Pensée, Mémoire, Folie : Réflexions d’un clinicien
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Description

Longtemps, la folie n’a pas été reconnue comme une maladie. Actuellement, la psychiatrie occupe encore une place à part dans la médecine. À partir du XIXe siècle, la méthode clinique a permis des descriptions extrêmement précises de la plupart des maladies mentales, mais, contrairement aux autres maladies, la clinique ne permettait pas de remonter à l’étiologie. De nombreuses formes de psychopathologie ont été proposées, mais aucune n’a une valeur générale qui puisse s’appliquer à toutes les folies. L’expérience clinique et la réflexion montrent que la pathologie mentale ne se comprend pas selon une seule perspective, mais à partir d’une multitude d’influences et de découvertes, datant pour la plupart du XXe siècle. Chacune a éclairé une partie des mystères de la pensée folle et de la construction de la pensée saine. Qu’est-ce qui forme la pensée et explique son dysfonctionnement ? Le professeur Bernard Gibello reprend plus de deux siècles et plus de débats, tenant compte des apports récents. Bernard Gibello est professeur émérite de psychopathologie à l’université Paris-Ouest et président de l’Association française de psychiatrie. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 janvier 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738177834
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE JACOB , JANVIER 2013
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7783-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Je dédie ce livre à toutes les personnes, enfants, adultes, vieillards, qui sont venues me consulter, que j’ai traitées et souvent guéries des anomalies de la pensée qui les faisaient souffrir en leur rendant la vie impossible. Je dédie aussi ce livre à tous les étudiants et stagiaires du laboratoire de la Salpêtrière qui m’ont posé de multiples questions aussi saugrenues qu’embarrassantes et qui m’ont ainsi appris bien plus que je ne leur ai enseigné. Je dédie encore ce livre à tous les collègues des disciplines connexes, qui ont toujours accueilli avec patience et compétence les énigmes que je leur soumettais. Enfin, je le dédie aux innombrables praticiens qui se sont confrontés à la folie, depuis les prêtres de l’Égypte pharaonique, en passant par Hippocrate, Avicenne, Averroès, Paracelse, Mesmer, Pinel, Esquirol, Morel, Charcot, Freud, Janet, Pavlov, Kraepelin, Wallon, Piaget, Vygotski, Anna Freud et Melanie Klein, Henri Ey, et bien d’autres, dont Serge Leclaire mon analyste, Didier Anzieu, qui fut mon directeur de thèse d’État, et Didier-Jacques Duché, qui m’a permis de créer mon laboratoire dans son service à l’hôpital de la Salpêtrière.
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Dédicace
Sommaire
Préface
Réflexions sur la médecine et la psychiatrie
La pensée pathologique de l’adulte
La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
Introduction
Six problèmes
La pensée est immatérielle
Pensée et fonction sémiotique, assimilation et accommodation, cadre et processus
Clinique du développement de la pensée
La pensée peut devenir pathologique, devenir folle, voire l’être d’emblée. Qu’est-ce qu’une pensée folle ?
La pensée peut devenir pathologique et folle en de multiples circonstances
Les multiples psychothérapies sont toutes efficaces si suffisamment prolongées, certaines folies guérissent seules. Certaines ne guérissent jamais
Quelles hypothèses peut-on tirer de cette observation ?
Chapitre 1 - Les représentations mentales et leurs liens associatifs
L’approche kantienne, postplatonicienne et la phénoménologie de la pensée
Les représentations mentales
Les différentes représentations mentales : la représentation « esthésique » de la chose
Les émotions
Les représentations de mots
Les représentations de transformation
Les représentations des transformations agies sur les objets
Représentations mentales et chaînes d’associations d’idées
Repérons, avant d’aller plus loin, trois illusions
La pensée, l’OMS et l’EBM
La construction des représentations mentales
La forme et le fond des représentations mentales
Les liens associatifs
Chapitre 2 - Les mémoires
Expressions cliniques des troubles des mémoires dans la pensée
Les différentes mémoires, leur travail et leurs fourvoiements
Les mémoires à long terme
Les mémoires biologiques
Pathologies des mémoires et pathologie mentale tout court
Chapitre 3 - Les contenants de pensée
Généralités sur les contenants de pensée : de la perception ou du souvenir à la représentation mentale
Théorie des contenants de pensée
Origine des contenants de pensée
Rôle des contenants de pensée
Chapitre 4 - Sources et développement de la pensée
Les prédécesseurs et les précurseurs
Les effets pathogènes des traumatismes
Les quatre sources innées de la pensée
Retour sur les contenants et les contenus de pensée : Wallon, Piaget, Vygotski, Bartlett
En conclusion
Chapitre 5 - Les anomalies du développement de la pensée
Préalable nosographique
Les anomalies du développement de la pensée
Le surdon intellectuel
La pensée en actes
L’inhibition intellectuelle
Les autismes et les psychoses
Aphasies, apraxies et agnosies, dysphasies
En conclusion
Chapitre 6 - Retour sur les contenants symboliques complexes
Qu’est-ce qu’un système symbolique complexe ?
La métamorphose apportée à l’homme par le langage, système symbolique complexe commun
D’autres systèmes symboliques complexes
Les systèmes symboliques complexes de l’enfant
Les systèmes symboliques complexes anciens
Contenants symboliques complexes, empathie, intuition et neurones miroirs
En conclusion
Chapitre 7 - L’objectivation de la pensée, moyens scientifiques
Les localisations cérébrales anciennes et le cervelet
L’imagerie cérébrale moderne : techniques et résultats
Quelques structures repérées
Le modèle de l’espace de travail neuronal global de Changeux et Dehaene complété par Damasio
Hérédité. Génétique et épigénétique
Progrès de la biologie moléculaire
Chapitre 8 - Les apprentissages
Apports des connaissances nouvelles sur les apprentissages Multiplicité des apprentissages
Les étapes des apprentissages
En conclusion
Chapitre 9 - L’objectivation de la pensée au moyen de la méthode clinique
Les grands cliniciens des maladies mentales des XIXe et XXe siècles
Méthodologie de l’examen clinique psychiatrique
Une nouvelle clinique centrée sur les réseaux d’associations d’idées dans la mémoire
Conscient et inconscient
Chapitre 10 - Les folies, leurs causes et leurs évolutions
Maladies et résilience
Les recherches étiologiques
Les différentes étiologies
Chapitre 11 - Sur la mémoire
Des philosophes
De très nombreux psychologues ont travaillé sur la mémoire
Structures cérébrales concernées par la mémoire
Chapitre 12 - Les traitements des maladies mentales
Les techniques faisant intervenir des moyens physiques
Les médicaments
Les psychothérapies
Chapitre 13 - La folie,
Tentative de synthèse psychopathologique
Pathogénie des maladies mentales
Comment la pensée folle est-elle modifiée ?
Les folies sont des maladies de la pensée
Des états de pensée
Liens entre des états du réseau de neurones support de la pensée et de la mémoire avec les descriptions psychopathologiques classiques
À propos des psychothérapies et de la médecine fondée sur des preuves
Psychopathologie des maladies mentales
Conclusions
Notes
Préface

Longtemps, la folie n’a pas été reconnue comme une maladie. Et, actuellement, la psychiatrie occupe encore une place à part dans la médecine. À partir du XIX e  siècle, la méthode clinique a permis des descriptions extrêmement précises de la plupart des maladies mentales, mais contrairement aux autres maladies, la clinique ne permettait pas de remonter à l’étiologie, à la façon de la neurologie.
Au cours des cent cinquante dernières années, de nombreuses formes de psychopathologies ont été proposées, mais aucune n’a une valeur générale, qui puisse s’appliquer à toutes les folies. L’hétérogénéité des étiologies a conduit l’OMS et l’Association américaine de psychiatrie à rejeter toute hypothèse étiopathologique et psychopathologique, au profit d’une perspective comportementaliste, supposée plus objective. Ce choix amène à refuser la prise en considération de la pensée , considérée comme subjective, au profit du comportement, supposé objectif. Les conséquences de ce choix conduisent à proposer un exercice médical relevant de la médecine vétérinaire, dans la mesure où la pensée du malade n’entre pas en ligne de compte, mais uniquement ses conduites et ses comportements.
L’expérience clinique et la réflexion montrent que la pathologie mentale ne se comprend pas à partir d’une seule perspective, mais à partir d’une multitude d’influences et de découvertes, datant pour la plupart du XX e  siècle. Chacune a éclairé une partie des mystères de la pensée folle, j’ai essayé dans ce livre d’en proposer une synthèse.
La pensée n’est pas le propre de l’homme, mais c’est chez lui qu’elle prend une extrême importance. Elle remplace une bonne partie des programmes instinctifs héréditaires, permet des apprentissages et des acquisitions de connaissances en dehors de l’expérience personnelle et de l’imitation, grâce aux langages parlés et écrits, aux arts, à la mathématique, à la philosophie, etc. Elle permet l’apparition de la culture avec les mythes, les traditions, les règles concernant la violence et la sexualité.
Depuis des millénaires, on a remarqué que la pensée était d’une autre nature que le corps. De multiples hypothèses ont été proposées à ce propos au cours des temps. Dans beaucoup de cultures, diverses formes des représentations mentales sont considérées comme des êtres surnaturels, des génies, des anges ou des diables nous dictant nos comportements. Aujourd’hui, nous croyons que la pensée dépend de l’activité électrochimique des cellules nerveuses du cerveau. Mais nous ignorons comment l’activité de ces cellules se métamorphose en pensée.

Réflexions sur la médecine et la psychiatrie
Les troubles de la pensée posent en médecine un problème, dans la mesure où existent deux types de maladie de la pensée. D’une part des troubles consécutifs à des lésions corporelles traumatiques, infectieuses, tumorales, endocrinienne, séniles, etc. Ces troubles ont une cause matérielle organique repérable par l’examen clinique, l’examen physique, l’imagerie médicale et la biologie. Lorsqu’une lésion cérébrale est certaine, personne n’est surpris de la relation de cause à effet entre les troubles observés et la lésion. L’art médical en maîtrise la prise en charge. Ces per

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