Pour un monde plus humain #8 - Sens au travail, de l intention à l action
52 pages
Français

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Pour un monde plus humain #8 - Sens au travail, de l'intention à l'action , livre ebook

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Description

Difficile d’ignorer que nos entreprises évoluent. Méthodes de travail revisitées, ambitions réinterrogées, turn-over parfois vertigineux, quête de sens aussi répandue qu’abstraite… Trouvons-nous le temps de prendre du recul sur les causes et conséquences de ces transformations ? Les contributeurs de ce dossier nous invitent à réfléchir aux enjeux humains du monde du travail. De la TPE à la start-up en passant par le grand groupe ou l’indépendant, tous les modèles d’entreprises sont ainsi invités à se reposer la question de la place de l’Humain dans leurs murs et dans la finalité de leurs missions.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782304053951
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉQUIPE DE LA REVUE
ÉDITEUR | Le Manuscrit - Storylab
RÉDACTEUR EN CHEF | Amaury Perrachon
COMITÉ DE RÉDACTION | Diane d’Audiffret - Lea Hardouin
CONCEPTION GRAPHIQUE | Thibaut Despierres
SOUTIEN | Sterimed – Orfim
PROPRIÉTAIRE
UNITED PERSONS FOR HUMANNESS | upforhu.org
21 Avenue du Général Leclerc, 75014 Paris | Prix de vente : 3,99 €
Publication trimestrielle – Revue de recherche-action
N°8 – Octobre-Décembre 2022 | EAN 9782304053951
OBJET DE LA REVUE
Élaborés au gré de l’actualité, les dossiers de la revue Pour un monde plus humain offrent un aperçu concret des fruits de notre méthode : réunir des chercheurs, des acteurs de terrain et les bénéficiaires d’un enjeu pour leur donner l’occasion de confronter leurs points de vue sur un sujet de société.
Avec eux, nous rédigeons des propositions pratiques et les adressons plus spécifiquement aux acteurs concernés, aux élus et aux décideurs pour qu’ils œuvrent à la construction d’une société plus juste et plus solidaire, et ce dès demain.


« Le sens du travail se présente pour chaque salarié sous la forme de cette auto-interrogation : mon emploi est-il un travail digne de ce nom ? La réponse ne peut être que personnelle. »
Olivier Favereau, économiste


Humaniser l’entreprise : une responsabilité collective
ÉDITORIAL PAR LEA HARDOUIN

Nous passons en moyenne 80 000 heures 1 à travailler dans notre vie. Nous interroger sur « comment rendre le monde plus humain » nous invite alors à nous demander quelle place a cet « humain » en entreprise. Celle-ci n’existe que par les personnes qui la composent, et leur engagement est intimement lié au sens qu’elles ressentent dans les missions qui leur sont confiées.
En mettant un coup de pied au système établi, la crise du Coronavirus aura permis de questionner notre sens des priorités quant au monde du travail : revalorisation de certains métiers, attention portée au bien-être des collaborateurs mais aussi transformation nécessaire des modes de travail et de la gouvernance…
De l’intention à l’action
L’entreprise s’interroge de longue date sur son rôle et son organisation. Les désastres environnementaux et les scandales de corruption dans les années 1970 ont notamment fait avancer la notion d’éthique de l’entreprise aux États-Unis. En 2000, le Global Compact des Nations Unies identifiait les dix grandes responsabilités de l’entreprise, parmi lesquelles le respect de l’environnement et des droits de l’homme. L’année suivante, en France, la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) imposait aux sociétés cotées la publication des informations sur les conséquences sociales et environnementales de leurs activités.
Depuis, la loi PACTE, l’émergence des directions RSE, les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU ou encore l’apparition de différents modèles d’organisation ont été les signes concrets d’une prise de conscience de la responsabilité élargie des entreprises. Malheureusement, lorsque nous observons le flot récent de démissions ou l’explosion des troubles psychiques, nous sommes forcés de nous interroger quant à l’authenticité des engagements affichés.
C’est bien cette authenticité qu’attend la jeune génération, exigeante et en quête de sens, préoccupée par ses futures conditions de travail. Et finalement chacun de nous.
Face à ces bouleversements, de nombreux dirigeants se questionnent : quelle responsabilité, mission et valeurs de mon entreprise ? Comment les concilier avec mes impératifs économiques ? Quelle culture commune et repères partagés dans mes équipes ? Comment répondre aux différentes aspirations de mes collaborateurs ? Quelle place pour la différence et la vulnérabilité ? Comment veiller à l’équilibre personnel et à l’engagement professionnel ?
Ces interrogations nous ramènent tous à une même thématique : le sens et l’Humain. Nous reprenons alors conscience que l’Homme est la condition première de toute entreprise réussie. Aujourd’hui, l’enjeu est clé : construire une vision responsable et réaliste pour l’entreprise de demain, qui sache concilier performance économique et épanouissement des personnes.
Différents acteurs engagés – managers, dirigeants, étudiants, chercheurs, etc. – croisent dans cette revue leurs réflexions sur le sujet. Nous vous invitons à les explorer au fil de votre lecture, en espérant qu’elles inspirent vos actions !

Lea HARDOUIN
Responsable développement et formation chez SIS UP , société de conseil née de UP for Humanness pour accompagner les enjeux humains en entreprise.


1 Donnée médiatisée calculée sur la base de 40 années de travail, travaillées 50 semaines, au rythme de 40 heures par semaine.


POLITIQUE ET SOCIÉTÉ
De la mission de l’entreprise à « l’entreprise à mission »
Jérémy Lévêque est ingénieur de l’ENSTA Paris et docteur en science de gestion de l’école des Mines de Paris. Actuellement en post-doctorat, il travaille depuis près de 5 ans au sein de la chaire de recherche Théorie de l’entreprise 2 sur le statut récemment développé de « sociétés à mission ». Avec lui, nous revenons sur les évolutions de la législation et des missions de l’entreprise dans un monde qui ne cesse d’inviter aux engagements sociétaux.
Quelles sont selon vous les missions d’une entreprise ?
Jérémy Lévêque : La question est difficile ! Justement, la manière dont est proposé le modèle théorique de l’entreprise et de ses missions au travers de notre équipe de recherche est de dire qu’il y a un certain nombre de bonnes raisons de « laisser libre aux entreprises la formulation de leurs missions » ! Toutefois, en contrepartie de cette liberté d’entreprise, doivent être précisément définies les conditions qui permettent de juger de la responsabilité de leurs actions.
Dans sa thèse soutenue en 2015, Kévin Levillain aujourd’hui co-responsable de la chaire Théorie de l’entreprise avec Blanche Segrestin, note déjà certaines curiosités juridiques aux États-Unis autour des entreprises de la Cleantech 3 qui étaient insatisfaites de ce qui leur était exigé quant à leurs missions (Levillain, 2015). Elles alertaient sur le risque que leurs projets collectifs en faveur de technologies vertes soient susceptibles d’être mis en péril par le cadre juridique des sociétés, qui faisaient la part belle aux intérêts des actionnaires. Ces entreprises considéraient une difficulté toute particulière pour elles, celle de faire la preuve de leurs intentions « RSE », parce qu’elles étaient tournées vers l’innovation et que donc leur impact n’était pas encore estimable ou quantifiable, même si l’intention, la dynamique, l’intuition étaient là.
Leurs missions naissaient de la volonté de concevoir des éléments qui n’existaient pas encore, qui nécessitaient sur le long terme des efforts de recherches et des investissements parfois incertains.
Lorsqu’on s’intéresse à l’émergence de l’entreprise moderne (Voir par exemple Lefebvre, 2003; Segrestin, 2016), on comprend que ce régime d’action collective est relativement récent. Il naît avec l’introduction massive de la science dans l’industrie, l’apparition des bureaux d’études au XIX e siècle. Et tout cela coïncide avec un certain nombre d’inventions comme la machine à vapeur, le moteur à combustion interne… qui font qu’historiquement ces entreprises ont aussi pour rôle de créer de la nouveauté. Leur action n’est pas réductible à de l’échange marchand ni réductible à une vocation philanthropique.
Je crois donc qu’il faut chercher à penser et à comprendre la mission de l’entreprise de manière singulière à son activité. Par exemple, j’ai eu l’occasion de regarder dans mes travaux de thèse le cas de certaines entreprises dans les années 1850 en Grande-Bretagne qui naquirent de la volonté de s’engager à concevoir des solutions aux logements ouvriers en réponse aux exodes liés à l’industrialisation (Lévêque, 2022). On comprend en lisant les archives de l’époque, comme celles d’une revue d’architecte, The Builder , que ces sociétés privées vont se constituer pour s’engager à « inventer » un logement décent pour les ouvriers. Ces entrepreneurs partaient du constat qu’il n’y avait pas seulement un manque de volonté politique ou un manque de financement en la matière. Plus fondamentalement, on ne disposait pas encore de connaissances satisfaisantes sur ces questions sociales émergentes, en termes d’infrastructure, de matériaux, ou plus largement d’urbanisme pour proposer de manière adéquate en quantité et en qualité des solutions à ces problèmes. C’est à cet engagement singulier que ces entreprises ont répondu. Et partant de là, on peut juger de la qualité des solutions proposées.
Dès lors qu’on oublie que l’entreprise moderne est un formidable moteur d’innovations, on risque rapidement de réduire le rôle de l’entreprise à la recherche voire à la maximisation de son profit et cela invalide, ou rend très vulnérable, cette capacité d’invention. Cela peut fragiliser un certain nombre d’investissements sur le long terme qui sembleraient « non-rentables ». Le profit n’a pas attendu l’entreprise. En revanche l’entreprise se développe au moment où il y a une explosion des capacités d’invention et une invention des capacités collectives qui permettent de les développer rapidement et à grande échelle. Cela nous éloigne du modèle de l’inventeur génial seul dans son garage, la particularité de l’entreprise est d’avoir été en mesure d’inventer des dispositifs capables de réunir 15 000 ingénieurs qui travaillent ensemble dans un bureau d’étude, comme chez Renault (Le Masson & Weil, 2014).
« Il y a un enjeu à se demander ce qu’il y a à protéger ou à développer aujourd’hui pour rendre possible ou faire advenir quelque chose de désirable demain »
Dans la question de la mission de l’entreprise, il y a un enjeu à se demander ce qu’il y a à protéger ou à d

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