Nouveau regard sur la société française
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Description

Michel Crozier est l’un des maîtres de la sociologie française depuis quarante ans. Voici le regard que cet esprit libre à la plume alerte jette sur le monde tel qu’il va, et les convictions qui restent pour lui fondamentales. La liberté, la responsabilité, le travail, les institutions, la confusion des valeurs, l’écoute : un grand intellectuel livre sa pensée sur l’époque contemporaine, ce qu’il retient au terme de sa réflexion, les grands engagements qui comptent. Une leçon de pensée vivante. Fondateur du Centre de sociologie des organisations (CRNS), Michel Crozier a notamment été professeur à l’université Paris-X-Nanterre. Il a reçu en 1998 le prix Tocqueville et est membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Il a notamment publié Le Phénomène bureaucratique, La Société bloquée, État modeste, État moderne ou encore L’Entreprise à l’écoute. Bruno Tilliette est sociologue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 août 2007
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738185730
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , AOÛT  2007 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-8573-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Pourquoi lui ? - par Bruno Tilliette
Convictions - par Michel Crozier
Chapitre 1 - Naissance des valeurs
Chapitre 2 - La liberté
Chapitre 3 - La responsabilité
Chapitre 4 - La connaissance
Chapitre 5 - La démocratie
Chapitre 6 - Le travail
Chapitre 7 - Les Institutions
Chapitre 8 - La confusion des valeurs
Chapitre 9 - L’écoute
Des mêmes auteurs
Pourquoi lui ?

par Bruno Tilliette

« C’est très intéressant, mais pourquoi lui ? » Lui, Michel Crozier. En quoi ses « convictions » devraient-elles être plus pertinentes, plus légitimes que celles d’un autre ? Pourquoi devrait-on y croire ? C’est le sens de ce « pourquoi lui », le sens de la question qui m’a été posée par une amie d’une trentaine d’années qui venait de lire le manuscrit de ce livre.
 
D’abord, je n’ai pas compris ce qu’elle voulait me dire, parce que ça me semblait évident. Je connais personnellement Michel Crozier depuis plus de dix ans, depuis un premier livre d’entretiens ( La Crise de l’intelligence ), puis un second, écrit d’une plume commune ( Quand la France s’ouvrira… ). Je connais son œuvre intellectuelle depuis plus de trente ans, les textes essentiels qu’il a publiés sur le fonctionnement des systèmes humains. Il est pour moi, non un maî tre, mais un ami, si on entend par amis ceux qui vous écoutent et vous font progresser dans votre compréhension du monde et des relations humaines. Un passeur d’idées qui ne vous impose rien, accepte les vôtres pour vous aider à découvrir la réalité de ce que vous pensez vous-même.
 
Ce n’est pas ici le lieu de faire l’hagiographie de Michel Crozier, et il ne l’accepterait pas. Qu’il me soit cependant permis de dire que j’ai rarement rencontré une personne de ce niveau qui fût à ce point attentive à l’autre. Sa supériorité intellectuelle, l’étendue de ses connaissances n’ont jamais servi à me dominer, ni même à se dérober à mes questions, seulement à me convaincre, patiemment, et, parfois, à se laisser convaincre. Ou encore à avouer ses doutes, ses insuffisances sur un point ou un autre. Et toujours à essayer d’être en accord entre ses idées et sa pratique, entre ce qu’il dit et ce qu’il fait. Un penseur qui n’a jamais abandonné la recherche de la vérité, y compris la vérité intime, celle de nos motivations profondes. Ce livre en témoigne.
Michel a écrit, il y a quelques années, un livre au titre prophétique, État modeste, État moderne, dans une France immodeste qui a du mal à se moderniser. Parce qu’il est un penseur modeste, c’est-à-dire perpétuellement en recherche, il est un penseur beaucoup plus moderne que nombre de petits ou grands marquis qui occupent le devant de la scène médiatique et s’expriment sans mesure sur toutes les affaires du monde. C’est à eux qu’on devrait plus souvent poser la question de la légitimité de leurs prises de position successives, de leurs « convictions » flottantes, de leurs valeurs surtout applicables aux autres. La modernité de Michel Crozier, c’est de n’avoir pas de réponse à tout, d’avoir rendu compte, parmi les premiers, de la complexité du réel et des interactions humaines, de tenter de poser correctement les problèmes avant d’y apporter des solutions. C’est aussi de ne jamais se décourager, de décider que l’avenir sera meilleur que le passé, et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour y contribuer, contre tous les déclinologues, nostalgiques d’un jadis et naguère fantasmé.
 
Alors, pourquoi lui ? En entendant le doute qui naît de cette interrogation, je mesure l’écart des générations. Pas le simple passage du temps et l’oubli, hélas compréhensible, d’un monsieur de 84 ans, que la retraite a mis en retrait depuis une quinzaine d’années. Mais l’écart, plus radical à mon sens, entre ceux qui, comme moi, croient encore à la force et à l’utilité d’une pensée accomplie, non pour s’en faire un modèle prêt à porter, mais comme référence pour élaborer leur propre vision du monde, et ceux à qui il suffit de jouer avec des idées, au gré des modes et des vents porteurs. Qui, aujourd’hui, peut parler et qui peut être entendu ? Nous sommes au cœur de la confusion des valeurs qui est le point de départ de cet ouvrage. Tout le monde a le droit de prendre la parole, cela est inscrit au principe de la démocratie. Pour autant, toutes les paroles n’ont pas la même valeur. Et toutes les valeurs n’ont pas la même importance, la même nécessité. Mais qui peut le dire, le faire comprendre, le prouver ?
Michel Crozier est-il le mieux placé pour nous convaincre du bien-fondé de ses convictions ? Pour nous donner des repères, pour nous aider à distinguer l’essentiel de l’éphémère ? Il serait le dernier à l’affirmer. Modeste encore, et prudent. Il sait que l’âge n’est pas toujours signe de sagesse. C’est sa sagesse.
 
Finalement, donc, pourquoi lui, pourquoi ce livre d’entretiens avec Michel Crozier ? Je remercie mon amie plus jeune de m’avoir permis, par sa question, au départ incongrue, de creuser les « raisons » de ce texte au-delà de l’évidence de l’amitié, de la connivence intellectuelle, du plaisir du débat qui en ont été les premiers moteurs. Car il s’agit de bien autre chose. En travaillant avec Michel, au fil de nos premières discussions, nous nous sommes aperçus que nous partions sur une fausse piste, celle, pour le dire schématiquement, de la critique des valeurs des autres. Parallèlement, je prenais personnellement conscience que je me référais à des valeurs dont je ne savais pas clairement d’où elles me venaient et que je prenais trop facilement pour argent comptant, mal gré le sentiment de m’être forgé, à 50 ans passés, une pensée autonome. Ainsi, nous avons dépassé la simple « conversation » sur les valeurs pour nous interroger à la fois sur l’origine des grandes valeurs démocratiques, sur la manière dont elles nous sont transmises collectivement et dont nous nous les approprions individuellement. Sans cet effort de connaissance anthropologique, sociologique et psychologique, toutes les valeurs, en effet, peuvent sembler équivalentes : rien ne s’oppose alors à une surenchère babélienne de valeurs que chacun défend au nom d’une liberté mal comprise.
 
Les convictions d’un homme comme Michel Crozier sont, évidemment, en soi, intéressantes. Elles ont l’épaisseur d’une vie consacrée à l’action autant qu’à la réflexion. Elles éclairent bien des aspects d’une histoire contemporaine dans laquelle, pour reprendre la célèbre formule de Raymond Aron, le sociologue fut un « spectateur engagé ». Mais, surtout, elles sont fondées, comme on le verra, sur une remise en question permanente des certitudes acquises et des préjugés sociaux. Elles sont nourries d’une humanité rarement prise en défaut, d’un désir insatiable de comprendre l’autre et d’établir avec lui une relation sincère, au-delà des catégories préétablies. Si bien qu’à l’issue de ces entretiens, il m’apparaît qu’il y a autant d’enseignements à tirer de la manière dont elles se sont forgées que de ces convictions en elles- mêmes. En témoignant, avec le plus d’honnêteté possible, de son parcours personnel parmi les valeurs ambiantes et du choix des siennes propres, Michel Crozier nous fait voir combien ce que nous croyons vrai est plus de l’ordre de la croyance que de la vérité. Nos certitudes les plus ancrées ne tiennent souvent que par notre ignorance et notre aveuglement. Et si nous avons le droit d’avoir des convictions, nous avons le devoir de savoir d’où elles viennent et pourquoi nous les défendons.
 
Ainsi, en nous disant ce à quoi il croit, Michel Crozier ne nous dit surtout pas ce qu’il faut penser, mais il tente, par l’exemple, de nous montrer comment essayer de penser par nous-mêmes, comment trouver des repères dans un monde opaque et troublé, dans une société moderne que sa complexité rend confuse. On peut dire, en cela, que ce livre est « pédagogique » au sens originel du terme : il nous accompagne dans notre propre cheminement, il nous aide à réfléchir sur nos propres valeurs et à en revenir à l’essentiel des valeurs démocratiques. Puisse-t-il rencontrer les lecteurs de tous âges, mais surtout ceux des jeunes générations à qui, me semble-t-il, il est naturellement destiné, car elles ont besoin, plus que jamais, de savoir en quoi elles croient.
Convictions

par Michel Crozier

Derrière tout comportement, on discerne des convictions. Certes, on fait telle chose ou telle autre parce qu’on en espère le succès, le plaisir ou l’affirmation de soi. Ou bien par hasard et parce qu’une chose en entraîne une autre. Ou bien parce que c’est ce que les autres font et qu’on veut faire pareil ou parfois, plus rarement, le contraire. Plus profondément tout de même, on découvre que c’est parce qu’on croit que c’est juste, parce qu’on a développé des convictions et qu’on y est attaché.
 
D’où nous viennent ces convictions ? Nous les avons forgées à partir des valeurs dominantes de notre milieu, au moment de notre enfance et de notre formation, grâce à l’influence de nos parents et de nos maîtres. Grâce à ce qu’ils nous disaient et nous montraient, mais plus profondément par ce qu’ils faisaient eux-mêmes et qui nous servait de modèle ou parfo

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