Les Nouvelles Cartes de la psychanalyse
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Description

Cet ouvrage entend mener une réflexion fondée sur la confrontation du domaine de la psychanalyse avec celui des sciences de l'esprit. Deux raisons, au moins, rendent nécessaire cette entreprise : Les progrés de la neurobiologie et le développement des sciences cognitives ont éclairé sous un jour entièrement neuf le mécanisme de production des opérations mentales. La pratique et la théorie de la psychanalyse désormais centenaires courent un grave risque d'isolement si elles refusent d'être interrogées sur leurs relations avec les autres sciences de l'esprit. Somme toute, il n'y a pas de raison que la psychanalyse échappe à un questionnement critique à l'égard de ses "progrés" - c'est, du reste ce qui se passe aujourd'hui et avec une certaine véhémence aux États-Unis. Cette salutaire confrontation permettra de déterminer la contribution fondamentalement spécifique de la psychanalyse, qui est d'être une forme originale de communication, entre l'analysant et l'analyste d'une part, entre le conscient et l'inconscient du sujet d'autre part. Quel type de connaissance cette communication permet-elle de mettre au jour ? Surtout, à quelles conditions la méthode psychanalytique peut-elle dépasser l'individuel et se trouver "objective" ?Ce plaidoyer pour un véritable dialogue interdisciplinaire trouve une belle illustration dans la question très actuelle des médicaments "psychotropes". Il est clair, en effet, que la psychothérapie et la chimiothérapie ont l'une et l'autre à s'épauler dans le traitement de l'angoisse ou de la dépression. C'est ainsi seulement que se dessineront de nouvelles cartes pour la psychanalyse. Le professeur Daniel Wildlöcher dirige le service de psychiatrie de la Pitié-Salpêtrière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 1996
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738172983
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANIEL WIDLÖCHER
LES NOUVELLES CARTES DE LA PSYCHANALYSE
 
 
© ÉDITIONS ODILE JACOB, OCTOBRE 1996 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS

INTERNET : http://www.odilejacob.fr

ISBN : 978-2-7381-7298-3
AVANT-PROPOS
Comment peut-on concilier dans ses travaux psychanalyse et science ? Science au sens où, dans le domaine de la santé mentale, on s'intéresse à d'autres pratiques de diagnostic et de soins, et surtout à des recherches centrées sur l'action des médicaments ou les mécanismes cognitifs en cause. Les psychanalystes, dont je suis, qui se réclament ainsi de plusieurs formes de démarche, ne sont pas toujours bien acceptés de leurs pairs qui s'inscrivent dans une fréquentation exclusive de la théorie et de la pratique psychanalytiques. On les soupçonne volontiers, soit d'un mélange des genres, soit d'une étonnante capacité d'oubli. Peut-on oublier l'attitude psychanalytique quand il s'agit de traiter autrement un malade ou de mener une étude systématique de l'action d'un médicament, voire de procéder à une expérimentation sur la mémoire ou l'attention ?
Il est vrai que ces pratiques ont recours à des logiques très différentes, voire opposées. D'un côté la distance de l'observateur, le recours à la méthode « hypothético-déductive », le souci de la preuve, la tendance à généraliser ; de l'autre l'implication affective, la créativité des associations de pensée, le souci d'un approfondissement du sens, l'intérêt pour le cas individuel. Peut-on ainsi cliver deux démarches de l'esprit aussi opposées, et oublier à ce point, quand l'on suit une des directions, celle que l'on suivait précédemment ?
On pourra répondre que le psychanalyste, aussi occupé qu'il soit par sa pratique, sait bien se dégager de sa manière de penser quand il se trouve exposé aux tâches de la vie culturelle ou engagé dans ses hobbies. Ce qui trouble certains est d'ailleurs moins le clivage des dispositions d'esprit que celui des intérêts. Peut-on s'intéresser à la psychanalyse et aux neurosciences ? À cela également on pourrait répondre que tout psychanalyste trouve, heureusement pour lui, d'autres activités de l'esprit pour satisfaire sa curiosité intellectuelle. Mais la question n'est pas là. La psychanalyse apporte des réponses à certaines interrogations fondamentales sur la vie de l'esprit. La curiosité suscitée par d'autres réponses et d'autres interrogations ne refléterait-elle pas une insatisfaction qui tiendrait à l'engagement même dans la réflexion psychanalytique ?
On conçoit que la question ainsi posée n'appelle pas une réponse facile. Chacun sera tenté de le faire en fonction de sa propre expérience, et ce que vaut son témoignage dépendra de l'accord ou du désaccord consensuel. Scientificité et ouverture à l'interdisciplinarité sont les enjeux du débat. Mais nous nous trouvons aujourd'hui devant des raisons plus sérieuses. L'intérêt que l'on trouve à la psychanalyse n'est plus seulement une question pour les psychanalystes et leurs patients, mais aussi pour la communauté scientifique. Celui à qui on attribue plusieurs rôles à la fois devra donc dire au psychanalyste pourquoi il s'intéresse également à d'autres domaines, et au scientifique pourquoi il s'intéresse (encore) à la psychanalyse. Or ce double témoignage, il risque fort d'être fortement sollicité à le donner au moment où l'intérêt de la psychanalyse est ouvertement remis en cause.
Je fais partie d'une génération qui s'est engagée dans la psychanalyse au début des années cinquante, à un moment où cette discipline nouvelle apportait de vifs espoirs, tant pour le traitement que pour la compréhension du mécanisme des troubles mentaux, alors que les médicaments psychotropes ne faisaient que naître et que les neurosciences n'apportaient que des données bien fragiles et bien limitées face à la complexité de la vie mentale. J'ai connu par la suite la période triom- phante où la psychanalyse était reconnue comme une discipline à part entière, tant dans l'université que dans les institutions et les pratiques de soins. Ce fut l'époque où il « fallait faire de la psychanalyse » pour être clinicien et où les institutions psychanalytiques, sociétés scientifiques et instituts de formation étaient invités à officialiser les titres de formation et le statut de la profession.
Après le flux, le reflux. Il s'observe tant du côté de la demande de soins que des candidats à l'exercice de la psychanalyse. Mais surtout on voit se développer une critique portant sur la validité scientifique de la méthode et des résultats. Certes, de telles critiques n'avaient jamais manqué, mais sans grand effet sur l'opinion. Qu'en sera-t-il demain ? L'exemple des États-Unis est, à cet égard, instructif.
Un événement récent, survenu à propos d'une exposition sur Freud et la psychanalyse dans le cadre de la bibliothèque du Congrès à Washington, peut retenir notre attention à plus d'un titre. La bibliothèque du Congrès, institution fédérale très officielle, organise régulièrement des expositions d'intérêt général à partir de documents consignés dans ses archives (qui sont considérables) ou empruntés à d'autres fondations ou collections. Il était prévu pour l'automne 1996 une exposition intitulée « Sigmund Freud : conflict and culture ». Outre le fonds des archives Freud détenu par la bibliothèque, des documents devaient être empruntés à Vienne et à Londres ; un ensemble d'activités pédagogiques et documentaires devaient accompagner l'exposition elle-même, le tout pour un budget de un million de dollars. On apprenait en décembre 1995 que l'exposition était reportée sine die . Les porte-parole de la bibliothèque faisaient état d'une insuffisance des sources de financement, mais aussi de leur préoccupation concernant une vague de protestations soulevée par l'annonce de l'événement. Apparemment, le tiers du budget faisait défaut, mais la controverse fit vraisemblablement peur aux organisateurs. Dans une période de restriction budgétaire, les parlementaires surveillent de près la manière dont les fonds publics sont utilisés par un orga- nisme qui est sous leur dépendance directe. Quelques semaines après son annonce, une exposition consacrée à l'esclavage dans les États du Sud, qui était sur le point d'ouvrir, a été précipitamment annulée en raison de protestations venues du personnel de la bibliothèque elle-même.
L'annonce de ce qui fut alors perçu comme une annulation camouflée de l'exposition sur la psychanalyse suscita à son tour de vives protestations, d'autant que les organisateurs avaient pris le soin de conserver à l'ensemble un caractère strictement documentaire et que des propositions avaient été faites à certains opposants pour qu'ils participent de manière critique à la rédaction du catalogue ! Un revirement de décision amena les responsables de la bibliothèque à annoncer, en février 1996, que l'exposition ouvrirait à l'automne 1998. En annonçant la nouvelle, le bibliothécaire, James Billington, entendait préciser que seule la question financière était entrée en ligne de compte (sans préciser comment elle avait été entre-temps résolue) et que rien de plus n'avait été pris en considération, confiance étant faite aux organisateurs de la réunion.
Si l'incident est apparemment clos, l'événement mérite commentaire, et tout particulièrement la composition du groupe des protestataires et les arguments invoqués. Le groupe, dont la composition ne m'est pas exactement connue, semble avoir regroupé des avis de nature différente. Pour les uns, il semble qu'il se soit agi d'un mouvement d'humeur, marqué certes par une forte réserve vis-à-vis de la psychanalyse, mais reflétant une opinion mitigée quant au fait. Pour Oliver Sachs, neurologue et auteur connu d'ouvrages consacrés aux progrès de la neuro-psychologie, il s'agissait de marquer un défi, mais il souhaitait que la réunion ait lieu et il entendait se démarquer des « angry anti-freudiens » : « Quiconque me connaît ne saurait imaginer que je suis un anti-freudien et “dénoncer” m'est totalement étranger… Je pense que Freud fut un grand et l'un des pères de la culture et de la pensée de ce siècle. » Les représentants des mouvements féministes entendaient aussi ne pas tout condamner de la psychanalyse. Mais on trouve à leurs côtés les adversaires irréductibles dont l'objectif clairement affirmé est de détruire radicalement l'œuvre freudienne. C'est évidemment la position d'un Peter Wales, chef de file de ce qu'il est désormais convenu d'appeler le « révisionnisme » anti-psychanalytique.
Ce mouvement, qui s'est donc publiquement manifesté à l'automne dernier, n'est pas tout à fait récent. Depuis plus de cinq ans, il s'est exprimé dans un certain nombre d'ouvrages 1 et dans de nombreux articles publiés par des revues et des journaux de large audience. En 1993, le journal Time titre une de ses couvertures : « Freud est-il mort ? » En 1990, le New York Times avait consacré deux grandes pages à une étude critique des publications sous le titre « As a therapist, Freud fell short, scholar finds » ! Interrogé par M. Trudeau 2 pour un quotidien de Montréal, M. Borch-Jacobsen déclare : « J'ai toujours été critique face à la psychanalyse. Pendant de nombreuses années, ma remise en question se faisait de l'intérieur. Depuis que mes recherches historiques m'ont permis de constater que les faits contredisaient Freud, j'ai rompu avec le cercle des fidèles pour joindre le rang des révisionnistes. » Bref, au-delà de la polémique, c'est un mouvement qui se dessine, trouvant audience dans la grande presse et ouvrant un débat à la hauteur de la communauté nationale tout entière.
Trois thèmes distincts contribuent en fait à nourrir le débat : la place de la psychanalyse dans le champ de la psychiatrie, la personnalité de Freud et l'honnêteté de ses publications, et enfin le rôle et l'importance des séductions sexuelles chez les enfants. Le premier thème s'inscrit en réaction à la place tenue par la psychanalyse durant plusieurs décennies dans le système de soins américain. Le second e

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