L École asphyxiée
68 pages
Français

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Description

L’école est le cœur de la République. Mais, en dépit d’investissements massifs et de réformes répétées, nul ne contestera qu’elle peine aujourd’hui à remplir ses missions éducatives et civiques. Cette crise engendre beaucoup de souffrances, chez les professeurs, les élèves, les parents. Il est urgent de redonner de l’air à cette école qui étouffe.

Fort de son expérience pédagogique d’une rare richesse, Albéric de Serrant, qui s’est fait connaître du grand public pour avoir dirigé le premier établissement de la Fondation Espérance Banlieue (Montfermeil), met ici le doigt sur dix points d’étranglement de notre système éducatif. À travers ces chapitres toujours nourris d’exemples concrets, il esquisse les grands axes d’une pédagogie humaniste et généreuse, soucieuse de rencontrer chaque enfant tel qu’il est, et de l’aider à devenir un adulte et un citoyen accompli.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juillet 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782728932740
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Préface. Le vrai pédagogue Introduction Chapitre 1. Revenir à la pédagogie du réel Chapitre 2. Donner envie de devenir professeur Chapitre 3. Former les professeurs à l’art de communiquer Chapitre 4. Mettre la transmission au cœur de l’école Chapitre 5. Ne plus séparer école et éducation Chapitre 6. Adapter l’équipe pédagogique aux besoins réels des enfants Chapitre 7. Refuser de confier le destin de nos jeunes à des algorithmes Chapitre 8. Libérer le temps périscolaire des luttes idéologiques Chapitre 9. Unir parents et professeurs dans la mission éducative Chapitre 10. Faire tomber les murs entre les divers types d’établissement Conclusion Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
Préface Le vrai pédagogue
Les querelles autour de l’école sont un invariant français. La République s’est fondée autour de l’idée, portée par Condorcet dès 1791, que la puissance publique doit l’instruction au peuple pour permettre à chacun d’exercer son rôle de citoyen. Depuis, nous nous empaillons. Et plus encore depuis que la lutte contre les inégalités a remplacé la transmission des savoirs et la formation du citoyen comme objectif de l’Éducation nationale. Un mot, surtout, concentre les malentendus : celui de pédagogue. Étendard pour les uns, repoussoir pour les autres, il a servi aux promoteurs des pédagogies constructivistes, fondées sur l’idée que l’enfant construit lui-même son savoir, à s’arroger le monopole de la modernité et de la réflexion sur le métier. La catastrophe des quarante dernières années de réformes en porte les traces. Mais la conséquence risque d’être en retour un discours simpliste sur les « bonnes vieilles méthodes qui marchent », sans aucune réflexion sur ce que signifient éduquer et transmettre.
Albéric de Serrant, avec son enthousiasme et sa folie, est un authentique pédagogue, au sens étymologique de ce terme. Il s’assigne pour tâche de conduire des enfants et des jeunes gens sur le chemin de la découverte d’eux-mêmes et de leur potentiel, en même temps que de leur donner accès à ce qui constitue leur héritage : les savoirs et les références qui ont forgé le monde dans lequel ils vivent et le pays qui est le leur, d’où qu’ils viennent. Peu importe, finalement, que ce soit sa foi qui le guide. « Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas », écrivait Aragon, « Quand les blés sont sous la grêle/Fou qui fait le délicat/Fou qui songe à ces querelles/Au cœur du commun combat. » La question qui se pose à nous, en un temps où les réseaux sociaux et la circulation rapide des informations et des mensonges bouleversent les équilibres, est non seulement, dans une perspective écologique, quel monde nous allons laisser à nos enfants, mais aussi à quels enfants nous allons laisser ce monde. Et c’est pour cette raison qu’un homme comme Albéric de Serrant est nécessaire. Parce que sa démarche est de mettre au cœur de l’école, non pas l’enfant tel qu’il est mais l’adulte qu’il deviendra si le pédagogue a su l’élever, lui rendre confiance en lui, lui donner accès à des enseignements qui lui permettront de penser le monde et de formuler précisément cette pensée.
La question n’est finalement pas celle d’une concurrence absurde entre privé et public. Du moins pas avec ce privé dont parle Albéric de Serrant, et dont il est un des acteurs. L’école publique a tout à gagner d’avoir à ses côtés, avec tous les garde-fous et les contrôles nécessaires, quelques établissements expérimentaux qui accueillent les enfants auxquels le public, avec toutes ses contraintes, ne peut pas s’adapter. L’école publique a tout intérêt à voir ce qui est possible quand on choisit d’accueillir des enfants de tous milieux et de toutes origines, de leur proposer un uniforme qui leur rappellera leur engagement à l’effort et à la recherche de l’excellence, de leur enseigner une histoire de France qu’ils s’approprieront, de leur enseigner une grammaire exigeante qui structure la pensée.
Qui lira ce livre comprendra que l’opposition stérile entre instruction et éducation n’a pas de sens dès lors que l’on ne renonce pas à l’instruction, comme le font trop souvent les modernes éducateurs persuadés que les savoirs sont ces vieilleries oppressives et inutiles qui servent à trier et exclure et que leur rôle n’est pas de transmettre ce qui permettra à l’élève de se construire mais de le laisser « s’épanouir » et exprimer sa « personnalité » avant même qu’elle ne soit formée. Instruction et éducation vont de pair parce que le véritable pédagogue est aussi un exemple et parce que les savoirs qu’il transmet permettront de former des hommes libres, doués de raison et d’empathie.
L’école républicaine a tout à gagner à regarder du côté des expérimentations, et même à conserver ce qui lui sert de soupape de sécurité pour des enfants qui ne s’adaptent pas au système, du moment que l’exception ne cherche pas à devenir la règle ; du moment que ce foisonnement d’écoles atypiques se développe au nom des enfants et pas au nom d’une idéologie quelconque, qui pousserait à se séparer du modèle commun. C’est pourquoi le travail d’Albéric de Serrant, qui a toujours eu pour vocation de former des citoyens et des Français, contribue au bien commun, autant qu’il nous rappelle ce qu’enseigner veut dire.
Natacha Polony
Introduction
Nous sommes au lendemain du discours du président Macron lors de sa visite surmédiatisée à Marseille évoquant la possibilité, pour les directeurs d’établissements scolaires, d’effectuer eux-mêmes le recrutement de leur équipe pédagogique. Un débat en direct sur la question est organisé sur RTL. Informé et encouragé par une ancienne collègue, je décroche mon téléphone et appelle le standard. Dix minutes plus tard, je passe à l’antenne. Pascal Praud me place comme contradicteur de Paul, enseignant dans le public, formellement opposé à tout pouvoir du directeur sur le recrutement. Je m’adresse à mon interlocuteur avec respect et présente ma position. Je témoigne de ce que je vis avec mon équipe pédagogique que j’ai eu le privilège de constituer moi-même. Paul reprend la parole et s’adresse à Pascal Praud dans ces termes : « La personne que nous entendons est en marge, en raison de son statut de directeur dans le hors-contrat. Il ne peut pas me convaincre… » Et balaie d’un revers de la main la courtoisie de me répondre.
Le débat, bien mené par Pascal Praud, dévoile en plein jour le mépris atavique d’une partie du corps professoral envers ses semblables. Je retiens deux choses de cet échange musclé : l’incapacité de Paul à s’adresser directement à moi en m’appelant par mon nom et le fait que Paul me place en marge. Le voilà donc bien inspiré ! Sur une copie, la marge est réservée à l’évaluation et au commentaire. Ainsi, il m’offre une occasion rêvée : sans prendre le stylo rouge, je vous partage mon évaluation sur l’état de notre système scolaire français tel qu’il se présente aujourd’hui. Merci Paul !
Il y a cependant bien des manières d’entreprendre la correction d’une copie. Contrariés de ne pas avoir les éléments attendus, nous pouvons passer à côté d’un langage qui n’est pas le nôtre mais qui, pourtant, laisse entrevoir une réponse pertinente. Alors, figés sur notre propre idéologie, nous barrons d’un trait grossier toutes les nuances qu’il aurait fallu découvrir entre les lignes. Une telle erreur ne peut se produire dans un devoir de mathématiques. Il ne peut y avoir qu’une seule réponse. Mais voilà ! la copie qui s’offre à nous est complexe. Elle est géopolitique, philosophique et sociale. Le correcteur doit prendre le temps de lire, de comprendre ce que les événements disent, dans un contexte particulier et un langage qui ne sera pas uniforme. Il faut donc l’expérience du terrain. Il est important de rejoindre la réalité.
Successivement, j’ai pu être éducateur en collège, animateur en pastorale et en sciences humaines en lycée, professeur de français, d’histoire, et directeur dans le privé et le hors-contrat, enseignant en géopolitique et en communication en école supérieure d’ingénieur et, enfin, directeur d’un dispositif relais avec le public. Je côtoie depuis vingt-cinq ans les professeurs, les parents d’élèves, les élèves et les ­étudiants ainsi que mes collègues de direction et travaille avec eux. J’ai pratiqué ces diverses fonctions dans des décors bien différents : établissement scolaire cantonal en milieu rural, école réservée à des enfants du monde politique et industriel, établissement privé prioritaire à Paris, nouvelle génération d’école hors contrat en banlieue et institution supérieure privée dans une ville de province. Malgré cette diversité, un point commun ressort : la volonté d’instruire les jeunes et d’en faire des hommes et des femmes debout. Mais une épreuve commune pèse sur l’ensemble de ces établissements : l’asphyxie qui entrave et anéantit la possibilité et même la volonté d’y parvenir.
L’insécurité est le thème majeur qui hante la société française de nos jours. On reproche à la justice de ne pas appliquer les peines qui devraient servir d’exemple, et, en même temps, on ne comprend pas comment ces mineurs et ces jeunes adultes déstructurés ne respectent pas la vie en société. On pointe également du doigt l’immigration et la perte des repères culturels de notre civilisation franco-­européenne qui semble en découler. Je considère que l’origine même de ce désordre et de cette instabilité sociale repose avant toute chose sur l’absence de formation et d’éducation. L’école est malade, et cela depuis plus de quarante ans. Comme un cancer, tout ce qui contribue à l’asphyxie de l’éducation se développe et envahit le champ de la formation et de l’instruction. Si la famille est le berceau de la société, alors notre société reçoit de plein fouet les conséquences de la déstructuration, voire de la démolition stratégique, de la cellule familiale. L’égoïsme et l’individualisme ont eu raison de cette force du don de soi pour le bien de tous. Aujourd’hui, je re

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