Neurosciences et psychanalyse
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Description

Quoi de commun entre, d’un côté, les neurosciences et le cerveau, et, de l’autre, la psychanalyse et le sujet ? Une perspective commune, celle du devenir et d’un devenir intégrant à chaque instant du nouveau, du non-programmé, du contingent, du discontinu. Serions-nous donc déterminés pour échapper aux nécessités biologiques et sociales ? Point de rencontre entre neurosciences et psychanalyse, cette ouverture à l’imprévisible et à la créativité est, en tout cas, ce qui permet l’émergence de notre individualité singulière. Ce livre, issu d’un colloque organisé au Collège de France, réunit des psychanalystes, des philosophes, des psychiatres et des neurobiologistes de premier plan. Pour la première fois, tous ensemble, ils engagent une discussion riche et ouverte sur la singularité et le statut de l’inconscient. Pierre Magistretti est directeur du Brain Mind Institute de l’École polytechnique fédérale de Lausanne et du centre de neurosciences psychiatriques de l’Université de Lausanne. Il a été professeur associé au Collège de France en 2007-2008. François Ansermet est psychanalyste, professeur de pédopsychiatrie à l’Université de Genève et chef du service de psychiatrie d’enfants et d’adolescents des hôpitaux universitaires de Genève. Ensemble, ils ont publié À chacun son cerveau. Plasticité neuronale et inconscient. Contributions de C. Alberini, J.-C. Ameisen, M. Arminjon, A. L. Benabid, N. Georgieff, B. Golse, P. La Sagna, E. Laurent, M. Le Moal, C. Malabou, L. Naccache, L. Ponce, R. Roussillon, D. Widlöcher.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 janvier 2010
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738196644
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre de la collection du Collège de France chez Odile Jacob.
Il est issu principalement des travaux d’un colloque qui a eu lieu le 27 mai 2008 au Collège de France et qui a reçu le soutien de la fondation Hugot du Collège de France.
Sa préparation a été assurée par Jean-Jacques Rosat.
© ODILE JACOB, JANVIER 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9664-4
ISSN : 1265-9835
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Introduction
par Pierre Magistretti et François Ansermet

L’existence de processus psychiques inconscients est un sujet d’intérêt et de recherche commun aux neurosciences et à la psychanalyse. Toutefois le dialogue entre ces deux disciplines a été pour le moins difficile. Quelles en sont les raisons ? Certes, les cadres de référence sont sans commune mesure, le langage propre à chaque champ est différent, et ces deux disciplines ont des histoires divergentes, difficiles à concilier, qui font aussi leur originalité. Pourtant neurosciences et psychanalyse partagent l’incontournable question de l’émergence de la singularité.
C’est dans ce contexte que s’inscrit le colloque Neurosciences et psychanalyse : une rencontre autour de l’émergence de la singularité , qui s’est tenu le 27 mai 2008 en clôture du cours donné par Pierre Magistretti dans le cadre de la chaire internationale qu’il a occupée au Collège de France durant l’année académique 2007-2008. L’idée de ce colloque a été de réunir d’éminents spécialistes des neurosciences et de la psychanalyse pour explorer les points de convergence potentiels entre ces deux disciplines que tout apparemment sépare et que l’on pourrait qualifier d’incommensurables. Dans ce type d’exercice, il convient de bien se garder de tomber dans un syncrétisme simplificateur dans lequel les principes des deux ordres pourraient être interchangeables, et où psychanalyse et neurosciences perdraient leur nature et leur tranchant. La démarche qui a animé l’organisation de ce colloque est plutôt d’identifier des points d’intersection à partir desquels les concepts d’un domaine fertilisent la réflexion de l’autre et ouvrent vers des perspectives de recherche nouvelles. Un de ces points d’intersection est sans doute constitué par les notions de trace et de plasticité neuronale. D’autres, comme ceux qui concernent les états somatiques et le maintien de l’homéostasie – notions du champ biologique qui sont à rapprocher de celles de pulsion et de principe de plaisir du champ freudien –, méritent d’être explorés.
S’agissant du lien entre les processus inconscients et la neuroénergétique (thème du cours donné par Pierre Magistretti), il convient de noter la consommation très élevée d’énergie par le cerveau en situation basale, c’est-à-dire en l’absence de toute activité ciblée sur une tâche spécifique. Mais, en fait, que signifie « conditions basales » pour le cerveau ? Le cerveau n’est pas uniquement actif lorsque nous effectuons une tâche motrice, cognitive, ou que nous éprouvons une sensation ou une émotion qui peuvent être visualisées par les techniques d’imagerie fonctionnelle au cours de paradigmes dits d’activation. Ces approches ont beaucoup contribué à l’avancement de nos connaissances, en particulier au niveau des neurosciences dites cognitives, par l’identification de régions particulièrement impliquées dans tel ou tel processus mental. Toutefois, reste l’énigme de la consommation d’énergie basale par le cerveau. Le cerveau ne représente que 2 % de la masse corporelle, et pourtant 20 % à 25 % de la consommation de glucose, d’oxygène et du débit cardiaque lui sont destinés. On peut aussi évoquer le fait que, lorsque le cerveau entre dans un état d’anesthésie légère ou de sommeil, donc dans des états où sa vigilance est diminuée, sa consommation d’énergie n’est diminuée que de 10 % environ. Plus frappant encore : les augmentations locales de débit sanguin, de consommation de glucose ou d’oxygène, associées à l’activation qui est détectée par les techniques d’imagerie fonctionnelle, correspondent à des changements de l’ordre de 10 à 20 % au maximum.
On peut évoquer diverses possibilités pour rendre compte de cette activité basale importante. Un certain nombre de ces possibilités ont été discutées dans le cours de Pierre Magistretti. Deux points semblent, toutefois, particulièrement pertinents et constituent, en fait, une des motivations de l’organisation de ce colloque. Il s’agit des mécanismes de la plasticité neuronale, d’une part, et des processus inconscients, d’autre part.
L’expérience laisse une trace dans le réseau neuronal, et cette trace correspond à toute une série de processus cellulaires et moléculaires, liés à l’activité d’enzymes, à la régulation de divers gènes et même à des modifications microstructurelles des synapses. Il y a tout lieu de croire que ces processus, liés à la plasticité synaptique, ont un coût énergétique qui leur est propre et qui est indépendant des coûts liés à l’activité « en ligne » du cerveau.
On pourrait aussi proposer qu’une partie de la consommation basale d’énergie corresponde à une activité neuronale qui sous-tend des processus non conscients. Certes, certains de ces processus pourraient correspondre à des activités de type végétatif, automatiques, et d’autres relèveraient de l’activité des systèmes intéroceptifs qui informent en permanence le cerveau de l’état somatique, sans que nous en ayons nécessairement conscience. Mais il est également concevable que les processus de plasticité qui opèrent pour l’établissement des traces conscientes ou rappelables à la conscience – lesquelles constituent notre réalité interne, fruit de l’expérience et des apprentissages – soient également opérationnels dans l’établissement d’une réalité interne inconsciente, correspondant à l’ Unbewusst – ou non-su –, mais bien là du cadre psychanalytique freudien qui, force est de l’admettre, est si déterminant dans notre devenir. Cet inconscient peut être vu comme un système de traces, mais également comme une potentielle discontinuité, fruit des réassociations de ces traces, qui ouvre sur du non encore réalisé.
Voilà donc quelques-unes des motivations du côté des neurosciences pour ouvrir un dialogue avec la psychanalyse. Qu’en est-il du côté de la psychanalyse ? Si on suppose que la psychanalyse, à côté de sa clinique, progresse aussi en altérité et en affinité avec ses champs connexes, quels enseignements peut-on tirer de ce colloque ? Prenons les points de butée qu’on rencontre sur la ligne de crête entre ces deux champs.
Il est en effet important pour la psychanalyse de réaliser que des questions inédites surviennent aujourd’hui au cœur même de certaines avancées de la science, en particulier dans le champ des neurosciences, au-delà des discours qui les colmatent et les évacuent. Des points de butée sont issus de la logique même de la science, et ils ne peuvent être dépassés à l’intérieur de son champ. Il s’agit de les repérer, d’y être attentifs, et, pourquoi pas, de les mettre aussi en jeu dans le débat critique actuel par rapport à la science qui s’est ouvert dans certaines orientations psychanalytiques. Le but est ici d’indiquer autour de quoi pourrait se produire un questionnement convergent entre neurosciences et psychanalyse, dans la mesure où certaines des questions posées par les neurosciences sont aussi incontournables pour la psychanalyse, les convoquant toutes les deux d’une façon nouvelle, ce qui a été le fil de ce colloque.
Entre neurosciences et psychanalyse, il s’agit de sortir d’une logique de la preuve : vouloir prouver la pertinence de la psychanalyse à partir des neurosciences. La volonté de prouver va avec l’idée d’analogie, alors qu’il s’agit au contraire de reconnaître qu’il n’y a pas de relation simple entre un fait biologique et un fait psychique, ou analytique. Sans ce principe, qu’on pourrait dire d’incommensurabilité, on se perd dans les méandres de l’inférence On pourrait prendre à témoin les confusions actuelles dans les neurosciences à propos de l’inconscient, et notamment autour de la distinction entre l’inconscient cognitif et l’inconscient freudien. Les neurosciences cognitives voient l’inconscient comme un inconscient cognitif, issu des expériences subliminales, de la proprioception et de la mémoire procédurale, c’est-à-dire d’abord un non-conscient. On mesure à quel point cette vision diffère radicalement de l’inconscient de la psychanalyse.
À cette vision, on pourrait justement opposer l’inconscient freudien comme étant au contraire tout à fait d’un autre ordre que le non conscient. Freud part d’une définition dynamique de l’inconscient, d’un fonctionnement marqué par l’adimensionnalité quant au temps et à l’espace, l’absence de contradiction, l’absence de négation : une logique totalement différente de celle de la conscience ou du non-conscient, comme de celle de l’inconscient cognitif.
Au-delà de ce débat, il s’agit aussi de distinguer dans la psychanalyse, d’une part, un inconscient procédant de la continuité et, d’autre part, un inconscient comme discontinuité. Cette évidence est aussi portée par les données nouvelles des neurosciences, qui butent sur la discontinuité issue de la réassociation des traces, suite à la plasticité et à la reconsolidation qui impliquent un bouleversement au

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