Sortir du rang
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Description

À l’époque de la mondialisation, les organisations militaires, comme les autres organisations, sont devenues plus diverses, aussi bien sur le plan interne qu’externe. Les missions des organisations militaires sont en effet extrêmement variées, se déroulent un peu partout dans le monde, dans des endroits culturellement, ethniquement, linguistiquement très divers, et sont menées, la plupart du temps, dans un cadre multinational. Sur le plan interne, à cause du vieillissement de la population et du fait qu’un emploi à la Défense est considéré comme dangereux, le recrutement de personnel est et restera problématique. Les armées professionnelles occidentales ont de plus en plus de difficultés à attirer les «jeunes hommes blancs» qui, jusqu’ici, constituaient l’essentiel de leurs ressources humaines. En conséquence, elles doivent prospecter de nouveaux segments et être plus attractives pour certaines catégories de la population qu’elles avaient jusqu’ici plutôt tendance à négliger.

L’ouvrage examine les différentes dimensions de cette diversité interne et externe dans les armées des pays industriels avancés en général et à la Défense belge en particulier. Il décrit les principales dimensions de la diversité interne, en s’attardant sur la plus récente, la diversité ethnique. Ensuite, il s’intéresse à la diversité culturelle en opérations. Sur le plan empirique, l’ouvrage se base sur des données provenant de deux études scientifiques financées par la Défense belge et menées par la Chaire de Sociologie de l’Ecole Royale Militaire.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782803103263
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SORTIR DU RANG LA GESTION DE LA DIVERSITÉ À LA DÉF ENSE BELGE
PHILIPPE MANIGART ET DELPHINE RESTEIGNE
Sortir du rang
La gestion de la diversité à la Défense belge
Préface de Hervé Hasquin
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-8031-0326-3 © 2012, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 12
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Photo de couverture : © Sergey Yarochkin - Fotolia.com Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Laurent Hansen, Académie royale de Belgique
Publié en collaboration avec
L'Aurore - Editions numériques rue de Verlaine, 12 - 4537 Seraing-le-Château (Belgique) contact@laurore.net www.laurore.net
Informations concernant la version numérique ISBN 978-2-87569-026-5
A propos L’Aurore est une maison d’édition contemporaine, intégrant l’ensemble des supports et canaux dans ses projets éditoriaux. Exclusivement numérique, elle propose des ouvrages pour la plupart des liseuses, ainsi que des versions imprimées à la demande.
Préface
Il est rare d’aborder dans les enceintes académiques et scientifiques de Belgique les questions militaires. Cet ouvrage, qui a fait l’objet de conférences au Collège Belgique, est donc le bienvenu. Pendant longtemps, les organisations militaires ont été considérées comme des organisations non seulement très homogènes mais également profondément « homogénéisantes », des organisations où il fallait « rentrer dans le rang ». Cette image résultait, en grande partie, du service militaire, cette « École de la Nation » chargée de socialiser les jeunes aux valeurs dominantes de la société et d’en faire des hommes aptes à défendre la patrie. Encore aujourd’hui, cette image reste encore fort présente. Or, celle-ci ne correspond plus du tout à la réalité. Les organisations militaires occidentales, et donc la Défense belge, sont devenues beaucoup plus hétérogènes dans leur composition. D’organisations composées uniquement de jeunes hommes blancs, elles se sont, dans un premier temps, ouvertes aux femmes et ensuite aux diverses minorités culturelles et ethniques. Mais, plus important encore, leurs missions et leurs terrains d’opérations se sont diversifiés. La guerre interétatique n’est plus leur unique objet, particulièrement en ce qui concerne la Défense belge. Les opérations actuellement menées vont de la lutte contre le terrorisme international, la contre-insurrection, le maintien ou le rétablissement de la paix aux interventions purement humanitaires ; elles se déroulent un peu partout dans le monde, dans des endroits culturellement, ethniquement, linguistiquement très divers, et sont menées, la plupart du temps, dans un cadre multinational. Enfin, vu la nature de ces missions, les règles d’engagement de ces forces sont devenues intrinsèquement ambiguës et moins standardisées. Les militaires doivent dès lors apprendre à « sortir du rang », à prendre des initiatives, à s’autogérer. C’est cette plus grande diversité, tant au niveau de la structure sociale interne que de la conduite des opérations, qu’analyse cet ouvrage, en prenant la Défense belge comme illustration, comblant par là un vide dans la littérature de langue française sur le sujet. Si les ouvrages abordant cette thématique sont en effet relativement nombreux dans la littérature américaine en sciences sociales, rares sont les ouvrages sociologiques en langue française consacrés aux organisations militaires actuelles, et plus rares encore ceux consacrés à la Défense belge. Celle-ci reste encore mal connue du public, bien que son image se soit significativement améliorée au cours de ces dernières années. Pour beaucoup, l’armée reste toujours la Grande Muette, non pas tellement parce qu’elle se veut telle, mais plutôt parce qu’elle n’intéresse pas vraiment les milieux académiques. L’ouvrage montre bien la profonde évolution vers une plus grande hétérogénéité qu’a connue la Défense belge au cours des dernières années. Il se base sur des données originales provenant de deux études scientifiques financées par la Défense belge et menées par la Chaire de Sociologie de l’École Royale Militaire. La première enquête portait sur l’image et l’identité de la Défense auprès de la population et du personnel ; l’autre sur les dimensions culturelles de la conduite des opérations contemporaines, en Afghanistan notamment. C’est la première fois que le double thème de la diversité interne et externe est analysé de manière conjointe et présenté au sein d’un même ouvrage par les directeurs respectifs des deux projets de recherche, tous les deux enseignants au sein de la Chaire de Sociologie de l’École Royale Militaire. Cette Chaire est le seul centre de recherche académique qui, en Belgique, mène depuis la fin des années 1980, des recherches sociologiques sur l’institution militaire belge et enseigne la sociologie des organisations militaires.
Hervé Hasquin Secrétaire perpétuel
Introduction
À l’époque de la mondialisation, les organisations militaires, comme les autres organisations complexes, sont devenues plus diverses, aussi bien sur le plan interne qu’externe. Les missions actuelles des organisations militaires sont en effet extrêmement variées, se déroulent un peu partout dans le monde, dans des endroits culturellement, ethniquement, linguistiquement très divers, et sont menées, la plupart du temps, dans un cadre multinational. Sur le plan interne, à cause du vieillissement de la population et du fait qu’un emploi à la Défense est considéré comme dangereux et pas toujours attractif, le recrutement de personnel est et restera problématique. Les armées professionnelles occidentales ont donc de plus en plus de difficultés à attirer les « jeunes hommes blancs » qui, jusqu’ici, constituaient l’essentiel de leurs ressources humaines. En conséquence, elles doivent prospecter de nouveaux segments et être plus attractives pour certaines catégories de la population qu’elles avaient jusqu’ici plutôt tendance à négliger. Cet ouvrage se propose d’examiner les différentes dimensions de cette diversité interne et externe dans les armées des pays industriels avancés en général et de la Défense belge en particulier. Sur le plan empirique, l’ouvrage se base sur des données provenant de deux études scientifiques financées par la Défense belge et menées par le Département des Sciences du 1 Comportement de l’École Royale Militaire . Le premier chapitre analyse les principaux facteurs structurels qui ont conduit les organisations militaires des pays industriels avancés à devenir plus diverses. Ces facteurs sont au nombre de trois : le facteur technologique, le facteur socioculturel et les missions. Le deuxième chapitre s’intéresse à la diversité interne au sein de la Défense belge. Il présente d’abord les principales dimensions institutionnalisées de diversité au sein de la Défense belge, à savoir, par ordre de leur apparition : la diversité linguistique, religieuse / philosophique, de genre, d’orientation sexuelle, ethnique et de nationalité. Dans la mesure où les sociétés européennes (au contraire de la société américaine) ont longtemps été considérées comme relativement homogènes ethniquement, la diversité ethnoculturelle fait l’objet d’une analyse plus approfondie. En particulier, se basant sur une enquête réalisée en 2009 auprès d’un échantillon représentatif de militaires belges, il décrit ce que ceux-ci pensent de cette forme de diversité. Le troisième chapitre aborde la diversité culturelle en opérations. Les missions actuellement menées par les militaires dans des zones d’intervention éloignées sont devenues beaucoup plus complexes qu’auparavant. Une des implications de cette plus grande complexité est qu’à côté des autres dimensions d’ordre stratégique, technologique ou économique, la prise en compte de l’environnement humain est devenue indispensable. Une fois déployés, les militaires sont, plus que par le passé, mis en contact avec les populations locales, ainsi qu’avec un spectre plus large d’intervenants comme les militaires étrangers, le personnel d’ONG ou d’organisations internationales. La collaboration avec ces acteurs aux particularités culturelles et professionnelles parfois fort différentes est devenue capitale. Dès lors, l’acquisition de compétences interculturelles facilite grandement les contacts interpersonnels et augmente ainsi l’opérationnalité des troupes. Comme on le verra, au niveau de la préparation des militaires avant un déploiement opérationnel, ce volet reçoit une attention plus grande que par le passé mais reste, à ce jour, relativement peu développé à la Défense belge.
CHAPITREI
Les causes de la diversité des organisations militaires postmodernes
Fondamentalement, les raisons qui font que les armées des pays postindustriels, ainsi que les grandes entreprises multinationales, sont devenues plus diverses sont à trouver dans l’environnement de ces organisations, et tout particulièrement dans l’évolution économique, technologique et socioculturelle. Les organisations, qu’elles soient militaires ou civiles, publiques ou privées, sont en effet des systèmes ouverts, c’est-à-dire des systèmes en interactions et en échanges constants avec leur environnement. Il en résulte que leur structure et leur fonctionnement ne dépendent pas seulement de conditions internes (comme leur but, leur type, leur statut et leur culture), mais aussi et surtout de ce qui se passe dans leur environnement (les autres organisations, les systèmes économique, politique, culturel, juridique, etc.). Cela implique que si l’environnement d’une organisation (ou d’une population d’organisations) change, celle-ci changera aussi. La corrélation n’est toutefois pas parfaite : 2 Weick parle à ce propos deloose-coupling. Les changements dans l’environnement agissent donc comme des « pressions de sélection », des contraintes (mais pas des déterminants). En ce qui concerne les organisations militaires, on retiendra plus particulièrement trois facteurs, deux dits exogènes (le facteur technologique et le facteur socioculturel) et un endogène, c’est-à-dire interne à l’organisation (les missions).
Le facteur technologique Les armées actuelles sont des organisations qui utilisent des technologies extrêmement complexes (systèmes d’armes, de communications, etc.). Il en résulte que la division du travail, au sens durkheimien du terme, y est extrêmement complexe, ce qui engendre une grande diversité en termes de niveaux hiérarchiques et de tâches. Ceci par rapport aux armées de e e masse du 19 siècle – première moitié du 20 siècle, qui étaient des organisations fortement homogènes, à très faible division du travail. Pour prendre un exemple, dans l’armée nordiste américaine pendant la guerre de Sécession, 93 % des soldats exerçaient des fonctions de 3 combat, essentiellement de fantassins ; en 1960, ce pourcentage était tombé à moins de 16 % . Autrement dit, en 1960, 84 % des fonctions dans l’armée américaine étaient des fonctions techniques, logistiques et administratives de nature très variée.
Le facteur socioculturel e Par rapport aux sociétés industrielles du début du 19 siècle, nos sociétés postindustrielles occidentales sont devenues beaucoup plus vieilles et plus diverses ethniquement et culturellement. Il y a aussi une grande diversité de valeurs ; selon Maffesoli, c’est le temps des 4 « tribus » . Cela se traduit évidemment aussi au niveau des organisations, dans la mesure où elles recrutent leur personnel dans ces sociétés. En ce qui concerne les organisations militaires occidentales plus particulièrement, dans la mesure où leur recrutement est – et restera – problématique, un emploi à l’armée étant considéré comme dangereux et peu prestigieux, elles ont de plus en plus de difficultés à attirer les « jeunes hommes blancs » qui, jusqu’ici,
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