Les Pratiques addictives
202 pages
Français

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Description

Quoi de commun entre les différentes formes de consommation de substances psychoactives ? Quels sont les facteurs favorisant l’abus et la dépendance ? Quels sont les risques produit par produit (alcool, tabac, héroïne, haschisch, ecstasy, médicaments, etc.) ? Comment fonctionnent actuellement les centres de soins et de prévention ? Quelles mesures doivent être prises pour améliorer l’efficacité de la politique de santé publique en ce domaine ? Trois spécialistes s’unissent pour démontrer l’intérêt d’une approche globale prenant en compte l’ensemble des substances psychoactives et des comportements d’addiction. Psychiatre, spécialiste des toxicomanies médicamenteuses et de l’alcoolisme, le professeur Michel Reynaud exerce au CHU de Clermont-Ferrand où il dirige la clinique des addictions. Psychiatre, le professeur Philippe-Jean Parquet enseigne l’addictologie à la faculté de médecine de Lille. Il a créé la première clinique française d’addictologie au Centre hospitalier de Lille. Créateur de l’un des premiers centres d’aide à l’arrêt du tabac, le professeur Gilbert Lagrue se consacre depuis plus de vingt ans aux problèmes de dépendance tabagique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738160218
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rapport rédigé à la demande de M. Joël Menard, Directeur général de la Santé, et remis à M. Bernard Kouchner, secrétaire d’État à la Santé et à l’Action sociale.
Les droits d’auteur de cet ouvrage seront intégralement reversés au Collège national universitaire d’addictologie.
© O DILE J ACOB , FÉVRIER 2000
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-6021-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

En France, la prise en charge des usagers de drogues s’est considérablement développée depuis 1992.
Au début, face aux résistances, devant le très faible nombre de places de substitution et le refus de cette idée même, il fallut imposer une politique différente, fondée sur des arguments scientifiques, médicaux, que peu de spécialistes voulaient bien considérer et sur des raisons sociales et humaines. Il fallut imposer des débats publics et combattre les certitudes reçues. Des progrès majeurs ont été accomplis, et si la réalité de la consommation des toxiques s’avère aujourd’hui bien différente et moins spectaculaire, elle demeure très inquiétante.
Le débat sur les drogues s’est récemment nourri de diverses expériences de prises en charge de données scientifiques nouvelles, d’échanges entre intervenants de terrain confrontés à la réalité de la lutte contre la toxicomanie et de l’aide de ceux qui en sont victimes.
Il y a six ans nous avons mis en place une politique de réduction des risques sanitaires liés à l’usage des drogues. Cela se fit avec des difficultés culturelles et pratiques immenses, mais cette politique urgente, vu le retard pris par notre pays, a été heureusement poursuivie. Les résultats sont probants: la prévalence du VIH chez les usagers par injection est beaucoup moins importante, les overdoses à l’héroïne ont diminué de moitié.
Michel Reynaud, Philippe-Jean Parquet et Gilbert Lagrue sont parmi les meilleurs experts de notre pays en ce qui concerne l’étude des « pratiques addictives ». Ils sont également des pionniers : depuis plus de dix ans, ils ont accompagné dans leur pratique de tous les jours des milliers de personnes dépendantes de substances psychoactives.
Je suis heureux que leur excellent rapport puisse être accessible à nos concitoyens. Ceux-là pourront mieux comprendre les mécanismes d’action et les dangers des différentes drogues. Ce travail adopte clairement le point de vue de la santé publique : information et prévention.
Il pourra aider à l’intelligence du plan triennal de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie que j’ai présenté au comité interministériel, en présence du Premier ministre, le 25 juin 1999. Il défend la légitimité du concept d’addiction liée à la consommation de substances psychoactives qui se définit en trois termes : l’usage, l’usage nocif et la dépendance. Il étudie tout particulièrement les pratiques des jeunes adolescents et des jeunes adultes sur le plan épidémiologique. Il analyse le phénomène croissant des polytoxicomanies. Il décrit les risques que présentent les différents produits. C’est ainsi que le tabac, l’alcool et les médicaments retrouvent leur place parmi les autres substances addictives.
Cette démarche pragmatique est fondée sur des expériences scientifiques et humaines qui ont permis de sauver des vies, d’épargner des souffrances en participant à l’information et à la prévention. Le concept de réduction des risques prend là toute sa force. L’âge de plus en plus bas des usagers de drogues, l’apparition de nouvelles drogues de synthèse, les polytoxicomanies représentent des dangers majeurs. La mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie est chargée de mettre en place la politique du gouvernement pour la prévention et la prise en charge. Si elle permet de lutter contre le trafic, elle doit placer l’homme, l’usager, le malade au centre de ses préoccupations.
Ce rapport sera certainement l’une des contributions importantes au succès de cette mission. À la suite des états généraux de la Santé qui ont permis aux citoyens de notre pays de débattre sur les priorités en matière de santé publique, nous sommes entrés dans l’ère de la « démocratie sanitaire ». C’est avec des travaux de cette qualité que l’on répondra d’abord aux besoins d’information manifestés par les Français.
Bernard Kouchner
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient les cœurs, où tous les vins coulaient. »
Arthur R IMBAUD
Une saison en enfer, 1873

 
Introduction

Exceptionnels ou banals, les comportements de consommation de substances psychoactives ont comporté des aspects conjoncturels liés à l’époque, à la culture, aux modes de vie, qui ont souvent masqué les aspects universels et constants des comportements humains de consommation. Ceux-ci ont toujours été perçus comme en relation avec le fonctionnement de la personne, c’est pourquoi les cultures, les législations, les religions et la morale ont toujours pris parti quant à ces comportements humains.
En France, dans le cadre du développement des connaissances scientifiques, on a essentiellement considéré ces compor-tements comme le résultat des effets des substances psychoactives sur le système nerveux central et sur l’ensemble de l’organisme. Cette ère psychopharmacologique persiste encore, avec légitimité ; elle a eu un très grand développement depuis la découverte des neurotransmetteurs et l’accroissement de nos connaissances sur le fonctionnement du système nerveux central.
Ces substances psychoactives ont été longtemps considérées comme seules à l’origine du phénomène. C’est ce que l’on appelle l’« approche produit ». Cette conception repose sur la théorie de l’intoxication. Implicitement on affirmait que la rupture d’avec les consommations antérieures, la « cure de sevrage » et le maintien de l’abstinence suffisaient pour réinscrire les personnes dans une démarche de santé.
Ceci a conduit, par ailleurs, à fragmenter le champ en ce qui a trait à l’alcool, aux drogues illicites, au tabac, aux médicaments psychotropes. Des dispositifs sanitaires, législatifs, réglementaires distincts ont ainsi été mis en place. Une spécialisation des intervenants est apparue alors comme nécessaire et allant de soi.
La prise en compte de la spécificité de chaque produit a donc servi de base à la construction des politiques françaises à cet égard. L’alcoolisme, la toxicomanie, le tabagisme devenaient donc des domaines distincts, les personnes étaient caractérisées par la nature du produit consommé : alcoolique, tabagique, héroïnomane, cocaïnomane.
Il est apparu évident aux intervenants dans ces domaines et à la communauté scientifique que cette approche était réductionniste et aboutissait à la mise en place de politiques et de dispositifs non pertinents. Plusieurs constatations ont été faites.

Le concept de substances psychoactives
Au-delà de la diversité de leur génie pharmacologique, toutes ces substances possèdent des propriétés en commun et utilisent des infrastructures du système nerveux central identiques, à côté de leurs actions propres. Il en est ainsi de leur capacité commune à déclencher une pharmacodépendance, en perturbant les sécrétions de dopamine.
Lorsque le comportement de dépendance est installé, il est identique quelle que soit la substance qui l’a induite ; les personnalités dépendantes le savent bien, car lorsqu’elles ne disposent plus de leur produit habituel elles en utilisent d’autres pour calmer les effets de sevrage.
D’autre part les consommateurs sont habituellement des polyconsommateurs de plusieurs substances, soit en même temps, soit séquentiellement.
Tout ceci plaide pour une approche prenant en compte l’ensemble des substances psychoactives.

Le concept de comportement humain
L’approche produit exclusive avait négligé la part de la personne consommatrice. Lorsqu’on réintroduit celle-ci, on est spon-tanément amené à aborder le phénomène consommation en termes de comportement.
Les approches centrées sur les consommations, sur la diversité de leurs effets et sur leurs caractères psychopharmacologiques communs demeurent légitimes. Cependant, l’approche centrée sur les comportements en tant que tels est plus opératoire et doit être retenue. La référence au comportement a le mérite de proposer à l’observation, à l’analyse, à l’étude des phénomènes observables, aisément accessibles et définissables.
La référence au comportement a aussi le mérite de ne pas faire dépendre les définitions des multiples hypothèses, forgées à l’aide de références théoriques très diverses, permettant de rendre compte de leurs caractéristiques, de leurs déterminismes, de leur évolution. Il s’agit donc là d’une démarche clinique descriptive qui permet de construire ensemble et d’utiliser un savoir commun.
Les connaissances produites par les disciplines éthologiques, neurobiologiques et par l’ensemble des disciplines des sciences humaines permettent d’avoir des données précises sur les comportements, sur les mécanismes sous-jacents à ceux-ci, sur les facteurs et les déterminants à l’œuvre. Cela représente un ensemble de bases solides, que l’ensemble des acteurs peut s’approprier aisément.

Les concepts d’usage, d’usage nocif et de dépendance
Dans le cadre de cette démarche descriptive, il convient de distinguer, avec les grandes

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