Stress et temporalité
72 pages
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Description

Le stress, mal emblématique de la fin du xxe siècle, persiste et s’étend de nos jours. Stress et temporalité sont indissociables. Le temps, en perpétuelle accélération, génère sans cesse plus de tension. Cet ouvrage fait dialoguer deux disciplines pour permettre au lecteur de mieux cerner un phénomène à la fois quotidien et mystérieux : l’analyse sociologique de l’évolution forcée que subit la majorité de la population active face au travail, et le point de vue d’un médecin sur les problèmes plus spécifiques rencontrés par les sportifs de haut niveau. Stress et temporalité nous montre que l’homme doit rester maître de son temps, posant ainsi les bases d’un nouvel humanisme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304052220
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Antigone Mouchtouris Olivier Lambert
Stress et temporalité
Du travail à la performance sportive
Topos
Éditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Joëlle-Andrée Deniot, Antigone Mouchtouris et Jacky
Réault, Éros et liberté. Trois essais de sociologie et d’histoire , 2014.
Antigone Mouchtouris et Panagiotis Christias (dir.), Actualité de la pensée grecque , 2014.
Bernard Valade, Antigone Mouchtouris et Éric Letonturier (dir.), Passions sociales , 2014.
Antigone Mouchtouris, Temporalité et jugement social , 2014
Antigone Mouchtouris et Tiphaine Barbier-Verley (dir.), Actualité muséale. La temporalité d’un espace culturel , 2013.
Antigone Mouchtouris, La réception des œuvres artistiques. La temporalité de l’expérience esthétique , 2013.
© Éditions Le Manuscrit, 2015
Couverture : Charles Dreyfus, Temps/Danse, Vitrine R.A.T.P., Station Madeleine, 2014.
EAN : 9782304045321 (livre imprimé)
EAN : 9782304052220 (Epub)


Avec la participation d’Alexandre Cammarata Doctorant en biologie.


« TOPOS »
Collection dirigée par Antigone MOUCHTOURIS
La collection « Topos » a comme objectif de favorser la publication d’essais qui sortent des sentiers battus et de rompre avec le conventionnalisme ambiant. Elle se veut une collection toujours en mouvement. Elle renoue également avec le rôle des intellectuels qui désirent amener le savoir hors de l’Université pour l’offrir au grand public, mais aussi créer des publications méritant des débats contradictoires. Les thèmes de cette collection seront axés autour de la culture artistique, de la sociologie du public, des institutions culturelles (comme les musées), de l’esthétique (et ses expériences), de l’art contemporain et ses acteurs. Elle publiera des ouvrages sur l’imaginaire, la vie des intellectuels qui ont marqué leur époque et le monde des idées.
Cette collection sera soucieuse de publier des ouvrages traitant de sujets d’actualité, en ayant comme focus la mondialisation. Le terme Topos a été choisi pour symboliser un espace de dialogue, créé grâce à des intellectuels qui veulent rendre la réalité intelligible.


Dimension sociologique


P réambule
Antigone Mouchtouris 1
Tout ce qui va être développé dans cet ouvrage est le fruit d’un regard croisé entre une sociologue et un médecin, à partir d’un travail du terrain. Il y a déjà quinze ans que l’organisme ALRES ( Association languedo cienne de la recherche économique et sociologique ) dans le cadre de ses enquêtes – sur la sociologie de l’organisation et l’analyse de pratiques professionnelles –, a réuni une équipe de chercheurs : deux sociologues, un psychosociologue, une anthropologue et un médecin ; ceci afin de comprendre le stress au travail, nouveau phénomène dont on a commencé à parler ces dernières décennies (les enquêtes auxquelles nous allons nous référer ont été réalisées entre 1996 et 2007).
Parmi ces enquêtes, une partie a été effectuée auprès du personnel des hôpitaux, d’institutions et d’entreprises privées. Grâce à cette expérience du terrain, nous avons rompu avec les lieux communs sur le stress au travail, et sommes parvenus à une nouvelle donnée : le stress est le résultat de la perception de l’accélération du temps dans l’exécution d’une tâche professionnelle. En effet, la prise de conscience que le temps va de plus en plus vite provoque chez l’individu un stress terrible. Ce « mal-être » dans l’espace public a commencé à la fin du xx e siècle et continue à l’heure actuelle.


1 Professeure de sociologie, Université de Lorraine




P résentation
On aurait pu appeler ce livre Les effets de l’accélération du temps . Qu’est-ce qui peut provoquer chez l’individu du stress sinon l’accélération du temps, qui exige tous les jours une adaptation nouvelle. La souffrance au travail, le pouvoir, la domination, la non-reconnaissance, l’humiliation, la tricherie, l’instabilité, la manipulation, tous ces éléments ont toujours existé au sein des relations humaines. La nouveauté se situe dans l’impression que le temps s’accélère de plus en plus.
Qu’est-ce qui peut faire plus de mal à l’individu que ses relations avec le temps ? Cette impression insaisissable que tout lui file entre les doigts. L’absence de la maîtrise du temps, cette nouvelle perception, qui l’a changé de manière fondamentale, où tout va trop vite.
La découverte de l’étendue de la terre au xv e siècle a provoqué à l’époque un séisme mental, car les gens avaient l’impression que l’on avait amoindri leur village par rapport à la taille de la terre. Peut-on supposer de nos jours le même bouleversement mental dû à l’accélération du temps ? De plus, l’espace/topos/lieu est visible et palpable tandis que le temps est invisible, et non palpable, ce qui de surcroît provoque une incidence directe au niveau des représentations.
Erich Fromm, dans son livre La peur de la liberté , se réfère même à l’angoisse qui s’est instaurée lors de la modification de la chronométrie en Suisse ; il nous parle du fait que les paysans suisses ont commencé à modifier leurs conduites à partir du moment où une autre mesure du temps a été introduite, l’horloge de l’église qui sonnait à chaque heure signalant ainsi le temps qui passe.
En effet, cela a exigé de la personne une donnée supplémentaire pour comprendre le nombre d’actions à réaliser durant un laps de temps bien défini.
Le jugement social d’un individu ne peut être formé sans le temps (voir notre ouvrage La temporalité et le jugement social).
Nous constatons dans l’histoire de réels efforts pour maîtriser le temps. L’être humain a surmonté le chaos et organisé son monde social en fonction de celui-ci.
La cosmogonie grecque commence par la mise en ordre du chaos en maîtrisant le temps ; c’est le commencement de la civilisation dite occidentale. Dans la mythologie, tout commence par la mère, Gaïa, qui a fait naître le ciel avec les étoiles, ουρανοs. Le dieu Chronos ou Cronos détrôna son père Ouranos, avec la faux que sa mère lui avait donnée, en lui tranchant les testicules, qu’il jeta à la mer. Ensuite, il prit sa place au ciel, et se hâta de faire ressortir du Tartare ses frères, les Hécatonchires (les Géants aux cent mains) et les Cyclopes, emprisonnés autrefois par Ouranos.
Une fois maître du monde, il épousa sa sœur Rhéa (dépositaire de la connaissance et du destin) qui lui prédit qu’il serait détrôné par l’un de ses enfants. Afin que la prophétie ne se réalise pas, il dévorait ceux-ci au fur et à mesure qu’ils naissaient. Rhéa, irritée de se voir ainsi privée de tous ses enfants, étant enceinte de Zeus, s’enfuit en Crète et elle accoucha en secret. Puis, enveloppant une pierre de langes, elle la donna à manger à Chronos. Ensuite Zeus tua son père et libéra ses frères et sœurs. Au niveau métaphorique, selon Robert Graves, cela symbolise le temps qui avale ce qu’il engendre. La métaphore de l’adaptation du temps, nous allons la trouver également dans cette mythologie dans la division cosmogonique du jour et de la nuit.
Le jour symbolise la rationalité et la nuit l’irrationalité. La nuit, dans la mythologie grecque, est la fille du Chaos et la mère du Ciel (Ouranos) et de la Terre (Gaïa). C’est elle qui a fait naître le sommeil et la mort. Les enfants de la nuit sont des enfants terribles comme dans La nuit et les enfants de la nuit de la tradition grecque de Clémence Ramnoux ; du fait de leur existence, les humains obtiennent qu’il y ait une mise en place de l’ordre social.
La mythologie grecque commença en construisant un système sophistiqué d’organisation à travers les forces divines – les douze dieux –, en leur attribuant des compétences afférentes au temps. À partir de ce moment, la maîtrise du temps devient rationnelle ; ainsi, la division du temps a donné un contenu à l’invisible et a structuré ensuite la société.
Introduire alors la temporalité, comme un élément constituant pour comprendre les formes des conduites sociales, nous ouvre de nouveaux horizons de compréhension des relations humaines.
Cette transformation actuelle des relations de l’être humain avec l

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