Ma Musique
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Français

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Description

J’ai 53 ans, et je travaille dans la Fonction Publique.
Je suis divorcé, et j’ai trois enfants.
Je suis souvent dépressif, et je souffre de divers tocs.
Mais la vie est belle malgré tout.
Je m’accroche à tout ce qui est beau et humain.
Toujours à la recherche de l’harmonie.
C’est ma musique.

Informations

Publié par
Date de parution 09 janvier 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782312064314
Langue Français

Extrait

Ma Musique
Franz Picard
Ma Musique
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06431-4
À Paul - Emmanuel
Préface
Je ne suis rien. Je n’ai jamais publié quoi que ce soit, même si j’écris depuis que je suis tout jeune. On peut vivre toute sa vie à hésiter, à douter, mais ça sert à quoi ? Il n’y a pas très longtemps, le hasard – s’il y en a un, m’a fait rencontrer une femme d’un certain âge, qui était dans une librairie, assise derrière une petite table, pour promouvoir le livre qu’elle venait d’éditer à compte d’auteur. J’ai discuté un moment avec elle. Cela n’a pas été du temps perdu. Ce qu’elle m’a dit m’a réveillé et m’a décidé à mettre un pied devant l’autre, pour réaliser ce rêve de publier un livre. Je serai toujours reconnaissant envers cette femme. Et j’ai acheté son livre…
J’appartiens à la Fonction Publique , et je travaille dans un bureau. Je suis divorcé, et mes enfants viennent chez moi une semaine sur deux.
De surcroît, je suis en général dépressif « ascendant tocs ». Tout cela, me direz-vous, est très banal, hélas. Mais j’écris quand même, avec l’espoir que, peut-être, des lecteurs, qui souffrent de maux semblables aux miens, ou différents des miens, trouvent dans ce livre du réconfort et de l’espérance.
Souvent attristé ou démoralisé par ce qui m’entoure dans ce monde, je m’accroche à tout ce qui est beau et humain.
Solitaire, j’aime la communication avec mes semblables par le biais des livres, des disques ou de la radio.
La musique a une place prépondérante dans ma vie, et je perçois le monde comme si c’était un grand résonateur, toujours à la recherche de l’harmonie.
Je n’ai pas tout écrit. Il y a de nombreux extraits d’articles de presse ou de livres. J’ai pensé que ça valait la peine de jouer au « compilateur », pour partager des choses édifiantes. Ce que j’ai écrit sont des réflexions glanées au fil des journées. Elles ne sont pas retranscrites dans un ordre chronologique. Les photographies et les images ont été trouvées sur Google et sont libres de droit.
La caissière du supermarché
« Allez, aujourd’hui, on va être mégatop ! » En passant ce jour à la caisse du supermarché, j’ai en moi le désir tenaillant de bien faire, d’être le meilleur possible. Je n’ai certes pas été éduqué par mes parents dans la culture de l’excellence. Non, ce besoin féroce d’être à la hauteur trouve sa source dans les sentiments de dépression et d’angoisse, qui me lâchent rarement : faire de mon mieux allège mon fardeau et m’aide à gagner quelques centimètres dans le domaine de l’estime de soi.
Alors, je dépose méticuleusement mes articles sur le tapis roulant, en veillant à ce que les codes-barres soient bien visibles par la caissière – l’hôtesse de caisse, doit-on dire de nos jours. C’est l’été et les hôtesses sont presque toutes des jeunes filles, qui ont pris ce travail pour la période des vacances scolaires. Celle-ci s’appelle Emma. Je lui présente en outre un article que j’ai acheté dans un autre magasin, avec le ticket de caisse à l’appui. On ne peut mieux faire. La jeune fille est touchée par cet ensemble de petites choses et me dit au revoir avec un large sourire. Youpi ! C’est ma récompense du jour. J’ai été suffisamment bon pour recevoir une marque d’approbation, d’appréciation. Combien de fois, par opposition, ai-je été confronté à un sentiment de nullité, qui m’a fait broyer du noir et longer les murs, tête baissée ? Cela me rappelle un journal télévisé d’il y a bien longtemps, au cours duquel était invité Raymond Devos. Je ne me souviens plus exactement à la suite de quel reportage il avait émis la réflexion suivante, que je cite en substance et non mot pour mot : « on nous montre au cinéma des gens extraordinaires qui conduisent des bolides à toute vitesse, et qui font des vols planés au-dessus de camions… et le français moyen, lui, qu’est-ce qu’il fait ? Il est là dans sa petite voiture, pris dans les embouteillages, il se sent tout misérable ! ». Et il mimait la situation avec force grimaces. Je me souviens très bien que les journalistes qui l’entouraient s’étaient mis à rire, mais de gêne, plutôt qu’à cause des grimaces. Je me demande bien pourquoi, car ce grand clown qu’était Devos avait vu juste. Nous sommes tous des êtres misérables, et en même temps, nous sommes tous grands. L’acteur d’origine britannique Cary Grant, star planétaire à son époque, un homme que beaucoup de femmes auraient aimé avoir à leur bras, avouait lui-même humblement : « Tout le monde rêve d’être Cary Grant, même moi ! ».
Admirations
Je me souviens avoir vu une interview de la regrettée Annie Girardot ; je me souviens très nettement l’avoir entendue partager son enthousiasme à l’égard de Louis de Funès. Ils étaient partenaires à l’écran pour le film La Zizanie, de Claude Zidi. J’étais ému par l’immense tendresse qu’elle éprouvait pour cet homme, qui avait fait preuve à son égard d’une grande courtoisie et d’une grande gentillesse. Je n’ai jamais entendu quelqu’un parler d’une autre personne avec autant de tendresse et d’admiration. Jamais.
Tout comme Annie Girardot, j’aime admirer ; C’est un besoin vital chez moi, peut-être parce que l’admiration implique des sentiments positifs et rassurants : si l’on admire quelqu’un, c’est, en principe, parce qu’il est bon et honnête. Donc ce quelqu’un m’aide à continuer de croire en la beauté fondamentale de l’être humain. Ce quelqu’un m’aide à aimer la vie, parce que l’exemple de sa vie me communique un souffle, un élan qui me pousse à l’imiter, même médiocrement. La critique au contraire déprime, et ne sert à rien.
Oui, admirer est mon oxygène.
Tocs tocs tocs…
Non content d’avoir de la dépression, je souffre aussi de tocs et de phobies. J’ai la phobie des microbes, et je me lave donc les mains très souvent – je n’ai pas compté, plus de 50 fois par jour au bas mot. Les choses se compliquent du fait que la phobie se double d’un toc, consistant à se laver les mains en veillant à ne pas penser à une image à connotation négative pour moi. Ce qui est pratiquement impossible, et ça fait donc consommer beaucoup d’eau !
Je suis à peu près certain que des lecteurs se reconnaîtront dans cette description, et qu’ils se disent : « ça alors, lui aussi ! », ce qui, dans un sens, pourra les rassurer, puisqu’ils se rendront compte que leurs rituels propres, qu’ils considèrent comme risibles dans les moments de réelle objectivité, ne constituent pas une exception.
Pourquoi certains êtres humains souffrent-ils de tels troubles, qui constituent un handicap terrible pour mener une vie normale ? Je ne sais pas. Ce qui est presque certain, c’est que cela est lié à une angoisse profonde, à laquelle on cherche désespérément à échapper. Je me souviens avoir consulté un éminent praticien, qui m’a dit très directement quelque chose du genre : « les tocs ? vous n’en guérirez pas ; c’est lié à la souffrance que ressentait votre mère lorsqu’elle vous portait dans son ventre. » Super ! À l’époque, j’ai oublié je crois de le remercier pour cet encouragement !
J’apprends à vivre avec une angoisse toujours présente en moi à un degré variable. C’est dire que, pour moi, le concert du Nouvel An à Vienne a quelque chose de paradisiaque, mais aussi de complètement irréel, qui ne correspond à rien.
Les tocs et tout ce qui va avec me handicape c’est vrai ; mais en même temps, cela me confère une sensibilité particulière à la détresse d’autrui. Dès que je rencontre quelqu’un, j’ai presque le réflexe de me poser la question : « cette personne là, qu’est-ce qui lui fait mal dans sa vie ? »
La dépression a cet avantage, c’est qu’elle aide à aller loin au fond de soi, chercher la vie, qui, bien cachée, est toujours là. Certains peuvent penser que c’est très narcissique de se pencher ainsi sur son nombril, pour connaître sa douleur. Mais comme l’exprime très bien Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste vivant en France, dans son petit livre « Toucher la vie {1} » :
« Il y a de la souffrance en vous, et vous avez toujours cherché à l’éluder. Vous ne pratiquez pas la vraie présence qui vous permet d’être là et de soulager la souffrance qui est en vous […] La plupart des gens ont peur de rentrer en eux-mêmes car cela les oblige à se confronter avec leur douleur intérieure. […] Si vous ne pouvez pas prendre soin de vous, comment pourriez-vous prendre soin de quelqu’un d’autre ? »
Un géant
Cet après-midi de janvier 2016, j’emprunte une petite ruelle pavée qui longe une église. On se croirait au Moyen-âge. J’aperçois u

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