N importe qui peut-il péter un câble ?
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N'importe qui peut-il péter un câble ? , livre ebook

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Description

Perte de contrôle, souffrance morale… on a tendance aujourd’hui à ne plus tolérer les difficultés de la vie et à craindre même parfois de perdre la tête pour de bon. Or « péter un câble » recouvre des états très divers, de l’explosion de colère à toutes les formes de pathologies mentales. Alors où est la frontière entre le normal et le pathologique ? Certaines personnes sont-elles plus à risque ? Quelle est la part du génétique, de l’environnement et des sentiments inconscients ? Quel est le véritable impact du stress sur la santé mentale ? Avoir trop d’ambitions personnelles peut-il être dangereux ? Certains métiers mettent-ils en péril l’équilibre mental ? Y a-t-il des cultures qui protègent des problèmes psys ? Les troubles mentaux sont-ils de plus en plus fréquents ? Qui va chez le psy ? Peut-on s’en sortir et comment ? Le système de soins français est-il adapté et suffisant pour faire face aux problèmes psys ? Vivianne Kovess-Masfety apporte une réponse claire et vraie à toutes nos interrogations sur la santé mentale et la psychiatrie en France aujourd’hui. Vivianne Kovess-Masfety est psychiatre, épidémiologiste. Elle dirige une unité de recherche de l’université Paris-Descartes, où elle enseigne, et est professeur à l’université McGill à Montréal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2008
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738193711
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VIVIANNE KOVESS-MASFETY
N’IMPORTE QUI PEUT-IL PÉTER UN CÂBLE ?
 
 
© ODILE JACOB, NOVEMBRE 2008 15, rue Soufflot, 75005 Paris
 
ISBN : 978-2-7381-9371-1
 
 
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5, 2° et 3° a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Table

Introduction
PREMIÈRE PARTIE. QU’EST-CE QUE PÉTER UN CÂBLE ?
Chapitre  1. Aux frontières de la normalité
De la crise de folie à la colère
Qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Névroses, psychoses, des maladies très diverses
Génétique, environnement et sentiments inconscients
Des critères qui évoluent avec leur temps
Résistance et résilience
Psychiatrie et santé mentale : deux besoins différents
Chapitre 2. Ce qui peut nous faire basculer
Les troubles mentaux sont-ils d’origine génétique ?
Du stress au traumatisme
Quel est le rôle des difficultés sociales ?
Chapitre 3. Sommes-nous tous égaux devant la folie ?
Les femmes ont-elles plus de problèmes de santé mentale que les hommes ?
Le rôle de la culture et de la nationalité
Y a-t-il des professions à risque ?
Les maladies mentales sont-elles plus fréquentes à la ville ou à la campagne ?
DEUXIÈME PARTIE. LES DIFFÉRENTS TROUBLES PSYS AUJOURD’HUI
Chapitre 4. Augmentation des problèmes ou augmentation de la demande ?
Une augmentation sensible de la demande en psychiatrie adulte
Chapitre 5. La dépression et les troubles de l’anxiété
La dépression
Les troubles anxieux
Chapitre 6. Les troubles de l’alimentation, les troubles des conduites et les addictions
Les troubles de l’alimentation
Les troubles des conduites
Les addictions
Chapitre 7. Le suicide
Des taux de suicide dix fois plus élevés dans certains pays d’Europe
Un chiffre en baisse
L’étude rétrospective des suicidés : presque toujours un problème psychiatrique
Le suicide acte politique : les attentats suicides
Chapitre 8. Les troubles psychotiques
Des troubles rares
La schizophrénie
L’autisme
Les troubles bipolaires
TROISIÈME PARTIE. SE SOIGNER ET GUÉRIR
Chapitre 9. Quand et qui consulter ?
Le généraliste : la voie la plus fréquente
Un système trop cloisonné
Trouver un psychiatre disponible : pas toujours facile
Les urgences : la prise de contact la plus fréquente pour les troubles délirants
Chapitre 10. Les « psys » : un monde opaque
Les psychiatres
Les psychologues
Les psychanalystes
Alors, quelle formation pour les psychothérapeutes ?
Les autres intervenants
Chapitre 11. Les psychothérapies
Les différentes psychothérapies
La thérapie de groupe : une pratique encore rare
La formation aux psychothérapies
Peut-on évaluer les psychothérapies ?
Où sont les vraies limites de la psychanalyse ?
Chapitre 12. Les médicaments psychotropes
Des médicaments simples
Pour quels troubles, quels effets, quelle durée ?
La France, un des pays les plus consommateurs
Les psychotropes ont-ils une influence sur la limite entre le normal et le pathologique ?
Quand prendre un médicament psychotrope et comment arrêter ?
Les antipsychotiques
Des alternatives pour les problèmes les moins sévères
Chapitre 13. Peut-on guérir d’un trouble psychiatrique ?
Le mythe de la guérison
Le mythe de la chronicité
Chapitre 14. Peut-on évaluer les risques de péter un câble et les prévenir ?
Peut-on donc prédire le risque individuel de péter un câble ?
Comment prévenir chez l’enfant ?
Avons-nous les moyens de notre politique : la psychiatrie en crise ?
Conclusion
À mes Sophie petite et grande, à François, Laure et Julien et à leurs enfants présents et à venir.
 
 
Introduction
« Péter un câble », l’expression implique une rupture brutale, inattendue, d’un élément indispensable au fonctionnement de la machine, en l’occurrence de la machine à penser, quelle que soit la manière dont on peut la nommer : l’esprit, la raison, le self-control… Cette rupture du câble entraînerait une perte de contrôle de la machine, qui s’emballerait et pourrait donc faire n’importe quoi, y compris du mal à soi-même ou à d’autres, en quelque sorte contre sa volonté, puisque la machine ne répondrait plus aux commandes.
Péter un câble fait peur ; c’est l’expression populaire, courante, pour dire la peur de devenir fou et cette peur ne fait rire personne. Le pétage de câble ou encore de plomb qui renvoie, au sens propre, à la coupure d’électricité suite à une surcharge qui dépasse les capacités de protection que procurent les fusibles, peut évidemment recouvrir toutes les représentations que l’on peut avoir de la folie, c’est-à-dire presque toutes les catégories de maladies mentales que la psychiatrie a inventoriées et probablement d’autres encore, car la psychiatrie possède un catalogue relativement restreint par rapport à l’imaginaire populaire.
Certains auront peur de délirer, d’autres de déprimer ou encore de perdre leurs facultés intellectuelles avec l’âge, d’autres de devenir violents, par exemple de jeter leurs enfants par la fenêtre un jour où ils se montreraient particulièrement énervants. Cela peut être aussi le fait de ne plus pouvoir s’arrêter de manger ou de boire, ou encore de consommer de la cocaïne ou des anxiolytiques, de se mettre à dire ses quatre vérités à son chef en public, et ainsi de suite, la liste de ce que nos câbles sont supposés contrôler étant longue et variée.
Voir un proche souffrir d’une maladie mentale, qui le fait se sentir persécuté et devenir très agressif contre ceux qui l’entourent, peut bien évidemment renforcer cette peur qui s’alimente des images de moments qu’on a pu vivre avec cet intime, hospitalisé contre son gré, dans des circonstances souvent dramatiques. L’image des malades mentaux est tellement négative que personne ne souhaite se retrouver dans cette situation et cela augmente d’autant la peur de perdre le contrôle.
Le fait que presque tout le monde ait peur de péter un câble, ne signifie évidemment pas que tout le monde pète un câble au moins une fois dans sa vie, ni que le fait de péter un câble signifie forcément avoir une crise de folie ; le terme est d’ailleurs employé couramment et dans des circonstances très diverses que nous allons tenter d’élucider.
PREMIÈRE PARTIE
QU’EST-CE QUE PÉTER UN CÂBLE ?
Chapitre  1
Aux frontières de la normalité

De la crise de folie à la colère
Péter un câble est une expression très populaire ; une recherche sur Internet montre à quel point l’expression est fréquemment employée et ce pour exprimer des situations très diverses.
Ces situations peuvent aller d’une crise de violence accompagnant un épisode délirant à un énervement suscité par les tourments de la vie quotidienne, qui fait craindre de se mettre en colère au point de perdre le contrôle de soi-même.

Péter un câble, c’est devenir fou ?
« Un jeune de 18 ans agressé à la tronçonneuse. »
« Un jeune homme de 18 ans a été retrouvé dimanche gisant dans son sang en pleine rue, à Lyon, le visage gravement mutilé, après avoir été agressé à la tronçonneuse, probablement par son frère âgé de 15 ans. La victime, qui a perdu une oreille et dont une jambe a été en partie sectionnée, a dû être opérée par des médecins sur place dans une ambulance des pompiers, avant d’être hospitalisée. »
Réaction des internautes :
« Mais où va le monde ? C’est de plus en plus grave ce monde de fous.
– C’est un monstre…
– Vous n’avez pas songé une minute qu’il a sûrement un problème psychologique, et que vous aussi, un beau jour, pourriez péter un câble comme il l’a fait ? Je n’approuve évidemment pas ce qu’il a fait, mais il faut quand même essayer de comprendre… Le cerveau humain n’est pas infaillible, c’est un peu comme un PC : il peut planter. »

  Dans cet exemple, qui décrit un drame causé par l’entrée dans un processus délirant, on observe deux types de réaction : « C’est un monstre », sous-entendant qu’il a intentionnellement agressé son frère, et « il a des problèmes », c’est-à-dire que c’est un malade. Cette dernière opinion incluant une sorte de banalisation : péter un câble, cela peut arriver à tout le monde.

Un symptôme de la psychose ?
« Péter un câble » est le titre d’une des fiches illustrées sur les principaux symptômes de la psychose et publiées par une association suisse qui s’occupe de schizophrénie. Péter un câble y est défini par « la peur de devenir fou et de perdre le contrôle ».
Dans ce contexte et contrairement au précédent exemple, le fait de péter un câble est clairement assimilé à un symptôme d’une maladie mentale grave, la schizophrénie, et est présenté comme un des signes qui marquent l’entrée dans la maladie.

Péter un câble à cause de la drogue
Dans un contexte identique, une information stipule, sous le titre : « La drogue peut faire péter un câble », qu’il existe aujourd’hui suffisamment de preuves scientifiques pour avertir les consommateurs réguliers de cannabis des risques élevés de maladies psychotiques auxquels ils s’exposent et, plus précisément, du danger réel d’affections particulièrement graves, telle la schizophrénie.

Une dépression non soignée ?
« Cela fait des années que je vis dans un climat de dépression, de mon entourage, de moi-même. J’ai traversé automutilation, solitude, problèmes familiaux, etc. Je m’isole de plus en plus d’année en année, et je ne me vois pas d’avenir, alors que je suis très jeune et que j’ai mené des études plutôt bo

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