Les murs du silence
113 pages
Français

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Description

Des enfants fragiles, des prêtres respectés et soutenus par leur hiérarchie, une maison fermée où règne une discipline de fer, un silence pesant sur la sexualité. Telles sont les composantes du drame des abus sexuels survenus dans de nombreux établissements de placement d’enfants au cours du XXe siècle. Les recherches historiques ont mis en évidence, de la part des responsables, les mêmes stratégies de dissimulation et d’impunité des coupables. Pour l’Institut Marini de Montet (Fribourg/Suisse), théâtre d’abus graves et répétés, le silence n’a été levé que récemment, grâce à la recherche historique indépendante mandatée par Mgr Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.
Cet ouvrage, édition révisée et complétée de l’enquête initiale, revient sur la poursuite du processus de réparation et propose une conclusion situant le cas Marini dans le développement international des études sur les abus sexuels et maltraitances. La recherche historique participe pleinement du processus de reconnaissance et de réparation actuellement en cours en Suisse. En rédigeant cet ouvrage, les auteurs ont également eu une pensée pour tous les ex-pensionnaires de Marini qui n’ont pas souhaité confier leur témoignage, ainsi qu’à tous les ex-enfants placés, qui ont vécu des expériences similaires à celles rapportées dans ces pages. Que ce livre puisse répondre à certaines de leurs questions et, peut-être, les aider à vivre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 17
EAN13 9782889301751
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2018 
Case Postale 5 
2002 Neuchâtel 2 
Suisse 
 
 
 
www.alphil.ch 
 
Alphil Distribution 
commande@alphil.ch 
 
 
ISBN 978 - 2 - 88930 - 175 - 1 
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique. 
 
L’ouvrage a été publié avec l’aide du Conseil de l’Université de Fribourg. 
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016 - 2020. 
 
Photographie de couverture : © Bibliothèque cantonale et universitaire Fribourg. Fonds Léon de Weck-Georges de Gottrau. 
 
Responsable d’édition : Rachel Maeder 


Remerciements 
L es auteurs∙es remercient les personnes suivantes, dont l’apport et le soutien ont été importants pour la réalisation de cette recherche. 
En premier lieu, nous remercions chaleureusement tous les témoins qui ont répondu à notre appel, accepté de raconter leur histoire et approuvé l’utilisation de leur témoignage dans cette recherche. Nous sommes conscients qu’une telle démarche était loin d’être facile, et qu’il a fallu à certains, après tant d’années de silence, de la force et du courage. Nous leur en sommes d’autant plus reconnaissants, car leurs témoignages sont essentiels. 
Nous remercions ensuite M gr  Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, pour la confiance qu’il nous a témoignée et la liberté totale qu’il nous a accordée pour organiser la recherche et rédiger le rapport. 
Enfin, les personnes suivantes (par ordre alphabétique) nous ont soutenus dans les diverses étapes de ce travail, en nous facilitant l’accès aux documents, en nous éclairant sur certains points précis, ou par leur relecture attentive d’un chapitre ou de l’ensemble du texte : 
M. Jean - Marie Barras, inspecteur scolaire et directeur de l’École normale, retraité 
M. Germain Bouverat, fonctionnaire fédéral retraité 
M. Alexandre Dafflon, directeur des Archives d’État de Fribourg (AEF) 
M me  Nathalie Dupré, archiviste de l’évêché 
M me  Laure - Christine Grandjean, chargée de communication à l’évêché 
M me  Astrid Kaptjin, professeure ordinaire en droit canon à l’Université de Fribourg et vice - rectrice 
M me  Karen Mailler, présidente de l’Autorité de la protection de l’enfant et de l’adulte, Sion 
M. Cédric Péclard, syndic de la commune des Montets 
M. Francis Python, professeur émérite en histoire contemporaine à l’Université de Fribourg 
M me  Stéphanie Roulin, assistante docteure en histoire contemporaine à l’Université de Fribourg 
La congrégation des Salvatoriens, avec une mention spéciale pour le Père Moritz Sturny, ancien directeur de l’Institut, et le Père Wieslaw Stempak, supérieur. 
M. Jürg Schmutz, directeur des Archives cantonales de Lucerne 
M. Charles - Édouard Thiébaud, responsable des archives judiciaires aux AEF 
M me  Marie - Jeanne Vésy, présidente du Conseil de paroisse des Montets 
… et toutes les personnes et institutions qui ont collaboré avec nous pour cette recherche. 


Préambule 
E n février 2015, M gr  Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, confiait aux auteurs∙es un mandat de recherche, afin de faire la lumière sur des abus sexuels et des maltraitances commis au sein de l’Institut Marini (Broye), un internat pour garçons placés sous la responsabilité directe du diocèse durant la période 1929 - 1955. 
Au cours de l’année 2015, l’équipe de recherche a travaillé en étroite collaboration et en toute indépendance par rapport à l’évêché. Pierre Avvanzino, ancien professeur à la Haute École de travail social de Lausanne, a rencontré les témoins et conduit l’enquête orale. Rebecca Crettaz, historienne diplômée de l’Université de Fribourg, a dépouillé les sources écrites et rédigé une série de synthèses. Anne - Françoise Praz, professeure associée à l’Université de Fribourg, a dirigé la recherche et rédigé le rapport final. 
Les résultats, présentés en conférence de presse le 26 janvier 2016, ont bénéficié d’une importante couverture médiatique et suscité un grand intérêt. Dès lors, il nous est apparu pertinent de les faire connaître plus largement. Le présent ouvrage reprend notre rapport avec quelques modifications, car des archives et des témoignages communiqués depuis nous ont permis d’intégrer certains éléments. Des témoignages complets d’ex - pensionnaires sont proposés en annexe. Cette édition offre également un épilogue, qui revient sur la réception du rapport et la poursuite du processus de réparation, ainsi qu’une conclusion renouvelée qui situe le cas de Marini dans le développement international des recherches scientifiques et de la reconnaissance politique des violences et abus sur mineurs. 
La publication de ce rapport ainsi complété est d’autant plus justifiée que notre étude s’est efforcée d’inscrire le cas particulier de Marini dans le contexte d’une recherche suisse et internationale en plein développement. Cet ouvrage entend également contribuer au débat public sur ces chapitres sombres de notre histoire. À nos yeux, la recherche historique participe pleinement du processus de reconnaissance et de réparation, relatif aux mesures de contraintes à des fins d’assistance, actuellement en cours en Suisse. Enfin, nous pensons à tous les ex - pensionnaires de Marini qui n’ont pas souhaité nous confier leur témoignage, ainsi qu’à tous les ex - enfants placés qui ont vécu des expériences similaires à celles rapportées dans ces pages. Nous espérons vivement que notre recherche puisse répondre à certaines de leurs questions et les aider à vivre. 


Introduction 
D epuis quelques années, la question des abus sexuels dans l’Église catholique fait l’objet d’une intense médiatisation. Une analyse approfondie des raisons de l’émergence de cette question dans l’espace public à la fin du XX e  siècle reste à faire 1 . Mais nous pouvons d’ores et déjà affirmer que la mobilisation et le courage des victimes, nécessaires pour briser un pesant silence, ont constitué un facteur essentiel dans la prise de conscience de l’ampleur du problème et du poids des souffrances longtemps tues et ignorées. 
Ce drame des abus sexuels interpelle évidemment l’Église, mais aussi les historiens∙nes. En effet, les victimes ne revendiquent pas seulement l’accès à leurs dossiers, la reconnaissance et la réparation des torts subis, une demande qui relève des responsables actuels de l’institution ecclésiale. Ces victimes souhaitent également que leurs histoires de vie, une fois péniblement révélées, ne retombent pas dans l’oubli et soient prises en compte dans la « grande histoire » ; elles manifestent également – tout comme la société dans son ensemble – un besoin profond de comprendre les raisons de leurs souffrances et le contexte qui a permis l’impunité des coupables. Or, les outils et les méthodes de la recherche historique permettent de proposer un regard dépassionné sur la question, au - delà d’une logique médiatique souvent attachée au primat de l’événement et du scandale, au détriment d’une analyse plus sociétale. 
Les recherches récentes, traitant de l’abus sexuel sur mineur∙e comme objet d’histoire à part entière, ont démontré l’importance du thème : celui - ci constitue un précieux révélateur des attitudes à l’égard de l’enfance, de la sexualité, des rapports entre générations et des limites de l’intolérable que toute société se pose à elle - même. L’historienne Anne - Claude Ambroise - Rendu n’hésite pas à écrire : «  Le silence dont [ l’abus sexuel ] a fait l’objet, de la part des protagonistes et des observateurs de ces histoires longtemps demeurées secrètes comme de la part des historiens, suffirait à lui seul à indiquer qu’il y a, dans cet angle mort de la visibilité publique, comme un point central de l’histoire des sociétés.  » 2  
Q UESTIONNEMENT, ORGANISATION DE LA RECHERCHE ET RECUEIL DES DONNÉES 
Le cahier des charges de l’étude, discuté entre les historiens∙nes et l’évêché, fixe une série d’objectifs et de questions de recherche : établir, autant que possible, l’importance et la fréquence des abus sexuels et maltraitances ; comprendre les raisons qui ont permis à des prêtres et à des employés laïcs de l’institut la pratique répétée de tels actes sur les pensionnaires ; comprendre comment les diverses dénonciations ont été gérées par les responsables de l’Institut et pourquoi l’écrasante majorité des auteurs de ces actes sont restés impunis. 
Nous avons commencé par réunir diverses séries de documents dans plusieurs fonds d’archives. L’annexe 1 présente ces séries en détail, ainsi que les méthodes de dépouillement utilisées ; nous ne mentionnerons donc ici que les documents les plus révélateurs. Ainsi, les Archives de l’Évêché contiennent un dossier de correspondances, rapports et témoignages évoquant diverses affaires ; celui - ci s’est révélé très précieux pour saisir la manière dont ces questions étaient traitées par les responsables ; de même, une série de registres d’élèves a fourni de précieuses données quantitatives. De leur côté, les Archives de l’État de Fribourg permettent de consulter les dossiers judiciaires des deux seuls abuseurs (un aumônier et un surveillant laïc) ayant fait l’objet d’un jugement pénal. 
En parallèle à cette recherche de sources écrites, nous avons tenté de retrouver des ex - pensionnaires de l’Institut pour une démarche d’histoire orale. Nous souhaitions recueillir des témoignages à propos de la vie quotidienne et de la pédagogie dans cette institution, ou plus spécifiquement des maltraitances et des abus sexuels. Au - delà de leur intérêt évident pour la recherche, ce recueil de témoignages était motivé par une autre exigence du cahier des charges : prendre en compte les attentes actuelles des victimes vis - à - vis des responsables de l’Église et une reconnai

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