Un avenir pour nos abeilles et nos apiculteurs , livre ebook
171
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
24 septembre 2020
EAN13
9782759231911
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
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Date de parution
24 septembre 2020
EAN13
9782759231911
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Table des matières
Couverture
Un avenir pour nos abeilles et nos apiculteurs
Avant-propos
Chapitre 1 - L’abeille noire, une race rustique à sauver
L’abeille mellifère, une espèce arc-en-ciel
Un patrimoine menacé
Préserver une richesse génétique unique
La protection en pratique
Une protection gravée dans les Tables de la loi ?
Chapitre 2 - Varroa, sortir de l’impasse des traitements
Aux origines du varroa
Une réponse chimique limitée
Des alternatives plus douces
La sélection d’abeilles résistantes au varroa
Quelles qualités individuelles rechercher pour sélectionner ?
Des particularités à trouver aussi dans les réponses collectives ?
Exploiter les interactions entre l’hôte et le parasite ?
Stratégie de sélection : des outils pratiques pour faciliter la sélection
Des abeilles qui survivent naturellement, un réel espoir !
Des résistances à trouver hors des frontières ?
Vers une solution durable du problème varroa ?
Chapitre 3 - Pesticides, revoir les méthodes d’évaluation
Le début d’un long combat
Un dialogue de sourds qui s’installe
Les études scientifiques montrent du répondant
Gare aux mélanges explosifs !
Évaluation des pesticides : mais où est donc le problème ?
Un banc d’essai à revoir et à améliorer
Pour un réveil politique et sociétal
Chapitre 4 - Apiculteurs et agriculteurs, une nécessaire collaboration
Agriculture et apiculture, un destin lié
Cohabiter avec les pesticides
Quand les abeilles meurent de faim
Des ressources pour les abeilles
Vers une collaboration plus formalisée
Une agriculture du futur plus favorable aux abeilles ?
Chapitre 5 - Espèces introduites, mieux vaut prévenir que guérir
Le varroa, un problème mondial 100 % apicole
L’éradication impossible, l’exemple du frelon asiatique
Deux menaces en suspens
Le cordon sanitaire européen
Produire local pour ne plus importer
Offrir un avenir à toutes les abeilles
Conserver la diversité génétique de l’abeille mellifère
Utiliser de manière raisonnée et raisonnable les pesticides
Contrôler les maladies et autres agents biologiques
Prévenir ou contrôler les importations d’abeilles
Gérer les paysages et l’environnement
Bibliographie
Remerciements
Crédits photographiques
Un avenir pour nos abeilles et nos apiculteurs
Vincent Albouy et Yves Le Conte
La collection Carnets de sciences s’adresse à un large public soucieux d’acquérir une culture scientifique. Ces ouvrages didactiques sont rédigés par des spécialistes reconnus qui se sont prêtés au jeu de la vulgarisation pour nous faire découvrir le monde qui nous entoure.
© éditions Quæ, 2020
ISBN papier : 978-2-7592-3190-4 ISBN PDF : 978-2-7592-3191-1 ISBN epub : 978-2-7592-3192-8
Éditions Quæ RD 10 78026 Versailles Cedex
www.quae.com www.quae-open.com/
Pour toutes questions, remarques ou suggestions : quae-numerique@quae.fr
Première de couverture : © Éric Tourneret / Biosphoto (n° 2103492)
Les auteurs
Entomologiste amateur et ancien attaché au laboratoire d’entomologie du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, Vincent Albouy s’intéresse depuis près de 30 ans aux insectes communs et à leur protection. Auteur de nombreux ouvrages grand public sur les insectes — dont Nos abeilles en péril ou Pollinisation. Le génie de la nature aux éditions Quæ — il est actuellement président d’honneur de l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie).
Apiculteur amateur depuis sa plus tendre enfance, Yves Le Conte est actuellement directeur de recherche au centre INRAE d’Avignon. Depuis une trentaine d’années, il développe des programmes de recherche sur la communication chimique chez les abeilles, les mécanismes, l’évolution et les perturbations des régulations sociales des colonies, et sur le parasite de l’abeille, Varroa destructor . Son activité s’est plus récemment centrée sur la compréhension des phénomènes responsables du déclin des populations avec une approche physiologique, comportementale, écologique, pathologique et toxicologique. Il est aussi coéditeur de la revue scientifique Apidologie .
Avant-propos
Au cours du xx e siècle, le développement de l’agriculture française et la spectaculaire progression de ses rendements se sont basés sur la motorisation, la monoculture, l’emploi massif d’intrants chimiques de synthèse, la sélection de variétés ou de races très productives, la modification du paysage. L’apiculture a souffert directement ou indirectement de ces mutations agricoles, notamment par l’exposition des abeilles aux pesticides et par la disparition d’une grande partie des ressources en nectar et en pollen procurées par la flore sauvage. Dans le même temps, que ce soit sous sa forme professionnelle ou de loisir, elle imitait cette agriculture productiviste et ses recettes intensives, en faisant largement appel à certaines races importées ou à des hybrides sélectionnés pour leur productivité élevée, aux nourritures artificielles à base de sucre raffiné, aux intrants chimiques jusque dans le cœur des ruches pour contrôler certains parasites. Nous avons traité dans un ouvrage précédent de cette même collection, Nos abeilles en péril , des conséquences de ces évolutions récentes sur la santé des abeilles, expliquant en grande partie leur déclin inquiétant.
Aujourd’hui, ce modèle dans son ensemble atteint ses limites. Les attentes de la société changent. La qualité des produits prend autant d’importance, sinon plus, que leur quantité. La préservation de la santé et la protection de l’environnement deviennent des sujets centraux dans les préoccupations de nos concitoyens, dans un contexte de changement climatique qui ne cesse de s’accélérer.
Qu’on le veuille ou non, l’agriculture et l’apiculture vont devoir évoluer dans les prochaines décennies. Pour satisfaire cette attente sociétale forte, elles devront s’inscrire dans le mouvement du développement durable. Elles ne pourront donc pas économiser la remise en cause de certaines de leurs pratiques actuelles. Elles vont devoir aussi innover, tester de nouvelles pistes pour résoudre des problèmes anciens.
Un programme aussi ambitieux ne pourra pas être mené sans l’appui des pouvoirs publics. Leurs interventions, dans le domaine de la réglementation, mais également de la recherche scientifique comme des programmes de soutien et d’accompagnement à cette nécessaire transition seront indispensables. Il ne pourra pas non plus réussir sans une collaboration plus étroite entre les acteurs du monde agricole, qui connaît une véritable révolution copernicienne de ses pratiques.
Dans ce livre, nous avons souhaité mettre en avant les pratiques vertueuses permettant d’aider les abeilles à mieux vivre, se nourrir, se reproduire, se défendre, dans le but de dessiner les contours d’une apiculture durable qui sera l’apiculture du futur si nous voulons continuer l’aventure plurimillénaire qui lie les abeilles mellifères aux humains.
Chapitre 1
L’abeille noire, une race rustique à sauver
C’est le mois de mai, le joli mois de mai, le mois des ponts et des longs week-ends qui permettent de profiter du soleil printanier et du bon air dans la maison de campagne. Mais c’est aussi le mois des essaims vagabonds, et nombre de citadins découvrent que la fermette quittée quelques semaines ou quelques mois plus tôt abrite des colocataires inattendues. Entre fenêtre et volets, une colonie d’abeilles mellifères s’est établie à l’état sauvage. Les ouvrières grouillent sur quelques rayons de cire tout neufs et encore bien blancs.
À l’origine, l’abeille des ruches, l’abeille domestique, est une espèce sauvage en Europe, où elle loge dans les arbres creux des forêts. Mais l’agriculture et l’apiculture ont tellement bouleversé ses conditions de vie qu’il est plus correct de parler de populations à l’état sauvage que de populations sauvages. Les arbres creux, devenus bien rares, ont été remplacés par les cheminées, les dessous de toit, les cavités dans les murs des bâtiments et autres structures humaines. Tandis que des essaims s’échappent des ruches pour retourner à une vie libre, d’autres issus de colonies à l’état sauvage sont enruchés. Le mélange est tel que la plupart des abeilles de ces nids sauvages ont l’abdomen plus ou moins marqué d’orange, signe manifeste d’hybridation entre l’abeille noire indigène et des souches d’élevage.
Une abeille noire bretonne butinant du sarrasin en fleurs.
L’abeille mellifère, une espèce arc-en-ciel
L’abeille mellifère, Apis mellifera pour les scientifiques, l’abeille à miel ou abeille domestique pour les apiculteurs et le grand-public, est l’abeille des ruches de nos régions. Son aire de répartition naturelle est très vaste : Afrique (y compris Madagascar), Proche-Orient jusqu’au Caucase et à l’Iran, Europe de l’Atlantique à l’Oural, en remontant jusqu’en Scandinavie.
Une présence naturelle sur trois continents
Les conditions de vie régnant sur cette immense étendue aux climats contrastés — équatorial, tropical, méditerranéen, montagnard, tempéré océanique et continental — sont si variées qu’elles ont entraîné l’apparition d’une trentaine de sous-espèces ou races géographiques, au gré des sorties des ères de glaciation. Bien que différentes par leur morphologie et par des caractéristiques écologiques et comportementales qui leur sont propres, elles sont toutes interfécondes et appartiennent donc à la même espèce : Apis mellifera .
Une abeille asiatique, de l’écotype japonais.
Les spécialistes répartissent traditionnellement ces races en quatre branches, déterminées par leur origine géographique : A, O, C et M. La branche A ou africaine regroupe toutes les espèces d’Afrique. La branche O ou orientale rassemble les sous-espèces d’Asie occidentale et centrale. La branche C ou est-méditerranéenne couvre les sous-espèces des régions de l’est de l’Europe et de la Méditerranée jusqu’aux Alpes. Le groupe M enfin est constitué par notre abeille noire ( A. m. mellifera ), répandue de l’Espagne ( A.