Psychothérapies
433 pages
Français

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Description

Comment guérit-on de troubles psychiques ? Quelle psychothérapie nous donne le plus de chances de guérir ? Est-on sûr que tout n'aurait pas fini par s'arranger de soi-même ? Dans ce livre, Tobie Nathan et ses collègues passent au crible toutes les méthodes thérapeutiques qu'offre la psychologie actuelle : psychanalyse, ethnoanalyse, thérapie cognitive, comportementale, systémique... Leurs dispositifs thérapeutiques - du divan à l'amulette -, leurs manières de prendre en charge les traumatismes psychiques, leurs effets thérapeutiques et leur efficacité sont minutieusement décrits et analysés. À lire avant de consulter...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 1998
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738140890
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, MARS 1998 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4089-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Introduction

Un psychiatre ou même un médecin généraliste vous a conseillé d’entreprendre une psychothérapie. Un instituteur, une assistante sociale, une voisine, une amie a trouvé qu’il serait judicieux de conduire votre enfant chez un psychothérapeute. Lecteur curieux, humaniste éclairé, vous avez envie d’aller fouiller en vous-même, de « vous remettre en question », comme on dit quelquefois. Étudiant en psychologie ou en psychiatrie, vous souhaitez vous familiariser avec la pratique d’une technique psychothérapique. Chercheur, praticien ou simplement « amateur averti » de telle science humaine, vous souhaitez vous faire une opinion sur un type de pratiques de plus en plus répandues en France, comme dans toute société moderne. Peut-être même qu’ayant déjà entamé une psychothérapie ou une psychanalyse, vous avez envie de découvrir les motifs profonds, de comprendre, de réfléchir sur les conséquences de votre décision. Il se peut enfin que psychothérapeute vous-même, méditant sur votre parcours, vous vous étonniez d’un choix qui a souvent tenu du hasard. Pourquoi telle école, telle technique, tel didacticien ? Déteniez-vous à l’époque de votre engagement dans la profession les informations vous permettant de réellement choisir ? Car de psychothérapies, il en existe des centaines (de cent à quatre cents selon la façon de les dénombrer). En ce domaine, la règle est pléthore ; qui plus est, chacune se présente avec des arguments convaincants : des faits qui résonnent avec tel élément de votre expérience intime, des démonstrations qui semblent couler de source, des arguments irréfutables. Et pourtant, la plupart du temps, leurs explications du désordre sont contradictoires entre elles. Plus encore : les définitions, les descriptions du mal sur lequel ces techniques se proposent d’agir diffèrent radicalement d’une pensée à une autre.
Or, il est urgent d’entamer le débat de fond car les psychothérapies sont — et seront encore plus dans la décennie à venir — en plein essor. Certaines estimations évaluent à quinze mille le nombre actuel de psychothérapeutes en France, probablement le double dans dix ans. De plus, les pays voisins, nos partenaires européens, commencent à réfléchir sérieusement à un statut de la profession, à l’habilitation de formations spécifiques ; des lois ont dernièrement été votées par les parlements italien et allemand. Des associations interprofessionnelles se sont constituées et discutent entre elles à l’échelle de l’Europe. N’allons-nous pas trop vite en besogne ? Avons-nous déjà suffisamment éclairci les enjeux non seulement cliniques, mais aussi institutionnels et sociaux de la profession de psychothérapeute ?
Échapper aux discours partisans, entamer l’indispensable discussion de fond, tel est le pari de ce livre qui tente d’éviter deux écueils. Le premier qui aurait été de prendre le parti d’une théorie et d’une seule (par exemple : psychanalytique, systémique, émotionnelle, cognitive…), disqualifiant de ce fait toutes les autres et contribuant ainsi à repousser encore une fois la véritable discussion. Le second qui aurait été de procéder à une énumération neutre des psychothérapies existantes, évitant d’aborder les tensions qui animent intensément le domaine. C’est ainsi que nous avons procédé à un choix. Nous avons décidé d’aborder quatre grands problèmes traversant toutes les psychothérapies, quatre grandes questions sur lesquelles les recherches des vingt dernières années ont apporté des éléments nouveaux et, du moins le pensons-nous, décisifs. Certes, ces quatre questions sont loin d’épuiser le champ, mais traversent chaque psychothérapie qui a nécessairement dû y répondre pour se constituer.
— Que fait réellement le thérapeute ?
— Peut-on évaluer le type d’interaction qu’il établit avec son client ?
— Peut-on évaluer l’efficacité de l’entreprise ?
— Quelle est la position de sa méthode quant à la notion de traumatisme ?
En procédant de cette manière, transversalement, nous espérons avoir fait un pas en direction d’une théorie générale de la psychothérapie, en tout cas indiqué le chemin. Il nous a également semblé fournir ainsi quelques solides outils permettant au lecteur, quels que soient par ailleurs les motifs de son intérêt pour ce champ, de se frayer un chemin rationnel et argumenté.
Car notre livre contient tout de même un présupposé : la psychothérapie, comme toute pratique, est susceptible d’analyses méticuleuses, d’argumentations rationnelles. Fournir les éléments pour développer ces argumentations, c’est ce que nous estimions devoir à nos patients, à nos clients, à nos étudiants et, bien sûr, à la communauté des psychothérapeutes.
Paris, janvier 1998
Éléments de psychothérapie

Tobie N ATHAN


Problématiques

Définitions

Psycho-thérapie , thérapeutique par l’esprit 1 — autrement dit qui ne fait pas appel à l’arsenal chimique. La psychothérapie consiste donc en une intervention non armée destinée à agir sur un organe à la localisation incertaine, que l’on désigne habituellement par le mot psyché 2 .
Cette définition, généralement acceptée par les professionnels, n’est cependant pas celle que j’adopterai ici ; et cela pour plusieurs raisons.
Par son opposition à la chimiothérapie, elle admet comme prémisse non seulement que le sujet peut être scindé en deux éléments — disons pour simplifier : le corps et l’esprit — mais elle sous-entend, de plus, que ce type de partage est le seul pertinent. Elle suppose donc au départ la principale thèse qu’elle devrait démontrer pour construire son objet : l’existence d’un tel organe, l’existence d’une psyché.
En privilégiant cet organe particulier, elle exclut de fait la majorité des thérapeutiques 3 à l’aide desquelles sont très souvent traités les malades à travers le monde et qui prétendent agir non pas sur la psyché, sur l’âme ou la « pensée », mais sur des invisibles (esprits, divinités, morts), et non par la parole ou en déclenchant des émotions mais par l’intermédiaire de rituels , de sacrifices animaux , de fabrication d’amulettes de prières  ou d’ extraction d’objets-sorts , etc. 4
Elle est d’essence strictement laïque , rejetant toute intervention de non-humains — divinités, esprits, démons —ou d’actions invisibles — sorcellerie, maléfices, envoûtement — ce qui, une fois de plus, bannit de son champ la grande majorité des soins réellement administrés aux malades.
On peut raisonnablement estimer qu’une grande majorité de la population de la planète est, non seulement soignée, mais généralement guérie par de telles méthodes.
Ne serait-ce que pour ces raisons, la définition proposée au départ, qui semblait a priori de consensus, est, en fait, inacceptable. On pourrait opposer qu’en simplifiant le domaine de la sorte, la psychothérapie ne fait rien de moins que rendre possible une approche scientifique de la psyché et que les faits exclus dans un premier temps seront intégrés par la suite. N’est-ce pas ainsi qu’ont procédé bien des sciences avant elle ? Et l’on pensera sans doute à la façon dont la chimie s’est détachée de l’alchimie et l’astronomie de l’astrologie. Sans doute ! Mais les astres et les métaux donnent rarement leur avis… Alors que, après une centaine d’années d’existence, à considérer les pratiques concrètes des populations, leur fidélité aux systèmes de thérapie non savants 5 , on peut dire que la psychothérapie n’est pas parvenue à convaincre ses usagers du monopole qu’elle s’était arrogé a priori . Car un tel monopole ne saurait se décréter : il s’impose à tous par son efficacité puis se constate 6 .

Par souci de rigueur, mais aussi afin de s’approcher de la réalité concrète des pratiques, je propose d’englober dans le terme « psychothérapie 7  » toute procédure d’influence destinée à modifier radicalement, profondément et durablement une personne, une famille ou simplement une situation, et cela à partir d’une intention « thérapeutique 8  ».
Une telle définition présente à mes yeux plusieurs avantages. D’abord, elle m’amène à considérer sur le même plan, c’est-à-dire en tant que pratiques légitimes, efficaces et intéressantes, les psychothérapies savantes qui prétendent découler d’observations scientifiques de la nature, celles auxquelles on pense spontanément lorsqu’on prononce le mot « psychothérapie » ; les thérapeutiques que l’on nomme parfois « traditionnelles » — celles qui ont cours dans les sociétés non occidentales — dont il faut dire que c’est par une sorte d’abus de langage qu’on les désigne parfois comme psycho- thérapies puisqu’elles peuvent tout aussi bien être considérées comme socio-, ethno - et, bien sûr, théo- thérapies ; les néo formations thérapeutiques, généralement d’inspiration religieuse, qui se multiplient d’un bout à l’autre de la planète dans des églises syncrétiques, généralement sous l’impulsion de prophètes charismatiques 9 .
Précisons que ces trois grands groupes de dispositifs thérapeutiques peuvent à leur tour être divisés en une quantité de sous-groupes. On sait par exemple que les psychothérapies dites « scientifiques » se comptent en Occident par centaines (entre trois et quatre cents, selon les classifications). Par ailleurs, chaque groupe et

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