Proposition pour une rythmologie de la mobilité et des sociétés contemporaines
113 pages
Français

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Description

Il est 21 heures, Barbara et Maxime s'écroulent dans le canapé. Ils viennent de coucher le petit dernier. Il leur faut encore s’organiser pour la journée de demain. Maxime quittera la maison à l’aube pour éviter les embouteillages et Barbara suivra pour une présentation du travail d’une année à ses employeurs. Qui s’occupera des enfants ? Les esprits s’échauffent autour du même débat : il faut que l’un d’eux passe à 80% pour prendre soin des enfants et de la maison. Comme nombre de nos contemporains, Barbara et Maxime ressentent de plus en plus le manque de temps pour leur travail, leurs enfants et leur couple. Ils se sentent souvent prisonniers d’un rythme de vie toujours plus soutenu, soumis à des arbitrages permanents entre vie professionnelle, vie familiale et vie personnelle.
Issu des recherches en cours sur l’accélération sociale et les rythmes de vie individuels ou collectifs, cet ouvrage milite pour un changement de regard sur les sociétés contemporaines en proposant une approche rythmique de la mobilité et des modes de vie. Cette proposition s’appuie sur l’analyse des comportements spatio-temporels et du rapport au temps chez des couples biactifs qui doivent concilier famille, travail et mobilité quotidienne. Les résultats mettent en perspective les importantes tensions liées à la gestion des temps quotidiens et suggèrent des formes de vulnérabilités temporelles qu’il s’agit de prendre en compte. Ils témoignent aussi des aptitudes développées par les couples pour gérer ces contraintes et des formes de mobilisation des ressources déployées dans la conduite de la vie quotidienne.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889302383
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «  Espaces, mobilités et sociétés  » investigue les dimensions spatiales des sociétés humaines. Elle s’intéresse notamment au développement et à la reconfiguration de différents espaces (villes, régions, réseaux, etc.) sous l’angle des diverses formes de mobilité (migration, mobilité résidentielle, mobilité quotidienne, etc.). Si la géographie humaine occupe une place de choix, la collection est également ouverte à d’autres disciplines telles que l’urbanisme, la sociologie ou l’économie territoriale.
La collection « Espaces, mobilités et sociétés », publiée aux Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, est dirigée par Patrick Rérat .
ISSN 2504-4931 pour la collection Espaces, mobilités et sociétés des Éditions Alphil-Presses universitaires suisses
Déjà paru :
1.   R ÉRAT  Patrick, Habiter la ville. Évolution démographique et attractivité résidentielle d’une ville-centre , 2010.
2. R ÉRAT  Patrick, P IGUET  Étienne (éd.), « La pensée du monde ». Une société de géographie à la Belle Époque , 2011.
3. T HOMAS  Marie-Paule, Urbanisme et modes de vie. Enquête sur les choix résidentiels des familles en Suisse , 2013.
4. R ÉRAT  Patrick, Après le diplôme. Les parcours migratoires au sortir des hautes écoles , 2013.
5. K AUFMANN  Vincent, R AVALET  Emmanuel, D UPUIT  Élodie (dir.), Motilité et mobilité : mode d’emploi , 2015.
6. M UNAFÒ  Sébastien, La ville compacte remise en cause ? Formes urbaines et mobilités de loisirs , 2016.
7. R ÉRAT Patrick, Au travail à vélo… La pratique utilitaire de la bicyclette en Suisse , 2019.
8. D REVON Guillaume, Proposition pour une rythmologie de la mobilité et des sociétés contemporaines , 2019.
9. D UBOIS Yann, Frontières et mobilité au quotidien. Modes de vie dans l’agglomération trinationale de Bâle , 2019.


© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2019
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
 
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
ISBN papier : 978-2-88930-236-9
ISBN EPUB : 978-2-88930-238-3
 
ISSN 2504-4931 : Pour la collection Espaces, mobilités et sociétés des Éditions Alphil-Presses universitaires suisses
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
La recherche présentée dans cet ouvrage a été financée par le Fonds National de la Recherche luxembourgeois (FNR) dans le cadre du programme Aides à la Formation Recherche (AFR).
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
 
Illustration de couverture : ©Shutterstock, MicroOne
 
Responsable d’édition : François Lapeyronie
 
Couverture : maquette et réalisation : Nusbaumer-graphistes sàrl, www.nusbaumer.ch


Préface
Luc Gwiazdzinski 1
Tournant temporel et rythmique de la géographie
Dans un système monde complexe où les cartes et les géographies se démodent très vite, le géographe doit changer de regard, de méthodes et d’outils pour aborder la complexité des « mondes » (D ESCOLA , 2014) en mouvement, repérer les nouveaux arrangements à l’œuvre et les nouveaux modes de vie qui se déploient. S’il est assez banal d’évoquer les relations espace-temps de façon philosophique ou par rapport à la physique, l’approche de l’individu, de la ville et du territoire en termes d’espace-temps est beaucoup plus rare et souvent insuffisante. Celle en termes de « rythme » pourrait constituer une avancée, voire un paradigme nouveau se substituant aux concepts transversaux précédents (M ICHON , 2011).
Mutations à l’œuvre. Notre société « hypermoderne » (L IPOVETSKY , 2004) et « liquide » (B AUMAN , 2000) revoit ses rapports à l’espace et au temps (G WIAZDZINSKI , 2007), à l’urgence (A UBERT , 2003), à la vitesse (V IRILIO , 2010), au travail (G ORZ , 1988), aux loisirs (V IARD , 2002), à la sécurité (B ECK , 2001), à la mobilité (U RRY , 2005 ; K AUFMANN , 2008) au « bien-être » (B AILLY , 1981) et à la « nature ». Nos institutions (État, collectivités, école, entreprises, famille, etc.) entrent en mutation. Entre mondialisation et métropolisation, les rythmes de nos vies et de nos villes sont bousculés, faisant éclater les cadres spatio-temporels classiques de la quotidienneté, les mobilités et les limites des territoires et des calendriers d’usage (G WIAZDZINSKI , 2001, 2007). On sait depuis S IMMEL (2013) que c’est particulièrement vrai dans les grandes villes où ce qui caractérise l’existence est «  l’intensification de la vie nerveuse  ».
Contraintes, conflits et nouveaux arrangements. Unifiés par l’information, les hommes n’ont sans doute jamais vécu des territorialités et des temporalités aussi disloquées. Individus « polytopiques » (S TOCK , 2006), nous passons nos journées à jongler entre les espaces et les temps éclatés de la ville « polychronique » (H ALL , 1984). Les statuts changent, les échelles et les frontières deviennent plus floues. Les figures de la fragmentation, de l’archipel et de l’intermittence (G WIAZDZINSKI , 2012) s’imposent en même temps que s’effacent les anciennes certitudes et les images stables et rassurantes de la modernité. Le temps des organisations, des métiers, des lieux de travail ou d’habitation uniques et le temps des activités « monochrones » semble révolu. Les frontières entre travail et loisirs deviennent poreuses. L’hybridation des espaces, des temps et des activités se généralise pour des individus hypermodernes qui ont souvent peur d’arbitrer, veulent tout être à la fois et privilégient la réversibilité de leurs décisions et la malléabilité de la ville et des territoires. L’irruption des TIC brouille les rapports entre l’espace et le temps, l’ici et l’ailleurs, le réel et le virtuel, l’individu et les communautés. Le capitalisme accéléré entre en conflit avec le tempo nécessairement plus lent des politiques démocratiques (S HEUERMANN, R OSA , 2009). Le temps mondial en continu de l’économie et des réseaux se heurte aux rythmes circadiens de nos vies et de nos villes. Confrontés à des mutations, décalages et logiques contradictoires, les territoires définis comme «  des réalités complexes formées d’éléments variés  » (B AREL , 1986) deviennent tout naturellement des champs de bataille, de recherche ou d’expérimentation. L’effacement progressif de l’unité de temps, de lieu et d’action des institutions oblige à de nouveaux arrangements, assemblages et configurations à l’échelle des individus, des organisations et des territoires.
Changement de regard. Les mutations en cours bouleversent nos habitudes et nos disciplines. On ne peut assurément plus observer nos environnements, nos sociétés et nos modes de vie avec les lunettes d’hier. Les chercheurs doivent changer de paradigme pour imaginer d’autres modes d’observation, de représentation et d’analyse des mondes en mouvement, construire d’autres formes d’intelligence collective, d’organisation et de coopération pour « habiter » la planète comme «  un mode de connaissance du monde et un type de relations affectives loin d’une approche abstraite ou technocratique de l’espace  » (D ARDEL , 1952). En ce sens, on a assisté au cours des dernières années à de nombreux « tournants » dans les sciences sociales qui poussent certains à ironiser sur le cercle décrit par nos disciplines : « tournant spatial » en sciences sociales, tournant de la « mobilité » (S HELLER , U RRY , 2006), tournant « émotionnel », tournant « expérientiel » voire « tournant temporel » et « rythmique » qui s’esquissent en géographie, aménagement et urbanisme.
Long oubli. Quand elle s’est intéressée aux approches temporelles, la recherche urbaine a longtemps privilé

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