Tout à fait femme
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Tout à fait femme , livre ebook

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Description

Comment faire pour exister en tant que femme, ici et aujourd’hui ? Barbara Polla, dans Tout à fait femme, ouvre des portes, suggère des pistes, souvent à rebours du sens commun et invite les femmes à exister hors des chemins battus. À exister par elles-mêmes, et non par les autres. Ni appartenir ni posséder. Résister à la tentation de la protection. Barbara Polla invite encore les femmes à s’engager pour l’autonomie, la créativité, la liberté. Et tant mieux s’il faut payer le loyer ! Oui, la conquête par les femmes d’espaces jusqu’alors strictement masculins a bel et bien eu lieu – grâce aux hommes aussi, d’ailleurs. Pourtant, après des progrès remarquables, nous sommes arrivés à une période de stagnation, voire de régression. Pourquoi ? Et comment faire pour progresser à nouveau ? Barbara Polla est médecin, galeriste, écrivain et chroniqueuse. Elle a été chercheur, chef d’entreprise, élue politique en Suisse. Elle a quatre filles – quatre femmes aujourd’hui – et quelques vies passées et à venir. Inclassable. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 avril 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738179920
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Odile J ACOB , AVRIL 2012
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-7992-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface d’Axel Kahn
Barbara Polla et les femmes

Barbara Polla nous convie dans son univers étrange et intimidant, elle nous y accueille avec son amour de l’amour, de la beauté et sa liberté altière et invite chacune d’entre les femmes à être, tour à tour et tout à la fois, Aphrodite, déesse de l’amour ; Déméter, celle de la fécondité ; Artémis, la chasseresse ; Athéna, patronne de la sagesse, des arts et des sciences. Aimer sans retenue, prendre son plaisir et le donner, engloutir le sexe des hommes, le consommer dans la plus grande jouissance partagée. Ou alors le négliger, si telle est sa volonté.
Ressentir l’immense fierté de la grossesse, celle de donner la vie, d’être à l’origine du monde, des femmes et des hommes. Vibrer de tout son corps, être submergée par l’émotion lorsque l’enfant paraît, emportée par la tendresse lorsque le petit corps humide, frissonnant et tiède repose sur la peau encore frémissante et ruisselante de sa mère. Se sentir bouleversée par le plaisir des premières tétées, par la petite bouche gourmande impatiente du téton, par les petites mains qui massent le sein gonflé. Mais aussi vivre sa vie avec intensité, créer avec témérité, écrire soi-même son avenir avec passion et audace sans jamais procréer.
Choisir d’être compagne et d’avoir un compagnon tant que le partage est source d’enrichissement et de satisfactions, aller sinon seule, le demeurer ou rejoindre pour un temps le chemin d’un(e) autre, pour un instant ou pour une vie dès lors qu’aucun contrat ne le stipule.
Ne jamais se reposer sur une autre volonté que la sienne propre, se forger pour cela les moyens de son autonomie, un métier, de l’argent, du courage. Ne pas solliciter d’autrui, du ou de la partenaire, plus de protection qu’on ne peut soi-même lui en offrir, accepter la collaboration et refuser la dépendance.
Aimer la nature, y compris la sienne propre, lorsqu’elle est facteur d’épanouissement, la combattre quand elle devient entrave à la libre conduite de sa vie, en repousser toujours et autant qu’on le peut les limites lorsqu’elles font obstacle à ses aspirations.
Apprécier le logis, havre familial empli des rires d’enfants et de l’odeur du pain grillé, se rappeler les tonnelles du jardin et l’odeur du chèvrefeuille, rester éblouie par la magnificence des clématites et émue par le petit hérisson familier dont le petit museau émergeait de la pelote d’épines lorsque, petite fille, on s’en approchait avec une feuille de salade, puis quitter tout cela, son univers attaché à ses pas. La femme de Barbara est magicienne et créatrice, elle façonne à sa guise les lieux qu’elle investit, se les approprie puis les délaisse pour d’autres découvertes et d’autres émotions, pourquoi pas d’autres passions. Pas toujours, cependant, eh bien tant pis… Eh bien tant pis, en effet, puisque l’essentiel est intact, la vie, le corps, la volonté, la possibilité du plaisir, l’aptitude à créer et à bâtir, tout, en quelque sorte.
Bien sûr, lectrices et lecteurs de cet hymne à la féminité triomphante pourront témoigner de quelque perplexité, craindre qu’un tel idéal ne soit accessible qu’à quelques élues que les circonstances de la naissance, la grande loterie de l’hérédité aussi bien que l’héritage socioculturel ont dotées des atouts nécessaires. Quid de la femme en tchador de Kandahar, de l’esclave prostituée originaire du Kosovo ou du Nigeria, de l’épouse stérile que son époux répudie au Soudan ? Considérant ces situations innombrables, n’y a-t-il pas une certaine complaisance, voire indifférence, à récuser toute action protectrice publique ou privée, toute main solidaire tendue à ces femmes ?
Pourtant, l’icône rêvée par Barbara, modèle certes un peu féerique, n’est pas sans vertus. Elle établit en effet que cette posture peut non seulement être imaginée et désirée mais aussi adoptée. Elle permet aussi de prendre conscience de l’évidence du pouvoir féminin, potentiel dans de trop nombreuses situations et de plus en plus souvent effectif, cela est heureux, dans nos pays. Les femmes, dès lors qu’elles ont exorcisé la sujétion ancestrale dont elles sont victimes, peuvent tout ce que peuvent les hommes, exercer tous les métiers qu’ils exercent, exceller dans les domaines où ils excellent, ceux de la culture, de l’art comme de la science.
De plus, les femmes donnent la vie, si elles décident de la donner. En cela, elles sont seules indispensables, il n’y a pas de vraie symétrie entre les rôles du masculin et du féminin. Les biologistes savent que la différenciation mâle est une astuce de l’évolution pour créer de la diversité, elle n’est pas nécessaire et il existe dans la nature de nombreuses espèces qui savent s’en passer pour se reproduire. De ce point de vue, le sexe femelle est à l’évidence dominant. Les avancées de la biologie de la reproduction chez les mammifères, classe à laquelle les humains appartiennent, le confirment. On sait comment se passer de sperme mâle alors que l’ovocyte reste essentiel et, pour longtemps encore, l’utérus irremplaçable.
D’ailleurs, maints travaux ethnographiques rapportent des récits mythiques qui relatent la conquête du pouvoir par des hommes jadis soumis au joug féminin. Tout se passe comme si ceux-ci ne l’avaient emporté que grâce à la seule supériorité qui leur eût été donnée en partage, la force physique et l’aptitude à tuer. Alors que les avantages conférés par ces traits s’estompent dans les sociétés modernes, les hommes apparaissent en nombre succomber à un nouveau « malaise dans la civilisation ». Incertains de la volonté de partage des femmes, ils sont en proie à une authentique crainte existentielle, celle de la place qui leur demeure échue.
C’est pourquoi la femme de Barbara est si intimidante pour mes faibles semblables. Je ne ressens pour ma part aucune frayeur, plutôt une rassurante sérénité. Si nous autres les hommes avons cessé d’être incontournables, nous pouvons demeurer désirables. C’est-à-dire fonder notre existence non plus sur la nécessité, elle n’est jamais durable, mais sur le désir partagé. Accéder enfin au Nirvana où nous attendent, accueillantes et souriantes, les femmes de Barbara.
Axel K AHN , février 2012.
« Vouloir se réclamer d’une identité, d’une catégorie, contre l’oppression, c’est toujours se censurer. »
Richard K LEIN .

Et, à propos de la réalisation singulière de chaque femme, de sa personnalité, irréductible au commun dénominateur d’un groupe ou d’une entité sexuelle : « C’est parce que je suis moi, spécifiquement moi, que je révèle l’apport des femmes à la pluralité du monde. »
Julia K RISTEVA .

 
« Existence est un nom féminin. »

Je dédie ce livre à Ada, Cyrille, Rachel, Roxane, Sasha, Virginie, Jade, Ornela, Kiki, Céline, Cléo, Verena, Odile et toutes les autres.
  
Aux femmes, bien sûr. À nous. Et aux hommes.
  
À vous et à nous.
  
Je dédie aussi ce livre, avec reconnaissance et en modeste hommage, à Simone de Beauvoir. Parce que constamment, depuis des années, je me suis référée au Deuxième Sexe , comme à l’ouvrage fondamental. Parce qu’il me semble que rien d’aussi important, d’aussi riche, d’aussi documenté, n’a été écrit depuis sur la femme. Parce que si souvent, alors que j’essayais d’élaborer mes réflexions, reprenant sa lecture, j’y ai trouvé mes pensées encore informes formulées déjà.
Avant-propos

Mon objectif ici n’est pas d’écrire une nouvelle encyclopédie des relations entre hommes et femmes. Il m’a semblé en revanche que mon approche singulière, élaborée pas à pas au cours de ma propre vie, pouvait trouver sa place au sein de l’ensemble des travaux de tant d’autres femmes et hommes passionnés par cette question fondamentale : la position des deux sexes face à face et dans le monde.
Où en sommes-nous aujourd’hui, ici et maintenant ? Quelles sont les raisons pour lesquelles nous ne sommes pas encore à parité – et de très loin – dans une multitude de domaines sociaux, politiques, économiques, financiers, culturels, créatifs, professionnels et familiaux ?
J’y vois une raison fondamentale et trois autres qui en découlent, qu’il nous appartient de changer. La raison fondamentale en est l’image que nous avons de nous-mêmes, les trois autres étant le manque de partage, un déficit persistant en termes de travail créatif ( versus notre travail « curatif ») et la crainte toujours renouvelée de l’autonomie.
Je ne saurais ignorer qu’être femme, dans de très nombreuses régions du monde et même en Occident, peut être associé à des difficultés spécifiques majeures, à une mise au ban de la société, à des menaces et des violences irréductibles, à des souffrances inacceptables. Je n’ai pas la prétention de proposer, face à ces problèmes fondamentaux, des solutions toutes faites. Mais, pour les femmes « libérées » dont j’ai la chance de faire partie, j’aimerais suggérer des pistes pour vivre cette liberté, dans une position utopiste peut-être puisqu’il s’agit de refuser absolument la position d’être inférieur, voire de victime, de la femme dans un monde dominé par les hommes. Et plutôt que de prendre pour point de départ nos faiblesses et de vouloir inverser les attitudes que ces dernières génèrent, partir de nos privilèges, de notre form

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