Tourisme, mobilités et développement régional dans les Alpes Suisses: mise en scène et valeur territoriale
221 pages
Français

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Tourisme, mobilités et développement régional dans les Alpes Suisses: mise en scène et valeur territoriale , livre ebook

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Description

Le tourisme et les mobilités sont au coeur de l’économie actuelle. Pourtant, pendant longtemps, seul un petit nombre d’individus avait les moyens de se déplacer. Ce livre s’attache, à travers les trajectoires de trois stations, à comprendre la manière dont évoluent des territoires concernés par le tourisme et les mobilités, et questionne la notion de valeur territoriale. Grâce à une réflexion transdisciplinaire au croisement de l’économie territoriale, de la sociologie, de l’histoire et de la géographie, cet ouvrage propose de comprendre le développement d’un territoire à travers la manière dont il est concerné par les mobilités : la mobilité des personnes, c’est-à-dire des consommateurs (et en premier lieu des touristes) et des travailleurs, mais aussi la mobilité des connaissances et de l’information, ainsi que la mobilité sur les marchés. De nos jours en effet, dans un monde « hypermobile », les lieux doivent être connectés aux autres. Nécessaires, ces mises en réseaux tendent néanmoins à une certaine standardisation des territoires. Or, pour attirer des touristes, de l’attention médiatique, et des investisseurs, les territoires doivent se démarquer ! C’est ce processus de mise en scène et de construction de la valeur que présente ce livre. Ces aspects sont étudiés pour le cas particulier des trajectoires socioéconomiques de stations touristiques suisses (Finhaut, Montreux, et Zermatt). On montre comment, d’un côté, ces territoires se sont inscrits, selon les époques, dans les mobilités, et comment, d’un autre côté, ces territoires ont pu combiner et réguler les effets locaux de ces mobilités.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889301263
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

D ELPHINE G UEX
T OURISME, MOBILITÉS ET DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL DANS LES ALPES SUISSES : MISE EN SCÈNE ET VALEUR TERRITORIALE
M ONTREUX , F INHAUT ET Z ERMATT DU XIX e SIÈCLE À NOS JOURS








É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
Copyright


© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2016 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse

www.alphil.ch

Alphil Diffusion
commande@alphil.ch

ISBN Epub : 978-2-88930-126-3

Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.


Photo de couverture : Albert Emonet, fonds Beattie, Médiathèque Valais ‒ Martigny.


Responsable d’édition : Inês Marques
« Ce que nous appelons la terre est un élément de la nature qui est inextricablement entrelacé avec les institutions de l’homme. Le plus étrange de toutes les entreprises de nos ancêtres a peut-être été de l’isoler et d’en former un marché. »
(Polanyi, 1983 [1944], p. 252)
R EMERCIEMENTS
J e tiens à remercier particulièrement mon directeur de thèse, Olivier Crevoisier. Je remercie également les Éditions Alphil et le Fonds national suisse de la recherche scientifique pour la publication de cet ouvrage. Mes remerciements vont également à : Ellen Hertz, Laurent Tissot, Véronique Peyrache-Gadeau, Olivier Voirol, José Corpataux, Ariane Huguenin, Alain Segessemann, Hugues Jeannerat, Victoriya Salomon, Nelson Vera, Thierry Theurillat, Christian Livi, Géraldine Sauthier, Mathis Stock, Christophe Clivaz, Stéphane Nahrath, Frédéric Darbelley, Leïla Kebir, Evelyne Lüthi-Graf, Nicole Meystre-Schaeren, Denis Lugon-Moulin, Roland Flückiger-Seiler, Alain Thierstein, Maryline Sutterlet, Amaranta Cecchini, François Hainard, Jean Widmer, Olivier Tschannen, Philippe Gonzalez, Alain Bovet, Arthur et Isabelle Zinn, Michaël Perret, François Tardin, Julia Hedström, Johann Bedelek, Estelle Sohier, Ani Ebligathian, Eleonore Maystre, Florence Betrisey, Vinciane Constantin, ainsi que Marlène, François et Christelle. Et puis surtout Sylvain, grâce à qui j’ai vécu un parcours de thèse serein, et avec qui je ne me lasserai jamais d’observer et de parcourir les Alpes.
I NTRODUCTION
1. É LÉMENTS GÉNÉRAUX
P ourquoi telle région ou telle ville connaît-elle, depuis quelques années ou depuis plusieurs décennies, un développement, une stagnation ou un déclin ? Les régions alpines concernées par le tourisme connaissent-elles un développement spécifique ? Que peut-on dire des régions concernées par le tourisme du XIX e  siècle à aujourd’hui ? Comment les trajectoires de ces territoires s’inscrivent-elles dans le développement général de l’économie et de la société ? Ces questions fort anciennes sont abordées ici à travers les concepts de mise en scène, de transaction et de valeur territoriales. Ces questions concernent spécifiquement le champ de l’économie territoriale, mais induisent de plus larges questionnements sociologiques concernant l’évolution de notre société contemporaine, et des Alpes suisses en particulier.
Poser un regard sur la plupart des territoires alpins en Suisse en 1850 et aujourd’hui, c’est constater que le monde change, certes, mais pas tant que cela. D’un côté, le mode de vie des personnes vivant en ces endroits a fondamentalement changé : ces personnes sont désormais beaucoup plus mobiles, connectées à l’ensemble du monde, ne travaillent plus la terre, ne pratiquent plus l’élevage pour la plupart. Auparavant, les hommes vivaient largement de leur rapport concret à la terre. D’un autre côté, pourtant, dans certains territoires, la vie quotidienne depuis le milieu du XIX e  siècle n’était pas si autarcique d’un point de vue économique, notamment en raison du tourisme. C’est un point commun très important avec la situation que connaissent les acteurs de la plupart des territoires alpins aujourd’hui. Des revenus entraient dans la région via des consommateurs mobiles ; des personnes extérieures étaient présentes sur place, car elles attribuaient une valeur particulière à ce territoire. On peut imaginer que pour les locaux de l’époque, interagir avec de telles personnes ‒ verbalement ou non ‒ relevait d’un grand exotisme, un voyage dans un autre lieu et, rétrospectivement pouvons-nous dire, dans un autre temps. Les premiers touristes sont les avant-gardistes d’une consommation dite « postindustrielle », c’est-à-dire qui repose sur la combinaison de diverses formes de mobilités et de valeurs.
Depuis les débuts de la révolution industrielle, une partie de la population occidentale a profité d’une certaine mobilité. Les bourgeoisies britannique puis européenne ont constitué la première « masse » des touristes, qui voyageaient, notamment en Suisse. Le développement des territoires depuis le XIX e  siècle s’est fait dans et par l’économie de marché et, dans le cas des territoires alpins concernés par le tourisme, il s’agit de transactions marchandes particulières : elles répondent à des besoins spécifiques, notamment en termes de loisirs et de santé. Cette double confrontation des « locaux » à d’autres lieux via des transactions marchandes n’est pas anodine. D’un point de vue sociologique, c’est un rapport au temps et à l’espace différent qui permet les mobilités et contribue à la constitution d’ensembles sociaux évolutifs différents de ceux de l’ordre de la communauté et de ceux de l’ordre de la société (schématiquement, respectivement Gemeinschaft et Gesellschaft chez Tönnies, 1944 [1887]). D’un point de vue économique, s’il est question de transactions marchandes dans les deux cas, les processus de création de valeur diffèrent, pour les raisons sociologiques évoquées précédemment : elles reposent sur des jeux de spatialité et de temporalité différents.
Une transaction entre les membres d’une communauté ou de communautés géographiquement proches est différente d’une interaction entre le membre d’une communauté ‒ en l’occurrence celle d’un village alpin au XIX e  siècle ‒ et le membre d’une société ‒ en l’occurrence européenne et urbaine. S’il n’est plus possible de mener une recherche anthropologique sur cette interaction révolue, en revanche les conséquences de cette interaction au niveau du développement régional peuvent être étudiées. Pour ce faire, il est nécessaire de mener une réflexion à un niveau micro de sciences sociales : l’évaluation d’un objet matériel ou immatériel n’est pas identique. Et cela a des conséquences en termes de développement. Par exemple, un repas pris à Zermatt en face du Cervin n’est pas valué de la même manière en 1910 par un touriste britannique et par un paysan local. Dans le cas du touriste britannique, le symbole du Cervin ainsi qu’un ensemble d’aspects matériels et immatériels associés au lieu distinguent et donc qualifient spécifiquement ce repas.
Du point de vue de l’ancrage empirique, cet ouvrage a été développé à partir de l’histoire de trois « stations touristiques » alpines suisses. Cet ancrage n’a pas tant pour objectif de contribuer aux tourism studies que d’utiliser le cas du tourisme comme un révélateur d’un processus ancien et de plus en plus généralisé de construction de la valeur territoriale. Processus qui s’appuie :
‒ non seulement sur la mobilité des biens, comme dans les modèles traditionnels de développement régional, mais aussi et de plus en plus sur la mobilité et la présence des personnes et la valeur de l’engagement pratique ;
‒ sur la mobilité de l’information dans le processus de construction de valeur dans l’espace public (valeurs socio-culturelles) ;
‒ sur la mobilité relative au marché et à la valeur économique.
Les territoires étudiés sont les suivants : l’un de succès touristique, Zermatt, l’autre de développement urbain à partir du tourisme, Montreux, et enfin, un cas de déclin, Finhaut. On verra comment ces territoires se sont développés, au regard de jeux qui s’opèrent sur les spatialités et sur les temporalités, grâce aux diverses formes de mobilité.
2. L E POSITIONNEMEN

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