Women - 24 femmes puissantes se confient
80 pages
Français

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Women - 24 femmes puissantes se confient , livre ebook

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Description

Préface Voici vingt-quatre entretiens avec des femmes admirables, perspicaces, issues de tous les horizons. Elles sont scientifiques, militantes pour la justice sociale (terme préféré par Ellen Pao, pionnière du secteur informatique), juristes, philanthropes, auteures, sportives ; elles comptent aussi une médecin tout juste rentrée d’une zone de combat et une correspondante de guerre chevronnée. Quatre d’entre elles figurent dans le Top 30 des femmes les plus puissantes dressé par le magazine Forbes . L’une d’entre elles est la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, qui a été la deuxième cheffe d’État (la première fut Benazir Bhutto, Première ministre pakistanaise, en 1990) à accoucher – d’une fille, Neve – pendant son mandat, et la première à faire entrer un bébé à l’Assemblée générale des Nations unies, au moment d’y prendre la parole dans le cadre d’un sommet sur la paix. À toutes ces femmes, nous avons posé les mêmes questions. Interrogées sur leurs points forts, elles ont été plusieurs à évoquer la résilience, depuis la bonne vieille obstination jusqu’à la persévérance. Il est déchirant de constater qu’elles ont presque toutes lutté contre le manque de confiance en elles et l’insécurité. Oprah Winfrey l’identifie comme « la maladie de plaire ». Et toutes sont d’accord sur le fait qu’une femme qui suit ses convictions peut tout surmonter, ou presque. Aucun propos des entretiens ne peut à lui seul résumer les efforts et les espoirs des femmes.

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Informations

Publié par
Date de parution 22 octobre 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782810430833
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Préface

Voici vingt-quatre entretiens avec des femmes admirables, perspicaces, issues de tous les horizons. Elles sont scientifiques, militantes pour la justice sociale (terme préféré par Ellen Pao, pionnière du secteur informatique), juristes, philanthropes, auteures, sportives ; elles comptent aussi une médecin tout juste rentrée d’une zone de combat et une correspondante de guerre chevronnée. Quatre d’entre elles figurent dans le Top 30 des femmes les plus puissantes dressé par le magazine Forbes . L’une d’entre elles est la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern, qui a été la deuxième cheffe d’État (la première fut Benazir Bhutto, Première ministre pakistanaise, en 1990) à accoucher – d’une fille, Neve – pendant son mandat, et la première à faire entrer un bébé à l’Assemblée générale des Nations unies, au moment d’y prendre la parole dans le cadre d’un sommet sur la paix.
À toutes ces femmes, nous avons posé les mêmes questions. Interrogées sur leurs points forts, elles ont été plusieurs à évoquer la résilience, depuis la bonne vieille obstination jusqu’à la persévérance. Il est déchirant de constater qu’elles ont presque toutes lutté contre le manque de confiance en elles et l’insécurité. Oprah Winfrey l’identifie comme « la maladie de plaire ». Et toutes sont d’accord sur le fait qu’une femme qui suit ses convictions peut tout surmonter, ou presque.
Aucun propos des entretiens ne peut à lui seul résumer les efforts et les espoirs des femmes. C’est peut-être l’écologiste et P.-D.G. Kris Tompkins qui l’exprime le mieux. Nous lui donnons donc le dernier mot : « L’inégalité entre hommes et femmes dans nos sociétés perdure depuis des millénaires, et il m’arrive de désespérer de la situation. Ce que je crois, c’est qu’il faut dire ce qu’on pense et ne pas se laisser faire – et parfois cela peut coûter très cher –, ne pas se laisser réduire au silence. Il nous a fallu des milliers d’années pour en arriver où nous sommes, et avant que nos cultures deviennent meilleures et plus équitables il en faudra bien d’autres encore. Pour les femmes, l’égalité des droits est une course de fond, pas un sprint. »
Susan Goldberg, Directrice de la rédaction de National Geographic
Oprah Winfrey

Dans le monde anglophone, il suffit de prononcer son prénom pour que chacun sache de qui on parle. Cette célébrité, Oprah Winfrey l’a acquise grâce à la multiplicité de ses projets, de ses talents et de ses réalisations. Elle est l’une des personnalités les plus en vue des médias américains, a créé sa propre société de production, sa propre chaîne de télévision ; a remporté de nombreux Emmy Awards ainsi qu’un Tony ; et s’est également vu décerner le prix Cecil B. DeMille à la cérémonie des Golden Globes. Première femme afro-américaine à avoir figuré dans la liste des plus grosses fortunes du magazine Forbes, Oprah Winfrey est à la tête d’un patrimoine estimé à 2,7 milliards de dollars. Elle utilise son histoire personnelle – celle d’une petite fille du Mississippi, pauvre et abusée sexuellement, qui a réussi et s’est épanouie dans sa carrière – afin d’encourager les femmes opprimées. Elle aide aussi les jeunes filles sud-africaines, pour lesquelles elle a fait construire un lycée qui leur permet de se préparer à l’université, et s’enorgueillit d’un taux de réussite de 100 %. Pour elles, elle est « Maman O ».

NATIONAL GEOGRAPHIC : Commençons par la condition des femmes. Quel est le défi majeur que doivent relever les femmes de nos jours ?
OPRAH WINFREY : Notre principal défi continue d’être l’égalité et la parité, et le fait de comprendre que tout individu né sur cette planète y a droit, femmes comprises. On doit rechercher de tout son être l’égalité et la parité dans tous les domaines – la vie quotidienne, la façon dont on élève ses enfants. Une fois qu’on l’a compris, on sait qu’on a une place sur terre et on cesse de souffrir de ce que je considère comme l’un des sentiments les plus décourageants : l’idée qu’on ne vaut rien.
NG : Lorsque vous discutez avec de jeunes femmes, quels conseils leur donnez-vous ?
OW : Toujours les mêmes. La vérité, c’est la vérité, c’est la vérité et rien d’autre, et quand on s’attelle à quelque chose il faut toujours être vraie. Vous savez qu’à l’heure actuelle je suis responsable de 191 étudiantes de tous niveaux, et elles m’appellent pour toutes sortes de raisons : un problème de petit copain, un souci d’argent, une angoisse existentielle. À cela, je réponds toujours : donne-toi le temps de comprendre et de laisser parler en toi la vérité. Si tu les laisses faire, les voix du monde, celles de ta mère, de tes professeurs, de tes amis, de tes chefs, risquent de noyer la tienne, ta vraie voix. Mais si tu sais te donner le temps, elle sera toujours là. À chaque question que tu te poses, elle te donnera une réponse.
NG : Mais il n’est pas toujours facile de l’entendre, cette voix.
OW : Eh oui, ce n’est pas facile de l’entendre parce qu’on passe trop de temps à écouter les autres. Et ce n’est pas facile de l’entendre parce que les femmes ont tendance à écouter les autres plutôt qu’elles-mêmes.
NG : Quelle est la chose essentielle qui doit changer pour les femmes au cours des dix prochaines années ?
OW : J’ai de la peine à vous répondre, parce qu’à mon avis il ne peut jamais être question d’une seule chose à la fois. Je pense aussi qu’il faut toujours commencer par soi. J’adore cette expression qui fait fureur en ce moment chez les Anglosaxons : woke (éveillé). Cela fait des années que je parle avec des gens qui s’éveillent et je sais qu’au fond tout commence par soi, puis par les rapports qu’on a avec les autres, et enfin la volonté qu’on a de mettre sa puissance au service de quelque chose de plus grand que soi. Je ne cesse de donner Maya Angelou [auteure et poétesse afro-américaine] en exemple, parce qu’elle a été pour moi le meilleur des exemples, une figure maternelle, un mentor, un maître à penser. Il y a un vers du poème de Maya À nos grands-mères  qui dit : « J’avance seule, mais me tiens devant vous comme dix mille. » Pour moi, cela signifie que l’on n’arrive pas là où on en est tout seul, que tous ceux qui vous ont ouvert la route avaient des rêves au-delà de ce que vous pouvez imaginer, et qu’il vous appartient de les réaliser.
NG : Vous considérez-vous comme profondément féministe ?
OW : Et comment !
NG : Et que signifie pour vous ce mot ?

«  Notre principal défi continue d’être l’égalité et la parité, et le fait de comprendre que tout individu né sur cette planète y a droit, femmes comprises.  »
OW : Il signifie que je reconnais et que je fais honneur à l’énergie farouche qui accompagne la condition de la femme dans ce monde à l’heure actuelle. Il signifie que je me bats pour les femmes du monde entier et, pour moi-même en tant que femme. Et j’ai compris que c’est en partie pour cela que je me trouve ici.
NG : Ce qui nous conduit à l’idée suivante : quelle est votre plus grande force ?
OW : Alors là, pas de doute, c’est mon rapport aux autres. Vous savez, j’ai interviewé des violeurs, des assassins, des pédophiles, toutes sortes de gens qui avaient fait des choses affreuses – mais j’arrive à entrer dans leur univers et à les rencontrer sur leur propre terrain. Alors oui, ma capacité à percevoir ce que les gens sont réellement, et non ce qui soit-disant les définit, à les rencontrer en face à face. C’est une de mes grandes forces.
NG : D’où croyez-vous que cela vous vienne ?
OW : Je pense que si j’avais bénéficié de l’amour, de l’attention, de l’entourage familial dont je croyais avoir besoin, si l’on s’était occupé de moi et m’avait soutenue, je n’aurais pas cette qualité. Je pense que cette capacité à me lier aux autres, ce désir de connaître le fond de leur âme, me viennent de ma propre solitude, de mon propre désir d’être comprise et de savoir que, quoi que je ressente, quelqu’un d’autre l’a également ressenti.
NG : Vous venez peut-être de répondre à la question suivante : quel est l’obstacle le plus important que vous avez dû surmonter ?
OW : Le désir de faire plaisir aux autres.
NG : Vous savez, j’ai interviewé beaucoup de femmes remarquables, et je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette réponse.
OW : La maladie de plaire. C’est notre malédiction, et elle nous frappe lorsque nous ne sommes pas élevées à être conscientes de notre valeur. Vous savez, à 18 ans, une Américaine sur quatre a été victime d’un abus ou d’une agression sexuelle. Si vous êtes une femme et que vous en avez fait l’expérience, vous ne savez pas poser de limites ; vous ne savez même pas où se trouvent les limites de votre propre corps. J’avais l’habitude de laisser les gens faire ce qu’ils voulaient. Mais je crois que se réparer soi-même, c’est aussi se donner la possibilité de réparer le monde. Je suis particulièrement bien placée pour aider les autres parce que j’ai beaucoup travaillé sur moi-même. J’ai l’impression d’avoir une chance énorme : que ma psychothérapie ait eu lieu en public, si bien que je n’ai plus rien à raconter.
NG : Encore deux questions. Quelle est la personne en vie que vous admirez le plus ?
OW : En ce moment, c’est Jane Goodall.
NG : Elle est aussi dans ce livre.
OW : C’est vrai ? Je trouve que ce qu’elle a fait est extraordinaire : son courage, sa persévérance, sa présence dans le monde, son dévouement, son engagement.
NG : À quel personnage historique vous identifieriez-vous le plus ?
OW : Sojourner Truth [militante abolitionniste et féministe afro-américaine]. Elle est mon étoile polaire. Elle a été capable de parler alors qu’elle était encore esclave ; elle a aussi rencontré Abraham Lincoln à la Maison-Blanche. Elle a su utiliser sa voix, sa présence, sa stature comme une force pour faire avancer la cause des femmes notamment.
Je me souviens d’un jour où je revenais de l’inauguration de mon lycée de filles en Afrique du Sud. J’étais assise à table dans la cuisine de Maya, qui était en train de faire des

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