79
pages
Français
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2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
15 mars 2021
Nombre de lectures
80
EAN13
9782215177326
Langue
Français
Nord de la France, juin 1888.
Léon va bientôt avoir douze ans. Il est fils et petit-fils de mineur. Pour lui, l’avenir est tout tracé : il sera mineur également. Mais Léon va à l’école et, contrairement à ses parents, il sait lire et écrire. Il lit beaucoup d’ailleurs : surtout le journal dans lequel il suit avec passion l’avancée des travaux de la Tour Eiffel. À mesure que l’immense tour s’élève, le rêve de Léon grandit : il veut devenir apprenti dans les ateliers du grand Gustave Eiffel !
La famille de Léon, pourtant, est loin de partager son enthousiasme. Plus vite le garçon travaillera à la mine et plus vite il rapportera des sous à la maison.
Un jour, son père lui lance un ultimatum : soit il descend à la mine avec lui, soit il vend sa jument Cachou pour qu’elle aille travailler à sa place…
Un roman d’amitié et d’aventure au cœur de la Révolution industrielle !
Publié par
Date de parution
15 mars 2021
Nombre de lectures
80
EAN13
9782215177326
Langue
Français
À Thibault, toujours présent
Table des matières 1 – DE RETOUR DE LA MINE 2 – CACHOU 3 – ÇA MONTE, ÇA MONTE ! 4 – UNE REQUÊTE 5 – PROMESSES 6 – UN DÉBUT D’IDÉE… 7 – LA SOLUTION 8 – UNE FAUSSE BONNE IDÉE 9 – CAUCHEMAR 10 – AVEUX 11 – LE CERTIFICAT D’ÉTUDES 12 – NUMÉRO 312 13 – AU FOND 14 – CONFIDENCES 15 – ENTRETIEN 16 – LA MOUSTACHE 17 – À LA UNE DE L’ÉCHO DU NORD 18 – LA TOUR EIFFEL 19 – AU SUJET D’UNE RÉDACTION 20 – RÉSULTATS 21 – MARIE 22 – COUP DE GRISOU 23 – PETITE ANNONCE 24 – LA TAILLETTE MANQUANTE 25 – INCERTITUDE 26 – PRÉSENTATIONS 27 – RETOUR AU TRAVAIL 28 – ÉPUISEMENT 29 – UNE ÉTRANGE CANDIDATE 30 – UN COURRIER 31 – RÉSIGNATION 32 – DESCENTE À LA MINE 33 – CHER MONSIEUR EIFFEL 34 – LÉGÈRETÉ 35 – PLAIDOYER 36 – UNE LETTRE 37 – RENCONTRE AU SOMMET ÉPILOGUE
Points de repère Page de Titre Couverture Corps de texte Page de Copyright
1 DE RETOUR DE LA MINE
Dans une cité minière du nord de la France, 1888
La porte d’entrée claque. Léon reconnaît aussitôt le pas lourd de son père qui rentre de la mine. L’odeur aussi, cette odeur de charbon et d’humidité qu’il traîne partout derrière lui.
Assis à la table de la grande pièce du bas, Léon relève la tête.
- Bonjour, p’pa ! lance-t-il.
Son père se tourne vers lui. Au milieu de son visage noir de charbon, ses yeux bleus ressemblent à deux pierres précieuses qui luisent intensément.
- Encore dans tes cahiers et tes livres ! bougonne-t-il.
Léon sourit timidement.
- C’est bientôt le certificat d’études, répond-il. Je dois l’obtenir pour avoir le droit de devenir apprenti.
Son père grogne et émet un claquement de langue agacé comme chaque fois que Léon parle d’apprentissage. C’est déjà bien assez que son fils soit obligé d’aller à l’école jusqu’à ses douze ans, il n’a pas besoin de devenir apprenti en plus. Si seulement Léon avait pu descendre à la mine dès ses huit ans, comme lui l’a fait, il rapporterait déjà sa paye à la maison. Au lieu de ça, c’est une bouche à nourrir quand il y en a encore quatre autres derrière lui.
Léon baisse la tête sans rien dire. Inutile de mettre son père de mauvaise humeur. Surtout tant qu’il a l’estomac vide. Du coin de l’œil, il l’observe qui se déshabille et entre dans le baquet de bois posé au centre de la pièce. Son corps tout entier est noir, même sous la vareuse et le pantalon. La poudre de charbon s’infiltre partout, jusque dans les poumons. Léon croise chaque jour des vieux qui crachent un épais jus noir au sol à force d’avoir passé leur vie au fond du trou.
La mère de Léon saisit un seau d’eau chaude et le verse sur les épaules de son mari, qui se frictionne énergiquement. Peu à peu le père Sabourin retrouve des couleurs : le blanc laiteux de sa peau constellée de taches de rousseur, le roux flamboyant de ses cheveux, des poils de son torse et de ses bras, et toujours le bleu de ses yeux. À la mine, ils le surnomment l’Irlandais et cela amuse beaucoup le père de Léon, qui n’est jamais allé plus loin que les terrils 1 autour du coron 2 . À l’école, parfois, Léon hérite du même sobriquet tant il ressemble à son père.
Léon attrape son crayon à papier et retourne à ses cahiers. Il est un élève appliqué, le meilleur de la classe sans doute. Son professeur l’encourage et lui prête souvent des livres et des journaux qu’il n’a pas chez lui.
- Tiens ! tonne le père Sabourin en faisant sursauter Léon. Plutôt que de ne rien faire, aide donc ta mère. Va mettre mon linge dans la lessiveuse.
Léon se lève aussitôt. À la maison, hors de question de ne pas obéir au père. Non pas qu’il soit méchant ou trop sévère, mais c’est lui qui rapporte les sous qui font vivre la famille. Personne n’oserait lui refuser ce qu’il demande.
Léon se saisit de la vareuse et du pantalon maculés de charbon et se rend dans la courette à l’arrière de la maison. C’est là que ses parents font pousser quelques patates, des haricots et des betteraves. Dans un coin, une grosse cuve de fer-blanc chauffe sur un brasero. Le garçon attrape un bâton qu’il glisse dans la poignée du couvercle pour ouvrir la lessiveuse sans se brûler. Il jette les vêtements de son père dans l’eau frémissante, qui devient presque instantanément noire. Toujours avec son bâton, il remue le linge pour l’imprégner du mélange de lessive et de savon.
- Quand est-ce qu’il en aura fini avec l’école ?
La voix de son père lui parvient à travers la fenêtre restée entrouverte. Machinalement, Léon s’arrête de remuer le linge et tend l’oreille.
- Il va avoir douze ans dans quelques jours, répond sa mère d’une voix tranquille. Et le certificat d’études est dans deux semaines.
- Bien, bien. Il est temps que ça se termine.
- Son instituteur veut nous voir, ajoute sa mère.
Le père Sabourin claque sa langue à nouveau. Dans la cour, Léon se rapproche de la fenêtre.
- Je crois qu’il veut nous parler de l’avenir de Léon, poursuit sa mère de la même voix calme. Notre fils est brillant.
- Son avenir ! tonne son père. Qui a jamais parlé d’avenir ici ? Tous à la mine, on n’a pas le choix !
- Peut-être devrions-nous l’écouter…
Le père Sabourin ricane.
- C’est tout vu. Demain, j’irai trouver le porion 3 pour qu’il mette Léon dans mon équipe sitôt qu’il aura ses douze ans. Ce sera plus pratique si nous avons les mêmes horaires.
Léon écarquille les yeux et pâlit. Le porion, l’équipe, la mine… Son père a déjà tout décidé pour lui !