Liberté et désordre en Afrique
424 pages
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Description

À en croire Péguy, l'ordre seul fait en définitive la liberté, et le désordre la servitude. Ce chiasme réapproprié en désordre-liberté, en ordre-servitude et vice versa pose d'une part le problème de la conciliation des deux exigences apparemment contradictoires, antinomiques et, d'autre part, semble interpeller au premier chef la philosophie politique. Pourtant, tout est entrecroisé ; l'ordre pensé à la fois comme finalisé et comme structure stable ou récurrente, et le désordre comme absence d'un dessein intelligent, ouvrent à une complexité qui enjoint politique, éthique, esthétique et épistémologie à la quête de sens. Repenser le désordre et la liberté, c'est engager le penser philosophique dans des notions profondément mêlées et complémentaires, dont leur combinaison, dans un jeu de contingence et de nécessité, produit la diversité du monde matériel et axiologique que nous connaissons. Face à cette homothétie entre les conceptions du désordre et de la liberté, l'ordre finalisé, nécessaire et contingent ne se constituera pas à l'encontre du désordre, mais avec lui. La liberté s'établira non en triomphant de la servitude, mais en se servant de celle-ci.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2018
Nombre de lectures 6
EAN13 9782342161427
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Liberté et désordre en Afrique
Adder Abel Gwoda et Mazadou Oumarou
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Liberté et désordre en Afrique
 
 
 
Ce volume est une publication du GREDYSOP (Groupe de Recherche sur les Dynamiques Sociales et Politiques), gredysop@gmail.com. Il a été publié avec le soutien de l’Université de Maroua.
 
Comité scientifique
Pr Hubert Mono Ndjana (Université de Yaoundé I/Cameroun)
Pr Nkolo Foé (Université de Yaoundé I/Cameroun)
Pr Jacques Chatué (Université de Dshang/Cameroun)
Pr Gwoda Adder Abel (Université de Maroua/Cameroun)
Pr Yinda Yinda André-Marie
Pr Anatole Fogou (Université de Maroua/Cameroun)
Pr Elikia Mbokolo (École des Hautes Études en Sciences Sociales/France)
Pr Guiyama-Massogo Clément Anicet (Université de Bangui/Centrafrique)
Pr Jean-Emmanuel Pondi (Université de Yaoundé I/Cameroun)
Pr Marie-Emmanuelle Pommerole (Institut Français de Recherche en Afrique-Nairobi/Kenya)
Pr Van Beek (African Studiem Centrum (ASC)/Leiden, Pays-Bas)
Pr Éric Mathias Owona Nguini (Université de Yaoundé II/Cameroun)
Pr Emma Ghanagé (Université Saint Joseph de Beyrouth/Liban)
Introduction générale
La configuration des mécanismes de fonctionnement de nos sociétés se heurte, de plus en plus, à la superposition de paradigmes d’expressions philosophiques à radiance polémique. Dans ce contexte, entrecroiser liberté et désordre, suppose entrevoir deux exigences apparemment contradictoires. Le procès des fermetures de sens aura-t-il lieu à cette première assertion d’amorce ?
Le premier paradigme, de valence idéologique, bat la mesure de l’affirmation du sujet profond. Loin d’exposer une simple valeur descriptive de virtualité pure, la liberté formule en essence d’identité du sujet pensant, la fluidité de vocation phénoménologique. De sources factuelles et d’intertextualité mémorielle, symbolisées par des légendes ou des mythes cosmologiques, le récit biblique de la création du monde connote l’introduction du désordre dans le cosmos par la liberté. En effet, le péché, expression de la liberté, est reprouvé en tant que menace à la cohésion. Aussi l’ordre serait-il donc l’acceptation de servitude normative.
Le deuxième paradigme met en relief le désordre. Les chantiers d’orfèvres comme Galilée, Laplace Descartes, Platon ont entretenu la passion scientifique vers la mesure et l’harmonie des phénomènes de la nature. Or la problématique de l’imprédictibilité s’invite dans l’ouverture du compas à la réalité sociale, l’instant « t » ou le contexte de manifestation d’une vérité. Le désordre apparaît comme l’absence de l’ordre, de rangement, d’harmonie ou de cohésion dans un système social. La théorie du chaos peut aussi imprimer dialectiquement au désordre une consistance d’écho idéologique d’un moi intelligent. Le débat des premières vérités autour de cette passerelle de thèses, convoque la voie des valeurs descriptives et objectives.
Pourtant, s’il apparaît évident de craindre le désordre pour rechercher l’ordre, quelles que soit les modalités d’adversité qui oppressent un homme, la liberté apparaît comme l’essence même de ce dernier. Elle consiste selon Leibniz à se déterminer soi-même. L’ordre véritable ne sera tel, que lorsque la liberté suivra toujours le sort des normes ? Quant à l’universalisation de cette tranche de vérité, comment peut-on distinguer véritablement des phénomènes désordonnés ? Quel sens corrélé prendront alors les termes de désordre et de liberté dans les champs de la pensée philosophique de cette partition de pensée des pairs ?
Concrètement, le cadre de construction et de déconstruction de ce paysage philosophique se dévoile en quinze tableaux. D’éminents philosophes africains abordent avec des cadrages théoriques et méthodologiques de référence, les modalités du désordre et de la liberté. Dans une adresse stylistique nourrie de cultures dynamiques, ces derniers engagent le « penser philosophique » dans des notions fécondes et complémentaires. Le jeu des universaux de pensée théâtralise l’interconnexion et les tribulations du sujet postmoderne. La mise en orbite par cette invitation sous les spasmes d’un devoir d’appropriation du système-monde permet d’ouvrir de nouveaux horizons à la science philosophique.
Le premier centre d’intérêt majeur établit son conducteur autour de « l’ontologie du désordre, un ordre ».
Hubert Mono Ndjana, à partir de sa poétique de l’écartement de la norme et de la normalisation de l’écart qu’il a proposée en toute spontanéité au cours d’un débat public, et qui a eu le bonheur de se cristalliser dans l’opinion, montre que la problématique de la norme établie, d’avec laquelle l’on divorce, pour épouser l’écart, est un mécanisme psychologique universel. Si cette valeur axiomatique n’est pas immuable, il s’interroge tout de même sur la question du retour à la norme quand la tendance à s’installer dans l’écart semble être la règle. C’est dans le même sillage que Temwa Théodore faisant l’autopsie du désordre, s’interroge sur les moyens pour enrayer ce phénomène devenu un mode de vie.
Dans « De l’ordre comme fiction. Essai sur la fonction régulatrice du désordre », Oumarou Mazadou montre que si l’on considère l’approche chronologique, ou son sens logique et sémantique, le concept de désordre ne peut se comprendre sans celui, préalable de l’ordre comme point de départ. Son approche tente de montrer que cette perception négative du désordre s’inscrit plutôt dans l’ordre de l’apparence qui est dialectiquement constitutif de l’ordre apparent.
Théophile Saidou en analysant la guerre et la rupture de l’ordre politique, cherche à expliquer le fait que les hommes soient plus enclins à préférer la guerre, plutôt que la paix. La problématique du désordre ici objectivée s’impose comme la préoccupation atemporelle qui de fait, sous-tend toute l’existentialité sociale humaine aux dires de Narcisse Rostand Miafo Yanou. En effet, le manifeste du désordre en cette ère de mondialisation ne peut que pour le genre humain déboucher sur une fin de l’histoire.
Djodom Nguiambou Bertille Kritty , examinant la déconstruction radicale des transcendances sous toutes leurs formes, et le renforcement des particularismes par les postmodernes, qui ont conduit au désordre social, propose comme palliatif, la transcendance ferrienne. Ce nouveau fondement apparaît susceptible de générer un ordre qui fasse l’unanimité, même si l’auteur s’interroge sur la pertinence et les limites de ce renversement.
Quant à Gwoda Adder Abel, il oriente sa réflexion vers le statut du désordre en démocratie. Le désordre politique et social est intrinsèque au système même et obéit à une logique institutionnelle car ce conflit est perceptible dans le sens du renouvellement fécond des idées. Ce renouvellement d’idées, en mettant en exergue le sens de la dialectique, permet de réaliser des progrès sociaux. Il s’agit alors ici d’un « désordre organisé ».
Christian Gabriel Mbede, analysant l’aventure de la philosophie africaine au prisme de l’iconoclasme révolutionnaire de Marcien Towa, qui a procédé à une dénonciation des problématiques négritudienne et ethnophilosophique, comme voie inconséquente et stérile pour la rédemption de l’Afrique, conclut à un réalisme utopique.
Bien plus, le deuxième grand axe mobilise met en exergue la liberté à l’aune de l’équation dialectique de l’utopie en philosophie.
En effet, s’appuyant sur le cadre d’une réflexion sur la relation que l’État entretient avec la liberté en tant qu’elle signifie être chez soi dans un autre , Manga Nomo, sous-entend ceci : dire que l’État est la réalisation de la liberté, c’est souligner que son principe de rationalité oblige l’individu singulier, non seulement à agir librement et de déployer sa nature critique, mais aussi, de trouver en cela les moyens de sa propre réalisation ainsi que les conditions lui permettant d’être reconnu par autrui comme un sujet autonome.
Plus loin, Oumarou Mazadou revient avec la problématique de la liberté au troisième millénaire. L’homme ayant toujours lutté pour sa liberté se trouve sous le coup des nouvelles formes d’asservissement qui l’éloignent de l’horizon de la liberté. Pour ne pas céder au fatalisme, il invite à cultiver la paix par la limitation des guerres, à contrôler la science en donnant un rôle accru à l’éthique, promouvoir le pluralisme, souscrire à la conception rousseauiste de la liberté par la loi.
Issoufou Soulé Mouchili Njimom, s’interrogeant sur ce en quoi, la liberté structure et fonde l’essence même de l’homme, il constate que l’homme est si libre, qu’il peut même agir contre cette liberté, s’il ne limite pas sa puissance scientifique d’exploitation du monde. L’inflation des libertés qui ouvre la voie à un juridisme permissif doit trouver une brèche à la nécessaire sauvegarde de l’humanité.
Ernest Menyomo dans « Art et liberté : état des lieux, heuristique et perspectives », montre que si l’art est l’incarnation du libre jeu de l’imagination et de l’entendement, alors la liberté de l’artiste est une liberté de fait. Seulement, faut-il que la volonté de l’artiste soit, véritablement libre ? C’est-à-dire qu’il ne soit pas esclave autant de ses instincts, de ses désirs que de ses passions.
Nathanaël Noël Owono Zambo, scrutant le statut de l’humain dans la doctrine de l’harmonie préétablie de Leibniz, tentera de démontrer comment le théoricien de la monadologie réussit à concilier dans un même cadre logique, la prédestination, qui n’est pas à confondre avec

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