies »*et l’importance des mises au point annuelles (indicateurs et tendances) qui sont essentielles pour le suivi épidémiologique du problème de la consommation de drogues dans notre pays. Il est intéressant de comparer, à titre d’exemple, les résultats de l’enquête nationale sur la consommation de drogues illicites par les adolescents en France avec des études comparables menées aux Etats-Unis d’Amérique de 1991 à 1994 (sur 17 000 adolescents de classes d’âge comparables, respectivement : ** 13-14 ans, 15-16 ans et 17-18 ans ). Ainsi, dans le
*Dépendant de la mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie et les drogues (anciennement DGLDT) et associé à l’Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie. **Etude réalisée en 1993 pour le NIH par Johnston, O’Maley et Bachman de l’Institut de Recherche en Sciences sociales de l’Université de Michigan.
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EFFETS DU CANNABIS
cas des drogues illicites, les résultats montrent, pour les trois tranches d’âge considérées, un usage plus fréquent de ces drogues par les jeunes Américains comparés à leurs homologues français. Parmi ces drogues, alors que l’usage du tabac, de l’alcool et du LSD est important et progresse, l’usage du cannabis est resté relativement constant au cours des années 1991-1994 dans les classes d’âges décrites ci-dessus. Ce n’est, en revanche, pas le cas chez les jeunes adultes de 19-28 ans où cette consommation concerne 25 % d’entre eux (sur un échantillon de 6 800) et est * en légère augmentation . Enfin, dans tous les cas, cette étude a montré que la consommation de cocaïne, aux Etats-Unis d’Amérique, était en forte régression.
Résumé La consommation de cannabis par les jeunes en âge scolaire est en forte progression ces dernières années ainsi que l’indique une enquête nationale menée par l’INSERM. Mais force est de constater que, d’une manière générale, on observe chez ces jeunes aussi un recours aux autres produits (alcool, tabac, médicaments psychotropes)… Un
*Enquête de the «National Institut on Drug Abuse» 1994-1995.
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suivi régulier de ces données, comme cela est réalisé aux EtatsUnis par le NIDA (« National Institute on Drug Abuse »), permettra de mieux évaluer la situation.
* * *
Il ne s’agit que d’un bref survol épidémiologique, qui appelle précisément à une réactualisation des connaissances de base ; c’est donc bien dans une telle perspective qu’est apparue nécessaire une étude sur les aspects moléculaires, cellulaires et physiologiques des effets du cannabis.
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EFFETS DU CANNABIS
II – A – LES RÉCEPTEURS DES CANNABINOÏDES
Introduction
Trois dates-clés marquent, aujourd’hui, notre connaissance de la pharmacologie du cannabis : – 1964, découverte du principe actif,9-tétrahydro 1 cannabinol ou THC , – 1990, mise en évidence de récepteurs de THC 2 dans le système nerveux central , * – 1992, mise en évidence d’un ligand « naturel » 3 aux récepteurs de THC libéré par les neurones du cerveau. Nous évoquerons d’abord les données relatives aux récepteurs, après quoi nous nous intéresserons aux principes actifs et au ligand naturel.
OH
O 9 -Tetrahydrocannabinol 9 - Tetra9hydrocannabinol (-THC) 9 (- THC) O C N H
Anandamine Anandamide
OH
* Mots soulignés : voir glossaire en annexe.
Aspects moléculaires et cellulaires
IIA1Identificationdesrécepteurs
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1) Le récepteur CB1 4 En 1990, Matsudaet al.ont rapporté le clonage et le séquençage du premier récepteur au cannabis chez le rat. C’est un récepteur membranaire classique à 7 traversées, interagissant avec les protéines G, long de 473 acides aminés et comportant plusieurs sites potentiels de glycosylation. Un récepteur analogue a été cloné chez l’homme. Sa composition en acides aminés est identique à 97 %. Un variant provenant de l’épissage alternatif a aussi été isolé à partir d’une banque de cerveau humain. Ce récepteur, dit CB1a, est plus court que le récepteur CB1 classique dans sa partie aminoterminale. Sa pharmacologie et sa distribution sont analogues à celle du récepteur CB1. Une isoforme des récepteurs CB1 a été décrite ; son activité est voisine de celle de CB1 (test agonistes/antagonistes) et sa distribution identique malgré une délétion de 61 aminoacides dans la partie aminoterminale. Le récepteur est principalement retrouvé au niveau « central » dans les structures suivantes : substance noire, (pars reticulata), cervelet (couche moléculaire), hippocampe (CA1, CA2, CA3). Il faut noter que l’on retrouve aussi, en petites quantités, le récepteur CB1 dans quelques organes à la périphérie (utérus, gonades, cœur, rate).
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EFFETS DU CANNABIS
La liaison de l’anandamide (un des ligands endogènes, voir ci-après) ou des cannabinoïdes au récepteur CB1 entraîne une inhibition de l’adényl cyclase via la protéine Gi et une activation des MAP kinases via les sous unités b8. De plus, les cannabinoïdes modulent les canaux potassiques dans l’hippocampe et les canaux calciques de type N dans le ganglion cervical supérieur.
2) Le récepteur CB2 Munro a découvert, dans une lignée monocytaire, un deuxième type de récepteurs du cannabis (CB2). Celui-ci, présent sur les globules blancs des animaux et de l’homme, rendrait compte des effets immuno-suppresseurs provoqués par l’usage de la drogue. 5 En 1993, Munroet al.ont rapporté le clonage de ce second type de récepteur des cannabinoïdes, dit CB2, à partir de cellules HL-60 en culture. Ce récepteur membranaire possède 44 % d’identité de séquences en aminoacides avec le récepteur CB1. Le récepteur CB2 est absent du système nerveux central, et se retrouve principalement dans les éléments figurés du sang (lymphocytes B, « natural killers » monocytes, lymphocytes T). Comme ils le font au niveau du récepteur CB1, les cannabinoïdes agissent, via le
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