Vivre après ta mort : Psychologie du deuil , livre ebook

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« Ce livre a moins à faire avec la mort qu’avec la vie. Il ne traite que de ce qui se produit après le décès, il ne s’adresse qu’aux personnes endeuillées et à ceux qui les accompagnent. Parler du deuil, en fait, n’a qu’un seul objet : parler des survivants. » A. S. Est-il normal de souffrir autant après la mort d’un proche ? Combien de temps cela dure-t-il ? Faut-il envisager de se faire aider ? Telles sont les questions que chacun peut se poser à la suite d’un deuil. Or celui-ci est sous-estimé en ce qui concerne ses implications sur la santé et le psychisme : processus d’adaptation à la perte, le deuil peut rencontrer des obstacles et devenir pathologique. S’appuyant sur les travaux les plus récents en psychologie et sur de nombreux cas cliniques, Alain Sauteraud retrace dans ce livre la chronologie du deuil (premières semaines, premiers mois) et indique les symptômes qui doivent conduire à consulter. Puis il ouvre de nouvelles voies de résolution du deuil pour permettre à chacun de continuer l’histoire mais autrement. Un chapitre consacré au deuil et à l’enfant répond aux questions particulières de celui-ci. Médecin, psychiatre, Alain Sauteraud exerce à Bordeaux. Il accompagne de nombreuses personnes confrontées à un deuil compliqué. Spécialiste des troubles anxieux et dépressifs, il a écrit deux livres de référence sur le trouble obsessionnel-compulsif. Ce livre a moins à faire avec la mort qu’avec la vie. Il ne traite que de ce qui se produit après le décès, il ne s’adresse qu’aux personnes endeuillées et à ceux qui les accompagnent. Parler du deuil, en fait, n’a qu’un seul objet : parler des survivants. » A. S. Est-il normal de souffrir autant après la mort d’un proche ? Combien de temps cela dure-t-il ? Faut-il envisager de se faire aider ? Telles sont les questions que chacun peut se poser à la suite d’un deuil. Or celui-ci est sous-estimé en ce qui concerne ses implications sur la santé et le psychisme : processus d’adaptation à la perte, le deuil peut rencontrer des obstacles et devenir pathologique. S’appuyant sur les travaux les plus récents en psychologie et sur de nombreux cas cliniques, Alain Sauteraud retrace dans ce livre la chronologie du deuil (premières semaines, premiers mois) et indique les symptômes qui doivent conduire à consulter. Puis il ouvre de nouvelles voies de résolution du deuil pour permettre à chacun de continuer l’histoire mais autrement. Un chapitre consacré au deuil et à l’enfant répond aux questions particulières de celui-ci. Médecin, psychiatre, Alain Sauteraud exerce à Bordeaux. Il accompagne de nombreuses personnes confrontées à un deuil compliqué. Spécialiste des troubles anxieux et dépressifs, il a écrit deux livres de référence sur le trouble obsessionnel-compulsif.
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Date de parution

30 août 2012

Nombre de lectures

4

EAN13

9782738178565

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE  2012
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7856-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Prologue

Avant de rencontrer Amélie, je n’avais jamais traité chez autrui le problème de la souffrance du deuil. J’exerçais mon activité de psychiatre depuis six ans et j’avais déjà soigné plusieurs centaines de personnes à l’hôpital où je m’occupais d’une unité de patients hospitalisés pour dépression. Jusqu’au jour où Amélie se présenta à ma consultation. Elle venait me voir car, disait-elle, « j’avais acquis une réputation dans le domaine de la dépression ». Elle m’expliqua alors sa tristesse. Sa dépression chronique avait débuté à la suite de la mort de son fils aîné d’un a ccident d’athlétisme. Avant d’entendre son récit, je n’avais pas imaginé qu’on pouvait mourir d’un accident d’athlétisme. Pour moi, seule la pratique de la moto et de la course automobile, et celle de quelques sports extrêmes, était dangereuse. C’était pourtant tout simple : une chute accidentelle mortelle.
En écoutant Amélie, je fus frappé par le fait qu’elle ne parlait pas comme le font habituellement les malades qui souffrent de dépression, avec un regard éteint, un discours et des gestes ralentis. Au contraire, dès qu’elle évoquait son fils, ses yeux s’éclairaient et son visage s’animait. À la différence des personnes déprimées, pour qui plus rien ou presque ne vaut la peine, Amélie racontait avec enthousiasme la vie de son fils qui, pour elle, était exceptionnelle et merveilleuse. Je remarquai d’emblée que sa tristesse n’était pas nourrie d’une dévalorisation de sa vie passée, de ruminations morbides sur ses échecs ou son incapacité ni sur la rudesse ou la brutalité de son entourage. Non, sa tristesse venait du bonheur disparu d’avoir perdu son fils chéri. Ainsi, elle pleurait sa joie perdue . Là où une personne déprimée aurait été abattue, Amélie était en colère contre les organisateurs de la manifestation sportive qui, selon elle, n’avaient pas pris les mesures appropriées pour la sécurité des participants. Là où un sujet déprimé aurait tenu un discours pauvre, lent et monotone sur ses échecs et l’inutilité de la vie, Amélie ne tarissait pas d’anecdotes joyeuses sur son fils disparu. Là où une personne souffrant de dépression aurait évité les lieux lui rappelant sa tristesse, Amélie allait tous les jours sur sa tombe : « C’est une joie sur le moment et un accablement après », disait-elle.
Au bout de deux ou trois séances, j’avais acquis la conviction que ce jeune homme avait été un rayon de soleil dans la vie de ses parents. L’amour qu’elle décrivait pour son fils était extrêmement touchant, tous les détails qu’elle évoquait étaient émouvants, donnaient une impression de vie, alors qu’un sujet qui souffre de dépression suscite chez autrui le découragement. Les mots « chagrin », « regret », « douce nostalgie » revenaient régulièrement dans ses discours et je découvris que je ne connaissais pas leur signification en psychiatrie. Amélie me racontait une histoire que je n’avais pas apprise en dix ans d’études médicales.
Que pouvais-je faire ? Comment traiter son cas ? Amélie prenait déjà des médicaments et elle avait vu un psychiatre avant moi. Je cherchai alors dans mes livres comment aborder ses problèmes.
Le deuil a été l’objet de beaucoup d’ouvrages et d’exposés essentiellement issus de la théorie psychanalytique de Freud et de ses disciples. Mais je n’y trouvai pas la rigueur scientifique, la solidité des arguments, que me semblait exiger la difficile responsabilité d’avoir en charge un malade en quête d’aide. Je pensai à la phrase du célèbre romancier William Styron, prix Nobel de littérature, lorsqu’il luttait contre sa dépression : « Le profane […], s’il vient à feuilleter certains des livres dont regorge le marché, constatera qu’il existe une abondante information en matière de théorie et de symptomatologie, mais fort peu de choses qui légitimement pourraient suggérer une guérison rapide 1 . »
Dans les théories de la psychiatrie moderne, les conceptions n’étaient guère plus éclairantes. Le plus souvent, le deuil n’était pour les psychiatres qu’une « circonstance » pouvant favoriser la dépression ou le stress post-traumatique. Les quelques thèses qui y étaient consacrées analysaient essentiellement le phénomène du deuil comme un facteur de stress qui rendait le sujet vulnérable. Seules quelques équipes médicales dans le monde, qu’on pouvait compter sur les doigts d’une main, y consacraient des travaux. J’écoutais alors de plus en plus attentivement ces personnes qui venaient à mon cabinet. Je portais une attention soutenue à l’existence d’un décès important dans les deux années précédant l’apparition de la souffrance. Il me fallut plus de dix ans de recherches, de rencontres, de lectures et de voyages en France et à l’étranger pour appréhender le phénomène du deuil en profondeur.
Ce livre est issu de l’écoute et de soins prodigués à plus de cinquante patients venus me consulter à la suite d’un deuil, en grande majorité des femmes. Il propose une étude et une compréhension du problème du deuil éclairées par les connaissances scientifiques, les études épidémiologiques et de suivi des endeuillés, et les études de psychothérapie. Il montre quelles situations, émotions, quels comportements peuvent figer le deuil dans un destin morbide et sans avenir. Il explique les principes thérapeutiques qui restaurent une fluidité au deuil et permettent à chacun de reprendre son chemin.
Introduction

Écrire sur le deuil peut paraître impudique. Il faudra parler de soi, de l’autre, de la relation, de l’amour, de la colère, de l’au-delà. Écrire sur le deuil exige aussi du lecteur qu’il s’autorise à examiner des questions actuellement marginalisées dans notre culture : qu’est-ce que le deuil ? Où nous conduit-il ? Quels obstacles rencontrons-nous au cours du deuil ?
La crainte d’être confronté à un sujet aussi grave peut expliquer qu’il soit difficile d’aborder le deuil. D’autres questions en découlent : peut-on parler du deuil sans être sinistre ? La tristesse du deuil peut-elle trouver des chemins d’apaisement ? Est-il possible de recouvrer une vie normale après un deuil ? Le deuil va-t-il me changer ?
Ce livre a moins à faire avec la mort qu’avec la vie. Il n’est écrit ni pour le mourant ni pour ceux qui l’accompagnent dans sa fin de vie. Il ne traite que de ce qui se produit après le décès , il ne s’adresse qu’aux personnes endeuillées qui évoquent le défunt et à ceux qui les accompagnent. Parler du deuil, en fait, n’a qu’un seul objet : parler du survivant.
Ce livre est écrit par un médecin psychiatre auquel viennent se confier des personnes qui souffrent toujours intensément six mois, un an, deux ans ou plus après le décès. Il est donc différent des nombreux livres écrits par les personnels soignants, travailleurs sociaux ou psychothérapeutes qui ont connu le défunt de son vivant et qui l’ont accompagné dans sa fin de vie en maison de retraite, en soins palliatifs, en cancérologie ou simplement chez eux. Cet ouvrage n’est pas non plus un témoignage. Beaucoup d’auteurs sont en effet des endeuillés, le plus souvent des membres de la famille. Leurs expériences sont trop particulières ou trop intimes pour s’imposer à tous, mais elles témoignent souvent avec justesse des difficultés dans le deuil. De plus, certains auteurs subissent à leur insu un glissement : ils croient évoquer le deuil alors qu’en réalité ils parlent de la mort.
Ce livre vise à comprendre le deuil. En effet, cet effort de compréhension permet d’aborder la perte de l’être cher en lui donnant un sens et pas seulement en la subissant. Le deuil aigu et ses phénomènes, qui surviennent pendant les six premiers mois après le décès, permettent de mieux mettre en lumière ce qui peut se produire plus tard. Car parfois, le processus fluide, quoique douloureux du deuil, peut s’interrompre et la souffrance du deuil peut finir par rendre malade. Le deuil devient alors pathologique. Des émotions, des comportements, des croyances conduisent parfois l’endeuillé à ne plus pouvoir continuer son chemin dans la vie. La reconnaissance de ces signes permet de repérer le moment où le deuil devient anormal et se complique. En effet, le deuil présente des dangers pour la santé. Il menace la fonction psychologique et biologique qu’est l’attachement à autrui et il met donc en péril notre santé physique et psychologique. Des chiffres méconnus attestent de ces dangers et de leur fréquence. Ce livre exposera en détail comment on peut aborder utilement le deuil lorsqu’il s’est ainsi compliqué. Mais avant d’aborder le deuil dans toute sa complexité, il est nécessaire d’évoquer les liens et les différences entre la mort et le deuil.
Chapitre 1
La mort et le deuil

Le deuil est la perte définitive par la mort d’une personne à laquelle on est significativement attaché et qui constitue une figure irremplaçable.
La mort : l’événement le plus incroyable de la vie avec la naissance. Mais la naissance est un commencement, tandis que la mort vient clôturer une existence. Elle interrompt tous ces grands moments et ces petits riens qui font une vie, ces milliers de jours qui avaient un début, un milieu et une fin et qui sont désormais, pour toujours, sans « demain ». Pourtant, la mort n’est qu’un

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