Mobilités quotidiennes et identité urbaine au Cameroun
216 pages
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Mobilités quotidiennes et identité urbaine au Cameroun , livre ebook

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Description

La préoccupation indicative de cette réflexion met en relief le fragment de territoire urbain qu'est la rue. En la prenant comme lieu de mise en scène de la vie quotidienne, le cadre logique du questionnement actuel privilégie l'axe des mobilités : les manières de circuler en ville. L'expérience tant diurne que nocturne de la circulation piétonne et automobile ; l'invention des passages et le recours aux raccourcis ; la peur d'une agression dans une rue solitaire en contexte nocturne ; le séjour bref ou prolongé dans certaines géographies de la jouissance publique ; la découverte inopinée des corps et des sexes en interaction jouissive le long des « rues de la joie »; le jeu de la négociation avec un chauffeur de taxi sur le « prix de la distance » ; autant de situations qui incitent à réfléchir de façon plus créative sur les « manières de circuler en ville » et leur place dans la genèse de l'identité urbaine. C'est à cette incitation que ce livre et son auteur invitent, en prolongeant avec clarté, subtilité, intelligence et rigueur, un héritage sociologique porté et transmis par des figures comme Jean-Marc Ela, Georges Balandier, Michel De Certeau, Erving Goffman ou encore Max Weber.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2017
Nombre de lectures 10
EAN13 9782342155266
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mobilités quotidiennes et identité urbaine au Cameroun
Armand Leka Essomba
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mobilités quotidiennes et identité urbaine au Cameroun
 
 
 
A Jean-Marc ELA (+) et Yves Alexandre CHOUALA (+) : deux guetteurs de lumière, partis récemment pour de bon. En mémoire des traces d’esprit et d’humanité léguées.
Au nom du père, du fils et du frère  !
 
Avant-propos
La présente étude ambitionne s’inscrire dans le sillage des recherches sociologiques consacrées à la construction quotidienne de l’identité urbaine d’une ville africaine, en privilégiant un axe d’observation habituellement négligé : les manières de circuler en ville. Or, la décision de donner forme à ce projet et de systématiser les orientations de cette enquête de « sociologie de la ville » n’a pour autant point comme déclic, des considérations froides et « objectives ». Le projet pour l’essentiel, procède d’un double souci de témoignage et d’ hommage  ; car à sa genèse, se trouve tout simplement le souci d’une confession ayant pour objet, deux expériences personnelles et concomitantes de mon cheminement socio-académique.
La première expérience a été un «  choc perceptif » : celui qu’a constitué pour moi la découverte de la ville. Ce fut notamment la découverte de la ville de Yaoundé, à la faveur d’une migration académique. Accueilli et fixé dans un quartier populaire éloigné du campus universitaire, j’ai eu à faire durant toute l’année académique 1995-1996, l’expérience épuisante de la marche à pied à travers les rues urbaines de la capitale politique du Cameroun. L’expérience diurne de la circulation pédestre, tout autant que celle nocturne, l’invention des passages ; le recours aux raccourcis ; la peur d’une agression dans une rue solitaire en contexte nocturne ; le séjour bref ou prolongé dans certaines géographies de la jouissance publique au point le plus souvent malgré moi, de surprendre des corps en communion ; le jeu de la négociation avec un chauffeur de taxi sur le prix de la distance et des violences verbales qui en étaient parfois la conséquence ; les croisements et échanges brefs avec de nombreux individus, pour la plupart des inconnus et les réactions mutuelles y afférentes ; la frustration et la colère contenue, ravalée ou maugrée face au cul-de-sac d’un embouteillage causé par le passage de l’impressionnant cortège présidentiel ; l’attrait pour toutes sortes d’attroupements où parfois une foule hystérique achevait de lapider un présumé bandit… ; le spectacle constant des orgies auxquelles se livraient les jeunes et les femmes à l’occasion des festivités qui leur sont dédiées dans le calendrier liturgique local et international (le 11 février et le 08 mars) ; etc., constituèrent pour moi le noyau d’une expérience riche et stimulante, qui, plus tard, m’incita à réfléchir de façon plus rigoureuse sur les «  manières de circuler en ville  » . Jusqu’alors, ces manières de circuler en ville étaient relativement boudées par la recherche locale spécialisée, plus encline à se pencher sur les «  manières de se fixer en ville  ». L’intuition spontanée qui me vint alors à l’esprit, reposait en effet sur l’idée selon laquelle, l’observation des manières de circuler en ville, constituait certainement un code d’accès particulièrement pertinent, pour mieux comprendre les modalités de construction quotidienne de l’identité urbaine chez nous. Le projet de formuler les questionnements relatifs à cette étude doit donc en grande partie à cette expérience personnelle banale. Telle est, la part qui relève du témoignage .
La seconde expérience relève d’un choc privatif  : au milieu du second semestre de l’année 1995, au moment où le Département de Sociologie et Anthropologie de l’Université de Yaoundé I accueillait le jeune étudiant que j’étais, le sociologue Jean-Marc Ela prenait la route de l’exil. Pour de nombreux étudiants de cette génération, telle amputation représenta une frustration académique supplémentaire. L’autorité de ce chercheur particulièrement fécond et écouté, avait cependant laissé de profondes traces. L’écho de ses travaux m’était parvenu précocement. C’est de ma fréquentation quasi assidue du Cercle philo-psycho-socio-anthropologie (CPPSA) de l’Université de Yaoundé I où lui-même était familier, comme conférencier, que je dois une certaine accoutumance d’avec ses écrits théologiques et sociologiques. Dans la part sociologique de ses travaux, tout se passe comme si, (pour utiliser une expression connue de certains milieux spécialisés de la théorie sociologique) l’approche par la nano sociologie, constituait pour lui un détour épistémologique pour découvrir le vrai visage des sociétés africaines. Il partait du banal, du rien du tout, du négligé, pour déboucher sur des résultats macrosociologiques convaincants. Le présent travail s’efforce donc de prendre au sérieux et de donner écho, sans un talent particulièrement exceptionnel peut être, à la façon dont ce sociologue africain conçut une part significative de son métier de sociologue. Dans une large mesure en fait, la décision de rendre public le contenu de cette brève étude a été stimulée par le souci de rendre un hommage indirect et posthume à ce chercheur fécond, qui fut contraint de prendre la route de l’exil, afin de poursuivre plus sereinement sa méditation stimulante sur sa société d’origine. En dépit du fait que je n’ai jamais personnellement connu cet homme, il est en quelque sorte le posthume inspirateur de ces réflexions. Hélas, je ne pourrais pas jouir du redoutable privilège, de bénéficier de sa critique, puisque son corps à jamais est devenu poussière.
Le Cercle Philo-psycho-socio-anthropologie, quant à lui, en tant qu’espace de socialité académique et scientifique, fut pour moi un lieu unique de rencontre interdisciplinaire, ainsi qu’un laboratoire irremplaçable d’initiation à la discussion critique. Ce fut d’abord dans ce non lieu institutionnel, au travers de son irremplaçable et modeste fond documentaire que nombre d’entre nous, furent confrontés pour la première fois vraiment, au choc fructueux de la divergence. C’est peut-être là que je fus aussi, très tôt, préparé à l’idée selon laquelle, l’unité de quête (la recherche de la vérité) qui traverse et légitime irréductiblement le projet éthique de toute recherche scientifique, ne devait jamais perdre sa préséance face aux contradictions nées du morcellement des cheminements qui conduisent à cette quête. C’est en effet là que je fus socialisé, à l’idée que, la recherche de la vérité sociale sur l’homme, s’appauvrit chaque fois que les préjugés liés aux dogmes disciplinaires, s’emploient à ériger des murs là où des ponts s’imposent, à tous ceux qui se sont donnés pour métier de comprendre, d’expliquer ou d’interpréter ce pathétique spectacle et cette jolie cacophonie qu’est la vie sociale.
Au moment donc où j’écris ces lignes, j’ai en mémoire, non seulement le séjour commun dans ce lieu, avec de multiples compagnons (les nuits blanches passées à agiter nos fantasmes civiques et à caresser nos projections correctrices du monde), mais aussi et surtout, cet irremplaçable projet culturel imaginé et porté avant et après nous, quotidiennement et bénévolement par des gens humbles (étudiants démunis) auxquels les institutions, autant que l’on se souvienne, n’ont vraiment jamais rien facilité. En partie donc, ce texte, ainsi que ce que moi-même je suis provisoirement aujourd’hui, doivent beaucoup au Cercle philo-psycho-socio-anthropologie de l’Université de Yaoundé I. Il porte en grande partie, la récolte des semences précoces et enthousiastes collectivement mises en mémoire dès cette époque-ci haut décrite.
Il me faut dès lors, exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui, au sein de ce Cercle , m’ont accueilli et m’ont par la suite, spontanément ouvert les bras de leur amitié. Il s’agit en particulier de Yves Alexandre Chouala de regretté mémoire : philosophe et politologue, ancien Vice-président de l’Association Africaine de Science Politique, chercheur au Groupe de Recherche Administratives, Politiques et Sociales (GRAPS) et Professeur de Relations Internationales à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) brutalement arraché à cette vie en janvier 2015 ; Josué Ngako, enseignant de philosophie dans les lycées camerounais ; Alexis Nana, parti depuis désormais deux décennies et qui circule aujourd’hui à travers les routes du monde ; Honoré Mimché, sociologue, ancien chercheur au Centre National de l’Education (CNE) à Yaoundé au Cameroun et Professeur de sociologie à l’IFORD ; et enfin Fils-Eric Binyegui et Marcellin Edza, les vieux compagnons de partage qui gardent une place spéciale dans l’histoire de mon parcours.
Une partie des résultats auxquels la présente étude a abouti, ainsi qu’une part des questions qu’elle soulève, ont fait l’objet d’une discussion publique dans le cadre d’un exercice académique au Département de Sociologie et Anthropologie de l’Université de Yaoundé I. C’est pour moi le lieu de témoigner ma reconnaissance au Professeur Valentin Nga Ndongo, Chef de Département de Sociologie, qui m’initia aux exigences de l’analyse sociologique. Dans ce Département, j’ai une dette particulière à l’égard du Professeur Jean Nzhié Engono. C’est lui qui, le premier, m’a mis en contact avec les écrits de Michel Maffesoli (son maître et spécialiste reconnu de la sociologie du quotidien), desquels je me suis en partie inspiré. J’ai en outre bénéfi

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