Le rivage des souvenirs
68 pages
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Le rivage des souvenirs , livre ebook

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Description

C'est dans la petite ville tranquille de Saint-Christophe-sur-Loire, où Timothée et ses parents viennent de s'installer, que la vie de Timothée va être bouleversée.

Lui, le jeune ado un peu timide, toujours plongé dans ses dessins, n'avait aucune raison d'entrer un jour dans l'église, si ce n'est pour aller y récupérer sa grand-mère, atteinte d’Alzheimer. C'est pourtant là, dans cette petite église, au milieu des statues et des ex-voto, que Timothée va se découvrir un pouvoir extraordinaire qui va chambouler ses croyances, mais aussi la vie des habitants de la ville, et plus particulièrement cette Léo, un peu agaçante sur les bords, mais attachante malgré tout.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juillet 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782728935512
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0324€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Épilogue Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
« Ce que tu as caché aux sages et aux ­savants, tu l’as révélé aux tout-petits. »
Luc 10, 21
Chapitre 1
Saint-Christophe-sur-Loire, France,
septembre 2019.
– Patrouille 2, répondez.
Le gendarme s’empara vivement de la radio grésillante.
– Adjudant Pellerin, j’écoute.
– On nous a signalé un accident à la guinguette Chez Momo . Allez voir, vous êtes les plus proches.
– Reçu, on y va immédiatement.
En raccrochant, il se tourna vers son collègue.
– Attachez-vous, mon petit Justin, ça va secouer ! Le réserviste s’exécuta en marmonnant :
– Gabin… Moi, c’est Gabin.
La voiture démarra au quart de tour, quittant la place de la mairie où il ne s’était rien passé de bien intéressant depuis qu’elle y avait été garée une demi-heure plus tôt. D’un œil inquiet, le copilote observa l’aiguille du compteur opérer des pics d’ascension fulgurante. Également moniteur d’auto-école, il supportait mal les entorses au Code de la route. Ici, devant le gymnase, dos d’âne… Zone 30… Là, après le bar-tabac, priorité à droite… Sirènes hurlantes, gyrophares tournants, le véhicule bleu était au-dessus de toutes ces règles. Il traversait le bourg à toute allure, sans se soucier des quelques têtes curieuses qui se retournaient sur son passage en demandant ce qui pouvait bien justifier une telle animation. Il faut dire que d’ordinaire, la petite ville de Saint-Christophe-sur-Loire méritait sa place en haut du classement des communes les plus tranquilles de France.
Enfin, dans un crissement de pneus, la voiture s’immobilisa. Les gendarmes étaient arrivés sur les lieux en moins de deux minutes, timing qui procura une immense satisfaction à l’un, et des sueurs froides à l’autre. À peine étaient-ils entrés dans la buvette qu’un homme se précipita à leur rencontre.
– Ah, vous voilà ! C’est moi qui vous ai appelés, déclara-t-il sans préambule.
Ce quinquagénaire ventripotent sous sa chemise hawaïenne n’était autre que le gérant de l’établissement, le fameux « Momo ». Gérard, de son vrai nom.
– Eh bien, nous sommes là, répondit l’adjudant. Que se passe-t-il ?
Ahuri, Momo ouvrit les bras et répéta d’un ton excédé :
– Que se passe-t-il ? Vous ne remarquez rien ?
Les deux gendarmes jetèrent un regard circulaire. Chez Momo était un bar-restaurant typique des bords de Loire, sa terrasse surplombée d’une guirlande donnait sur le fleuve, ce qui lui valait son nom de « guinguette ». Très prisée l’été, mais en cette fin de journée du mois de septembre, on ne pouvait pas dire qu’il y avait foule. Seuls quelques clients attablés dans le fond discutaient entre eux.
Ne voyant rien d’inhabituel, le gendarme répondit plus sèchement :
– Monsieur, je vous prie de ne pas jouer aux devinettes et de nous expliquer le problème.
– Excusez-moi, messieurs les agents, répondit Momo en baissant d’un ton. C’est l’émotion… Regardez, là-bas, ma barrière en bambou du Laos : elle est complètement ravagée !
En effet, la construction de bois qui servait de garde-fou, entre la route et le fleuve en contrebas, avait, semblait-il, été violemment arrachée.
– Comment est-ce arrivé ? demanda encore l’adjudant.
– Un petit chauffard sur son scooter, voilà comment c’est arrivé !
– Vous voulez dire que quelqu’un a eu un accident ici et a foncé dans votre barrière ?
– Exactement.
– Et où est-il maintenant ?
– Oh ! fit Momo avec une moue dédaigneuse, l’engin a plongé dans l’eau.
Le réserviste, paniqué, s’écria :
– Et le conducteur ?
– Ah ! Lui, il est là.
Se tournant vers la terrasse, le gérant désigna un garçon qui y était assis, son casque sur les genoux, l’air complètement hagard.
– Il va falloir payer les réparations, mon garçon ! lui lança-t-il.
L’adjudant le coupa d’un geste.
– C’est bon. Nous nous chargeons de lui.
Il tira une chaise pour s’installer à côté du jeune homme.
– Tu n’es pas blessé ?
– Non, à part quelques égratignures.
– Comment est-ce que tu t’appelles ?
– Timothée.
Le gendarme lissa sa moustache. Le réserviste, debout derrière lui, avait sorti un calepin et un stylo et prenait des notes.
– D’accord. Je suis l’adjudant Pellerin, et voici mon collègue, Julien Laroche.
– Gabin… Gabin Laroche, rectifia le réserviste dans un murmure.
Sans y faire attention, son supérieur poursuivit :
– Tu as eu un accident ?
Le garçon hocha la tête et eut un rictus amer.
– Tu veux bien nous raconter en détail ce qu’il s’est passé ?
– J’étais en train de rentrer du lycée… Un chien a déboulé devant mes roues… En voulant l’éviter, j’ai dérapé, je suis tombé et mon scooter a plongé dans la Loire.
– En traversant la barrière de Momo…
– Ouais. Désolé, ajouta-t-il à mi-voix.
Timothée était surtout dégoûté. Il pensait à son deux-roues tout neuf qui avait coulé au fond de l’eau en quelques instants… Et qui ne serait sûrement jamais remplacé.
À la demande de l’adjudant, il montra le lieu exact de l’accident. L’agent remarqua que la chaussée était humide, conséquence de la pluie qui était tombée abondamment dans la journée. Aucune trace du chien, mort ou vivant, dans les parages. Pas à pas, il effectua la trajectoire du scooter, partant de l’endroit de la chute sur la route, il visualisa son dérapage, pour rejoindre la barrière trouée. Le jeune réserviste, son calepin sous le bras, s’était penché au-dessus du fleuve, et scrutait les flots. Comme s’il s’attendait à ce que l’engin refasse miraculeusement surface… Il finit par se retourner en secouant la tête.
– Eh bien, Timothée, annonça l’agent Pellerin, nous allons te ramener chez toi.
Momo ne l’entendait pas de cette oreille.
– Et ma barrière ? s’indigna-t-il. Qui va la réparer ?
– Ce jeune homme est mineur, nous allons voir avec ses parents. Passez à la brigade demain, nous vous tiendrons informé.
Timothée leur donna son adresse. La voiture s’arrêta devant une grande maison bourgeoise dont les lignes majestueuses se dessinaient sur le ciel obscurci. De ses balcons fleuris, la vieille bâtisse devait offrir une vue imprenable sur le fleuve.
En haut du perron, la sonnette indiquait : « CARON ». Sur un signe de son chef, le réserviste pressa le bouton.
Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur un homme couvert de traces de peinture blanche. En découvrant son garçon entre deux uniformes, il devint encore plus blanc.
– Que se passe-t-il ? demanda-t-il en essuyant nerveusement ses mains sur son jogging.
– Pouvons-nous entrer, monsieur Caron ? Nous allons tout vous expliquer.
Il s’effaça pour les laisser pénétrer à l’intérieur. Une forte odeur flottait dans le vestibule, les bâches qui recouvraient le sol crissaient sous les chaussures. Il les invita à s’asseoir dans le salon, tout en lançant à son fils des coups d’œil inquiets, comme s’il surveillait du lait sur le feu. Il était très déstabilisé, c’était la première fois que Tim était ramené chez lui par les gendarmes. Il ne savait pas du tout à quoi il devait s’attendre. Infraction au Code de la route ? Bagarre avec un camarade ? Insulte à agent ? Mon Dieu, peut-être était-ce pire… Trafic de stupéfiants ?
L’adjudant mit fin au suspense et relata l’accident et les dégâts que Timothée avait causés dans la guinguette de Momo. Bien que flagrant, le soulagement de monsieur Caron fut de courte durée.
– Votre assurance devra prendre en charge les ­réparations de la barrière en bois. En revanche, le scooter ne sera pas récupérable.
Le regard paternel devint furibond. Les formalités administratives furent réglées en dix minutes à peine. Il n’en fallait pas davantage, Timothée le sentit bien : son père était devenu une véritable cocotte-minute.
– Il faut relativiser, Monsieur, dit l’adjudant en se dirigeant vers le vestibule. À cet âge-là, les jeunes ont besoin d’expériences ! Celle-ci n’a pas eu de conséquences dramatiques, heureusement… Ce sont les expériences qui forment la jeunesse !
Monsieur Caron ouvrit la porte en dodelinant la tête.
– Vous voyez, par exemple, poursuivit l’officier en désignant son coéquipier, nous avons ici un jeune réserviste qui a eu de fortes sensations pour sa première journée. Et ça, c’est très formateur ! N’est-ce pas, Robin ?
– Gabin, souffla le jeune homme. Oui, chef.
De retour sur le siège passager, il esquissa une moue anxieuse au vrombissement du moteur. Il se gardait bien de critiquer la conduite de son supérieur, mais ses mains moites et sa respiration saccadée pouvaient encore le trahir… À son grand soulagement, la voiture s’éloigna tranquillement dans le strict respect du Code de la route. Une pluie fine se mit à tomber sur le pare-brise, une bruine bien inoffensive comparée à l’orage qui éclata loin derrière, dans la maison.
– UN MOIS ! tonna le père de Timothée. Un mois seulement que tu avais ce scooter !
Il trempa rageusement son rouleau dans la peinture.
– Ah ! Quand ta mère apprendra ça… ajouta-t-il en l’étalant énergiquement sur le mur.
Timothée ne répondit rien. Que pouvait-il dire ? Il était le premier à être accablé par la tournure qu’avait pris cette journée. Et voilà qu’il se prenait un savon… Il n’avait plus l’énergie suffisante pour rétorquer. Après le choc de l’accident, il se sentait envahi d’une lassitude incomparable. Il laissa planer le silence, attendant le moment opportun pour s’éclipser. Au bout de quelques minutes, alors que Tim tournait doucement les talons, son père marmonna :
– Heureusement, tu n’es pas blessé. C’est le plus important.
Puis il continua de maugréer au rythme des va-et-vient de son rouleau sur le mur du vestibule. Laissant l’orage se dissiper progressivement, Timothée gravit d’un pas lent les marches en pierre du grand escalier de l’entrée.
Il parvint jusqu’à la pièce qui lui servait de chambre, je

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