Spiritualités féministes : Pour un temps de transformation des relations
203 pages
Français

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Description

Malgré l'abondance des travaux féministes et théologiques produits au Québec depuis plus de quarante ans, il n’existait toujours pas, avant ce livre, de synthèse sur le féminisme en regard de la spiritualité. Il était plus que temps de rassembler dans un ouvrage ses principales théoriciennes : voilà une lacune comblée.
L’autrice fait ici un retour sur les idées fortes élaborées durant ses quelque trente années d’enseignement et de recherche dans le domaine. « Le personnel est politique… et théorique », dit le slogan féministe dont elle s’est inspirée. Sa démarche, qu’elle qualifie d’existentielle, l’a amenée à relire l’histoire de sa vie, ses engagements et ses postures théoriques pour poser des questions essentielles. Quelles intersections construire entre le féminisme et la spiritualité ? Comment vivre dans ce temps de transformations des relations ? Comment des féministes chrétiennes québécoises ont-elles relu le christianisme et parlé de la Dieue, de Christa, de la trinité et de Marie ? Comment se vivent les solidarités interspirituelles ? Et comment déconstruire le patriarcat néoconservateur religieux ? En parlant de l’ultime à travers l’intime, l’autrice dans cet ouvrage fondamental pose les jalons de la transformation du féminisme dans le domaine du religieux et du spirituel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782760643208
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Denise Couture
Spiritualités féministes
Pour un temps de transformation des relations
Les Presses de l’Université de Montréal




Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Spiritualités féministes: pour un temps de transformation des relations / Denise Couture. Noms: Couture, Denise, auteur. Collections: Matière à pensée. Description: Mention de collection: Matière à pensée | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200095064 | Canadiana (livre numérique) 20200095072 | ISBN 9782760643185 | ISBN 9782760643192 (PDF) | ISBN 9782760643208 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Théologie féministe—Québec (Province) | RVM: Spiritualité féministe—Québec (Province) Classification: LCC BT83.55.C68 2021 | CDD 230.082—dc23 Mise en page: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2021 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2021 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, et de la Corporation canadienne des sciences humaines. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).




Introduction
Au terme d’une séance du cours Éthique théologique que je donnais au premier cycle universitaire, une étudiante vint me voir en pleurs. Elle me relata comment la lecture que nous venions de faire en classe d’un rare texte traduit en français de la théologienne noire et étatsunienne Shawn Copeland, sur le thème de la différence, l’avait bouleversée. Le cours, précisa-t-elle, était le dernier de son baccalauréat en théologie, un programme composé de trente cours. De toutes ses années d’études dans le domaine, raconta-t-elle — cette histoire se déroule dans les années 1990 —, elle venait de lire pour la première fois un texte écrit par une femme en théologie. L’idée que des femmes produisaient de la théologie n’avait jusqu’alors pas traversé son esprit, parvint-elle à exprimer, les larmes coulant sur ses joues. Elle découvrait un univers nouveau qui la passionnait et qui correspondait à ses désirs profonds. L’expérience la décida à poursuivre des études à la maîtrise où elle concentra son temps de lecture à des textes rédigés par des théologiennes.
Une théologie féministe en contexte québécois
Je poursuis deux objectifs avec ce livre. Le premier consiste à offrir une synthèse de théologie féministe en contexte québécois, et ce, pour combler une lacune. En effet, on ne dispose pas encore d’un tel ouvrage malgré l’abondance de littérature féministe et théologique produite au Québec depuis plus de quarante ans. Sur la scène mondiale, la théologie féministe québécoise est reconnue dans le domaine pour sa créativité et pour son originalité, pour son ancrage dans son propre contexte et pour sa vitalité, exprimée en particulier par des groupes de la base. Il était temps de rassembler dans un ouvrage ses principales données.
Le deuxième but est d’ordre existentiel. J’aurai travaillé comme professeure et comme chercheuse à l’Université de Montréal pendant trente-deux ans, principalement dans le secteur de la théologie féministe. Ayant décidé de prendre ma retraite deux années avant le jour prévu du départ, je me suis donné comme dernier grand projet de recherche l’écriture de ce livre. Je désirais faire un retour sur les idées fortes que j’avais développées dans le domaine, les rassembler et les relier entre elles. Dans la foulée du slogan féministe Le personnel est politique… et théorique , la démarche m’a amenée à relire mon histoire de vie, mes engagements et mes postures théoriques et à construire des liens entre ces dimensions.
Finalement, le deuxième objectif a interféré avec le premier. L’inscription personnelle de mes expériences et mes perspectives ont pris plus de place que je ne le pensais au départ, ce qui d’ailleurs convient parfaitement à une spiritualité féministe forcément matérielle et située. L’écriture du livre s’est avérée elle-même une expérience forte comme démarche de relecture de mon propre parcours engagé et intellectuel. J’aurai accompli autre chose qu’une synthèse de données de théologie féministe. J’ai réalisé plutôt un assemblage de mes travaux antérieurs, demeurés parfois épars; j’ai effectué, en même temps, une intégration existentielle des dimensions qui me traversent, une démarche qui s’accorde tout à fait à une théologie féministe enracinée.
Ayant pratiqué une théologie féministe de la libération, j’ai participé à de nombreux groupes de la base qui ont fourni les principaux thèmes de la recherche universitaire. Ces groupes tiennent une place importante dans le livre, en particulier la collective féministe et chrétienne L’autre Parole. Fondée en 1976 et constituée de petits groupes localisés dans diverses villes au Québec, celle-ci participe activement à la production d’une spiritualité féministe. J’en suis membre depuis ma jeunesse, ce qui transparaîtra dans plusieurs récits rapportés dans le livre.
Renforcer les points forts
Shawn Copeland marqua l’étudiante qui venait de lire son premier texte écrit par une théologienne. Elle laissa une empreinte durable sur moi également, plus précisément sur ma manière de comprendre les interactions entre les postures théoriques à l’université. Je la rencontrai en 1995 au congrès annuel de l’ American Academy of Religion (AAR), à Philadelphie, où elle animait un colloque. Société savante dans le domaine de la religion, l’AAR regroupe annuellement des milliers d’universitaires, entre cinq et six mille à l’époque, un nombre impressionnant pour une personne du Québec où les études religieuses avancées figurent comme un secteur marginal. Le colloque donnait la parole à des théologiennes womanists 1 . Une quarantaine de personnes assistaient à la présentation. Dans son introduction, l’animatrice explicita comment la théologie womanist donnait la priorité au respect des positions situées et à la construction de relations justes, y compris entre les universitaires. Elle demanda à l’auditoire d’entrer dans le jeu de l’approche proposée lors de la période de questions, de déconstruire la manière bien apprise d’entrer dans le discours qui consiste à signaler les points faibles de l’intervention de l’autre, à la contredire pour insérer ses propres vues; elle invita les personnes participantes à honorer, plutôt, la posture située de l’autre, à souligner ses forces, à intervenir de sorte à renforcer la position de l’autre tout en précisant ce que nous en apprenons pour nous-mêmes et pour nos propres perspectives, localisées ailleurs. Mais arriva ce qui devait arriver. Un premier collègue prit la parole. Il ne put s’empêcher d’agir selon les plis bien appris à l’université. Il entreprit de démolir systématiquement la position de l’une des conférencières. L’animatrice l’interrompit et il s’ensuivit une discussion houleuse sur le mode de prise de parole, et l’auditoire buta sur les consignes données tout au long de la période de questions.
La womanist Katie Canon explicite l’option qui allie la solidarité et la réciprocité entre des positions qui luttent contre les injustices. Elle la situe dans le contexte de l’apprentissage mutuel entre diverses postures anti-oppressives (Canon, 1995). J’avais pris connaissance de cette idée dans des textes, mais je l’ai intégrée, je l’ai comprise avec mon corps, lors du colloque à Philadelphie par l’exercice d’animation engagée de Shawn Copeland.
Cette approche opère un renversement dans le monde universitaire où l’on a appris à combattre les idées des autres pour imposer les siennes, pour s’imposer. Une culture guerrière structure assez spontanément les discussions où le plus fort remporte une victoire au prix de détruire (les idées de) ses adversaires. Le changement de culture consiste en ceci: il s’agit de reconnaître que les postures multiples qui luttent contre les oppressions sont situées, uniques, singulières, créatives. La solidarité et la réciprocité entre elles conduisent à renforcer les points forts des unes et des autres et à en apprendre quelque chose de significatif pour sa propre posture, différente et située ailleurs. Je mets en œuvre cette méthode de lecture dans ce livre.
Le plan de l’ouvrage
Comment situer la diversité des approches féministes? Quelle perspective choisir parmi les conceptions variées de la spiritualité? Le chapitre 1 vise à répondre à ces questions. Il façonne un positionnement. J’y relate des détours et des options qui conduisent à un féminisme intersectionnel, dans le contexte québécois, une position qui s’attaque à toutes les formes d’exclusion que subissent des femmes. J’y montre le développement récent et multiple du vocable spiritualité que je propose de comprendre comme une vie vécue avec intensité en lien avec l’énergie vitale. Comment l’analyser? Comment pratiquer les études religieuses et la théologie d’une manière adaptée à l’époque contemporaine? Comment les réinventer pour correspondre aux expériences du temps présent? Comment reconnaître la mutation subie par la religion, devenue subjective, et la fin de la supériorité du christianisme qui l’accompagne?
Le prochain pas consiste à construire des croisements entre les postures féministe et spirituelle. L’approche retenue met en relief l’indépendance des deux formations, souvent en tension, en conflit. Elle s’oriente vers l’étude de points de rencontre advenus entre elles. Au Québec, on considère assez couramment le féminisme et la religion comme incompatibles. D’où provient cette vision de discordance? Comme

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