Phénoménologie du dialogue, II. L'expérience mystique et le commandement du dialogue spirituel , livre ebook

Edilivre - Marc Jean-Bernard

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Français

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Description

Ce second volume de la Phénoménologie du dialogue répond conceptuellement à l’élan d’une recherche philosophique comparative tendue vers le concret, dont la tonalité fondamentale est l’espérance. Opérant la suspension des préjugés du discours réducteur sur le religieux, l’auteur déploie la perspective d’une phénoménologie de l’expérience religieuse qui répond à la primauté impérative du dialogue spirituel et illumine la transcendance génératrice de la personne. L’orchestration de cette méditation comprend quatre mouvements : la grammaire de l’expérience mystique ; l’exemple philosophique et praxique de la pensée de Jacques Maritain ; la phénoménologie de la résonance religieuse selon les phénomènes de conscience, et enfin la mise en perspective sémantique du concept d’harmonie. Son style intellectuel émane d’une enquête conduite à la croisée des chemins de pensée philosophiques, théologiques et esthétiques, authentique « répons » au commandement du dialogue spirituel.

Sujets

Sciences humaines

Social Science

Sociologie, société et politique

Sciences humaines et sociales

Sociologie

Philosophie

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Publié par	Edilivre
Date de parution	30 novembre 2020
Nombre de lectures	0
EAN13	9782414505999
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

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Cet ouvrage a été composé par Edilivre
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Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-50600-2

© Edilivre, 2021
Dédicaces

À ma famille
&
À la mémoire de Nonna,
dans l’esprit de la musique.
Prélude, fugue et variations : le commandement du dialogue spirituel
Le véritable, le seul et le plus profond thème de l’histoire du monde et de l’humanité, le thème auquel tout le reste est subordonné, reste le conflit entre l’incroyance et la foi.
Goethe . 1
Délivrance aux âmes captives !
Paul Claudel , Le Soulier de Satin.
F riede in den Gedanken. Das ist das ersehnte Ziel dessen, der philosophiert
Ludwig Wittgenstein , 1944 2
La valeur d’une vraie philosophie ne se place pas dans une éternité impersonnelle. Sa face lumineuse est tournée vers les êtres temporels que nous sommes. Sa sollicitude pour nos angoisses fait partie de sa divine essence. L’aspect véritablement philosophique d’une philosophie se mesure à son actualité.
Emmanuel Levinas , 1935 3
Ce second volume de la Phénoménologie du dialogue répond conceptuellement à l’élan d’une recherche et d’une méditation comparatives tendues vers le concret. Or, le chemin vers le concret n’est point l’impasse classique qui conduit les discours convenus vers le mur d’une « réalité » dogmatique. De même que l’évènement pur d’une mélodie transcende musicalement sa propre manifestation acoustique, l’approche du phénomène concret en son essence est métempirique : Sans jamais perdre l’immanence phénoménale, elle se fond cependant avec la transcendance incarnée qui traverse et atteste la Nuit pensante de l’expérience, dans l’espace diaphane de la résonance spirituelle. L’ontologie du concret, dont l’intersubjectivité originaire constitue la trame vivante, répond à une phénoménologie des actes dialogiques imprévisibles, accordée à la tonalité fondamentale de l’espérance.
Nous engageons l’orchestration et l’interprétation des thèmes théoriques actuels selon le style d’investigation et de pensée résolument polyphonique qu’a imposé, à partir de l’acte intégral de philosopher , notre mise en perspective comparative du problème théologique, social et politique du dialogue spirituel . Nous entendons cette contribution en à partir de l’essence et de la destination originaires de la philosophie conçue comme dialogue . Son style intellectuel propre émane de l’enquête conduite à la croisée des chemins de pensée philosophiques, théologiques, esthétiques et politiques qui prescrivent aujourd’hui ce que nous appellerons le commandement du dialogue spirituel.
Dans la première phase de notre enquête, « mansion » première d’une trilogie dédiée à l’intelligence des actes proprement dialogiques, nous nous sommes en effet attachés à montrer comment la responsabilité de la pensée diplomatique supposait ab initio la clarification conceptuelle de la grammaire du polysémique catégorème dialogue. Considérant la multiplicité exponentielle de ses formes anthropologiques et « théopraxiques » actuelles, cette grammaire conceptuelle n’est pourvue de sens qu’à se fonder sur la discursivité générale des échanges spirituels et singulièrement celle du dialogue politico-diplomatique, pointant ainsi le style d’une pensée véritablement concrète, appliquée hic et nunc, qui procède d’une recherche historique continue et micrologique . En cette double investigation descriptive de l’essence intersubjective du dialogue , libérée des réductionnismes de la théorie communicationnelle pour mieux circonscrire le lieu originaire du politique et le sens évolutif de la diplomaticité, j’ai ainsi privilégié la pensée diplomatique active de Charles de Gaulle envers l’Amérique Latine, articulée historiquement depuis 1940 et plus spécifiquement entre 1962-63 et 1969. Cette recherche était par définition métapolitique , comme tendent à l’être aujourd’hui les recherches théoriques inspirées par une herméneutique ouverte de l’archive historique, comme telle opposée aux rémanentes falsifications inspirées par l’angélisme révolutionnaire de tout bord. La prérogative de la coopération multidimensionnelle de la France avec l’Amérique Latine correspondait à une thématique puissante qui s’est structurée en une spirale continue dans la pensée culturelle et géopolitique du Général de Gaulle , ouvrant sur la perspective civilisationnelle effective d’un dépassement de la logique bipolaire de la Guerre froide et du système international ultérieur. Cet impératif caractéristique de la nouvelle politique extérieure française dès 1964, qui exprimait plus largement l’option diplomatique et politique du dialogue civilisationnel fondamental, est non seulement plus actuel que jamais mais il est encore devenu, sous des formes très variées, un véritable commandement dialogique pour l’action diplomatique multilatérale.
Le commandement du dialogue spirituel et de ses implications interreligieuses concrètes, dont ce livre aborde á présent la grammaire conceptuelle et signale l’irréfragable valeur impérative, ne saurait s’entendre dans l’ordre du seul discours théologique, selon quelque nouvelle dogmatisation de l’herméneutique du dialogue interreligieux.
L’ Aleph de ce livre est orienté par l’essence du projet goethéen, qui conduit au dialogue concret entre les cultures. L’entente poétique mêmes de ce dialogue rêvé par Goethe , dont Thomas Mann a suivi l’exemple, suppose que l’herméneutique des textes sacrés et la théologie du dialogue interreligieux aient-elles – pour horizon et pour vérité la construction d’une homéostase vivante et diverse de l’être au monde urbi et orbi, et une finalité d’ordre éthique : le télos d’une probable isonomie socio-politique.
Au cours de ce cheminement de pensée vers l’essence – et donc la grammaire – des actes dialogiques inscrits dans l’archive discursive de l’histoire diplomatique, analysés non plus selon des paradigmes totalisants mais spécifiquement selon les modalités concrètes, intentionnelles et cognitives, de l’ agir , du penser et du dire –, la thématique du dialogue spirituel ou interreligieux a révélé son caractère fondamental. Cette tonalité fondamentale ne se trame et s’établit qu’au sein de l’expérience éthique et spirituelle de la reconnaissance intersubjective de l’Autre et définit toute approche herméneutique consistante des tentatives de dialogue théologique , civilisationnel ou politique .
Le mouvement premier de notre phénoménologie du dialogue traduisit la volonté, quelque peu infréquente dans un essai philosophique, de situer ab initio la constitution de la problématique philosophique du dialogue au sein d’une phase précise de l’Histoire et de la diplomatie françaises, que nous avons documentée pendant plusieurs années dans une perspective herméneutique aussi distante que possible des paradigmes explicatifs et des préjugés politiques qui les accompagnent souvent.
Dans le contexte philosophique de l’affirmation de l’intersubjectivité humaine en tant que noyau ou principe dynamique de la communauté politique comme dans le champ historique de l’analyse de la diplomatie gaullienne entre 1940-1944 puis 1958-1969, cette annonce préliminaire de la thématique religieuse et politique de l’ espoir que nous abordons à présent nous a ainsi permis, de prime abord, de faire écho à la résonance multiple de la pensée théologique de Jacques Maritain , à la portée religieuse de la parole de Bernanos ou de Mauriac , et toujours à la prédominante harmonie avec la vocation civilisationnelle de Malraux . Parmi ces figures qui se trouvèrent en amitié combative et fréquent dialogue dès 1940, se distinguait notamment celle de Raymond Aron que nous retrouverons ici plus amplement ; car le philosophe sut exprimer la clarté et la noblesse de ses positions aussi bien dans l’empathie morale ou le rejet des violentes mythologies politiques de droite et de gauche ( L’Opium des Intellectuels , 1955), que dans la franchise du dialogue critique de fond ( De Gaulle , Israël et les Juifs, 1968).
Ces fréquentes harmoniques spirituelles de la problématique culturelle et politique que nous produisions alors, parmi la constellation intellectuelle de l’époque dans le contexte complexe du dialogue religieux et de la nouvelle Politique Vaticane de la France, nous conduisent à présent à thématiser pour elle-même la problématique contemporaine du dialogue interreligieux, avec ses métamorphiques jeux de langage et ses enjeux pour la fable humaine.
La thématisation conceptuelle centrale du dialogue interreligieux est devenue aujourd’hui le commandement véritable de toute pensée politique et diplomatique opposée au cheminement tacite vers la guerre – culmination nouvellement logique des refus croisés du dialegesthai thucydidien, de ce dialogue absolu qui ébranlerait les paradigmes de la tribu. Cette compréhension active se fonde sur une étiologie cognitive et une herméneutique de la violence révolutionnaire totale dictée par la réception sémantique confuse des discours religieux, accrue à notre époque de profusion endémique et de légitimation des murmures sceptiques connus sous le terme erroné de radicalisation. Il ne s’agit plus seulement pour la tâche des penseurs – à notre époque de non-culture , de bavardage et de bruit communicationnel généralisé déjà diagnostiquée par des penseurs tels que Wittgenstein , Thomas Mann , Musil et Jankélévitch ou des théologiens comme Gilson – de circonscrire dans l’abstrait et l’exégèse le point pascalien des dialogues religieux ou belliqueux. Il s’agit encore – en cette époque de rémanente persécution religieuse globale, d’assasinats ciblés, de profanation faiblement réprimée des lieux de culte (en Europe comme en Afrique et en Extrême Orient), de massacres d’obédience confessionnelle et ethniq