Parents sous influence : Est-on condamné à reproduire l’éducation de ses parents ? , livre ebook

Odile Jacob - Cécile David-Weill

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141 pages

Français

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« Comment élever son enfant ? Comment faire avec cette sensation étrange que nos réactions issues de notre enfance, que l’éducation que nous avons reçue imprègnent nos choix éducatifs et influencent plus que nous ne l’imaginons notre attitude envers nos enfants ? Dans ce livre, j’ai voulu partager et faire partager à d’autres parents et à ceux qui vont le devenir tout ce que j’ai appris, tout ce que j’ai compris, à travers ma propre et difficile expérience. Un livre centré sur les parents, sur leur personnalité et leurs difficultés. Un livre de parent à parent, destiné à tous ceux qui, comme moi, ont l’impression de mal faire, ou qui doutent de leurs réactions ou de leurs capacités. Pour leur permettre de mettre au service de leur enfant toute l’énergie qu’ils perdent d’ordinaire en inquiétude et en culpabilité, et de découvrir, comme je l’ai fait depuis lors, qu’il n’y a pas besoin d’être un parent parfait pour faire œuvre éducative et qu’il est bel et bien possible d’avoir des rapports heureux et respectueux avec ses enfants. » C. D.-W. Une réflexion utile et déculpabilisante pour rassurer les parents qui font de leur mieux pour être à la hauteur. Cécile David-Weill Cécile David-Weill est romancière, mère et grand-mère. Elle est l’auteur de Béguin, Femme de, Les Prétendants et de Chroniques de New York publiés chez Grasset.

Sujets

Education

Psychology

Training

Sociologie, société et politique

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	12 octobre 2016
Nombre de lectures	0
EAN13	9782738159304
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE 2016 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5930-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À mes parents, qui ont fait comme ils ont pu. À mes enfants Pierre, Laure et Alice avec lesquels j’ai fait comme j’ai pu, et qui m’ont tant inspirée et soutenue, et leurs enfants Maya, Assya, Balthazar, Olivia et Timur, ainsi qu’à tous ceux qui restent encore à naître…
Avant-propos

Comment élever son enfant ? La question semble pouvoir être traitée librement, en toute conscience et comme bon nous semble. Sauf qu’elle impressionne par sa complexité et que l’on se contente souvent de déterminer que l’on fera comme ses parents, ou l’inverse ; l’on sera strict, coulant, moderne ou traditionnel. Puis, dans un souci de pragmatisme méritoire, l’on finit invariablement par conclure que l’on s’appuiera sur un cocktail d’amour et d’instinct, dont on espère, en croisant les doigts, qu’il palliera les difficultés qui ne manqueront pas de surgir.
Sauf que cela ne marche pas ainsi et qu’il ne faut pas s’en étonner. Car, loin de posséder un tel libre arbitre, nous sommes tous sous influence. Celle de l’enfant survivant en nous qui fausse, biaise ou contredit toutes nos intentions éducatives, en nous amenant à reproduire l’éducation de nos parents. Un réflexe conditionné qui nous fait horreur quand on a souffert d’une manière ou d’une autre dans son enfance. D’autant plus que, lorsqu’on en prend conscience, il nous apparaît si clairement involontaire qu’il nous semble inévitable. Alors on le chasse de notre esprit. Faute de mieux. Et l’on se retrouve obligé de constater que, malgré toute notre bonne volonté et l’incroyable énergie que l’on consacre à l’éducation de notre enfant, notre comportement de parent n’a souvent rien d’éclairé ni même de rationnel et que ses effets sur notre enfant ne donnent en rien l’effet escompté par notre projet initial.
Je me suis heurtée comme tant d’autres à cette réalité. À la sensation que mes réactions issues de mon enfance sabotaient tous mes choix éducatifs. Et comme les conseils prodigués dans les guides, aussi excellents soient-ils, ne traitent jamais de cette question, je me suis rangée à regret à la croyance commune qu’il était sans doute impossible de réussir l’éducation de son enfant et que personne de sensé ne pouvait se targuer d’être un bon parent.
Jusqu’à ce que je comprenne que l’on ne peut éduquer son enfant sans tenir compte de son enfance et de son inconscient. Rien de neuf ou d’inédit, me direz-vous, alors même que plus grand monde ne conteste l’influence de l’inconscient sur toutes les sphères de notre existence. Sauf qu’on l’applique rarement de façon concrète à nos aptitudes parentales. Car la notion même d’inconscient semble si contradictoire avec la maturité et le discernement nécessaires au rôle de parent qu’elle s’avère pour le moins déstabilisante. Et les parents inquiets qui cherchent à se rassurer évitent d’ordinaire de se pencher sur cette question. Pourtant il suffit d’y songer un instant pour comprendre qu’il est déraisonnable de faire l’impasse sur cette part de nous-même qui nous empêche de tenir le moindre cap pédagogique, et qui, pire encore, nous amène à faire souffrir notre enfant malgré nous. A fortiori parce que, comme je l’ai découvert depuis lors, il est possible de mettre son enfance à distance et de neutraliser les scories de son passé. Et il est même indispensable de le faire pour se donner les moyens de devenir un bon parent.
C’est donc tout l’objet de ce livre. De transmettre les idées que j’ai tirées de mon expérience, de mes lectures, des témoignages que j’ai recueillis, ainsi que des échanges que j’ai eus avec des thérapeutes qui ont accepté de me livrer des cas concrets issus de leur pratique vécus par des parents d’enfants de tous âges, ainsi que leurs idées sur ce qui marche et ce qui ne marche pas en matière d’éducation.
J’ai hésité à me lancer dans l’écriture d’un tel ouvrage car, en tant que romancière, je n’ai pas les connaissances nécessaires pour remonter à la source de ces idées en me livrant à un travail exhaustif et rigoureux pour en retracer l’historique, ni pour en restituer la paternité aux différents théoriciens qui ont contribué à les former, en faisant référence à des théories, des études ou des écoles de pensée.
Mais je tire ma légitimité du fait que j’ai bien failli passer à côté du bonheur d’être parent et de mon devoir d’élever mes enfants. Car j’ai été une mauvaise mère pendant assez longtemps pour en mesurer l’impact sur mes enfants et ressentir le désarroi et la culpabilité qui en découlent. Et il m’a fallu entreprendre une véritable démarche pour y remédier de façon à pouvoir changer d’attitude et permettre à mes enfants de devenir ce qu’ils sont, c’est-à-dire des personnes que j’aimerais rencontrer si elles n’étaient pas mes enfants.
Et comme les idées que j’ai tirées de la réflexion que je mène depuis plus de quinze ans ont révolutionné mes rapports avec mes enfants, il m’a semblé devoir les livrer le plus simplement possible, en les illustrant de situations concrètes rencontrées par des parents et des enfants issus de mon entourage, du cabinet des thérapeutes qui me les ont relatées, ou d’œuvres de fiction qui y font écho, en rédigeant le livre que j’aurais aimé lire quand j’ai commencé à élever mes enfants.
Un manuel d’éducation des parents, en somme, aussi généraliste qu’empirique, qui s’adresse à tous les parents sous influence, dont j’étais, que je suis encore parfois, et que nous sommes tous, je crois, tant que l’on n’a pas mesuré l’impact de son enfance sur son attitude de parent et que l’on n’a pas pris l’habitude de se remettre en cause dans l’intérêt de ses enfants. En espérant qu’il fera réfléchir et changer les parents convaincus par ce propos et qu’ils sauront se faire aider, s’ils ne parviennent pas à le mettre en œuvre, pour réussir à dispenser une éducation qui n’est, après tout, rien de moins que la matrice de tous nos comportements.
PREMIÈRE PARTIE
L’échange caché entre parents et enfants
CHAPITRE I
L’enfant se construit à travers le comportement de ses parents

« Les enfants sont un bienfait ou un fléau du ciel suivant ce qu’ils deviennent, et ils deviennent ce que l’éducation les fait. »
Maria E DGEWORTH , Les Deux Familles , 1814.

« Les enfants sont toujours ce qu’on les fait. »
T ÉRENCE , Les Adelphes, II e siècle av. J.-C.

Notre rôle de parent donne lieu à toutes sortes de discussions. Mais elles portent plus souvent sur des questions pratiques que sur la façon intime dont on vit l’expérience ou sur notre échange avec notre enfant, car l’on manque de références et de points de repère pour les analyser.
Certes, on sait tous désormais qu’un enfant a besoin d’un lien affectif avec sa mère, un parent, ou la personne qui en fait office 1 . Et ce besoin d’amour est une nécessité réelle, totale et clinique. Il suffit de se rappeler les dégâts irréversibles causés dans les orphelinats roumains du temps de Ceausescu à des enfants qui recevaient des soins, mais qui ne bénéficiaient d’aucun geste de tendresse, et qui sont morts de chagrin ou devenus fous. Tout cela est de notoriété publique.
Néanmoins, rares sont les parents qui prennent la mesure de ce que cela veut dire. À savoir que l’enfant est largement façonné par l’attention qu’il reçoit. Car il ne peut prendre conscience de lui-même, structurer ses émotions, et donc se construire en empathie ou en opposition avec son entourage que s’il bénéficie de ce lien et de cet échange affectifs. Et s’ils lui font défaut en quantité ou en qualité, il se replie sur lui-même. Ce qui, selon les cas, fera de lui un adulte timide, renfermé, associable ou malade mental. Mais ce n’est pas tout, puisque l’on sait maintenant que la qualité de ce lien favorise ou dégrade ses aptitudes d’apprentissage comme sa santé physique ultérieure.

L’enfant ressent tout
Le nourrisson est souvent comparé à une éponge. Car il ressent tout, à commencer par le climat affectif dans lequel il baigne, notamment l’état émotionnel de sa mère.
Une aptitude proche de la télépathie indispensable à sa survie, puisqu’elle lui permet de s’adapter à la personne dont il dépend, qui détient sur lui, au sens propre du terme, un pouvoir de vie et de mort. Et les exemples de ce don sont légion :

Tel celui de cet enfant de 18 mois, qui dormait 18 heures par jour depuis sa naissance quand il était en compagnie de sa mère et un nombre d’heures parfaitement normal lorsqu’il était avec son père, qui finit par avoir l’explication de son étrange conduite. Car son épouse fut diagnostiquée schizophrène, révélant ainsi ce que l’enfant avait déjà senti, c’est-à-dire que sa mère était malade et incapable d’interagir avec lui, et qu’il ne devait en aucun cas la solliciter pour sa propre sécurité.
Ou de Claire , une jeune mère handicapée, dont l’enfant de 2 mois, qui gesticulait normalement sur la table à langer quand son père le changeait, réussissait l’exploit de rester complètement immobile quand elle était à la manœuvre tant il avait à cœur de lui simplifier la tâche.
Ou enfin celui de Morgane, qui, ayant jugé préférable de cacher à ses deux enfants de 5 et 7 ans la mort du chien, fut très surprise quelques jours plus tard en les conduisant à l’école lorsqu’ils se mire