Recensions sociologiques
122 pages
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Recensions sociologiques , livre ebook

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Description

Au moyen d'une trentaine de comptes rendus de lecture, ce livre présente et discute des travaux sociologiques d'importance qui ont été publiés entre 2006 et 2016. "Recensions sociologiques" se découpe en trois parties respectivement consacrées aux thématiques suivantes : « sociologies et histoires des sociologies » ; « éducation, formation, travail » ; « politiques sociales et précarités ». Point d'appui pour les étudiant-e-s en master de sciences sociales, il intéressera également les enseignant-e-s de sciences économiques et sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342156591
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Recensions sociologiques
Cédric Frétigné
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Recensions sociologiques
 
Avant-propos
En 2007, j’ai publié un premier ensemble de « lectures sociologiques » qui couvraient une période de dix ans (1996-2006) 1 . Je motivais alors ce projet en indiquant qu’il me semblait opportun de donner à lire cet ensemble d’analyses critiques qui accompagnait ma réflexion au quotidien et sous-tendait la production de mes propres travaux de recherche. Énoncer qu’« on ne pense jamais seul » mais qu’« on pense toujours avec/contre les autres » est une évidence sur laquelle il ne semble pas nécessaire de s’appesantir bien longtemps. Néanmoins, cette formulation a l’immense inconvénient d’en rester à un si haut niveau de généralité qu’elle finit par en paraître terriblement éthérée. Comment s’incarne ce principe élémentaire de la pensée scientifique ? Au fond, il importe de rendre compte des opérations réelles qui construisent ce rapport aux œuvres et qui alimentent ainsi ses propres développements. Dans mon cas, la lecture critique de livres sociologiques et la rédaction de comptes rendus afférents participent très puissamment de ma formation professionnelle continue. Cet exercice auquel je m’astreins depuis vingt ans vise explicitement l’entretien de mon imagination sociologique. Ils sont l’un des étais incontournables de ma production sociologique.
L’ouvrage publié en 2007 s’organisait autour des trois thématiques majeures qui m’occupaient alors : l’éducation, le travail et la précarité. Depuis, il y a eu quelques inflexions dans mes intérêts de recherche sur fond, néanmoins, de continuité. La centration très marquée de mes travaux durant les années 2000 autour de l’objet « formation des adultes » conduit à une relative excroissance des lectures (et des comptes rendus) en la matière. Ils ont été récemment réunis et publiés dans un autre volume 2 . Par un jeu bien connu de vases communicants – et parce que le temps dédié à la lecture n’est pas incompressible –, j’ai réduit le volume de mes recensions en lien direct avec mes premières amours sociologiques (la précarité) et avec ma formation sociologique de départ (la sociologie du travail).
Ce « recentrage » tient également à des considérations institutionnelles. Les chercheurs ne vivent pas dans un monde fait d’idées hors sol mais évoluent dans un univers professionnel aux dimensions parfaitement tangibles. En l’espèce, quoique sociologue de formation, mon rattachement universitaire m’a conduit à être successivement Maître de conférences puis Professeur en sciences de l’éducation. Le tropisme éducatif y est, on s’en doutera, fortement prononcé. Que l’on considère cette discipline comme la réunion de sous-disciplines contributives (sociologie de l’éducation, psychologie de l’éducation, philosophie de l’éducation, économie de l’éducation, etc.) ou comme une discipline en soi, avec son épistémologie propre, ne change présentement rien à l’affaire. Dans tous les cas, l’accent est mis sur la matière éducative, quand bien même celle-ci serait appréhendée largo sensu (champ scolaire certes, mais aussi champ pré, para, péri ou postscolaire).
Mes investissements professionnels (direction d’une unité de recherche habilitée en sciences de l’éducation, d’un master accrédité avec la mention « sciences de l’éducation », de doctorant-e-s préparant une thèse dans la discipline) et para-professionnels (participation au conseil d’administration de l’Association des Enseignants et Chercheurs en Sciences de l’Éducation – AECSE – puis mandat de coprésident entre 2017 et 2020) ont approfondi ce sillon. Ma socialisation professionnelle secondaire est aujourd’hui très clairement marquée par ces deux disciplines que sont la sociologie d’une part, les sciences de l’éducation de l’autre.
* * *
Dans l’espace académique, il n’est guère rentable de se livrer à cet exercice, souvent jugé fastidieux par ailleurs, du compte rendu de lecture. Parmi les activités qui comptent dans le déroulement de la carrière universitaire, celle-ci s’inscrit tout en bas de la hiérarchie. Cinquante recensions n’équivaudront jamais à un article publié dans une revue à comité de lecture national ou international. Ceci explique aussi pourquoi les revues universitaires ont tant de peine à faire vivre une rubrique dédiée aux recensions. Même si le succès croissant de Lectures 3 , revue en ligne intégralement dédiée aux comptes rendus de lecture, semble aller à l’encontre de l’observation précédente, il ne faut pas méconnaître que les délais de publication jouent en sa faveur. Les recensions sont en effet publiées « en flux tendu », dès leur validation par le comité de rédaction. Et il est nécessaire également de reconnaître que la très grande majorité des contributeurs sont des doctorant-e-s plus que des chercheur-e-s déjà inséré-e-s professionnellement.
Me concernant, je n’ai jamais eu d’état d’âme face à l’exercice de la recension. J’éprouve son caractère formateur depuis vingt ans et, si mon statut professionnel a significativement évolué depuis mes premiers essais en la matière, je crois opportun de continuer à m’y prêter. Cet ouvrage est donc – aussi – une invitation faite au lecteur de s’y adonner à son tour !
Première partie. Sociologies générales et histoires des sociologies
Bernard Lahire
L’esprit sociologique
Paris, La Découverte, 2007, 435 pages [1 ère édition, 2005]
L’ esprit sociologique naît de la pratique du raisonnement sociologique et de l’attachement à l’ imagination sociologique . Le processus d’acquisition du sens sociologique est rendu par Bernard Lahire dans les différents textes qu’il a réunis dans ce volume.
 
De quel genre relève L’esprit sociologique s’interroge Bernard Lahire ? Recueil d’articles révisés et de textes de conférences inédits, cet ouvrage s’inscrit, suivant l’auteur, dans la lignée des anti-manuels . En butte à l’esprit œcuménique qui anime les rédacteurs des ouvrages de synthèse, généralement soucieux de présenter, à parité, des approches sociologiques de qualité (théorique, méthodologique et empirique) pourtant fort inégale, Bernard Lahire assume des choix sociologiques, c’est-à-dire qu’il soutient comme il égratigne certaines « postures de recherche » présentes au sein de la bien fantasmatique « communauté » des sociologues. Qu’elles contribuent à améliorer l’imagination sociologique constitue le principal vecteur d’appréciation. Qu’elles participent à la fragilisation du raisonnement sociologique positionne le spectre des détestations. Comment s’établit la ligne de partage ? Sur quels critères l’auteur entreprend-il de cliver les pratiques se revendiquant toutes, au demeurant, de la sociologie ? Et son argumentation est-elle convaincante ?
Prenant appui sur le triptyque énoncé par Bernard Lahire, il s’agirait alors d’évaluer la « persuasion argumentative » en présentant les éléments à charge et à décharge, de contrôler le respect d’une « exigence méthodologique » dans l’ordre de l’exposition des thèses en concurrence et de s’assurer de la soumission à une « sévérité empirique » (p.18) dans toutes les phases où des « données » sont avancées en soutien des développements sociologiques. De fait, et bien que le lecteur souscrive également à la nécessité de conduire cette triple critique, théorique, méthodologique et empirique, il est ici proposer de se prêter à un autre exercice. L’intention sera de chercher, dans la sociologie de Bernard Lahire elle-même, les éléments utiles pour « compléter » l’épistémologie promue dans L’esprit sociologique .
Quatorze chapitres permettent de donner corps aux orientations sociologiques que Bernard Lahire fait travailler en cherchant systématiquement à repérer ce qu’elles ont dans le « coffre » (pour souvent, en conclusion, leur faire rendre gorge). Se positionnant lui-même dans une filiation critique par rapport à Pierre Bourdieu, Bernard Lahire défend un programme de recherche qu’il qualifie de « dispositionnaliste et contextualiste ». « Il s’agit fondamentalement, précise-t-il, d’une sociologie de la socialisation qui étudie les traces dispositionnelles laissées par les expériences sociales et la manière dont ces dispositions à sentir, à croire et à agir sont déclenchées (ou mises en veille) dans des contextes d’action variés » (p. 315). Ces prémices rendent intelligibles les raisons pour lesquelles les grilles de lecture atomistes du social et les conceptions naturalistes réduisant les effets de la socialisation à la portion congrue font l’objet de développements analytiques particulièrement sévères. Elles éclairent également les motifs qui aboutissent à âprement délégitimer dans leurs prétentions heuristiques tant l’« épistémologie » relativiste qui conduit à faire du propos sociologique un discours parmi d’autres que l’offre théorique de haute volée conceptuelle introduisant une systématicité des réponses sociologiques à des problématiques de l’action différenciées (selon les lieux d’exécution, les moments d’activation et les partenaires de l’action). Si le « cas » Élizabeth Teissier est emblématique d’une série de « dysfonctionnements » de la « communauté » sociologique, l’auteur procède au fond à une critique en règle des sociologues « ne possédant pas le métier ». Se dégagent alors des règles de la méthode sociologique que l’on trouve exprimées au fil des différents chapitres. Des règles de la description contrôlée, de l’interprétation raisonnée et de l’objectivation assumée, on peu

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