Pourquoi les femmes souffrent-elles davantage et vivent-elles plus longtemps ? , livre ebook

Odile Jacob - Jean Belaïsch , Anne de Kervasdoué

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

214 pages

Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

A propos
Informations
Extrait

Description

Ce livre, aux confins du corps et de l’esprit, parle des douleurs chroniques, rebelles à tout traitement et dont on ne comprend ni l’origine ni la raison : maladie de Lyme, fibromyalgie, maladie de Gougerot-Sjögren, migraines inexpliquées, acouphènes, etc., autant d’affections qui causent une souffrance physique et psychologique parfois insupportable. Ces douleurs touchent davantage les femmes qui, au terme d’un véritable parcours du combattant, s’entendent souvent dire : « Vous n’avez rien ! Allez voir un psy ! » Or, souvent, ces douleurs ne sont pas imaginaires, mais peuvent correspondre à une maladie rare. Et même quand elles expriment une souffrance psychologique, elles doivent être reconnues et traitées en tant que telles. À partir d’histoires vécues, les auteurs expliquent les mécanismes de la douleur et explorent les connexions entre le physique et le mental ; ils tentent de comprendre pourquoi les femmes sont plus exposées et ils aident ceux et celles qui souffrent à reprendre le pouvoir sur le corps : quels sont les médicaments de la douleur et les techniques thérapeutiques ?Un livre sensible, écrit par deux cliniciens qui côtoient quotidiennement des patient(e)s découragé(e)s que l’on culpabilise en leur disant que « c’est dans la tête » et qui explique pourquoi les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la douleur. Anne de Kervasdoué est gynécologue. Elle est l’auteur de Questions de femmes. Jean Belaïsch est andrologue et gynécologue, spécialiste des questions de stérilité. Avec Anne de Kervasdoué, il est l’auteur de Questions d’hommes.

Sujets

Feminism

Sociologie, société et politique

Social Science

Feminist Theory

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	20 janvier 2005
Nombre de lectures	0
EAN13	9782738183385
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, JANVIER 2005
15 , RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8338-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction

Ce livre s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes qui souffrent au quotidien ou par épisodes d’une douleur chronique physique, quelle qu’elle soit, où qu’elle soit, depuis des mois, voire des années.
Cette douleur peut faire suite à un épisode aigu, un accident, une intervention chirurgicale, ou bien survenir insidieusement sans que l’on sache pourquoi ni comment. Sa caractéristique est d’être récidivante, pénible, rebelle à de nombreux traitements, souvent inexpliquée et embarrassante pour le médecin.

C’est la femme qui consulte plus facilement et plus tôt le médecin dès qu’elle souffre. Il est vrai qu’elle a davantage l’occasion de le voir pour elle ou pour ses enfants ; elle éprouve moins de honte qu’un homme à lui en parler. La douleur lui est familière, presque naturelle. Mais elle est peut-être annonciatrice d’une maladie grave. Alors, elle se dit qu’il vaut mieux savoir et guérir, avant que cela ne soit trop tard.
L’homme souffre aussi de douleurs chroniques et sa souffrance morale est parfois pire, car il n’ose la faire partager. Il répugne à consulter au départ ; il n’a généralement pas de médecin. Il attend plus longtemps. Il attend que cela se passe ou que cela devienne intenable. Quand il le fait, le médecin se doute que c’est plus grave, plus sérieux, il l’écoute avec plus d’attention.
Les maladies chroniques douloureuses, celles qui ne mettent pas la vie en danger mais qui empoisonnent l’existence, touchent nettement plus souvent les femmes que les hommes. Pourquoi ? Nous avons eu la surprise de constater que peu de recherches se sont consacrées à ce sujet et que leurs résultats aboutissent à davantage d’hypothèses, parfois contradictoires, que d’affirmations. Cependant, celles-ci présentent un réel intérêt et nous vous livrerons ici leurs principales conclusions.
Trop souvent le malade s’entend dire : « Madame – ou Monsieur –, vous n’avez rien ! Tous vos examens sont normaux. »
Que ce « vous n’avez rien » s’adresse à un homme ou à une femme, il soulage au départ celui qui souffre. Il est presque heureux de l’entendre la première fois. Cette phrase le rassure. Mais si la douleur persiste ou revient, et si les explications n’ont pas été suffisamment claires, elle finit par l’irriter, l’inquiéter, voire le désespérer, car elle sonne comme une négation de la souffrance et de l’énergie dépensée en vain. Il ne supporte plus de l’entendre et finit même par la redouter. « Docteur, ne me dites surtout pas que c’est imaginaire ; j’ai vraiment mal ! »
La douleur rebelle soulève à terme les mêmes interrogations sur son corps, et les mêmes doutes sur nous-mêmes et le sens de notre vie. Elle inquiète, lasse, déstabilise la personnalité de celui qui la subit, et peut même parfois entraîner une véritable dépression qui sensibilisera encore un peu plus à la douleur.
En réalité, cette douleur chronique est beaucoup plus qu’une douleur. Elle devient quasiment une deuxième maladie qui s’ajoute à la maladie initiale mal définie et apparemment tenace. Physique au départ, elle prend une dimension morale et se transforme en état de souffrance. « Perpétuelle insomnie de bien-être, elle désespère, dévalorise, handicape ; elle envahit tout l’être, les émotions, les discours, l’imaginaire ; elle colore l’histoire du patient, déteint sur ses proches, sculpte son empreinte physique, psychique, culturelle et spirituelle 1 . »

Aussi, si des épisodes douloureux rebelles viennent s’installer un beau jour dans votre vie – à moins qu’ils ne vous soient déjà familiers depuis longtemps –, s’ils gagnent progressivement du terrain, venant freiner le cours de votre existence jusqu’à menacer votre vie intérieure.
Si, malgré les médecins consultés et les tentatives thérapeutiques couronnées de succès divers, vous vous heurtez au même malaise, au même sentiment d’impuissance du médecin, aux mêmes phrases : « Tout est normal » ou « Je ne vois pas ce que je peux faire de plus pour vous » ou encore « Vous devriez consulter un psy, c’est dans la tête ».
Si vous éprouvez toujours l’envie de vous plaindre mais n’osez plus le faire par peur de lasser ou d’agacer votre entourage, car cette douleur-là a perdu son caractère spectaculaire et l’attrait de la nouveauté et même sa réalité pour les autres.
Si votre esprit reste obnubilé à la longue par la présence de cette douleur qui vous harcèle et vous persécute, et par la crainte de sa récidive ; si elle fait naître en vous ou ravive au fil du temps les mêmes sentiments de dévalorisation, de vulnérabilité, de culpabilité ou de désespoir.
Si toujours à la recherche de la cause de cette affection pénalisante, vous aspirez à comprendre son origine ou son mécanisme, ou simplement à pouvoir lui donner un nom.
Si à défaut d’identification, vous êtes en quête d’un sens à donner à votre douleur : « Mais qu’ai-je fait ? », « Pourquoi cela m’arrive-t-il ? », « Pourquoi à cet endroit-là ? ».
Si vous avez l’impression d’avoir perdu votre énergie et votre enthousiasme habituels à force de vivre en sa compagnie et si vous ne vous reconnaissez plus dans le personnage amoindri et plaintif que vous êtes devenu ; car la douleur, en altérant l’image que vous avez de vous-même, a créé une blessure narcissique durable qui ravive les autres plus anciennes.
Si vous refusez la fatalité et décidez de vous battre pour rompre le cercle vicieux dans lequel elle vous a enfermé.
Enfin, si vous êtes parent ou ami de celui ou de celle qui vous parle de ses douleurs à chacune de vos rencontres, si vous ne savez plus quoi lui dire ni quoi lui conseiller ; si vous ne voulez pas, même lassé par ses plaintes incessantes, assister impuissant à la dégradation morale d’une personne qui vous est chère :
Alors ce livre vous est destiné .

C’est pour vous que nous l’avons écrit, c’est en pensant à vous que nous avons élaboré ces histoires de vie et les réflexions qui les accompagnent pour tenter de vous aider à mieux comprendre ce que personne n’arrive à comprendre.
À travers des histoires de douleurs répétitives vécues, des plus banales aux plus insolites, des plus sourdes aux plus intenses, des plus évidentes aux plus incompréhensibles, des plus connues aux plus surprenantes, nous avons cherché à vous sensibiliser à la réalité de ces douleurs – aucune n’est un produit imaginaire –, mais aussi aux solutions, parfois inattendues, que l’on peut y apporter. Derrière chaque douleur se cache un mal, souvent sans gravité, qu’il faut savoir dépister avant qu’il ne s’installe pour longtemps. Ces histoires, nous l’espérons, parlent d’elles-mêmes. Dans chacune, vous retrouverez peut-être un morceau de la vôtre pour vous aider à reconstituer le puzzle de votre souffrance et mieux la vaincre.
Ce livre n’est pas une encyclopédie médicale sur la douleur chronique. Il est loin d’être exhaustif ; il n’aborde notamment pas les douleurs du sida ni du cancer. Il est plutôt conçu comme un reportage sur ceux qui souffrent d’une douleur rebelle dont l’origine reste encore mystérieuse aussi bien pour le patient que pour le médecin. Son intention est d’aller à la rencontre de celui ou de celle qui éprouve la solitude de la souffrance physique et morale devant une maladie chronique dénuée de malignité. Il se veut surtout un compagnon de route, à mi-chemin entre l’information médicale et la réflexion.
Il s’ouvre sur des histoires vécues qui sont de véritables parcours du combattant contre des maux pour la plupart encore inexpliqués, imprévisibles ou chroniques dont l’origine n’est pas toujours facile à découvrir car ils se situent souvent aux confins du psychisme et de l’organique. Parfois, comme dans la migraine, la fibromyalgie ou la cystopathie à urines claires, la douleur constitue l’unique expression de la maladie.
Entre tous ces maux encore bien mystérieux il a fallu choisir, et ce choix n’a pas été facile. Parce que nos goûts personnels et nos connaissances nous orientaient plutôt dans cette direction, nous avons opté pour les douleurs liées au fonctionnement des organes (ce que les médecins appellent la physiologie) et non celles dont l’origine est mécanique. Ce sont celles qui conduisent le plus souvent à l’errance médicale et aux tourments de l’esprit.
Enfin, cet ouvrage aborde aussi la question de la longévité des hommes et des femmes. Celles-ci vivent nettement plus longtemps que les hommes, et ce, dans tous les pays. On sait maintenant avec plus de précision pourquoi, bien qu’il reste encore une part d’inconnu. Est-ce en raison de leur « constitution » plus robuste, ou parce qu’elles savent mieux mettre en œuvre des stratégies pour faire face à leurs maladies ?

C’est à vous aussi, médecins confrontés à ces douleurs, que s’adresse ce livre. Nous partageons avec vous le même désarroi, le même sentiment d’impuissance devant la douleur sans cesse répétée, sans cause visible ni traitement durable, et les mêmes frustrations devant le temps qui nous est compté, ce temps si précieux pour écouter les plaintes de nos malades afin de les comprendre et leur donner les explications nécessaires pour adapter leur traitement. La douleur ne cesse de nous réinterroger sur nos attitudes, nos comportements et nos choix