Côté Maroc, Nouvelle noire - Tome 4
157 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Côté Maroc, Nouvelle noire - Tome 4 , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
157 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le jury du quatrième concours national de la nouvellenoire, organisé en 2011 par l’Institut français de Marrakecha sélectionné les neuf nouvelles reproduites dans le présentouvrage qui vient enrichir la collection “Côté Maroc,nouvelle noire”.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Côté Maroc 4
Editions
Ouvrage publié avec le soutien du Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Maroc.
© Editions Marsam - 2011 6, rue Mohamed Rifaï (Près place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat 15, avenue des Nations Unies - Rabat Tél : 05 37 67 40 28 - Fax : 05 37 67 40 22 E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Compogravure flashage Quadrichromie
Impression Imprimerie Bouregreg
Dépôt légal : / 2011 I.S.B.N. : 9954-21-
Côté Maroc 4
Editions
4
Couverture Photo de Sixta éditeur Une rue de Fès el Bali, circa 1920
Sommaire
5
Remerciements 6 Avant-propos 7 Le pot au lait Oulmehdi Omar 9 L’ironie de la mort Bentaleb Abderrahim 25 Des yeux de chocolat Azelarab Qorchi 41 Crime dans les hautes sphères Bouachrine Siham 57 La vengeance s’appelle reviensB.73Mrani My Omar On recherche toujours l’assassin El Abdaoui Hassan 91 Le grand amour El Gorfté Abderrahmane 109 Obsessions Reghai Widad 121 Qui vole un œuf... El Kohen Houria 133 Une histoire qui fait peur Elèves de l’école Renoir 151 de Marrakech 2011
6
Remerciements
Remerciements aux membres du jury 2011 réunis le samedi 21 mai 2011 au Riad Denise Masson, composé de : - Président : Jérôme Bloch, directeur de l’Institut français de Marrakech ; - Membres : Pierre Boussel, journaliste et écrivain ; - Rachid Chraïbi, galeriste et éditeur ; - Frédérique Gros, professeur de français ; - Jamila Hassoune, libraire ; - Mohamed Loakira, poète et écrivain.
Remerciements à l’Ecole Renoir de Marrakech, à ses enseignants, à ses élèves et à son directeur Serge Bruel ainsi qu’à Rodolphe Izambard, ensei-gnant coordinateur pour la participation des élèves de plusieurs classes de cette école au concours, pour une nouvelle « hors-concours » publiée dans le présent ouvrage.
Remerciements à Patrick Manac’h, Archives de la Maison de la Photographie de Marrakech pour le prêt de l’original de la photographie de couverture.
Remerciements à l’Institut Français de Marrakech et à son directeur Jérôme Bloch qui ont apporté toute la logistique nécessaire à l’organisa -tion et à la réussite de ce quatrième concours national de la nouvelle noire.
Avant-propos
Le concours national de la nouvelle noire de Marrakech lancé par l’Institut français de cette ville en 2008 permet aux écrivains marocains ou résidant au Maroc, experts ou amateurs, de produire des nouvelles, de les présenter à un jury, voire de les faire publier etde les faire connaître au plus grand nombre. Le genre de la « nouvelle noire » doit conduire ses auteurs à apporter un cadre et un décor précis au récit et implique de privilégier certains critères bien définis pour le choix final des textes sélectionnés : réalité sociale, approfondissement de la psychologie des personnages, structu-ration du texte, impact de l’incipit, originalité et richesse des dialogues, rythme, style, chute inattendue de la nouvelle… Le « noir » est un genre peu connu au Maroc, mais internationalement lu et pratiqué. Il mérite sans nul doute plus d’attention de la part des lec-teurs et des écrivains. Cette publication participe de cette volonté de pro-mouvoir une forme appelée à se développer et à renforcer les liens entre la France et le Maroc par le livre, l’écriture et la lecture.
L’Institut français de Marrakech remercie les Editions MARSAM pour la e publication des nouvelles de ce 4 volume de « Côté Maroc-Nouvelle noire », l’encouragement à l’écriture et à la lecture en langue française au Maroc, en coopération avec le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France au Maroc, et notamment le Bureau du Livre.
7
Le pot au lait er 1 prix, Oulmehdi Omar
9
L'autocar fit une embardée pour éviter un Arabe à bicyclette qui portait une grosse musulmane voilée sur le cadre de son vélo. Sartre,Le Sursis.
I Chaque vendredi matin, je faisais ma petite prome-nade dans les ruelles du quartier. Un quartier de cent habitants, tous pauvres. Pauvres d'argent mais riches de temps. Les femmes sortaient sur le pas des portes. Je choisissais toujours de m'arrêter devant chez l'une d'elles. Je ne choisissais ni le moment ni la femme. Quelqu'un d'autre faisait ce choix pour moi. Le laitier. Je l'adorais. Un noir d'ébène. Des dents de lait tellement elles étaient blanches. Le blanc de l'œil, plus blanc que le blanc même. Sans cela, cet homme noir ne porterait pas bien son nom. On l'appelait le Blanc. Rien qu'à le regarder, on sentait qu'il était trop bien au goût de l'en-tourage. A en croire les femmes, le laitier était un confi-dent, un ami, un convoyeur des petits bonheurs qui font la somme du bonheur tout court. Y avait-il plus insigni-fiant que ce diseur de bonne aventure ?A priori, les hommes, les frères et les époux, dont l'écrasante majo-rité était de race blanche, le prenaient pour une espèce d'esclave sans sexe, comme il en existe dans les contes arabes qu'ils se racontaient. Un eunuque inoffensif dont ils pouvaient souffrir la présence même à l'intérieur des
10
Nouvelle Noire - Tome 4
harems. Il louchait par-dessus le marché. Il ne pouvait donc être unterso incommodo. Rien de méchant. Et s'il attirait les femmes, c'était justement, croyaient-ils, parce qu'il avait des allures efféminées. J'étais toujours là avant lui. Je guettais sa venue. Je le laissais faire d'abord. Il criait à tue-tête et les femmes sortaient avec leurs bassines pour la collecte. J'aimais beaucoup ce moment précis. C'était sur la rue des Jonquilles. Les maisons se jouxtaient en fer à cheval. De loin, je voyais le Blanc comme un point noir au centre d'undemi-cercle. Il passait d'une porte à l'autre avec la même vitesse d'exécution. Selon son humeur, le laitier choisissait la femme devant chez qui il s'arrêtait. Quand ildécidaitde s'arrê-ter au pas d'une porte particulière, toutes les autres femmes accouraient comme des têtards dans une trom-pe de Fallope. Je ne savais pas ce quil’orientaità chaque fois, mais je savais qu'il était tout excité. Il suf-fisait qu'il cale son vélo contre le trottoir, qu'il sorte son tabouret dénatté pour comprendre qu'il avait trouvé sa muse. Je l'aimais bien, je jubilais à mon tour et je rejoi-gnais le groupe sans complexe. Ce jour-là, j'étais aux anges. La femme qu'il avait choisie me plaisait beaucoup, elle allait bien avec la cir-constance. — Raconte ! Raconte! Et il racontait. — Avez-vous entendu parler du vélo de l'instituteur? — Non! Dis-nous! — On lui vole souvent son vélo. On le retrouve tou -jours intact, mais à chaque fois dans un lieu insolite. Je vous raconte : Dimanche. Rien de spécial. Comme à son habitude, l'instituteur se réveille tôt. C'est un Casablancais et son
Le pot au lait
11
affectation dans ce bled perdu l'a un peu assagi. En plus, quand on est bel homme, un vélo sur lequel on se promè-ne avec aisance, voilà qui vous met bien en évidence. Lundi. A sept heures du matin, le quartier est encore tassé sous un brouillard à couper avec une paire de ciseaux. Une fois le brouillard dissipé, le vélo n'est plus à sa place ! Mardi. Aucune trace des deux roues. Mercredi. Jeudi. Rien. Tout le monde dort, le voleur aussi. Vendredi. Tout le monde est blanc comme neige. Les djellabas se croisent et s'entrecroisent comme une colo-nie de fourmis blanches. La mosquée les attire comme une ruche d'abeilles. Les salamalecs bourdonnent dans l'essaim du village. Moi, je distribue mon lait. Samedi. Tout le village dort.Moi, je rôde. Et savez-vous quoi ? L'instituteur a retrouvé sa bicyclette !Elle était accrochée dans un arganier, je ne sais par quelle magie, par l'opération de quel saint, mais elle était là, le guidon au dessus de sa tête. Qui pouvait bien s'amuser à jouer ainsi à cache-cache ?
II Le laitier ne s'arrêtait pas tous les jours, il ne prenait le temps de vider son sac que lorsqu'il avait quelque chose à raconter. Les commérages, il ne mangeait pas de ce pain-là. Il était futé comme tout. Iltriaitles beaux morceaux, les plus succulents, les plus exquis, les plus cadavéreux. Une histoire pouvait être racontée en épisodes selon les aléas de l'actualité. Mais il arrivait aussi que le laitiern’eût rien dans sa gibecière. Et cela faisait déjà une semaine qu'il n'avait plus dit mot. Il ne savait pas inventer. Il fallait l'aider et je ne savais pas encore de quelle manière. Quand il revint la fois suivante, on savait déjà que l'histoire du
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents