Numérique, compter avec les femmes
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Numérique, compter avec les femmes , livre ebook

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Description

 « Voilà plus de vingt ans que je fais de la recherche en informatique à un très haut niveau. Je me suis aussi frottée, en tant qu’entrepreneuse dans la Deep Tech, aux investisseurs, accompagnateurs, incubateurs et start-upeurs de tout crin. Évoluant depuis longtemps dans ce milieu, je constate que je suis encore trop souvent parmi les rares femmes dans l’assemblée. Comment mettre fin à la sous-féminisation de ce secteur encore très machiste, à l’image de notre société ? Ce que je souhaite avec ce livre, c’est que les femmes soient autant attirées par l’informatique que par la médecine. » A.-M. K. De la pionnière Ada Lovelace, première programmeuse, injustement méconnue, à Grace Hopper qui a posé les bases du langage Cobol, des biais de genre sur Wikipédia aux clichés véhiculés par les réseaux sociaux, un livre court et incisif pour montrer le sexisme d’un secteur crucial de l’économie, assorti de propositions concrètes et claires pour encourager les femmes à l’investir, et vite ! Anne-Marie Kermarrec est professeure en informatique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, et fondatrice de la start-up Mediego, issue de l’Inria. Membre de l’Academia Europaea et ACM Fellow, elle est lauréate du prix Montpetit et du prix de l’Innovation de l’Académie des sciences.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738154453
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection « Informatique et monde numérique »
dirigée par Gérard Berry
© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2021 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-5445-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À ma mère.
PRÉFACE

Voici un livre qui aborde finement et sans fard un des problèmes majeurs que nous rencontrons en informatique : la bien trop faible présence des femmes en France et ailleurs dans le nouveau monde numérique, que ce soit dans la recherche, l’enseignement ou l’industrie.
Étant entré dans la recherche en 1970, j’ai constaté cet écart de genre de façon constante pendant cinquante ans. Voici un bel exemple : en 2015, à la sortie d’un de mes cours au Collège de France, deux jeunes bachelières sont venues me voir pour m’expliquer qu’elles avaient voulu s’engager dans l’informatique, mais qu’on leur avait déconseillé cette voie au lycée en leur expliquant que « ce n’est pas un métier pour les femmes ». Le problème ici est double : d’une part, ce genre de chose est inexcusable, voire devrait être considéré comme une faute professionnelle pour un enseignant ou un conseiller pédagogique ; d’autre part, et ce n’est pas mieux, ces bachelières l’ont cru, participant à une autocensure, hélas, courante chez les jeunes femmes par rapport aux « sciences dures ». Elles m’ont dit qu’elles s’étaient engagées dans le droit, mais qu’elles se verraient bien revenir ensuite à l’informatique. Je les y ai encouragées, en leur signalant qu’il était vraiment indispensable d’avoir des juristes compétents dans ces deux domaines, bien rares en ce moment, à cause de la myriade de questions nouvelles engendrées par l’entrée de l’informatique dans un nombre toujours croissant de pans de notre société. D’autres jeunes femmes du laboratoire de biologie dans lequel se trouvait mon bureau m’ont dit aussi un peu la même chose, ajoutant que les femmes étaient « mieux faites pour les sciences de la vie », puisqu’elles la donnent elles-mêmes. Je n’ai rien contre la biologie, mais il faut reconnaître qu’elle offre à l’heure actuelle beaucoup moins de débouchés que l’informatique, qui manque de bras par milliers ; il est donc un peu étrange de constater que les amphis d’informatique sont surtout remplis d’étudiants et de bien peu d’étudiantes. La force des stéréotypes est considérable…
Le problème est donc ancien, et il existe également de plus en plus en mathématiques et en physique où il était moins marqué auparavant. Savez-vous que la première femme élue à l’Académie des sciences ne l’a été qu’en 1978 1 , alors que cette Académie a tenu sa première réunion en 1666, donc trois cent douze ans plus tôt ?
Pourtant, même si cette situation est fréquente dans les pays dits occidentaux, elle n’est pas générale. En Algérie ou en Tunisie par exemple, où le statut des femmes reste loin de celui que leurs efforts ont construit en France depuis les années 1970, les femmes deviennent majoritaires en informatique ; ce domaine est en pleine expansion là-bas et permet aussi d’aller facilement à l’étranger au vu de la demande mondiale. Et en Inde ou, plus à l’est, en Asie, les femmes aussi y sont nombreuses. Il faut donc réfléchir en profondeur sur la situation actuelle, ce qui demande bien sûr le témoignage des femmes qui se sont engagées dans la voie informatique.
C’est précisément ce que propose ici Anne-Marie Kermarrec, grande chercheuse, particulièrement productive dans le domaine des algorithmes répartis sur des machines distantes, essentiel pour les applications modernes comme le Web, les blockchains et bien d’autres. Elle s’engage depuis toujours avec force, mais sans dogmatisme, dans de nombreuses actions collectives sur la science en général, sur la place qu’y occupent les femmes et sur celle qu’elles devraient y occuper. Ici pas de prise de position qui n’engage à rien, mais des expériences concrètes, personnelles ou extérieures, négatives ou positives, présentes ou historiques ; des évocations de femmes qui ont beaucoup apporté au domaine (où elles étaient majoritaires dans les années 1950) ; des analyses et des discussions sur quelles actions concrètes pourraient être efficaces ; des comparaisons avec d’autres pays ; le tout en 26 chapitres rédigés sous la forme d’un abécédaire.
Quand Anne-Marie Kermarrec nous a proposé ce livre pour la nouvelle collection des éditions Odile Jacob, dans laquelle je joue maintenant le rôle d’éditeur, j’ai immédiatement proposé que ce soit le tout premier livre à y paraître – ce qu’Odile Jacob a immédiatement accepté. Ce que nous souhaitons est qu’il construise dans vos esprits suffisamment de points d’exclamation et d’interrogation pour que la discussion continue sur ce sujet particulièrement actuel. Oui, les mentalités changent, et les hommes sont de plus en plus enclins à considérer les femmes comme égales dans les sujets scientifiques et techniques tels que l’informatique et son rôle dans le monde numérique moderne. Non, les faits n’ont pas changé, et la place des femmes n’est même pas en augmentation. Retournons nos manches, mais à partir d’expériences et d’analyses précises comme celles que vous trouverez ici, pas d’incantations stériles !
Gérard B ERRY .
AVANT-PROPOS

Femmes et numérique : vaste programme ! comme dirait l’autre.
2017 : la vague #MeToo a permis de remettre la mairie au milieu du village quant à la parole des femmes. Si les choses s’améliorent, encore heureux, le sexisme n’a pas disparu de nombreux pans de la société.
2020 : en pleine crise sanitaire, on pense déjà au monde d’après, celui où le numérique, grand allié du confinement, puisqu’il nous aura permis d’enchaîner télétravail, fitness en ligne et apéros virtuels, régnera en maître. L’informatique, la benjamine de nos sciences, celle que Turing a lancée seulement au siècle dernier, qui nous ouvre tant de perspectives et pénètre chaque once de notre quotidien, reste pourtant une affaire d’hommes. Et ce n’est pas sans conséquences.
Engagée depuis plusieurs années sur ce sujet toujours brûlant, j’ai décidé de rendre un petit état des lieux des amours compliquées entre les femmes et le numérique. Pourquoi moi ? Je suis une femme, j’ai été étudiante en informatique, puis stagiaire, chercheuse et entrepreneure. J’ai été candidate à des postes dans la recherche académique ou industrielle, j’ai siégé dans de nombreux jurys et je suis aujourd’hui professeure (merci l’Académie pour le e ). Au cours de mes études d’informatique, j’ai passé cinq ans à faire partie des 15 % d’étudiantes de ce type de promotion, j’ai fait un doctorat et ai souvent pu ressentir un manque de légitimité dans un milieu presque exclusivement masculin. Puis j’ai passé vingt ans à faire de la recherche en informatique dans plusieurs environnements à l’université (Rennes-I) et au sein d’un institut de recherche (Inria) en France, dans une université néerlandaise (Vrije Universiteit), dans un laboratoire industriel en Angleterre (Microsoft Research) et aujourd’hui à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse. J’ai été entrepreneure dans la sexiste Deep Tech et me suis frottée régulièrement aux investisseurs, accompagnateurs, incubateurs et start-upeurs de tout crin pendant cinq ans. J’ai eu l’occasion de contribuer à de multiples jurys et commissions en France et à l’étranger tant dans le milieu académique que dans celui des start-up ; j’y ai lu des tonnes de dossiers de promotion ou de recrutement et y ai souvent été témoin de la fragilité de certaines femmes (j’ai parfois moi-même tremblé face à des collaborateurs un peu incisifs), mais aussi de la passion de certaines collègues à défendre la cause féminine. J’ai rencontré des hommes féministes, d’autres paternalistes, d’autres qui se croyaient féministes, quelques harceleurs. Évoluant depuis vingt-cinq ans dans un milieu masculin, je ne prête malheureusement même plus attention au fait que je suis souvent parmi les rares femmes dans l’assemblée ; j’ai appris à manager les jeunes geeks, à gérer les ego masculins de tout poil. En conséquence, je me fais traiter régulièrement de féministe, et je l’assume. J’ai donc une expérience variée dans le domaine du numérique qui n’est bien évidemment pas exhaustive.
Il faut donc prendre les chapitres qui suivent pour ce qu’ils sont : le point de vue partial sur une palette de sujets d’une femme dans le numérique depuis vingt-cinq ans, qui le vit bien mais observe de très près la ténacité des stéréotypes et la puissance des biais, qu’ils soient conscients ou inconscients – les pires. Je sais qu’il existe de nombreux autres domaines qui mériteraient d’être observés à la loupe, mais il faut choisir ses batailles. Je souhaite aussi mettre en garde les lecteurs : je n’ai pas conduit l’écriture de ce livre comme je l’aurais fait de celle d’un article scientifique ; ma réflexion s’est plutôt nourrie de mon expérience, de nombreuses discussions, d’articles de sources diverses et variées émanant de médias généralistes ou scientifiques, qu’ils soient français ou étrangers, voire d’articles scientifiques puisque cette question suscite l’intérêt de nombreux chercheurs, et enfin d’émissions de radio (merci Radio France). Depuis que je m’y intéresse, je note que ce sujet génère de plus en plus d’attention et d’actions. Je ne prétends donc évidemment ni à l’exhaustivité ni à la perfectio

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