"Notre ventre, leur loi !"
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

"Notre ventre, leur loi !" , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

À la fin des années 60, une vague de féminisme déferle sur l'Occident. Des États-Unis en passant par le Japon et l'Europe, des femmes au verbe radical réclament l'égalité sociale avec les hommes. À coup de slogans et de cris dans les mégaphones, elles exigent la révolution et se moquent de la réforme. La plupart d'entre elles ont été formées par les révoltes de mai 68 et maîtrisent la phraséologie marxiste. Ces mouvements féministes centrent leurs luttes autour du corps féminin et de la sexualité. La contraception et l'avortement libres et gratuits constituent la pierre angulaire de leurs campagnes. Ces droits sont exigés lors de manifestations non autorisées, de sit-in, d'interventions spontanées et lors d'assemblées. Toujours dans des cris de joie et par le biais de slogans humoristiques. Cet ouvrage retrace l'existence du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) en Suisse et plus particulièrement à Genève. Il s'est construit sur la base de sources écrites réunies par les anciennes militantes du MLF de Genève et de témoignages oraux. Le sujet a été peu abordé jusqu'ici, c'est donc l'option d'une analyse du mouvement dans sa globalité qui a été choisie. Cette approche permet de saisir quelle a été l'influence du MLF sur les évolutions sociales, culturelles, politiques et sur le plan des représentations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 1
EAN13 9782940489411
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
C AROLE V ILLIGER









« N OTRE VENTRE, LEUR LOI ! »

L E MOUVEMENT DE L IBÉRATION DES F EMMES DE G ENÈVE










É DITIONS A LPHIL
Copyright
© Éditions Alphil, 2009 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse

www.alphil.ch

EAN Epub : 978-2-940489-41-1

La publication de ce livre a reçu le soutien :
– de la Fondation Emilie Gourd ;
– de la Fondation du 450 e de l’Université de Lausanne ;
– du Bureau de l’Égalité de l’Université de Lausanne ;
L’auteure et l’éditeur remercient ces institutions ainsi que l’Espace femmes international pour la mise à disposition des sources du MLF.

Photographie de couverture : Archives de l’Espace femmes international, tiré de la brochure Avortement et Contraception libres et gratuits , du Collectif de lutte pour l’avortement libre et la contraception.
Photographie de l’auteure en 4 e de couverture : Muriel Rochat

Responsable d’édition : Alain Cortat
Conception graphique et mise en page : Nusbaumer-graphistes sàrl, Delémont
L ISTE DES ABRÉVIATIONS
ACV : Archives cantonales vaudoises
ADF : Association pour les droits de la femme
CLIT 007 : Concentré lesbien irrésistiblement toxique (journal édité de 1981 à 1986 par Vanille-Fraise, le groupe genevois de lesbiennes)
EFI : Espace femmes international
FBF : Front des bonnes femmes (1 re appellation du MLF de Genève)
FBB : Frauenbefreiungsbewegung
FHAR : Front homosexuel d’action révolutionnaire (groupe genevois des lesbiennes qui a précédé Vanille-Fraise)
LMR : Ligue marxiste révolutionnaire
MDT : Movimento Donne Ticino
MLAC : Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (mouvement français)
MLF : Mouvement de Libération des Femmes
PDC : Parti démocrate chrétien
PS : Parti socialiste
WLM : Women’s Liberation Movement
I NTRODUCTION
À la fin des années soixante, en Occident, émerge un nouveau mouvement féministe : le Mouvement de Libération des Femmes, abrégé par ses initiales, MLF. Ce dernier est né de la conjonction de plusieurs courants ; des mouvements contestataires des années 1968, de la Nouvelle Gauche, du néoféminisme américain ainsi que de la lente évolution du rôle des femmes dans la vie sociale et culturelle. Il est clair que le contexte politique, social et économique des années soixante, marqué par une croissance économique sans précédent, a joué un rôle important dans l’impulsion de nouvelles idées. Cette nouvelle vague féministe déferle en Suisse au début des années septante. Comme ailleurs, le MLF choisit la voie du radicalisme : la féminité n’est pas innée mais le résultat d’une construction sociale. Dès lors, les féministes radicales accordent la priorité à la lutte contre le patriarcat 1 . Pour ce faire, elles commencent par mettre en évidence le fait que le corps féminin et la sexualité sont au centre de l’oppression. Elles exigent que les femmes en aient le contrôle et revendiquent donc la dépénalisation de l’avortement. Cette exigence demeure le thème principal parmi tous ceux formulés par le MLF durant la dizaine d’années de son existence.
A PPROCHE
Notre projet de recherche historique porte avant tout sur une analyse globale du Mouvement de Libération des Femmes de Genève. Comme à ce jour il n’existe que très peu de travaux portant sur ce dernier, nous avons opté pour une perspective du mouvement dans son intégralité. Ce choix nous a paru pertinent dans la mesure où une problématique plus ciblée, sur un aspect précis, aurait fait l’impasse sur une vision d’ensemble, ce qui nous a semblé préjudiciable pour un tel sujet. Cette approche nous permettra ainsi de mieux saisir quelle a été l’influence du MLF sur les évolutions sociales et politiques, les changements de comportements et au travers des représentations.
Par ailleurs, l’objectif de ce travail réside également dans la mise en perspective d’une imbrication étroite entre une histoire de longue durée, selon le concept de Braudel, et celle de courte durée. En effet, la remise en cause de l’ordre social patriarcal n’est pas apparue soudainement à la fin des années soixante, de même qu’elle ne s’est pas terminée d’un coup en 1980, avec la fin du MLF. C’est un lent processus qui se met en place, en articulant la chronologie courte des événements avec celle de longue durée des transformations profondes de la société, des mentalités, des politiques et des cultures. Pour cette raison, il nous a paru important de présenter, d’une part, le contexte qui a permis l’émergence de nouveaux mouvements féministes, tels que le MLF à la fin des années soixante et, d’autre part, l’étude d’un cas précis : le MLF de Genève, depuis son apparition en 1971 jusqu’à sa disparition de la scène publique dans les années quatre-vingt. Nous nous arrêterons sur les temps forts du mouvement : ses thèmes de lutte, ses revendications révolutionnaires, sa façon non conventionnelle d’intervenir dans l’espace public et l’humour dont il fait preuve tout en mettant le doigt sur des questions sensibles. Nous n’en laisserons pas pour autant de côté ses faiblesses : les relations de pouvoir qu’il génère, l’exclusion tacite de militantes ainsi que son incapacité à remettre en question son mode de fonctionnement.

Poème

La démarche, choisie pour aborder la problématique de notre sujet, s’inscrit dans une perspective genre. Le genre étant un concept, il nous semble nécessaire de préciser notre propos et de citer la réflexion de Joan Scott 2 . Selon elle, le genre désigne un rejet du déterminisme biologique, implicite avec l’utilisation du terme « sexe ». Le genre implique non seulement l’étude du monde des femmes mais également celui des hommes, comme l’affirme l’auteure :
« Cet usage rejette la validité interprétative de l’idée des sphères séparées et soutient qu’étudier les femmes de manière isolée perpétue le mythe qu’une sphère, l’expérience d’un sexe, n’a que très peu ou rien à voir avec l’autre sexe. » 3
L’analyse du MLF de Genève, en tant que mouvement néoféministe, nous amène inévitablement à reconnaître la présence d’enjeux liés à la définition des rapports sociaux entre hommes et femmes. Ceux-ci sont d’ailleurs clairement mis en évidence par les militantes du MLF elles-mêmes, puisque c’est cet ordre social qu’elles remettent en question.
Le sujet de notre travail s’inscrit dans une histoire du temps présent, ce qui implique quelques difficultés. Premièrement, nous avons été confrontés à la différence inévitable entre les témoignages oraux des épisodes vécus et ceux matérialisés dans les écrits. Ce va-et-vient entre histoire écrite et histoire orale nous a mis devant l’évidence des différentes perspectives. Deuxièmement, la courte distance qui nous sépare de notre sujet pose le problème de la protection de l’identité des protagonistes du MLF de Genève. Les anciennes militantes ne souhaitent pas forcément apparaître aujourd’hui au grand jour. Nous avons donc respecté cette condition et nous n’avons pas cherché à identifier les auteures de textes anonymes. Toutefois, pour assurer une certaine cohérence, nous avons cité les personnes pour lesquelles leur participation au MLF ne pose pas de problème.
Cette recherche a évidemment ses limites. Il ne fait pas de doute que nous aurions dû aller plus loin dans la démarche comparative avec les MLF des autres cantons, d’une part, mais également avec ceux des autres pays. De cette façon, nous aurions pu mesurer toute la spécificité du MLF de Genève. Il est également un champ que nous n’avons pas analysé suffisamment : celui du rapport du mouvement avec les médias. Il aurait fallu dépouiller systématiquement l’ensemble de la presse de l’époque ainsi que les émissions télévisuelles et radiophoniques. Devant l’ampleur du travail, nous nous en sommes tenue aux archives de l’Espace femmes international. De même, une étude plus approfondie des relations entre le MLF et les mouvements alternatifs aurait été intéressante à développer davantage.
Nous avons utilisé plusieurs orthographes pour qualifier le MLF : Mouvement de Libération des Femmes, MLF, mouvement et encore groupe. Pour des raisons de clarté, nous avons opté pour les majuscules lorsque nous l’avons écrit en toutes lettres. Nous tenons à préciser encore qu’un tel sujet implique l’utilisation d’une terminologie épicène. Nous l’avons fait dans la mesure où la lecture ne s’en trouvait pas prétéritée.
S OURCES
Ce travail est élaboré en recourant à deux types de sources : les témoignages oraux et les documents écrits. La bibliothèque Filigrane, à Genève, possède quelques écrits sur le MLF de Genève 4 . Ceux-ci sont répertoriés en quatre volumes, qui contiennent des journaux publiés par le MLF de Genève, des articles de presse, des bulletins, des tracts, des textes de réflexion théorique et des comptes rendus de rencontres féministes internationales. Le contenu est indiqué sur la face externe du volume. Le premier volume réunit des documents relatifs au début du MLF (1971 à 1975). Les deux volumes suivants renferment les archives répertoriées selon les différents groupes du MLF. Quant au dernier, il contient les écrits concernant les liens du MLF avec les mouvements féministes internationaux. Et c’est en collectant les témoignages oraux que nous avons eu vent de l’existence d’un ensemble de documents couvrant l’histoire du MLF de Genève. Ceux-ci ont été réunis par Rina Nissim à l’Espace femmes international (EFI), à Carouge 5 . Ils remplissent une cinquantaine de volumes et une dizaine de cartons. Ils ne sont pas répertoriés et rien ne permet de retrouver précisément une source. Dans notre travail, nous avons donc indiqué le type et le titre du document ainsi que le lieu où il se trouve, c’est-à-dire l’EFI, faute de ne pouvoir donner plus de précisions. Lorsque cela était possible, nous avons également précisé le nom de l’auteure et la date de la source.
Parmi ces archives, nous avons trouvé différents types de documents : quelques rares P.V. de réunions, des tracts, des affic

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents