Pour une sagesse moderne : Les psychothérapies de 3e génération
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Pour une sagesse moderne : Les psychothérapies de 3e génération , livre ebook

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Description

Comment se préparer à mieux affronter un monde de changements tout en restant libre et authentique ?Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se sentent coupés d’eux-mêmes. Les valeurs humaines d’écoute, de respect, d’ouverture du cœur ne sont plus au centre de nos préoccupations. Pourtant, plus que jamais, nous avons besoin de développer ces qualités de sagesse pour nous adapter à ce monde mouvant aux stress multiples. Sans lucidité et sans douceur envers notre part humaine, le risque est grand de sombrer dans la dépression, l’anxiété ou l’agressivité. D’où l’intérêt pour chacun de s’initier à de nouveaux modes de pensée, ce que proposent les psychothérapies nouvelles, dites de troisième génération. Fondées sur l’acceptation des émotions, la méditation et la pleine conscience, elles représentent une nouvelle voie pour être à la fois libre et lié aux autres. Yasmine Liénard est médecin psychiatre, praticien attaché de consultation au sein de l’hôpital Cochin-pavillon Tarnier, elle conduit des groupes de thérapie cognitive fondée sur la pleine conscience.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738194527
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MAI 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-9452-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Myriam, à Sarah À ma mère À mon père À Hasna À la mémoire de Jeanne
Avant-propos

Il est urgent de penser autrement. Il est urgent d’être sage.
Je suis psychiatre et ma consultation est remplie d’êtres désœuvrés, sans repères, vidés de leur sève, fantomatiques.
Ces personnes ont le sentiment de subir leur vie. Elles ne savent plus quelle est leur place, ou du moins ne l’ont-elles jamais su. Elles ne savent pas ce qu’elles désirent et errent de travail en travail, traînant les pieds pour prendre le métro aux heures de pointe. Elles sont parfois seules, sans compagnon, et s’en désolent, ou vivent en couple, mais là il s’agit plutôt d’un lieu de déchirement que d’amour.
Elles mangent sans avoir faim, boivent sans avoir soif, fument pour passer le temps. Leur état intérieur est une torture. Dès que leur esprit trouve un moment de calme, elles s’en emparent pour raconter les pires choses sur l’humain, sur l’avenir, sur le monde. La dépression est un enracinement que la pensée morbide permet, l’anxiété une tentative d’évasion vers d’autres possibles…
Les névroses signent notre temps et, ce qui frappe aujourd’hui, c’est qu’elles ne sont plus circonscrites au domaine de l’histoire personnelle, elles sont devenues une modalité d’être en rapport avec l’autre, la société, la condition humaine. On ne sait plus penser car il semble qu’on doive réapprendre à penser pour s’adapter à de nouvelles donnes.
Le temps n’est pas à la désolation mais au travail. Il n’a jamais été aussi urgent de se mettre au travail pour savoir comment s’adapter à cette période de l’histoire où de très nombreux systèmes ont montré leur inefficacité à assurer le confort du peuple et où la plupart des dogmes ont montré leurs limites.
L’homme est totalement sans repères. Et lorsque les gens consultent des psys, ce qui devient de plus en plus fréquent, ils espèrent trouver une réponse à leur désarroi et à leur vie vide de sens.
Ne tombons pas dans l’écueil des solutions faciles, de « bien-être » pour soulager « sur le moment ». Réfléchissons. Nous avons, nous psychiatres, nous psychothérapeutes, un rôle majeur à jouer. Quel est-il ?
Apprendre aux gens à s’adapter. À survivre. Et surtout à mieux penser pour acquérir leur autonomie, en somme leur liberté.
Or il est impossible de penser la liberté sans s’ancrer dans la réalité de ce monde et constater qu’il s’agit d’une lourde tâche.
Devenir autonome et cesser d’être autodestructeur sont bien les enjeux de la psychothérapie.
Ses buts sont de développer une meilleure santé de l’individu mais également de lui permettre de mieux vivre dans sa communauté, c’est-à-dire en lien avec les autres.
En effet, la personne névrosée, le dépressif, la personne anorexique mais aussi le cadre stressé ou l’agent social en burn-out sont pris dans leurs nœuds mentaux, et s’isolent la plupart du temps dans un rapport au monde très nombriliste. Ce ne sont pas des égoïstes. Simplement ils ne savent pas faire autrement. Ils n’ont pas eu de réponse à ce qu’est un être humain : comment il interagit avec les autres êtres humains, quel est le juste rapport au travail, jusqu’où être gentil, jusqu’où s’affirmer tout en restant digne.
Une pensée dichotomique, c’est-à-dire une pensée du « tout ou rien », est forcément un écueil pour trouver des solutions. Or c’est souvent ce que les gens choisissent pour tenter de comprendre le monde. Qui est beau, qui est laid ? Qui réussit, qui ne réussit pas ? Faut-il être violent ou alors un « loser » ?
Nous expliquerons plus loin en quoi nos tentatives de compréhension du monde peuvent nous donner une perception fausse de la réalité et causer notre souffrance. Le rôle des psychothérapies est d’aider les personnes à devenir plus intelligentes dans le sens qu’elles ont à développer une intelligence plus vaste que la leur, une vision plus lucide de la réalité pour agir de manière plus adéquate pour leur propre équilibre.
Les personnes qui consultent des psys le savent : elles ne viennent pas chercher le bien-être ou un réconfort. Elles viennent pour qu’on les aide à devenir des individus solides, responsables, prenant une vraie place active dans la société. Nous sommes donc là, nous les psys, pour les aider à penser mieux et à les éduquer.
Or, aujourd’hui, il est formidable de constater que nous avons des outils très concrets, efficaces et qui peuvent se coordonner entre eux pour peu qu’on réfléchisse à leurs articulations.
Il s’agit de techniques qui permettent d’abandonner ses fausses croyances, ses fausses interprétations et de ne pas se laisser engluer dans des émotions destructrices.
Ces techniques sont issues de la mouvance des thérapies cognitives et comportementales ou elles empruntent leur spécificité à une vision de l’esprit humain venue d’Orient, c’est ainsi le cas des thérapies inspirées du bouddhisme. D’autres pratiques peuvent se déduire de travaux théoriques sur les racines de la souffrance humaine.
Il est possible aujourd’hui d’offrir à un large public de personnes qui vont mal des moyens pour reprendre un peu pied, trouver la berge pour sortir de l’eau.
Et l’enjeu véritable est bien de penser l’individu et son lien avec son monde. Et tenter de définir ce qui nous anime, c’est-à-dire connaître nos valeurs. Cela est extrêmement riche et devrait nous interpeller, car a-t-on seulement pris le temps de penser ce sujet des valeurs en dehors du traitement de la névrose, c’est-à-dire à l’échelle de la société ?
Développement de l’individu et vie en communauté sont les deux axes sur lesquels l’homme, aujourd’hui, doit progresser pour que la dignité, l’éthique, l’amour, la compassion reprennent un peu leur place dans notre époque.
Il s’agit donc pour nous tous de développer une sagesse résolument moderne.
Voici un chemin que je vous propose pour tenter d’en approcher une voie, née de l’expérience de la psychiatre et psychothérapeute que je suis.
Introduction

Lorsque j’ai commencé à avoir la responsabilité de malades à l’hôpital, j’ai été saisie de doutes : allais-je pouvoir réellement aider ces personnes ? En savais-je assez pour que toutes puissent trouver un soulagement ?
Il m’apparaissait fondamental de me former à ce qu’était l’esprit humain, l’origine de la souffrance névrotique.
Le point de départ de cette démarche a été mon sentiment d’incompétence à soigner l’anorexie mentale lorsque j’exerçais dans l’unité des troubles alimentaires de l’hôpital Sainte-Anne.
Malgré mes tentatives de traitement avec des médicaments, ma bonne volonté, il manquait quelque chose. Les patientes (car il s’agissait souvent de jeunes femmes) rechutaient dans leur autodestruction et je ne comprenais rien à tout cela, à cette irrationalité qui les conduisait à faire exactement le contraire de ce qui pouvait leur faire du bien.
Il me semblait évident que je ne connaissais rien à ce qui les animait et j’ai choisi tout d’abord de travailler sur mon propre esprit pour mieux comprendre. Être sûre qu’il ne s’agissait pas de ma propre irrationalité qui pouvait être le frein à mes qualités de soignante.
J’ai bien fait, car mes premières rencontres avec des psychiatres psychothérapeutes m’ont montré que je n’étais pas tout à fait lucide. Mon histoire personnelle embrumait ma clairvoyance. Je voulais à tout prix réussir. J’étais dans une toute-puissance qui me conduisait à trop attendre de ces êtres fragiles. Cela correspondait à mes propres schémas de performance hérités de mon environnement familial.
Durant cette période, je découvris le bouddhisme ainsi que les travaux de Carl Gustav Jung.
Ces deux rencontres ont commencé à m’éclairer sur la complexité de l’esprit humain et les origines subtiles de la souffrance psychique.
Le bouddhisme me montrait que le mental nous éloignait de la réalité, car il y est postulé que l’esprit produit des interprétations illusoires qui nous voilent l’expérience réelle. Et Jung me montrait que la représentation du moi nous figeait dans une étiquette et nous empêchait d’être vraiment libres et authentiques. Pour rappel, Carl Gustav Jung était un disciple de Freud, psychiatre né en Suisse en 1875, qui s’est ensuite détaché de son maître pour élaborer une forme de psychanalyse basée sur l’existence de sous-personnalités multiples chez tout individu et sur la notion d’archétypes et d’inconscient collectif. Il avançait donc ainsi l’idée de l’influence de la société, des religions et de l’histoire sur les comportements des individus ainsi que le refoulement de parties de soi au nom d’une représentation préétablie et rigide.
Ces deux pistes de travail amorçaient donc mon travail de réflexion sur le rôle des pensées dans la souffrance, et sur la possibilité d’être plus libre et plus lucide. J’ai commencé à pratiquer la méditation de pleine conscience puis le zen. Je découvris que je n’étais pas vraiment présente à ce que je faisais et à mes émotions lorsque j’agissais. Je suivais plutôt des pensées, des « il faut », des « je dois ».
Le monde commençait alors à m’apparaître plus riche, plus diversifié dès lors que je prenais le temps de le regarder.
Ensuite, l’approche jungienne me montrait que vouloir adhérer à une représentation de soi occultait d’autres parties de so

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