Rivalités féminines au travail : L’influence de la relation mère-fille
112 pages
Français

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Rivalités féminines au travail : L’influence de la relation mère-fille , livre ebook

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Description

Pourquoi certaines femmes ont-elles des relations plus difficiles avec leur supérieur hiérarchique lorsque celui-ci est… une femme ? Pourquoi le harcèlement moral entre femmes se développe-t-il tant, et en quoi ces liens de passion et de rivalité profitent-ils d’abord aux hommes ? Partant de ces interrogations, l’auteur explore à partir d’entretiens un sujet tabou que beaucoup, quels que soient leur niveau de qualification ou leur place dans la hiérarchie, vivent au quotidien. Et ces situations sont comme la partie émergée de l’iceberg de problèmes plus profonds, puisant leurs racines dans l’inconscient, dans l’histoire de la petite fille face à sa mère. Donnant à comprendre ces mécanismes, l’auteur offre aux femmes, avec empathie et respect, le jalon décisif qui leur permettra de s’en libérer. « Annik Houel ose mettre la loupe sur la domination entre femmes. » C. Dejours Professeure émérite de psychologie sociale à l’université Lyon-II, elle est notamment l’auteure de Psychosociologie du crime passionnel (avec Patricia Mercader et Helga Sobota) et de L’Adultère au féminin et son roman. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738169082
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE 2014 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6908-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À ma mère, à ma fille… et à sa fille.
Préface

Le livre d’Annik Houel est courageux et original. Courageux d’abord, parce qu’il porte sur un sujet qui fâche. Aborder les conflits entre femmes dans la sphère privée, cela se fait depuis longtemps. Mais l’étudier dans le monde du travail, c’est une autre affaire. Dans le monde social, en effet, les femmes apparaissent d’abord et avant tout comme des victimes. Victimes d’injustices et de discriminations sous l’effet de la domination exercée par les hommes dont on sait qu’elles peuvent aller jusqu’à la cruauté et au meurtre. Annik Houel retourne l’objectif et ose mettre la loupe sur la domination entre femmes. Pour cette raison elle ne s’attirera pas que des amitiés.
Original ensuite, ce livre l’est en raison du thème qui en constitue le centre, à savoir la misogynie. Que cette dernière puisse jouer un rôle aussi important dans les relations entre femmes dans le monde du travail, cela semble d’abord paradoxal. Mais l’analyse qui part des situations étudiées sur le terrain est captivante et finalement l’emporte sur l’incrédulité initiale du lecteur. Envisager les conflits, notamment les formes concrètes de la rivalité entre femmes, à la lumière d’une misogynie féminine a de quoi surprendre. Et pourtant c’est une voie féconde pour déchiffrer les différents registres d’expression des conflits entre femmes, depuis l’opposition sourde jusqu’aux formes passionnelles et spectaculaires de l’affrontement : par exemple quand le harcèlement professionnel est exercé par une femme sur une autre femme.
Les développements théoriques ouverts par l’analyse de la misogynie féminine sont inattendus et conduisent à des questions tout à fait essentielles : cette misogynie est-elle l’expression directe des passions, ou procède-t-elle d’une construction dans laquelle une part importante reviendrait au contraire à des stratégies pour lutter contre la souffrance au travail ? Une « misogynie défensive de femmes » en quelque sorte. C’est cette découverte qui fait l’objet d’une présentation habile et raffinée.
Mais les développements auxquels cette analyse conduit mènent bien au-delà de cette formation clinique insolite. Poursuivant son investigation, Annik Houel nous amène entre autres à réexaminer aussi la référence à la position maternelle dans les relations de travail, pas seulement là où l’on s’attend à la retrouver (les activités de soins, d’éducation, d’assistance, de care ) mais là où on ne l’attend pas, par exemple dans les relations hiérarchiques entre femmes et dans le management. La référence au maternel change alors soudain de signification cependant qu’apparaissent des dimensions qu’on ignorait jusque-là : le maternel, comme la misogynie féminine, peuvent dans certaines conditions être mises au service des défenses contre la souffrance et la domination. Ce livre, on l’aura compris, n’est pas seulement dans un dialogue constant avec la sociologie, il l’est aussi avec la clinique et la psychodynamique du travail, auxquelles il adresse des questions qui exigeront un long travail avant qu’on y trouve des réponses acceptables.
Le texte d’Annik Houel ne s’arrête pas à la caractérisation de conduites paradoxales. Il mène une investigation sur les origines ou les sources de la misogynie féminine. Que cette dernière soit convoquée par les rapports sociaux de travail, s’explique à condition de partir de l’analyse des formes spécifiques que prend la misogynie féminine dans le monde du travail, soit ! Mais d’où procède cette misogynie, à quelles sources s’alimente-t-elle ? Comment est-elle seulement concevable de la part des femmes ?
Annik Houel ne retient pas seulement la possibilité d’un mimétisme ou d’une contamination par les stéréotypes virils véhiculés par la domination de genre qui seraient venus s’insinuer secrètement dans les conduites féminines. La source de la misogynie est plutôt du côté de l’inconscient et de ce que les relations précoces entre mères et filles y ont déposé pendant la petite enfance.
Si les discussions interpellent d’abord les praticiens et les chercheurs œuvrant dans le champ des sciences sociales et des sciences du travail, elles ne sauraient épargner les psychologues. La référence à la théorie psychanalytique est certainement une des qualités de ce livre. La psychologie convoquée dans l’ouvrage est fondée sur des conceptions psychanalytiques dûment explicitées. Il n’y a cependant aucun jargon dans les éclaircissements précis qu’elle donne des sources inconscientes pouvant alimenter la misogynie féminine. Bien que les passages consacrés à la psychanalyse soient volontairement limités, ils sont assez précis pour soulever en retour des questions dans le champ de la psychanalyse et de la psychologie. En effet, montrer aux cliniciens les chemins très particuliers que l’infantile se fraye jusqu’aux rapports sociaux dans le monde du travail, c’est aussi une manière de donner aux praticiens des clés pour écouter autrement ce que les patientes leur disent quand, au cours d’une psychothérapie, elles parlent de leur travail.
Ce livre donc intéressera un large public, et pour cette raison il convient d’insister sur le style de son auteur. De bout en bout, Annik Houel conserve une posture tendue vers le seul souhait de comprendre : comprendre les contradictions qui traversent la conduite des femmes dans le monde du travail. Et même si certaines formulations ont, par prétérition, une dimension politique, Annik Houel n’écrit jamais de façon agressive, revendicative ou dénonciatrice.
Il y a chez elle comme une réserve, un tact, une discrétion vis-à-vis de ses réactions et de ses positions personnelles qui confèrent au texte un ton inhabituellement bienveillant et donnent au lecteur, même lorsqu’il est un homme, l’impression d’être bienvenu dans ce livre et dans les débats qu’il suscitera.
Christophe Dejours, professeur au Conservatoire national des arts et métiers
Introduction

En 2004 paraissait en France la première traduction d’un livre édité aux États-Unis un an plus tôt, La Femme est un loup pour la femme. Comprendre et résoudre les conflits entre femmes au travail 1 , de deux consultantes américaines, Pat Heim et Susan Murphy. Ce livre fourmillait de conseils pratiques plus ou moins honorables mais n’en avait pas moins rencontré un succès certain, au point de donner le jour à une deuxième édition en poche, trois ans plus tard, sous un nouveau titre : Les Conflits entre femmes au bureau 2 . C’est ce changement de titre qui m’a alors intriguée.
Le premier titre était-il trop violent ? Ou bien le monde du travail avait-il tant changé que ce titre n’était plus justifié, les Françaises étant devenues moins louves en trois ans ? Ou bien encore, hypothèse moins optimiste, supporteraient-elles moins bien que d’autres d’être renvoyées à cette question ? Le faible succès qu’a remporté la série WorkinGirls , lancée au printemps 2012 sur Canal+ et poursuivie un an plus tard sur Arte à un horaire de moins grande écoute, qui traite de la question sur un mode certes très déjanté mais hyperréaliste, semble aller dans ce sens.
Notons aussi cet autre changement entre les deux titres : du monde général du travail, on passe au monde tertiaire, le bureau, et il faut bien reconnaître que c’est là que semblent se jouer la plupart des conflits dits féminins, ne serait-ce que parce que c’est le secteur d’emploi féminin par excellence. Le titre original, In the Company of Women , faisait d’ailleurs allusion à ce monde du tertiaire, voire des cadres, puisqu’il plagiait le titre d’un film d’ailleurs remarquable mettant en scène la violence des rapports entre hommes dans le monde de l’entreprise, In the Company of Men 3 .
Quelques films, essentiellement américains, ont abordé cette même question au féminin, dès 1988 avec Working Girl 4 dans lequel Melanie Griffith incarnait la secrétaire d’une redoutable yuppie , campée par Sigourney Weaver, dont elle finissait par prendre la place (et l’amant), puis, plus récemment, avec le célèbre Le Diable s’habille en Prada 5 , grand succès international ; alors que curieusement le dernier film français d’Alain Corneau, Crime d’amour , qui met en scène une histoire absolument semblable à celle de Working Girl, n’a rencontré aucun succès 6 . Nul n’est prophète en son pays : il est sans doute plus facile de penser que cela ne concernerait que les États-Unis.
Les causes des conflits féminins dans le monde du travail semblent donc avoir quelque mal à être reconnues et, par voie de conséquence, à être étudiées, suscitant plus facilement le sourire que l’analyse. C’est ce constat qui organise cet essai, conforté par mon expérience d’enseignante dans le domaine de la psychologie du travail à l’université : j’ai pu voir beaucoup d’étudiantes très désemparées dans leur stage non pas tant par le sexisme ambiant ou même quelque harcèlement sexuel que par la confrontation à des difficultés auxquelles elles ne s’attendaient pas du tout avec leurs maîtres de stage féminines.
Ce qui me frappait était le désarroi de ces jeunes filles face à quelque chose qu’elles n’arrivaient pas à comprendre. Si une misogynie banale, masculine, leur était familière,

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