Pour des histoires audiovisuelles des femmes au Québec : Confluences et divergences
290 pages
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Description

Voici un premier ouvrage sur la place des femmes dans les médias audiovisuels au Québec. Il propose une rencontre entre les réflexions d’artistes et les études d’universitaires portant sur les créations et les représentations des femmes dans les domaines du cinéma, de l’art vidéo, des jeux vidéo et de la télévision. Célébrant la créativité des femmes, leur esprit de résistance, leur refus de se taire, ce collectif s’adresse aux personnes attentives aux enjeux d’égalité, d’inclusion et de représentation dans la création artistique, autant les praticien·nes voulant réfléchir sur ces questions que les chercheur·euses souhaitant les approfondir en se penchant sur ce riche écosystème culturel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 novembre 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760645707
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour des histoires ­audiovisuelles des femmes au Québec
Confluences et divergences
Sous la direction de Julie Ravary-Pilon et Ersy Contogouris

Les Presses de l’Université de Montréal





Mise en pages: Yolande Martel Logo de la collection: Benjamin Fisher Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Pour des histoires audiovisuelles des femmes au Québec: confluences et divergences / sous la direction de Julie Ravary-Pilon, Ersy Contogouris. Noms: Ravary-Pilon, Julie, éditeur intellectuel. | Contogouris, Ersy, éditeur intellectuel. Collection: Vigilantes. Description: Mention de collection: PUM | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210074388 | Canadiana (livre numérique) 20210074396 | ISBN 9782760645684 | ISBN 9782760645691 (PDF) | ISBN 9782760645707 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Femmes artistes—Québec (Province)—Histoire. | RVM: Arts médiatiques—Québec (Province)—Histoire. | RVM: Femmes dans l’industrie cinématographique—Québec (Province)—Histoire. | RVM: Femmes dans l’industrie de la télévision—Québec (Province)—Histoire. | RVM: Femmes dans l’industrie des jeux d’ordinateur—Québec (Province)—Histoire. | RVM: Femmes dans l’art. Classification: LCC N6546.Q8 P68 2022 | CDD 709.714/082—dc23 Dépôt légal: 4 e trimestre 2022 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2022 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines, dans le cadre du Prix d’auteurs pour l’édition savante, à l’aide de fonds provenant du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de ­développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).




INTRODUCTION
Julie Ravary-Pilon et Ersy Contogouris
Nous n’écrivons pas dans le vide. Au moment où nous signons cette introduction, le monde est en proie à une pandémie mondiale. Des mesures préventives sous forme de distanciation sociale et de confinement maintiennent nombre d’entre nous à la maison dans un climat de grande incertitude, voire de peur. Nous ne savons pas comment ni quand nous pourrons assouplir ces mesures, quand la ou les prochaines vagues de la COVID-19 frapperont, et à quoi pourrait ressembler un monde post-COVID. Et nous vivons en sachant que nous ne pouvons pas revenir à la façon dont était organisée la société auparavant. Ou peut-être devrions-nous dire que nous vivons dans l’espoir de ne pas y revenir. Au fur et à mesure que cette crise se déploie, d’étonnants phénomènes émergent, dont une impressionnante solidarité dans le monde entier: des gens qui offrent de l’aide, partagent des connaissances et font preuve d’une formidable créativité. Cette solidarité est inspirante et nous remplit d’espoir. Nous commençons à prendre conscience de notre dépendance à l’égard de travailleur·euses dont la contribution à la société a été négligée ou dévalorisée pendant trop longtemps. Et nous constatons que ce sont encore une fois les plus vulnérables qui sont les plus durement touché·es: les marginalisé·es, les personnes en situation d’itinérance, les femmes, les personnes âgées et celles qui travaillent dans le domaine de la culture 1 .
Autre fait contemporain à l’écriture de notre introduction: la prise de position courageuse d’Adèle Haenel qui, lors de la cérémonie de remise des César le 28 février 2020, a quitté la salle après que Roman Polanski a été nommé lauréat du prix du meilleur réalisateur pour son film J’accuse . De nombreux·euses acteurs·trices et autres membres de l’industrie du cinéma l’ont suivie par solidarité et partagent la conviction que nous devons cesser d’honorer des hommes, tels que Polanski, qui maltraitent, agressent et violent 2 . Quelques mois plus tôt, en novembre 2019, Haenel avait été la première actrice célèbre, en France, à dénoncer le harcèlement sexuel dont elle avait été victime. Deux jours après la cérémonie des César, Virginie Despentes publiait une chronique acerbe dans Libération en soutien à Haenel, voire en admiration de son geste 3 . Dans cette chronique intitulée «Désormais on se lève et on se barre», Despentes soutenait que oui, même si nous savons trop bien que le système est biaisé en faveur de ces hommes, qu’il est conçu pour les protéger et les célébrer malgré – ou à cause de – leur conduite envers les femmes, nous nous sentons quand même blessées et humiliées quand ils sont honorés. Mais ce qui est différent, dit-elle, ce qui est nouveau et qu’Haenel a montré, c’est que nous ne resterons plus assises à accepter l’insulte; «Désormais on se lève et on se barre».
La libération massive de la parole qu’a représentée le mouvement #MeToo a commencé dans le milieu du cinéma, avec l’article de Jodi Kantor et Megan Twohey ainsi que celui, une semaine plus tard, de Ronan Farrow au sujet du producteur de cinéma états-unien Harvey Weinstein 4 . À la suite des révélations de l’article, des millions de femmes à travers le monde ont pris la parole pour dénoncer leurs agresseurs, pour dire ce qui leur était arrivé, non seulement dans l’industrie du cinéma, mais dans tous les autres domaines de travail, ainsi qu’au foyer et dans l’espace public. Il est important ici de rappeler que l’on doit la création de ce mouvement non pas aux actrices hollywoodiennes, mais à l’éducatrice Noire Tarana Burke. En 1996, celle-ci rencontre, dans le cadre de son travail, une jeune fille de 13 ans qui se confie à elle au sujet des viols dont elle est victime. L’éducatrice, elle-même victime de violences sexuelles, veut s’ouvrir à elle, mais ne le fait pas, par éthique professionnelle. Elle aurait voulu lui dire: «moi aussi». Dix ans plus tard, en 2006, après une longue réflexion et plusieurs expériences de militantisme, Burke lance le mot-clic #MeToo, qui vise à créer une chaîne de solidarité pour les victimes d’agressions sexuelles. La trop petite place ayant été accordée à cette femme Noire dans la grande histoire populaire de ce mouvement témoigne de l’invisibilisation des récits ethnoculturels trop fréquente dans les histoires féministes. Dans cette même veine, toujours au cours de la cérémonie des César de 2020, une autre prise de position a été moins médiatisée que la controverse autour de Polanski: Aïssa Maïga a prononcé un discours, un plaidoyer pour une plus grande diversité à l’écran en France 5 .
En février 2020, Weinstein a été reconnu coupable de viol et d’agression sexuelle et a été condamné à 23 ans de prison ferme. Il semblait ainsi que le vent avait commencé à tourner. C’est en partie pour cela, sans doute, que l’honneur décerné à Polanski quelques jours plus tard avait été si blessant; on nous a rappelé que les hommes n’allaient pas si facilement partager le pouvoir. Des pas en avant, des pas en arrière: une manifestation du backlash dont parlait Susan Faludi il y a déjà 30 ans, en 1991, soutenant que pour chaque pas franchi par les femmes, les hommes redoubleraient d’efforts pour continuer d’assurer leur domination sur elles 6 .
Dans un article où elle réagissait à la condamnation de Weinstein, l’autrice féministe Rebecca Solnit a parlé du pouvoir de « storyteller » et de « storykiller », c’est-à-dire de conteur et de tueur de récits, que possédait le producteur 7 . Il avait le pouvoir non seulement de raconter des histoires, mais aussi de décider quelles histoires seraient entendues et lesquelles seraient tues, quelles histoires seraient portées à l’écran, comment elles seraient racontées, et lesquelles ne verraient jamais le jour. Les témoignages de femmes telles que Salma Hayek, qui a décrit les injures dont elle a souffert aux mains de Weinstein alors qu’elle luttait pour terminer son film sur l’artiste visuelle Frida Kahlo, en disent long 8 . Avec cette condamnation, Weinstein a perdu son pouvoir de conteur et de tueur d’histoires; il a été réduit au silence.
Bien que des événements comme la condamnation de Weinstein, la protestation d’Haenel et le texte cinglant de Despentes puissent parfois paraître comme des points saillants dans la lutte contre la violence à caractère sexuel, ce sur quoi Solnit et tant d’autres insistent, c’est que ces moments n’auraient pas été possibles sans les milliers de voix qui se sont jointes les unes aux autres au fil des décennies. Des femmes qui ont réussi à se faire entendre malgré les multiples difficultés auxquelles elles ont été confrontées. Des femmes qui ont raconté leurs histoires, même si elles n’ont pas été crues, souvent au risque d’un danger physique, ou même de leur vie. Des femmes qui ont pris la parole, même si on leur avait dit que ce n’était pas leur place, en tant que femmes. Comme l’écrit l’autrice féministe Roxane Gay dans ses mémoires Hunger: A Memoir of (My) Body , «Nous devrions être vues et non entendues […]. Et la plupart des femmes savent que nous sommes censées disparaître 9 ». Mais les femmes refusent de disparaître et insistent pour que leurs récits soient vus et entendus. En effet, les dénonciations ne cessent de se multiplier dans les médias.
C’est aussi grâce à ces décennies de mouvements revendicateurs des femmes pour se faire entendre et pour une meilleure représentation dans l’espace public que nous pouvons écrire cette introduction et que nous nous trouvons à un moment prometteur pour les femmes dans les médias audiovisuels au Québec. En 2016, lors de la Journée internationale des droits des femmes, le président et commissaire de l’Office national du film du Canada (ONF), Claude Joli-Cœur, annonce que son organisme s’engage à atteindre, à l’intérieur d’un délai de trois ans, la parité hommes-femmes en ce qui a trait non seulement à la réalisation des films produits à l’ONF, mais aussi aux budgets de prod

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