Un temps pour les femmes
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Un temps pour les femmes , livre ebook

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Description

Qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui ? Sans dogmatisme, mais en s’appuyant sur les témoignages, les confidences et les histoires de centaines de patientes venues la consulter, Michèle Lachowsky nous rapporte ici comment, dans le secret d’un cabinet médical pas comme les autres, les femmes parlent de leur féminité, comment elles la rêvent et, aussi, comment elles la vivent. Pour que chaque femme, à chaque grande étape de sa vie, puisse s’épanouir dans le respect de sa singularité et de ses choix. Gynécologue, consultante à l’hôpital Bichat, Michèle Lachowsky exerce à Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738187758
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile Jacob, mai 2005
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8775-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À tous les miens. À vous, à nous, les femmes.
Avant-propos

« La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c’est la science du ménage. »
M ONTAIGNE

« Une femme qui se croit intelligente réclame les mêmes droits que l’homme. Une femme intelligente y renonce. »
C OLETTE

« Non seulement actrices de leur propre vie, les femmes inventent pour nous tous un nouveau monde. »
Alain T OURAINE

Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui ? Serait-ce passer de l’affirmation de Montaigne à celle d’Alain Touraine, en les modérant par celle de Colette ? Le sexe faible autrefois, l’autre sexe toujours, puisqu’on a tendance à le définir par rapport au premier sexe, celui de l’homme. Pourquoi premier ? Parce que tous les récits de création ontologique en font la première apparition de l’être humain, parce qu’il est seul porteur d’attributs sexuels visibles, autrement dit parce que religions et psychanalyses si souvent opposées semblent là en accord ?
Indispensables pour la perpétuation de l’espèce, souhaitables pour combattre les effets délétères de la solitude, utiles dans la vie quotidienne, longtemps les femmes n’ont pas été considérées en tant que telles, mais plutôt comme filles de, épouses de et mères de. Autant de qualificatifs toujours en rapport avec un autre, dont elles portaient d’ailleurs obligatoirement le nom. En fait, jusqu’à un temps très récent, l’Histoire, celle avec un grand H, cette chanson de geste tristement répétitive de guerres et de malheurs en tous genres, n’a été dite et écrite que par les hommes. Les femmes se seraient, elles, contentées d’écrire des lettres ; le rythme de la correspondance ferait-il écho à la différence fondamentale entre les sexes, celle de leurs temps respectifs, linéaire chez l’homme, rythmé chez la femme ?
Qu’est-ce, donc, que le temps des femmes aujourd’hui ? La contraception l’a totalement bousculé en leur donnant un temps de mère qui est un choix, non une fatalité ou une obligation, mais la modernité les a piégées. Les exigences de parité et de performance, la revendication d’une égalité aussi dangereuse que réductrice, l’angoisse d’un recul ont terni le paysage. « Il ne faut pas perdre sa vie à la gagner », clamait un slogan de mai 1968, et on peut se demander si ce n’est pas là ce qui risque d’arriver si les femmes se dénient non pas le droit mais la nécessité, l’évidence d’un temps spécifique.
Est-ce cette spécificité qui marque autant la pratique d’une médecine exclusivement dédiée aux femmes, à la femme ? Le temps d’une consultation, le temps d’une rencontre, ce que vivent ensemble une femme et son gynécologue, est-ce différent de ce que vit tout médecin face à son patient ? Plutôt autre que différent, et les femmes semblent de plus en plus considérer le gynécologue comme leur interlocuteur privilégié. Sans doute est-ce ce privilège qui m’a donné l’envie, de ma place de gynécologue et de mon état de femme, de parler ici de ce que ces longues années de partage avec mes patientes m’ont appris sur elles et sur moi. Ont-elles changé durant ces décennies de rencontres qu’est ma pratique de médecin des femmes ? Oui, comme j’ai certainement changé moi aussi ! Leur place dans la société, dans le couple, dans la famille a certes évolué. Leur garde-robe aussi, et cette uniformisation du vêtement qui tient peu compte de l’âge ou de la classe sociale, ou même du sexe, me paraît un élément non négligeable : est-ce pour gommer la différence ou preuve d’indifférence ?
Mais si les femmes ont changé, ou plutôt ont fait changer leur relation aux autres, et leur regard sur elles, je ne suis pas si sûre que la femme du XXI e siècle soit fondamentalement différente des générations qui l’ont à la fois précédée et forgée. L’adolescente a toujours, selon la jolie formule d’un collègue, des crinolines dans la tête, qui ne font pas si mauvais ménage avec ses jeans délavés. La jeune amoureuse souhaite toujours avoir un enfant de l’homme qu’elle aime, la moins jeune n’a pas perdu l’envie de se plaire, ni la plus âgée de finir sa vie entourée des siens… même si la contraception et la vie professionnelle sont passées par là et ont modifié la donne.
Alors pourquoi écrire ou parler aux femmes, pour les femmes ? Peut-être parce que le temps est venu depuis hier, et même avant-hier, de ne plus écrire sur les femmes ou parler des femmes mais bien avec elles, par elles, de leur propre voix. Leur langage ne demande pas d’interprète et encore moins d’interprétation, elles parlent la même langue que les hommes. Elles reconnaissent une valeur et un poids aux mots autant qu’aux actes, les deux pouvant tout aussi bien ouvrir ou fermer une blessure. Le langage, les mots, cette spécificité du genre humain l’unit et le divise puisque le monde est une tour de Babel où les dialectes des minorités s’interposent et se superposent aux langues des majorités, le tout presque hermétique à quelques kilomètres près. Les femmes partagent la langue des hommes, mais elles ont parfois besoin de traducteurs. Serait-il présomptueux de penser que ce rôle nous soit en partie dévolu, à nous, leurs gynécologues ? Passeur, interprète, peut-être aussi dépositaire de secrets, ou plutôt de ces choses difficiles à dire, difficiles à penser que mes patientes m’ont souvent apportées, à travers leurs corps comme à travers leurs paroles. Une parole qui n’existe que d’être adressée, entendue et écoutée… La femme d’aujourd’hui.
I
Le temps des femmes

« Le temps, c’est toi.
Le temps, c’est la femme. »
A RAGON À E LSA

Un temps rythmé et cyclique pour les unes, linéaire pour les autres : voilà sans doute la profonde différence entre les femmes et les hommes. Ces derniers ont des étiquettes liées à l’âge : enfance, adolescence et jeunesse, maturité et enfin vieillesse – en fait, plus des périodes, des aspects de la vie que ces repères qui caractérisent les femmes. Repères intimes, visibles ou invisibles, traduits et trahis par leurs corps, ils ont tous un point commun : le cycle. On touche ici à la vraie différence : si l’homme a le phallus, la femme a le rythme, et ce fil rouge dont présence ou absence, première ou dernière apparition encadrent les mois et les ans.
Sang de la nubilité, prélude à celui des cycles mensuels de la fille, sang de la défloration qui marque (qui sigle ?) la femme, sang de l’accouchement qui en fait une mère : à chaque temps son sang. Rien de tel pour l’homme, l’apparition du sang signifie toujours une effraction, une rupture, une anomalie.
Date décisive que celle des premières règles pour les filles, c’est la puberté qui ordonne les représentations, elle est « déjà femme ; elle est presque mère », mais la puberté peut mal tourner, car, a-t-on écrit en 1869 : « L’hystérie est en puissance chez toutes les femmes. » D’ailleurs, disait le Larousse du XIX e siècle, adolescence ne se dit guère qu’en parlant des garçons. Les temps ont changé, mais si l’adolescente existe aujourd’hui tant pour le sociologue que pour le médecin, les choses, elles, restent immuables. L’âge de la puberté qui ouvre physiologiquement la possibilité de reproduction dans les deux sexes a peu varié, annonce d’une période cyclique limitée par un début et une fin chez la femme et d’une continuité avec pour seule limite son début chez l’homme. La médecine a d’ailleurs mis une étiquette sur ces années de la vie féminine, c’est la « période de vie génitale active » et on peut s’interroger sur cette formulation. Quant à l’âge de la ménopause, il n’a pas ou peu varié : pas de décalage, de déplacement sur la ligne de vie malgré la croissante longévité des femmes, la quantité d’années n’apportant pas forcément cette qualité…
Il fut un temps, en Afrique, où l’on croyait constater des règles chez certains garçonnets ; il s’agissait en fait d’hémorragies urinaires causées par une atteinte parasitaire, la bilharziose, dans les régions fluviales d’endémie. Était-ce une manière de nier la maladie ou la spécificité féminine ou encore un essai de compréhension d’un autre mystère ? Car le sang-calendrier, le sang-repère, reste bien l’apanage des femmes, et de leur mystère, si longtemps troublant parce que inexplicable. Mystérieux, en effet, cet être d’où sourdent des liquides ailleurs signes de danger et même de mort, ici au contraire signes de bonne santé. De là toutes les croyances sur les risques encourus par les gens, les animaux et les biens lors des contacts avec une femme pendant ses règles ou tout autre saignement physiologique d’ailleurs.
Mystérieux donc dangereux, le sang des règles fait tourner la mayonnaise et le lait, nuit à la vigne comme au vin ainsi qu’on l’a toujours su, mais on sait moins qu’il peut aussi devenir bon, servir d’antidote et même porter chance aux hommes dans les combats. Impossible donc de négliger la relation entre la femme, ses règles et toute une mythologie collective.
Le sang des femmes, ce sang qui sourd à intervalles réguliers du dedans de leur corps, a de tout temps fasciné, donc inquiété les humains. Certes, d’autres marées, d’autres liquides comme les eaux et le lait surviennent aussi, mais apparemment dotés de sens, et même utiles, donc explicables. Des anciens Perses qu

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