Philosophies politiques pour notre temps : Un parcours européen
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Philosophies politiques pour notre temps : Un parcours européen , livre ebook

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Description

Mondialisation, européanisation, décentralisation, retour de la violence extrême, exclusion sociale : les vieux concepts comme ceux de souveraineté nationale sont ébranlés et, de nouveau, nous nous posons les questions centrales du politique. Comment vivre ensemble ? Quel fondement pour l’autorité ? Où commence et comment retrouver le contrôle de nos vies ?De Carl Schmitt et Léo Strauss, Karl Jaspers et Hannah Arendt, Raymond Aron et Maurice Merleau-Ponty, Michel Foucault et Emmanuel Lévinas, à Jan Patocka, Jürgen Habermas, Paul Ricœur, Toni Negri ou encore Giorgio Agamben, voici un parcours initiatique à travers la pensée politique européenne, si riche en enseignements pour notre temps. Auteur d’un rapport remarqué sur l’État, Jean Picq est magistrat à la Cour des comptes. Il est également professeur à l’Institut d’études politiques de Paris. Yves Cusset est professeur de philosophie et chargé de cours à l’Institut d’études politiques de Paris.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2005
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738187635
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE  2005
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN 978-2-7381-8763-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Avant-propos
Le jugement, le regard et la vie

L’Europe, contrée des philosophes et terre du surgissement de l’État
Ce livre est parti d’une double conviction partagée par ses deux auteurs 1 . Tout d’abord que l’Europe qui reste à venir n’est pas simplement un nouvel espace juridico-politique, mais doit être le lieu d’une redéfinition et d’une transformation du politique comme elle fut autrefois la terre du surgissement de l’État. Car l’Europe, ce n’est pas seulement un droit nouveau – le droit européen dit par ses cours de justice –, des institutions supranationales ou intergouvernementales, une monnaie commune. C’est aussi, d’abord et surtout, un objet politique dans un espace aux frontières incertaines, avec une histoire mouvementée et souvent sanglante, de l’Empire carolingien au Reich hitlérien. L’Europe, c’est aussi la terre du surgissement de l’État quand les cités italiennes et les monarchies anglaise et française s’affirment contre le pape et l’empereur entre le XI e et le XIV e  siècle, au sortir d’un premier millénaire où le Saint Empire et l’Église romaine prétendaient l’un et l’autre imposer leur primauté. Figure de l’État de justice et du premier État de droit du Moyen Âge. Figure du souverain et naissance véritable de l’État au XVI e  siècle au moment de l’éclatement de la chrétienté médiévale. Figure de l’État-nation. L’Europe, c’est enfin, du fait même de cette histoire et de ses affrontements, la contrée des philosophes. Autant dire la contrée de ceux qui ont accompagné ce surgissement en tentant d’en réfléchir le principe ou d’en comprendre rationnellement la genèse, que ce soit pour la justifier et/ou pour la critiquer. Ce sont les philosophes et les théologiens qui, en des moments clefs de l’histoire, ont « pensé » ce qu’il advenait dans la sphère politique : Saint Augustin et Isidore de Séville, Guillaume d’Occam et Marsile de Padoue, Machiavel, Bodin et Hobbes, Vitoria puis Suarez, Spinoza et Locke, Rousseau et Kant, Hegel, Fichte et Constant…

Un nouveau temps pour l’État
La seconde conviction est que nous sommes en train de vivre en Europe – depuis 1989 et la fin du communisme – un nouveau temps pour l’État . Sans doute un autre commencement avec le surgissement de figures encore incertaines. Des déferlantes qui ont pour nom mondialisation, européanisation, décentralisation, retour de la violence extrême, fragmentation et exclusion sociale viennent ébranler les vieux concepts comme celui de la souveraineté nationale. De nouveau, les hommes se posent les questions centrales du politique : comment vivre ensemble ? Quel fondement pour l’autorité ? Et plus généralement, dans un monde où l’immaîtrisable a été pour ainsi dire intériorisé : où commence et comment retrouver le contrôle de nos vies ? Dans ce temps incertain où la pensée politique paraît comme affadie, voire épuisée tandis que les risques de désordre vont croissant, il est capital de tenter de comprendre ce qui est en -jeu dans la question du pouvoir, de la politique et de l’État. Et notre chance, à nous Européens, est d’avoir sur notre sol des traditions et des écoles philosophiques très vivantes, un patrimoine qui constitue un trésor à visiter, une source inépuisable pour méditer. Du fait même de ce que fut le XX e  siècle européen, ouvert en 1914 sous le signe de la force et de la puissance et clos en 1989 sous la promesse de la non-violence et de l’effondrement de la puissance, les philosophes ont été sollicités de « penser » politiquement leur temps : Carl Schmitt et Léo Strauss, Karl Jaspers et Hannah Arendt, Raymond Aron et Maurice Merleau-Ponty, Ricœur et Lévinas… Enseigner l’Europe, c’est donc faire découvrir qu’elle a été un espace d’échanges philosophiques intenses. Avant-guerre, au moment de la montée des périls. Après la capitulation du nazisme, quand la guerre froide opposait deux systèmes et conceptions du monde et que l’on s’interrogeait sur une troisième voie entre libéralisme et communisme. Sous le communisme, avec le phénomène de la dissidence dont le Tchèque Jan Patocka fut avec Havel l’un des plus remarquables penseurs et acteurs autour de la Charte 77. Mais la barbarie politique a atteint de tels extrêmes que l’effort pour penser Ce qui reste d’Auschwitz (Giorgio Agamben) ou La Complication (Claude Lefort), c’est-à-dire la question du communisme réel et de sa terrifiante efficacité politique, ne faiblit pas. De même, les philosophes se sentent-ils requis de penser la question de la biopolitique ou de s’interroger à frais nouveaux sur celle de la morale ou de l’éthique. Qu’ils soient morts comme Popper, Foucault ou Lévinas ou qu’ils soient vivants – Ricœur, Habermas, Negri, Agamben ou Esposito – les philosophes européens contemporains, se sont tous affrontés ou s’affrontent encore à ces questions cruciales.

Un parcours initiatique
Ce livre n’est pas une anthologie de la philosophie contemporaine – trop de noms manquent –, encore moins une présentation ordonnée et systématique des écoles ou courants de ce temps. Il propose un parcours initiatique et questionnant à tous ceux qui cherchent à comprendre ce que notre temps contient de promesse et de sources d’inquiétude. Promesse, inquiétude. La première est espérance et appel à croire, la seconde impose la vigilance et invite à veiller. À croire en la liberté et à veiller sur elle.
Dans ses Regards sur le monde actuel , Paul Valéry rappelle que « la politique nous parle de liberté… Un mot plein de promesses », précise-t-il encore, et « qui suscite l’inquiétude ». Promesse et inquiétude, toutes deux ont rapport à l’avenir. Et c’est bien de l’avenir de la politique, du pouvoir et de l’État dont il s’agit dans tous les textes de ce parcours philosophique composé librement mais non arbitrairement par les auteurs. Sur chacun des seize thèmes retenus, une brève présentation s’efforce de préciser le sens de la confrontation qui a été recherchée, suggère des enseignements, ouvre des pistes à la réflexion. Ces présentations sont précédées d’une longue introduction qui propose, à partir d’une grille d’analyse inspirée par les thèmes du jour et de la nuit , chers à Jan Patocka, une lecture de la philosophie politique contemporaine. Elles s’achèvent par une conclusion qui suggère qu’une des leçons de cet itinéraire est de pouvoir penser l’État autrement .
Dans l’unité de ce parcours, importante est néanmoins la dualité des auteurs. Si le parcours a été effectué en commun, dans un choix concerté des auteurs et des textes, ce qu’on retrouve dans une présentation des textes cosignée, il était important que les deux essais qui l’entourent apparaissent chaque fois avec le nom de leur auteur. Nulle désolidarisation dans cette affaire, mais un simple rappel : nous parlons bien de la même chose, avec les mêmes moyens, mais pas depuis le même lieu ni dans une même perspective. Si nous avons l’ambition, avec les textes retenus, de constituer une boîte à outils pour saisir le présent de notre réalité politique, l’usage que l’on peut faire de ces outils reste ouvert : d’un côté, on les verra servir à une réflexion critique sur l’approche philosophique de l’objet politique, de l’autre à une reconstruction du rôle, de la fonction, et plus généralement de la figure de l’État. Mais ne nous y trompons pas, et n’y voyons pas une division des tâches, en théorie et en pratique. C’est au contraire l’exigence de circuler de l’un à l’autre qu’il faut y voir : de l’intérieur de la théorie se joue l’horizon du politique à venir, tandis que la pratique, en particulier celle de l’État, est appelée à se renouveler sur le fondement d’une intelligence théorique et critique de ses conditions. En ce sens, l’idéal serait presque de commencer par le cœur de l’ouvrage et le parcours des textes, pour ensuite se déplacer en direction d’un des pôles, si l’on veut respectivement philosophique et politique, depuis lesquels ce parcours est reconstruit, sans nécessairement commencer par l’introduction…
Puisse cet itinéraire à travers la philosophie politique contemporaine favoriser l’échange intellectuel et féconder des idées nouvelles pour notre temps. La politique aujourd’hui a moins besoin de chefs et de programmes que de citoyens et d’idées. Les philosophes ne veulent plus être rois mais ils peuvent être ce levain qui fait lever la pâte dans la société civile pour résister aux modes, recréer du lien et tenter de redonner sens à la vie commune. Les deux auteurs d’âge et d’horizons intellectuels différents portent aussi en commun, au-delà de leur conviction de départ, une double exigence. La première renvoie à l’urgence d’un renouvellement de la pensée politique. La seconde – qui lui est liée – est celle de la confrontation intellectuelle à partir des expériences de la vie. De là l’approche choisie pour construire cet ouvrage, qui ne veut faciliter la lecture des textes que pour mieux s’effacer devant elle et laisser la place au lecteur, à l’ouverture que la lecture des textes retenus est à même de lui promettre. Le Jugement, le regard et la vie , tels sont les leviers de l’ouverture. Ouverture à la pensée, ouverture à l’échange, ouverture à la question d’autrui, ouverture à autrui. Car en deçà de

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