Une course contre la montre : Mes combats contre les virus mortels, sida et Ebola
312 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une course contre la montre : Mes combats contre les virus mortels, sida et Ebola , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
312 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Une course contre la montre raconte l’urgence et l’excitation d’être à la fois sur le front pour combattre les maladies infectieuses actuelles, tout en préparant la lutte contre les épidémies à venir. Ce livre haletant relate les péripéties d’une vie de chercheur dédiée à deux virus pas comme les autres : Ebola, dont Peter Piot est le codécouvreur, et le VIH, virus du sida. Passant de la réalité du terrain en Afrique — bonnes sœurs belges propageant l’épidémie d’Ebola avec des aiguilles non stérilisées – aux couloirs feutrés de l’ONU et aux réunions interminables pour lever des fonds et sensibiliser les hommes politiques à la lutte contre le sida au niveau mondial, Peter Piot quitte son laboratoire pour discuter avec George Bush, Nelson Mandela, Fidel Castro ou Mobutu Sese Seko, se heurtant à des murs idéologiques dont l’entêtement et la détermination finissent parfois par avoir raison. Un document exceptionnel qui se lit comme un roman d’aventures. « De la découverte du virus Ebola à la lutte contre le VIH, Peter Piot a été à l’avant-garde de la lutte mondiale contre les maladies infectieuses. Il nous rappelle ici l’importance de notre responsabilité partagée dans les grands défis humanitaires. » Kofi Annan. Peter Piot est microbiologiste, professeur de « santé globale » et directeur de la prestigieuse London School of Hygiene & Tropical Medicine. Codécouvreur du virus Ebola, il a été directeur exécutif de l’Onusida et secrétaire général adjoint des Nations unies. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738166401
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrage originellement publié par W. W. Norton & Company, sous le titre No Time to Lose. A Life in Pursuit of Deadly Viruses.
© 2012 by Peter Piot.
Pour la traduction française : © O DILE J ACOB , MAI  2015 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6640-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
« Notre responsabilité est historique. Dans les chroniques qu’écriront les historiens du sida et de la riposte internationale face à l’épidémie, telle sera peut-être notre contribution la plus précieuse : face au fléau, nous ne nous sommes pas dérobés ; nous ne nous sommes pas cachés ; nous ne nous sommes pas divisés. »
Jonathan Mann .

«  Rust roest . »
(« Le repos rouille »).
Proverbe flamand.

« L’épidémie de sida est la pire menace de l’histoire de l’humanité. Aucun problème, si urgent puisse-t-il paraître, ne doit détourner notre attention de cette question. L’histoire ne manquera pas de nous juger sévèrement si nous ne mobilisons pas toute l’énergie et toutes les ressources possibles pour combattre le sida. »
Nelson Mandela , cérémonie de clôture de la XV e Conférence internationale sur le sida, Bangkok, Thaïlande, 16 juillet 2004.
Avant-propos

Le retour d’Ebola et la persistance du VIH

Ces mémoires sont l’histoire de ma rencontre avec deux virus – celui de la fièvre Ebola et celui du sida –, l’histoire des pertes humaines qu’ils ont provoquées, et de la riposte – ou de l’absence de riposte – que le monde leur a opposée. La version française de No Time to Lose a une signification toute particulière pour moi, Belge flamand particulièrement influencé par la culture française. Depuis mes études, j’ai souvent eu l’occasion d’échanger avec des Belges francophones, des Français, des Suisses, des Luxembourgeois, des Africains d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale ainsi qu’avec des Québécois ; amis, scientifiques, doctorants, journalistes… J’ai par ailleurs longtemps vécu dans le pays de Gex, près de Genève ; je passe mes vacances en Provence, et j’ai partagé plus d’un délicieux repas en échangeant en français. J’ai eu l’honneur de participer à plusieurs comités de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et d’avoir été titulaire de la chaire « Savoir contre pauvreté » au Collège de France pour l’année académique 2009-2010.
Ces mémoires prennent fin le 31 décembre 2008, avec mon départ de l’Onusida. Depuis peu, le virus Ebola fait de nouveau la une, et j’ai souvent commenté la situation dans les médias. Un quotidien populaire de Hong Kong m’a même appelé le « père d’Ebola » ! Ce virus provoque une grave crise humanitaire en Afrique de l’Ouest, et notamment en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. L’un des derniers vœux que j’exprime dans ces mémoires est de retourner à Yambuku, en République démocratique du Congo, là où tout a commencé. J’ai réalisé ce vœu en février 2014, pour fêter mon soixante-cinquième anniversaire ; Papa Wemba, qui est né la même année que moi, y a donné un concert. Cette visite a montré que la marche de l’histoire n’est pas toujours synonyme de progrès. Mis à part les téléphones portables, omniprésents, la situation y était pire que dans les années 1970 et 1980. Je m’étais alors rendu plusieurs fois à Yambuku et à Bumba, ville située sur les rives du fleuve Congo, dans la province de l’Équateur. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas d’électricité et d’eau courante à Bumba, ville de plus de cent mille habitants. Les routes y sont toujours aussi mal en point. Il n’y a plus de plantations ni d’usines. Les hôpitaux, presque vides, ne disposent d’aucun médicament ; pas d’antirétroviraux ou de thérapies combinées pour le paludisme. La mission catholique est toujours dirigée par le père Carlos  ; elle demeure la principale source d’éducation de qualité et de soins de santé primaires dans la région. À l’hôpital public, j’ai vu une petite fille atteinte de la variole du singe.
La mission de Yambuku est littéralement en train de s’effondrer. Son hôpital n’a ni médicaments, ni électricité, ni ambulance, ni moyens de communication – la quasi-totalité de l’équipement a été volée pendant l’un des derniers conflits armés. Les religieuses flamandes sont mortes ou sont parties, et l’établissement ne reçoit aucune aide extérieure financière ou technique. La jungle avait presque recouvert les tombes des victimes d’Ebola mortes en 1976 ; nous les avons dégagées et nettoyées. J’ai éprouvé une vive admiration pour les deux médecins de l’hôpital ; ils ne disposaient presque d’aucun moyen, mais ils n’avaient pas abandonné leurs postes. J’ai revu Sukato , l’infirmier qui fait partie des rares survivants de l’épidémie d’Ebola de 1976 ; des retrouvailles émouvantes. Il gère désormais le laboratoire rudimentaire de l’hôpital. Si Ebola devait à nouveau frapper ici, il risquerait fort de déclencher une nouvelle épidémie hautement meurtrière. Il est proprement honteux de voir des populations entières ainsi abandonnées à leur sort au XXI e  siècle, sans aide de leur gouvernement ou de la communauté internationale.
En revoyant Yambuku, et en revisitant mes souvenirs des événements tragiques de 1976 qui changeraient ma vie à tout jamais, je n’imaginais pas devoir un jour travailler à nouveau sur Ebola. J’imaginais encore moins voir le virus provoquer une épidémie aussi grave, avec déjà trois nations touchées, vingt mille personnes infectées et sept mille cinq cents morts à la fin de l’année 2014 – soit plusieurs fois le nombre total de victimes d’Ebola répertoriées depuis 1976, année de son identification. Depuis cette date, Ebola a déclenché vingt-cinq petites épidémies, très limitées dans le temps et dans l’espace, tuant quelques centaines de personnes. Le schéma épidémiologique est ici très différent – non parce que le virus a fortement changé, mais en raison du contexte social et sanitaire. En ce début d’année 2015, je suis optimiste quant à la baisse de l’épidémie d’Ebola dans ces trois pays – mais on observera sans doute de petites épidémies locales pendant un certain temps en Afrique de l’Ouest. Et il faudra peut-être attendre l’apparition d’un vaccin pour mettre un terme définitif à cette épidémie. Il y aura certainement d’autres épidémies d’Ebola dans l’avenir, car le virus circule chez certains animaux d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, probablement chez des chauves-souris roussettes, et ce même si le génome de ce virus n’a jamais été entièrement isolé dans leur sang.
Cette tragédie montre à nouveau que les épidémies de maladies infectieuses constituent une menace permanente pour le monde. Tout comme le virus de la grippe ou celui du sida, le virus Ebola vient du monde animal. D’autres scénarios similaires émergeront probablement dans le futur. Désormais, quel que soit le lieu où elle surgit, l’épidémie devient très vite une menace pour la population locale, mais aussi à des milliers de kilomètres – on a ainsi observé des cas d’Ebola aux États-Unis et en Espagne. L’importation d’une maladie meurtrière a un coût important en matière de soins, de procédures d’évacuation et d’endiguement clinique et sanitaire. Ce phénomène peut également déclencher des mouvements de panique et perturber les services de santé.
La lutte contre Ebola en Afrique devrait être reconnue d’« utilité publique mondiale » : elle est indispensable d’un point de vue médical et éthique dans les pays infectés – mais elle bénéficie aussi à la planète dans son ensemble. C’est vrai pour Ebola comme pour beaucoup d’autres maladies infectieuses.
L’épidémie ouest-africaine démontre à nouveau que, lorsque plusieurs facteurs de risque sont réunis, ils peuvent déclencher un phénomène « boule de neige », qui décuple la propagation du virus. Avec Ebola, ce phénomène a été généré par plusieurs facteurs. La méfiance des citoyens envers leurs gouvernements (conséquence de dizaines d’années de guerres civiles dévastatrices et d’autoritarismes corrompus). Des systèmes sanitaires hors d’état de fonctionner (ces pays comptent parmi ceux où les taux de médecins et d’infirmiers sont les plus bas au monde). Les croyances traditionnelles quant aux origines des maladies. Et la lenteur de la riposte sanitaire au niveau national et international. Cette épidémie témoigne également de l’importance que nous devons accorder à un système sanitaire efficace et équitable.
À la fin de l’année 2014, en République démocratique du Congo, une épidémie d’Ebola est apparue. Elle a été rapidement diagnostiquée et contenue par des collègues congolais dirigés par le professeur Jean-Jacques Muyembe , un vétéran, qui fut la première personne à se rendre à Yambuku pendant l’épidémie de 1976. Ce succès m’a rempli de fierté. Ma collègue et amie Awa Coll-Seck , qui fut l’une des premières employées de l’Onusida et qui apparaît elle aussi dans ces mémoires, est aujourd’hui ministre de la Santé du Sénégal. Un étudiant guinéen a importé la maladie dans son pays, mais elle est parvenue à contenir sa propagation. Ces exemples montrent qu’Ebola peut être maîtrisé lorsqu’on réagit rapidement, résolument et en s’appuyant sur des principes scientifiques.
Je me suis rendu en Sierra Leone en décembre 2014 ; là, j’ai pu voir à quel point Ebola pouvait déstabiliser une société entière. J’ai vu aussi comment le personnel de santé payait souvent son dévouement de sa vie. La mort des pr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents