La Révolution du livre numérique
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La Révolution du livre numérique , livre ebook

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Description

« Le rêve d’une bibliothèque universelle accessible à tous pourrait, grâce aux ordinateurs et à Internet, devenir bientôt réalité. Nul ne contestera le formidable progrès que représentera la possibilité, pour chacun, d’accéder à l’ensemble du patrimoine écrit de l’humanité. Pourtant, les conditions dans lesquelles cette idée prend corps déclenchent, de divers horizons, plusieurs levées de bouclier. Et de sombres prophéties se font jour touchant la marginalisation de la haute culture en général et de ses expressions francophones en particulier. Les créateurs et leurs héritiers risquent-ils de se voir spoliés de leur travail ou de leur propriété ? Éditeurs et libraires y survivront-ils ? Quel sera l’avenir du livre papier ? Faut-il craindre que les géants du Net, tels Amazon ou Google, n’imposent leurs conditions à l’univers de la culture écrite ? Bref, ce rêve de liberté est-il voué à se transformer en cauchemar ou peut-on le sauver en combattant ses effets pervers ?Pour cerner les difficultés et repérer les lignes de force du débat, quelques-uns des meilleurs spécialistes de la question, tous des professionnels du livre, confrontent ici leurs points de vue et s’efforcent de dégager un ensemble d’exigences et de solutions visant à relever le défi. » L. F.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738194442
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« PENSER LA SOCIÉTÉ »
Collection dirigée par Luc Ferry, président délégué du Conseil d’analyse de la société.
 
« Penser la société » publie les essais et rapports écrits par des membres du Conseil d’analyse de la société ou par des auteurs qu’il a sollicités sur les questions de société de toute nature qui font aujourd’hui débat : des tranformations de la famille moderne aux enjeux bioéthiques, en passant par les défis du développement durable, de l’éducation ou de la mondialisation… Les ouvrages de la collection s’attachent à présenter des synthèses originales, claires et approfondies, associées à des propositions de réformes ou d’initiatives politiques concrètes.
 
 Le Conseil d’analyse de la société a pour mission d’éclairer les choix et les décisions du gouvernement dans tout ce qui touche les faits de société. Il est composé de trente-deux membres, universitaires, chercheurs, artistes, représentants de la société civile de toutes sensibilités politiques, dans les domaines des sciences humaines.
Entretiens réalisés par Claude Capelier, Éric Deschavanne et Alexandra Laignel-Lavastine Ouvrage coordonné par Alexandra Laignel-Lavastine
© ODILE JACOB, MAI 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9444-2
ISSN 1968-1194
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction
Luc Ferry

Le rêve, jusque-là chimérique, d’une Bibliothèque universelle, librement accessible à tous, en tout lieu et à tout moment devient, grâce aux ordinateurs et à Internet, un objectif réaliste dans un délai raisonnable, pour peu que les acteurs publics et privés capables de le réaliser parviennent à harmoniser leurs efforts au bénéfice de l’intérêt général. La perspective d’une numérisation massive, rapide et systématique des œuvres laisse espérer la mise à disposition progressive sur le réseau de l’ensemble du patrimoine écrit de l’humanité, y compris les œuvres nouvelles qui viendront aujourd’hui ou demain l’enrichir. Nul ne contestera le formidable progrès démocratique et culturel que représente la possibilité pour chacun de lire gratuitement, sur son écran, n’importe quel ouvrage du domaine public ou encore de se procurer à moindre coût, en raison des économies de papier, de stockage et de distribution, les œuvres récentes protégées par le droit d’auteur. Pourtant, malgré l’enthousiasme que suscite, quant au principe, une telle démocratisation de l’accès aux livres, les conditions actuelles dans lesquelles cette idée prend corps déclenchent, de divers horizons, plusieurs levées de boucliers, appuyées sur de sombres prophéties touchant la déstabilisation de l’économie du livre, l’avenir de la création, le risque de marginalisation définitive de la haute culture en général et de ses expressions francophones en particulier. Comment comprendre et, si possible, dépasser ce paradoxe ?
Le rêve de la bibliothèque numérique universelle est-il voué à se transformer en cauchemar ou bien peut-on le sauver en combattant ses éventuels effets pervers ? Pour cerner les difficultés, repérer les lignes de force du débat et tenter de dégager les meilleures solutions, nous avons réuni quelques-uns des meilleurs spécialistes de la question. Leurs analyses, leurs propositions, voire leurs actions ont contribué, et contribuent encore, à orienter les décisions ou les politiques suivies en la matière. Certes, les études, pamphlets et rapports de grande qualité sur le sujet ne manquent pas 1 , mais on trouvera ici, pour la première fois, une confrontation raisonnée et synthétique des principaux points de vue, où chacun est amené à répondre avec précision aux objections des autres. Nous nous sommes efforcés de ne faire l’impasse sur aucun des grands problèmes posés par le livre numérique, qu’ils tiennent à l’avenir de la culture, à la politique, à l’économie, au droit (droit d’auteur, téléchargement illégal, législation sur le prix du livre, etc.) ou à la technique. Nous avons néanmoins veillé, et c’est une autre originalité de cet ouvrage, à ce qu’ils soient constamment appréhendés en fonction des finalités essentielles : les avantages attendus pour les lecteurs, pour les créateurs, pour la conservation et la diffusion du patrimoine. Autant d’enjeux qui impliquent de faire aux éditeurs et aux libraires la place qu’ils méritent.
L’annonce par Google, le 14 décembre 2004, d’une initiative visant à numériser 15 millions de livres en six ans, a relancé, comme jamais, les craintes, les espoirs et les polémiques qui s’étaient brièvement fait jour, au tournant du siècle, lors du lancement des premières « liseuses digitales ». Mais elle a aussi radicalisé et déplacé le cœur du débat : aux interrogations sur l’éloignement de la « galaxie Gutenberg », le renouvellement possible des formes d’expression ou la transformation des habitudes de lecture succède la peur d’une mainmise mercantile de quelques entreprises multinationales sur la diffusion du patrimoine écrit, voire d’une domination bientôt exclusive de la civilisation anglo-saxonne en la matière.
L’ambition du nouveau projet, sans commune mesure avec ce qui s’était fait jusque-là, avait, en tout cas, de quoi ébranler les certitudes les mieux ancrées : rappelons, pour donner un ordre de comparaison, que la Bibliothèque nationale de France (BNF), pourtant considérée comme en pointe dans ce domaine parmi ses pairs, aura dû attendre février 2010 pour faire savoir qu’elle venait de numériser son millionième document, alors qu’elle avait entrepris l’informatisation de ses collections dès 1992 ; Google Livres en propose aujourd’hui 7 millions, dont 1,5 million téléchargeables sur portable. Forte de sa puissance économique et de ses réussites technologiques, la firme faisait ainsi une entrée fracassante dans la diffusion par Internet des œuvres écrites. Elle entendait, de surcroît, passer outre, au moins dans un premier temps, les obstacles légaux ou contractuels susceptibles de ralentir la réalisation de son plan. C’est ainsi qu’elle a cherché à imposer la confidentialité de ses accords avec les bibliothèques partenaires, exigé des clauses d’exclusivité sur les fichiers réalisés et leur indexation sur ses sites, ou numérisé des ouvrages sous droits, sans l’accord des auteurs ou des ayants droit, au prétexte que la procédure retenue empêchait de faire le tri avec les œuvres tombées dans le domaine public. Avalanche de protestations, procès en série, floraison de rapports. Google allait-il faire main basse sur le patrimoine historique des bibliothèques, dépouiller les auteurs et les éditeurs de leurs droits ? L’accès gratuit aux œuvres proposé par Google aux internautes, appuyé sur un modèle économique fondé sur l’exploitation de liens publicitaires, ne préparait-il pas la mort du secteur du livre, à l’instar du piratage qui pénalise déjà si durement les industries audiovisuelles ? En mars 2011, ces craintes se sont certes un peu apaisées avec la décision très attendue rendue par la justice américaine (en délibération depuis un an), un jugement défavorable à Google et favorable aux auteurs comme aux éditeurs qui s’estimaient spoliés par la firme californienne.
Si Google se trouve ainsi freiné dans ses ambitions, un contexte de défiance générale, sinon d’appel à l’union sacrée, n’en perdure pas moins. Face à cette situation, trois types de stratégies, s’agissant de la numérisation du patrimoine, se sont opposés.
Bruno Racine, président de la Bibliothèque nationale de France, a proposé d’explorer la possibilité d’un « partenariat exigeant » avec Google : il souhaitait confier à la firme américaine, pourvu qu’elle accepte de réduire la durée de l’exclusivité des droits d’indexation et de propriété qu’elle se réserve sur les fichiers, la numérisation d’ouvrages qu’elle se déclarait prête à réaliser rapidement, pour pouvoir réaffecter le budget ainsi économisé sur des projets que la BNF était seule à pouvoir piloter : numérisation de documents rares, amélioration des moteurs de recherche et des métadonnées, entretien et modernisation des fichiers, etc. L’idée était également d’assurer un surcroît de visibilité à notre patrimoine via le moteur de recherche le plus consulté. Les violentes contestations suscitées par cette démarche ont empêché qu’elle n’aboutisse.
En complet désaccord avec cette option, Jean-Noël Jeanneney, lui-même ancien président de la BNF, tient que le principe de l’inaliénabilité de notre patrimoine implique que les pouvoirs publics ne sauraient déléguer leur responsabilité en matière de numérisation de l’écrit ni partager la propriété des fichiers avec d’autres acteurs. Il plaide donc pour une action volontariste sur fonds publics, en concertation avec nos partenaires européens, et pour le développement d’un moteur européen concurrent de Google.
Les obstacles économiques, diplomatiques et pratiques que rencontre ce parti pris, sans parler du risque que Google n’accroisse progressivement son avance, ne lui semblent pas une objection suffisante mais, au contraire, une invitation à agir plus résolument. Certes, la bibliothèque européenne Europeana n’est encore qu’un portail renvoyant aux bibliothèques partenaires très inégalement présentes et proposant des fichiers constitués selon des normes fort hétérogènes ; quant à Gallica, la plate-forme française, on entend ici et là critiquer la complexité de son mo

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