Les rythmes de travail hors norme
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Travailler sept ou huit heures par jour, du lundi au vendredi et aux mêmes horaires toute l'année, demeure encore la norme. Cependant, trois actifs sur dix ont connu, en 1995, un rythme de travail autre : irrégularité des jours ou des horaires de travail, avec ou sans rythme hebdomadaire. Les non-salariés, même s'ils l'ont plus souvent choisi, sont plus nombreux à travailler irrégulièrement. Le rythme de travail des salariés, s'il n'est pas identique chaque semaine, peut être cyclique. Cette organisation du travail prend différentes formes (2x8, 3x8 ou autres) et nécessite souvent de travailler à des horaires atypiques (samedi, dimanche, de nuit). Elle se rencontre plus fréquemment dans l'industrie, où plus d'un salarié sur cinq y est soumis. Les employés des services de santé sont aussi particulièrement astreints aux rythmes cycliques. Les entreprises ainsi organisées offrent peu de souplesse, au quotidien, à leurs salariés (aménagement d'horaires complexes, vacances planifiées). Les salariés « irréguliers » sont deux fois plus nombreux que les « cycliques » et se retrouvent dans des activités aussi variées que professions commerciales, transporteurs routiers, officiers de l'armée et de gendarmerie ou cadres d'entreprise. Sous leurs formes extrêmes, les rythmes irréguliers concernent plus souvent les jeunes entrant dans la vie active.

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Langue Français

Extrait

MARCHÉ DU TRAVAIL
Les rythmes de travail hors norme
Pierre Boisard Travailler sept ou huit heures par jour, du lundi au vendredi et aux mêmes
et Jean-David horaires toute l’année, demeure encore la norme. Cependant, trois actifs sur dix
Fermanian * ont connu, en 1995, un rythme de travail autre : irrégularité des jours ou des
horaires de travail, avec ou sans rythme hebdomadaire. Les non-salariés, même
s’ils l’ont plus souvent choisi, sont plus nombreux à travailler irrégulièrement.
Le rythme de travail des salariés, s’il n’est pas identique chaque semaine, peut être
cyclique. Cette organisation du travail prend différentes formes (2x8, 3x8 ou
autres) et nécessite souvent de travailler à des horaires atypiques (samedi,
dimanche, de nuit). Elle se rencontre plus fréquemment dans l’industrie, où plus
d’un salarié sur cinq y est soumis. Les employés des services de santé sont aussi
particulièrement astreints aux rythmes cycliques. Les entreprises ainsi organisées
offrent peu de souplesse, au quotidien, à leurs salariés (aménagement d’horaires
complexes, vacances planifiées).
Les salariés « irréguliers » sont deux fois plus nombreux que les « cycliques » et se
retrouvent dans des activités aussi variées que professions commerciales,
transporteurs routiers, officiers de l’armée et de gendarmerie ou cadres
d’entreprise. Sous leurs formes extrêmes, les rythmes irréguliers concernent plus
souvent les jeunes entrant dans la vie active.
n matière de temps de travail, les actifs se rythme de travail cyclique ou irrégulier repré-* Pierre Boisard travaille
au Centre d’études de E distinguent les uns des autres par leur vo- sentent près de 30 % des actifs occupés. Elles
l’emploi et Jean-David lume de travail, appréhendé généralement en sont loin de constituer un ensemble homogène :
Fermanian appartient à
heures sur une période de référence, mais éga- de nombreux éléments liés aux missions réali-la division Emploi de
l’Insee. lement par le rythme de ce travail. Pour chacun, sées, aux modes de production et aux condi-
les plages de travail et de repos se succèdent et tions de travail les différencient.
s’articulent différemment. Travailler en
moyenne 39 heures par semaine ne représente Les réguliers sont les actifs qui travaillent les
pas le même effort pour celui qui bénéficie mêmes jours chaque semaine et à peu près selon
d’horaires réguliers du lundi au vendredi que les mêmes horaires. En 1995, cette régularité
pour celui qui est assujetti à des rythmes irrégu- concerne une large majorité des actifs (70 %) et
liers. constitue donc la norme. Près d’un tiers des tra-
vailleurs subissent des perturbations dans leur
En fonction des réponses de chacun sur son or- rythme de travail. Celles-ci peuvent prendre di-
ganisation des périodes et horaires de travail, la verses formes : horaires variables et/ou chan-
population active se répartit en trois catégories gement hebdomadaire de jours travaillés.
Les noms et dates entre
: le rythme de travail de la première est régulier, Divers degrés existent dans la « non-régulari-parenthèses renvoient à
la bibliographie en fin celui de la deuxième est cyclique et celui de la té » des rythmes. Ainsi, de nombreux rythmes
d’article. troisième irrégulier. Les personnes qui ont un de travail sont organisés en cycle, s’étendant
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 321-322, 1999 - 1/2 111Tableau 1
Le rythme de travail des actifs
En %
Le nombre de jours travaillés chaque semaine est...
... variable d’une semaine
... toujours le même ... en général le même ... irrégulier
à l’autre, de façon régulière
Salariés 77,8 5,2 6,4 10,5
Non-salariés 72,6 7,5 2,2 17,7
Ensemble des actifs 77,1 5,5 5,9 11,5
Champ : ensemble des actifs occupés.
Source : enquête Durée du travail complémentaire à l’enquête Emploi, 1995, Insee.
Tableau 2
Catégorie socioprofessionnelle et rythme de travail
En %
Rythme de travail
Catégorie socioprofessionnelle
Régulier Cyclique Irrégulier
Salariés 71,7 10,4 17,9
Cadres 73,1 0,7 26,2
Cadres du public 75,8 1,0 23,3
Cadres du privé 72,5 0,7 26,8
Professions de l’information, des arts et du spectacle 52,5 1,7 45,8
Enseignants, professions intellectuelles supérieures 83,8 1,0 15,1
Professions intermédiaires 68,4 10,1 21,4 intermédiaires de la santé et du travail social 50,6 28,4 21,0
Techniciens, contremaîtres 74,8 9,5 15,7
Employés 71,1 10,4 18,5
Employés civils et agents de service de la Fonction publique 67,3 18,1 14,6
Policiers et militaires 22,2 25,7 52,0
Employés de commerce 71,6 8,2 20,2
Employés des services aux particuliers 76,9 3,1 20,0
Ouvriers 72,1 15,8 12,1
Ouvriers industriels 65,9 26,2 7,9
Ouvriers artisanaux 88,0 3,8 8,2
Chauffeurs 51,2 7,9 40,8
Ouvriers agricoles 66,9 2,5 30,6
Non-salariés 58,1 0,8 41,1
Agriculteurs 46,1 0,5 53,4
Artisans 61,8 0,2 37,9
Commerçants 71,2 0,7 28,1
Chefs d’entreprise 57,7 0,0 42,3
Professions libérales 61,1 0,8 38,1
Ensemble des actifs 69,9 9,2 20,9
Champ : ensemble des actifs occupés.
Source : enquête Durée du travail complémentaire à l’enquête Emploi, 1995, Insee.
112 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 321-322, 1999 - 1/2sur plusieurs jours et qui se reproduit à l’identi- les non-salariés, elle constitue généralement
que : l’individu concerné est alors qualifié de « cy- une contrainte pour les salariés alors qu’elle re-
clique ». Les travailleurs ni réguliers, ni cycliques lève fréquemment d’un compromis entre vie
forment l’ensemble des irréguliers (cf. encadré 1). professionnelle et vie privée pour les non-sala-
riés. Ainsi, 92 % des non-salariés, mais seule-
ment 8 % des salariés, déterminent eux-mêmes
Les horaires des non-salariés moins leur rythme de travail, tandis que, pour 73 %
réguliers mais plus souvent choisis des salariés et seulement 6 % des non-salariés,
les horaires de travail sont déterminés par l’en-
La part d’actifs salariés qui travaillent selon un treprise, sans possibilité de modification.
calendrier hebdomadaire régulier est plus grande
que celle des non-salariés : 78 % des salariés Néanmoins, même s’ils déterminent eux-mê-
travaillent toujours le même nombre de jours mes leur rythme, les non-salariés sont plus
chaque semaine pour 73 % des non-salariés. affectés par des contraintes d’horaires que les
À l’opposé, plus de 17 % des non-salariés tra- salariés, notamment en ce qui concerne les
vaillent un nombre de jours variable d’une se- samedis et dimanches travaillés. Près d’un tiers
maine à l’autre, sans régularité apparente, des non-salariés ont travaillé quatre dimanches
alors que seuls 10 % des salariés sont concer- en février 1995 (mois précédant l’enquête) et
nés par une telle irrégularité (cf. tableau 1). plus de 60 %, quatre samedis contre respective-
De plus, 67 % des salariés ont les mêmes horai- ment 3 % et 13 % des salariés. Durant la même
res chaque jour contre seulement 57 % des période, la moitié des non-salariés n’ont tra-
non-salariés. vaillé aucun dimanche et 15 % aucun samedi,
contre respectivement 84 % et 62 % des sala-
Si l’irrégularité des rythmes de l’organisation riés. Cet écart avait déjà été constaté en 1988
hebdomadaire de travail touche plus fortement (Roth, 1990). Dans une moindre mesure, les
Encadré 1
SOURCES ET DÉFINITIONS
Les résultats statistiques de cet article ont été ob- non sur le changement d’horaire, mais sur le chan-
tenus à partir de l’enquête Durée du travail gement des jours de travail d’une période à l’autre.
complémentaire à l’enquête Emploi de mars 1995. Enfin, le cycle ne correspond pas nécessairement à
Restreint au tiers (sortant) du champ de l’enquête un multiple de semaines.
Emploi et aux seuls actifs occupés, l’échantillon
compte 21 331 observations dont 18 435 pour les Les irréguliers, quant à eux, sont les actifs dont le
salariés. En fonction des rythmes de travail décla- nombre de jours travaillés et/ou les horaires de tra-
rés par les individus, chaque actif interrogé est vail changent de manière non régulière, sans même
classé dans une des trois catégories : actifs régu- obéir à un cycle.
liers, cycliques ou irréguliers.
Pour chacune de ces trois sous-populations, les
Les rythmes de travail modes de description des horaires de travai

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