Mémoire et pédagogie
266 pages
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Mémoire et pédagogie , livre ebook

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Description

Mémoire et pédagogie est un livre destiné à tous ceux qui veulent comprendre les différentes étapes de l’apprentissage afin de permettre l’acquisition d’un savoir durable, utilisable dans des contextes différents. L’apprentissage est abordé de manière pluridisciplinaire. La biologie pointe la nécessité du renforcement des synapses soit par la répétition, soit en excitant de façon simultanée de nombreux réseaux de neurones.

La neurologie indique qu’il existe différentes formes de mémoires. Certaines utilisent la répétition, d’autres ont besoin d’un encodage.

Enfin, la psychologie montre que les différentes étapes de l’apprentissage utilisent ces mémoires différentes. Ces éléments permettent de comprendre les conclusions des rapports PISA et les raisons des inégalités sociales dans la scolarité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 novembre 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782332823199
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-82317-5

© Edilivre, 2014
Dédicace


A mes enfants,
ma richesse,
à mes amies,
mon soutien.
Introduction
La mémoire fut longtemps une préoccupation importante de l’homme. Avant la naissance de l’écriture, elle était le ciment des sociétés humaines : elle représentait la base de leur histoire, de leur tradition commune et leur permettait d’avancer dans l’avenir. Après l’invention de l’écriture, le support écrit resta longtemps cher et peu répandu. La mémoire garda un caractère essentiel et fut analysée par de nombreux philosophes de l’antiquité. Son importance était tellement manifeste qu’on lui attribuait un caractère « merveilleux » : chez les grecs la mémoire était personnalisée par la déesse Mnémosyne qui connaissait tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera. En s’unissant à Zeus, elle donna naissance aux neuf muses, ce qui en dit long sur son influence supposée dans toutes les activités artistiques ou intellectuelles.
Pour Aristote il n’y a pas de pensée sans image mentale et la mémoire appartient à la même partie de l’âme que la pensée. Cependant, il distingue mémoire et souvenir. Le souvenir est retrouvé par association d’idées successives, comme si l’on dévidait un fil d’Ariane : « un souvenir en appelle un autre, l’image d’une chose en entraîne une autre, s’il y a entre les deux un rapport de ressemblance, de contrariété ou de contigüité. »
Dans son analyse de la mémoire, il insiste sur les moyens mnémotechniques utilisés à l’époque comme la méthode des « loci », ou art de la mémoire. Le processus de mémorisation, comme le rappel des souvenirs, est basé sur des associations, mais plus artificielles, entre l’information à retenir et des images mentales apprises auparavant : le principe de base de la méthode des « loci » consistait à mémoriser au préalable un lieu bien connu en le parcourant plusieurs fois. Puis, pour apprendre un discours, par exemple, il fallait découper celui-ci en différentes parties qui étaient alors associées dans la mémoire à des images frappantes que l’on « déposait » à différents endroits du lieu lors de la visite mentale. La visualisation du chemin parcouru permettait de retrouver le fil du discours dans ses moindres détails, même après des interruptions.
Cicéron disait :
« … pour exercer cette faculté du cerveau, doit-on, selon le conseil de Simonide, choisir en pensée des lieux distincts, se former des images des choses qu’on veut retenir, puis ranger ces images dans les divers lieux. Alors l’ordre des lieux conserve l’ordre des choses ; les images rappellent les choses elles-mêmes. Les lieux sont des tablettes de cire sur lesquelles on écrit ; les images sont des lettres qu’on y trace. » De oratore, LXXXVI, 351-354.
C’était une méthode qui demandait un certain apprentissage et qui faisait beaucoup appel à la visualisation. Elle fut enseignée jusqu’au moyen âge.
A partir de Descartes, les philosophes insistent plus sur les associations logiques. La mémorisation est toujours basée sur des associations entre les concepts à retenir mais cette fois-ci le lien n’est plus visuel, il s’appuie sur le sens. L’analyse de l’importance des associations dans les processus de mémorisation et de rappel a trouvé son apogée dans un courant philosophique anglais du XVII e siècle : l’empirisme associationniste.
Lorsque le support écrit devint beaucoup plus abordable sous forme de livre, l’étude de la mémoire passa de mode dans l’éducation.
Le flambeau fut repris par les médecins et les chercheurs.
La notion de localisation des fonctions du cerveau fut avancée pour la première fois par Gall (1758-1828). Sa théorie reste très controversée mais elle ouvrit la voie à d’autres travaux plus scientifiques. C’était l’époque où les médecins analysaient les symptômes des malades après une attaque cérébrale et tentaient de les expliquer par l’autopsie de leur cerveau post-mortem. Des études de patients aphasiques montrèrent que le siège de la parole se situait dans la circonvolution frontale inférieure de l’hémisphère gauche sur une aire bien localisée pour la première fois par Paul Broca (1824-1880) : l’aire de Broca. A l’époque, les médecins n’avaient que l’autopsie des patients décédés pour analyser les différentes régions du cerveau. Mais ils réussirent à démontrer l’asymétrie fonctionnelle du cerveau et à localiser quelques régions spécifiques. A partir de la fin du dix-neuvième siècle, les premières études expérimentales sur la mémoire commencèrent à apparaître. Théodule Ribot fonde une loi de régression, selon laquelle l’amnésie progressive commence par les souvenirs les plus récents, pour terminer par la mémoire des habitudes. Il introduit ainsi la notion de consolidation. Le psychologue Hermann Ebbinghaus élabora des tests de mémoire sur du matériel sans signification : 163 séries de 13 syllabes. Il produisit une courbe de l’oubli qui débute quelques heures après l’apprentissage. Un mois plus tard, 80 % des syllabes ne sont plus mémorisées. A la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, un médecin psychiatre russe, Sergueï Korsakoff, spécialiste des amnésies associées aux polynévrites alcooliques, propose un classement de différents types de mémoire, et distingue les processus d’encodage de ceux de rappel. Ribot, Korsakoff puis Edouard Claparède participent à ce qu’on appelle le premier âge d’or de l’étude de la mémoire.
Le second âge d’or commença vers les années 1960. L’analyse de cas cliniques comme celui de HM puis la possibilité de visualiser les zones du cerveau actives lors de tâches bien définies firent faire d’immenses progrès à ce qu’on appelle maintenant les sciences cognitives. HM est un patient célèbre qui dut être opéré à cause d’une épilepsie très sévère. On lui fit l’ablation de l’hippocampe, une partie du cerveau située sous les lobes temporaux. Il en résulta une amnésie antérétrograde (c’est-à-dire des évènements présents) et rétrograde correspondant aux dernières années de la vie de HM précédant l’opération. Cependant HM conserva la mémoire des habilités (mémoire procédurale) ce qui confirma les observations de Sergueï Korsakoff sur la multiplicité des mémoires. Actuellement, le fonctionnement de la mémoire est expliqué par différents modèles partageant les mêmes grandes lignes et les zones du cerveau impliquées sont de mieux en mieux connues.
Paradoxalement, ces avancées scientifiques n’ont pas eu d’écho dans le monde pédagogique et en particulier dans l’éducation nationale. Les maitres ou les professeurs ne sont pas formés en sciences cognitives. Les programmes proposés supposent implicitement que l’encodage consiste simplement en un traitement sémantique des notions à acquérir. Il suffirait de manipuler ces notions pour les apprendre. L’observation montre que ce type d’encodage est suffisant pour une mémorisation à moyen terme chez une majorité d’enfants (pas tous) mais qu’il ne donne pas la possibilité d’utiliser la fonction de rappel, c’est-à-dire de retrouver les notions abordées quand elles n’ont pas été vues depuis un certain temps. Le résultat est très clair. Il est de notoriété publique que les jeunes générations n’ont plus aucune culture historique. De la même manière, il est courant de lire dans la presse les plaintes des enseignants sur le peu d’acquis des élèves et la difficulté de l’enseignement qui en résulte. Certains se demandent même ce qu’ont fait ceux qui les ont précédés. Ils n’ont pourtant aucune raison de mettre en doute le professionnalisme de leurs collègues. Il devient nécessaire de faire une réflexion sur la mémorisation à long terme en pédagogie car une scolarité se conçoit sur une longue période, au minimum dix ans, souvent beaucoup plus. Le but de ce livre est de donner un aperçu de ce que l’on sait actuellement des processus de mémorisation, afin de bien définir les caractéristiques de l’encodage permettant un rappel durable des apprentissages. L’immaturité du cerveau et des mémoires chez les enfants sera aussi abordée afin d’attirer l’attention des parents et des enseignants sur les grandes capacités d’évolution de leurs enfants et sur l’avantage parfois de leur laisser le temps de la maturation dans un monde de plus en plus complexe.
Ce livre commence donc par un exposé rapide de la structure du cerveau. Le premier chapitre traite des bases neuronales de l’apprentissage pour expliquer l’associativité de la mémoire et les deux processus permettant la mémorisation : la répétition et l’encodage par activation simultanée de nombreux neurones. Ce chapitre est assez technique et peut être sauté par ceux qui n’ont pas un minimum de connaissances en biologie. Le deuxième chapitre plante le décor. Il décrit comment le cerveau est câblé, quelles zones cérébrales sont dédiées aux principales fonctions d’analyse sensorielle ou de commande motrice. La vision est abordée avec plus de détail. Le troisième chapitre présente les différents modèles qui ont été élaborés pour expliquer les différentes facettes de la mémoire. Elles n’utilisent pas les mêmes zones cérébrales, ce qui explique qu’elles puissent fonctionner différemment. Il reste encore beaucoup d’aspects à préciser sur la physiologie de la mémoire mais ce qui y est exposé fait généralement consensus dans la communauté scientifique. Le reste du livre traite plus spécialement de l’enfant. La lente évolution de son cerveau est évoquée au chapitre quatre. Les conséquences de l’immaturité cérébrale sur ses possibilités mnésiques sont analysées. Puis les différentes mémoires plus spécialement utilisées dans la scolarité sont décrites. Enfin, les possibilités et les limitations propres à chaque

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