Les « Pacific acteurs » Voyage conflictuel à Saint-Pierre-et-Miquelon
144 pages
Français

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Les « Pacific'acteurs » Voyage conflictuel à Saint-Pierre-et-Miquelon , livre ebook

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Description

Un voyage, un conflit, ce récit permet de comprendre toutes les étapes qui mènent de la grève à la solution en savourant le parcours presque initiatique de l’auteur qui nous plonge au cœur même d’une négociation et qui nous permet de découvrir la partie immergée des rapports sociaux. Etre muté à Saint-Pierre-et-Miquelon est vécu comme une punition par ces « mayoux » contraints. Ce n'est pas pour autant que des facilités sont accordées aux Saint-Pierrais et aux MiquelUn voyage, un conflit, ce récit permet de comprendre toutes les étapes qui mènent de la grève à la solution en savourant le parcours presque initiatique de l’auteur qui nous plonge au cœur même d’une négociation et qui nous permet de découvrir la partie immergée des rapports sociaux. Être muté à Saint-Pierre-et-Miquelon est vécu comme une punition par ces « mayoux » contraints. Ce n’est pas pour autant que des facilités sont accordées aux Saint-Pierrais et aux Miquelonnais à hauteur des contraintes qui sont les leurs. Ceci peut expliquer en partie les façons très particulières de déclencher un conflit et de le gérer. Accumulant les expériences les plus diverses dans le domaine de conflits du travail, de leur organisation à leur réalisation, ayant participé à de nombreuses négociations pour améliorer au quotidien les conditions de travail des salariés ou permettre la signature (ou la non signature) d’accords nationaux, l’auteur ne pouvait s’imaginer se retrouver un jour dans les circonstances présentes. Ni sociologue, ni psychologue mais témoin averti d’un monde du travail en crise, l’expérience acquise permet à l’auteur de comprendre et de traiter ce conflit dans lequel il fut plongé bien malgré lui. Il nous invite au voyage dans un archipel méconnu du plus grand nombre. onnais à hauteur des contraintes qui sont les leurs. Ceci peut expliquer en partie les façons très particulières de déclencher un conflit et de le gérer. Accumulant les expériences les plus diverses dans le domaine de conflits du travail, de leur organisation à leur réalisation, ayant participé à de nombreuses négociations pour améliorer au quotidien les conditions de travail des salariés ou permettre la signature (ou la non signature) d'accords nationaux, l'auteur ne pouvait s'imaginer se retrouver un jour dans les circonstances présentes. Ni sociologue, ni psychologue mais témoin averti d'un monde du travail en crise, l'expérience acquise permet à l'auteur de comprendre et de traiter ce conflit dans lequel il fut plongé bien malgré lui. Il nous invite au voyag

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029000683
Langue Français

Extrait

Les « Pacific’acteurs »
Denis GARNIER
Les « Pacific’acteurs »
Voyage conflictuel
à Saint-Pierre-et-Miquelon












Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
Du même auteur



« Libérez-vous ! De l’économie contre le travail » , éditions Le Manuscrit, 2011.

« L’hôpital disloqué » , éditions Le Manuscrit, 2011.

« Travail : des traumatismes à l’espérance » , éditions Le Manuscrit, 2014.
























© Les Éditions Chapitre.com, 2014
ISBN : 979-10-290-0068-3
Avant-Propos
Salarié depuis 40 ans, syndicaliste depuis plus de 38 ans, accumulant les expériences les plus diverses dans le domaine de conflits du travail, de leur organisation à leur réalisation, ayant participé à de nombreuses négociations pour améliorer au quotidien les conditions de travail des salariés ou permettre la signature (ou la non signature) d’accords nationaux, je ne pouvais imaginer être placé un jour dans les circonstances présentes.
L’expérience que j’ai acquise dans le cadre de la prévention des risques professionnels, de la souffrance au travail, du mal-être, de ce que d’aucun dénomme les risques psychosociaux et qui sont en fait liés en grande partie à des contraintes de l’organisation du travail, m’a beaucoup aidée pour comprendre et traiter ce conflit dans lequel je me suis retrouvé bien malgré moi.
Le contenu de cet essai illustre par l’exemple toutes les facettes des traumatismes du travail, les conséquences d’un management défaillant ou bien encore le cœur du débat social.
Saint-Pierre et Miquelon ne m’était pas inconnu, puisque j’y avais séjourné une petite semaine il y a dix ans pour délivrer à des militants syndicaux quelques enseignements pratiques. Les souvenirs que j’en rapportais furent suffisamment prégnants pour qu’ils resurgissent immédiatement dès que le nom de cet archipel m’était cité. Sans dévoiler le contenu du présent récit je peux affirmer que cet endroit n’est comparable à aucun autre. Perdu au sud du Canada, ce caillou qui accueille un peu plus de 6 000 habitants est quelque peu délaissé par la métropole et peut-être même par la République. Contrairement à tous les autres territoires ou départements d’outre-mer, là-bas, pas ou peu de touriste. Les coûts de transport sont au-delà du raisonnable ce qui renforce un peu plus le sentiment d’isolement et d’abandon. Rien à voir avec la Réunion, Mayotte ou bien encore les Antilles qui de par le climat et le nombre d’habitants bénéficient d’une plus grande considération de la part de ceux qui décident et qui bien souvent y séjournent. Être muté à Saint-Pierre-et-Miquelon est presque vécu comme une punition par ces « mayoux » contraints. Ce n’est pas pour autant que des facilités sont accordées aux Saint-Pierrais et aux Miquelonnais à hauteur des contraintes qui sont les leurs.
Ceci peut expliquer en partie les façons très particulières de déclencher un conflit et de le gérer. Mais ce n’est pas l’unique raison de la rédaction de cet ouvrage. L’aventure qu’il expose restera pour moi un des meilleurs moments de ma carrière militante. Je dis souvent que lorsque l’on n’est plus en capacité d’apprendre c’est que l’on est cliniquement mort. J’ai appris. La conjugaison de cet apprentissage et des savoirs accumulés précédemment renforcent, confortent l’engagement que j’ai pris il y a trente-huit ans de passer du temps aux côtés de ceux qui sont atteints dans leurs conditions d’existence. Je ne savais pas que cela durerait aussi longtemps. Je ne savais pas non plus que l’engagement est une école formidable qui permet de découvrir toutes les facettes de l’humanité. L’humanité qui permet à l’homme d’observer, de comprendre et d’agir avec intelligence et sensibilité. Mais cette école de la vie permet aussi de rencontrer des êtres qui ne flattent pas cette humanité, soit parce qu’ils l’ont perdue, soit parce qu’ils ne l’ont jamais rencontrée. Le choc des incompréhensions peut alors déboucher sur des situations conflictuelles qui auraient pu s’éviter si, d’un côté comme de l’autre, la finalité de l’œuvre commune, ici le sens du travail, n’avait pas perdu son humanité. La compétence fait autorité mais, a contrario, le manque de compétence débouche trop souvent sur de l’autoritarisme.
Notre époque abandonne l’humanité au profit de dictats de toute nature qui sévissent dans tous les secteurs et qui frappent durement ceux qui n’ont pas la capacité de se défendre, soit parce qu’ils sont dans des situations précaires, soit parce qu’ils ont perdu leur liberté et gagné leur servitude.
Le travail, même difficile, est une source d’équilibre, la porte de nombreuses libertés, et donne à chaque citoyen son utilité sociale. Faut-il perdre son emploi, son statut, sa condition pour en mesurer toute la quintessence, pour se réveiller ?
Ici, rien n’est parfait, mais ils ont osé dire ça suffit. Il en est ainsi partout. Rien n’est définitivement acquis. Une occasion pour citer cet enseignement de Kant {1} qui jalonne souvent mes écrits :
« Il est de la nature intelligible de l’homme de pouvoir par une décision se constituer comme sujet libre. La liberté n’est jamais acquise, elle est sans arrêt menacée. Elle doit toujours faire l’objet d’une lutte courageuse. »
Mais la lutte courageuse se heurte souvent aux capacités de chacun de pouvoir la mener. Lorsque le salarié est cloîtré dans une précarité qui peut remettre en cause chaque jour ses propres conditions d’existence, alors la lutte peut devenir suicidaire si elle n’est pas accompagnée d’un puissant collectif seul capable de la protéger.
Mais plus encore sur cet archipel j’ai rencontré la servitude, un bout de République abandonné.
Des alertes y sont souvent lancées en direction des ministères de la métropole pour que les droits des habitants de Saint-pierre et de Miquelon soient identiques à ceux des habitants de la métropole. Elles sont le plus souvent ignorées et cette absence de réponse laisse certains maîtres locaux régner sur les sujets. S’installe alors une sorte de féodalité qui ne touche malheureusement pas que les salariés de l’hôpital dans cet archipel.
La Liberté, l’Égalité, et la Fraternité pour les Saint-Pierrais et les Miquelonnais, cela valait bien un livre.
P REMIÈRE PARTIE
Le réveil des serfs
1
Souvenirs immédiats
Vendredi midi, devant l’écran de l’ordinateur, je prépare la semaine qui s’annonce. Le téléphone sonne. C’est Didier, mon boss, mon ami, celui qui tient le manche de ma fédération.
« Bonjour Didier.
– Bonjour Denis. J’ai besoin de tes compétences.
– Que puis-je pour toi ?
– Nos amis de l’hôpital de Saint-Pierre nous demandent de les aider car ils sont en plein conflit.
– Saint-Pierre ?
– Saint-Pierre-et-Miquelon.
– Il faut que je les appelle ?
– Non il faudrait que tu puisses t’y rendre le plus rapidement possible.
– C’est si grave ?
– Ils veulent de l’aide ! Je n’en sais pas beaucoup plus, mais tu sais là-bas ça chauffe vite.
– Mais j’ai la CHSCT nationale {2} !
– T’occupe, on fera appel à un autre camarade.
– OK. Je vois et je te rappelle. »
Je pose mon regard sur la valise de la veille qui est tout juste ouverte. Je pense à mon petit-fils que je devais embrasser pour ses deux ans, à ma femme qui dans une heure va rentrer du travail en se faisant une joie du week-end festif qui s’annonçait.
Saint-Pierre-et-Miquelon ! J’y suis allé il y a dix ans. Un séjour paisible pour former de jeunes militants. C’est un archipel Français situé dans l’Océan Atlantique nord à 25 km au sud de l’île canadienne de Terre-Neuve.
Ces quelques secondes passées, je dois trouver un avion qui m’emmène là-bas. Ce n’est pas si simple. Un vol est possible pour le mardi suivant. J’appelle les camarades de Saint-Pierre pour les informer. Après un bref échange, ils me disent que la grève débute le mardi et qu’il faudrait y être avant si

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