Travail : La parole aux « suicidants »
210 pages
Français

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Travail : La parole aux « suicidants » , livre ebook

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Description

Parce que le suicide est un acte personnel, que les suicidés n’ont plus de voix, que les chercheurs ont des postures cliniques et des opinions divergentes, la pensée suicidaire liée au travail est un sujet à la fois sensible et complexe – notamment parce que l’imputabilité au travail est difficile à établir.
Par un questionnement progressif, nous tenterons de comprendre ce qui peut amener un salarié à devenir un « suicidant » au travail, c’est-à-dire une personne ayant pensé au suicide, ou tenté de mettre fin à ses jours, en raison de son contexte professionnel.
Que se passe-t-il dans cet interstice : entre la pensée et l’acte ? Nous verrons qu’en France le travail demeure pour la majorité des personnes un socle existentiel. Néanmoins, exerce-t-il encore un rôle de protection ?
Quelles sont les principales transformations survenues depuis les années 70-80 et la décennie 2000 – dates des « vagues » de suicides médiatisés, dans des grandes entreprises françaises ?
Même si la souffrance physique demeure et que la souffrance psychique est en augmentation, il apparaît qu’elles n’entraînent pas nécessairement des pensées suicidaires et des suicides.
Alors, qui sont ces « suicidants » au travail et comment le deviennent-ils ? Quelles seraient les pistes de réflexion en matière de prévention ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414050581
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05056-7

© Edilivre, 2017
Remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier l’ensemble des personnes interviewées qui se sont exprimées en toute confiance sur un thème aussi douloureux et difficile à aborder. Elles m’ont permis de traiter ma recherche sous un nouvel angle et de m’interroger différemment sur ce thème.
Je souhaite également remercier les médecins de m’avoir octroyé du temps et de s’être exprimés sur un sujet aussi délicat.
J’adresse de chaleureux remerciements à Sylvie Boucheron pour la création de la couverture qui symbolise parfaitement la complexité de ce sujet.
Je remercie également les Éditions Édilivre de leur confiance et de leur collaboration.
Avertissement
Parce que ce sujet demeure mal connu – qu’il est délicat – que les opinions divergent considérablement, notamment en ce qui concerne l’éthique de l’acte, j’ai tenté de l’appréhender avec prudence.
En effet, ce livre n’a pas la prétention d’apporter des réponses « toutes faites » aux multiples questions que suscite le suicide au travail. Néanmoins, il peut fournir aux chercheurs et aux étudiants en sciences humaines des questionnements, de nouvelles approches et pistes de réflexion. Cet ouvrage se veut également à la portée de tous, et offre un éclaircissement sur certains doutes et inquiétudes à l’égard de ce sujet.
Bien que les sciences humaines ne soient pas des sciences exactes comme les mathématiques (par exemple), l’ensemble de ce travail de recherche s’est appuyé sur une méthodologie rigoureuse afin que les résultats de cette étude soient représentatifs.
Vous pourrez constater que les liens entre le travail et le suicide sont multifactoriels, et que les interactions avec l’extérieur – autrement dit, l’univers hors travail des « suicidants » est primordial. En effet, les déterminants sont multiples et l’imputabilité au travail demeure toujours très difficile à établir.
Tout au long de cet ouvrage, j’explique ce qu’est un « suicidant » du travail. Ce concept ne peut donc pas être traité en une phrase. Cependant, pour une meilleure compréhension, je définis un « suicidant » du travail comme une personne exerçant une activité professionnelle ou pas, ayant tenté de se suicider ou pensé au suicide en lien « apparemment » avec son travail.
Par conséquent, je tiens à notifier que l’objectif de cette démarche n’est pas d’identifier la sémiologie d’une dépression ou d’un suicide mais de comprendre ce qui se passe dans le monde du travail.
Pour y répondre, j’ai tenu avant tout, à dresser un état des lieux des diverses réflexions et résultats de différentes disciplines ayant effectué des travaux sur ce sujet. Cette étape a été fondamentale puisque j’ai pu m’appuyer sur une nouvelle méthode consistant à s’intéresser directement à la personne concernée ; attention, je le répète, il ne s’agit en aucun cas d’une analyse psychologique mais d’une analyse sociologique.
Marie-Odile Cagnac
Présentation générale
Dans notre société contemporaine, le travail profile la vie de tout un chacun. Travailler fait partie de la norme sociale et le travail est une matrice fondamentale de l’activité humaine. Tout en étant une source de revenu, il peut apporter un épanouissement personnel.
Néanmoins, ces vingt dernières années sont apparues des manifestations comme le stress, le burn out *, les troubles musculo-squelettiques*, les dépressions, les tentatives de suicides et les raptus suicidaires pour décrire différentes formes de malaises liées au travail.
Ces pathologies post-traumatiques questionnent sur le statut de la place du travail dans les étiologies du suicide et sont au cœur des politiques de santé. Par ailleurs, les suicides au travail ou liés au travail ainsi que les tentatives de suicide sur les lieux de travail seraient un fait récent dans les pays occidentaux puisqu’ils dateraient des années 1990.
Passé sous silence, le suicide au travail a commencé à être porté dans l’espace public en 2007 par les médias, après une série d’actes suicidaires perpétrés dans les grandes entreprises telles que France Télécom (Orange), Renault, Peugeot, EDF et le secteur bancaire.
Planant comme un nuage toxique au-dessus de l’entreprise et pouvant « contaminer » à tout moment un ou plusieurs salariés, le suicide est présenté aujourd’hui par les médias comme faisant partie d’un risque inhérent à la vie professionnelle. Cependant, ce phénomène est-il avéré ou est-il une déformation médiatique ? Que se passe-t-il dans le monde du travail pour que des suicides y soient perpétrés ?
Parce que ce sujet demeure mal connu – parce qu’il est délicat – parce que les opinions divergent considérablement, notamment en ce qui concerne l’éthique de l’acte, j’ai tenté de l’appréhender avec prudence. Par ailleurs, même si dans tout suicide réside une part éminemment individuelle que l’on ne peut ni quantifier, ni évaluer, nous verrons que derrière les cas individuels, des régularités sociales apparaissent.
Pour ce faire, j’ai essayé d’objectiver au mieux les données recueillies, tant quantitatives (données chiffrées de laboratoires) que qualitatives (entretiens avec des professionnels de la santé et des « suicidants »).
Cette étude a des fins de compréhension globale, notamment pour mieux appréhender ce que vivent les salariés quotidiennement. Autrement dit, il ne m’appartiendra pas de facto à pointer le fonctionnement (ou le dysfonctionnement) d’une entreprise ou a contrario de souligner la fragilité du salarié.
Dans ce contexte, pour ne pas rester dans une compréhension univoque et déterministe, j’ai tenu à effectuer une analyse progressive, en tenant compte de chacune des données.
Ainsi, ma première approche a consisté à recueillir des données quantitatives sur le suicide au travail et les tentatives de suicides en lien avec le travail – rares sur ce sujet – provenant de l’INRS et l’INVS.
Ma deuxième démarche a été dans un premier temps, de compléter cette approche quantitative par des données qualitatives. Tout d’abord, j’ai effectué une enquête auprès de professionnels de la santé – afin de recueillir leurs représentations du suicide en rapport avec le travail. Après avoir donné la parole aux médecins, il m’a paru incontournable de recueillir celle des « suicidants » du travail. J’ai en effet tenté de mettre en exergue ce que les histoires professionnelles de salariés ont de spécifique pour mieux comprendre ces idées mortifères.
Dès lors, je me suis intéressée au contexte général, puis à la population afin de repérer si certains mécanismes sociaux prédisposeraient à devenir un « suicidant ». Autrement dit, en tenant compte de données pluridisciplinaires (champs de la psychologie, de la sociologie, etc.), j’ai dans un premier temps mené une analyse macrosociologique (l’entreprise et l’individu), puis, dans un second temps, j’ai poursuivi ma recherche sur un plan microsociologique (la place de l’individu dans l’entreprise).
– L’astérisque placé après un mot indique un renvoi au glossaire.
Ainsi, cette étude est constituée de deux parties. La première appelée La centralité du travail est traitée en trois chapitres, elle nous permettra de poser un questionnement plus approfondi.
Le premier chapitre Un début d’approche , dressera un état des lieux général notamment par le biais d’ouvrages spécialisés ayant amorcés mes questionnements. Puis, elle apportera des éléments nécessaires – notamment par le biais de données quantitatives.
Le deuxième chapitre appelé L’évolution du travail , est le fruit d’un travail de réflexion théorique alimenté par des exemples cliniques tirés d’ouvrages. Tout en traçant l’évolution du travail, il démontre par l’intermédiaire de quelques travaux la centralité de celui-ci. Par ailleurs, il retrace ce qui a suscité mes interrogations et parfois mes doutes.
Le troisième chapitre nommé Entretiens avec des professionnels , est une enquête constituée d’une analyse à partir d’un « échantillon » de quatre entretiens effectués auprès de professionnels de la santé. L’objectif de cette dernière est d’approfondir et de mieux interpréter les données recueillies dans les chapitres précédents.
À la vue des entretiens menés et des lectures effectuées, plusieurs hypothèses demandent à être vérifiés. En effet, ces actes suicidaires semblent également liés à des mécanismes identitaires ainsi qu’aux parcours individuels des « suicidants ». C’est pourquoi, à ce niveau de la recherche, il m’a semblé incontournable de comprendre : Qui sont ces « suicidants » ? Si la souffrance au travail n’est pas un facteur suffisant pour expliquer la pensée suicidaire, alors dans quelle mesure l’identité des « suicidants » est affectée ?
L’objectif de cette seconde démarche est de comprendre la matrice de la pensée suicidaire de la personne et de l’acte afin de démontrer ses retentissements sur l’identité sociale.
Pour répondre à ce questionnement, j’ai mené une enquête microsociologique – c’est-à-dire, centrée sur les individus. Il s’agit de recueillir la parole de personnes « suicidantes » ayant vécu des situations professionnelles les menant à penser au suicide, ou encore commettre une tentative de suicide.
Dès lors, la deuxième partie nommée La subjectivité de la personne au travail se décline en six chapitres. Après avoir exposé le cadre méthodologique (premier chapitre), au-delà de la singularité de chaque personne, nous aborderons les éléments communs apparaissant par le biais de la « carte d’identité ».
Dans le chapitre deux intitulé L’univers du travail des suicidants , nous analyserons dans ce même contexte les constantes ; autrement dit, les tendances générales provenant des in

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