Les larmes de la Lune
254 pages
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Les larmes de la Lune , livre ebook

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Description

Le destin de Farid, un jeune Anjouanais, bascule lorsque sa famille lui demande de rejoindre clandestinement Mayotte pour retrouver sa sœur disparue. Il n’hésite pas une seconde à prendre tous les risques pour rejoindre cet Eldorado si convoité, quitte à traverser le Canal du Mozambique sur une embarcation de fortune.


Arrivé sur place, c’est l’incompréhension. Farid découvre une île gangrénée par la misère et l'insécurité, où des centaines d’enfants vivent dans les rues de bidonvilles surpeuplés. Soutenu par des Mahorais et d’autres clandestins, il s’aventure dans la forêt primaire jusqu’aux confins de l’île hippocampe. Ce qu’il découvre lui glace le sang. Parviendra-t-il à sauver Fatima des griffes de mystérieux mercenaires ? Avec l’amour, l’amitié et la foi comme alliés, Farid affronte des dangers qu’il n’aurait jamais soupçonnés.



Les îles de la Lune, comme est nommé en arabe L’archipel des Comores, ont connu la colonisation française. Depuis, seule Mayotte est restée sous drapeau français pour en devenir un département. Le plus pauvre de tous. Et pourtant, les habitants des autres îles voient en lui une terre promise. Dans ce roman sans concessions, l’auteur décrit avec précision le quotidien des immigrés clandestins, leurs peurs, leurs espoirs, et les conséquences dramatiques liées à l’ingérence française dans cette région du monde. Un écho poignant aux crises migratoires que traverse actuellement l’humanité.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381241586
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 CHAPITRE 3 CHAPITRE 4 CHAPITRE 5 CHAPITRE 6 CHAPITRE 7 CHAPITRE 8 CHAPITRE 9 CHAPITRE 10 CHAPITRE 11 CHAPITRE 12 CHAPITRE 13 CHAPITRE 14 CHAPITRE 15

Ben Kilam
 
LES LARMES DE LA LUNE
 
Roman
FABRIQUÉ EN FRANCE
 
ISBN : 978-2-38124-157-9
© juin 2022, YOUSTORY
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation, de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
L’auteur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre.

CHAPITRE 1

Farid arpentait le sol caillouteux de la petite plage retirée d'Ouani en compagnie du groupe de voyageurs et de l'un des passeurs. La nuit commençait à étendre son drap sombre sur cette petite contrée située au nord d'Anjouan, l'une des quatre îles de l'Archipel des Comores. Les conditions étaient désormais réunies pour commencer cette traversée ô combien risquée et dangereuse. La plage était recouverte de roches et de cailloux, toutes sortes d'ordures jonchaient sur la côte, sachets, bouteilles en plastique, bouteilles en verre, déchets ménagers, morceaux de carton, masques usagés, ces mêmes protections qui rappelaient cette épidémie de la COVID-19. Épidémie qui avait fait beaucoup de mal aux familles ainsi qu'à toute l'économie des Îles de La Lune et de la planète tout entière, cette pandémie avait emporté avec elle beaucoup de personnes. La petite crique permettait une approche aisée des passeurs, tandis qu'au loin, les lueurs des habitations en bois sous tôle annonçaient l'arrivée de la nuit sur cette petite ville de l'île d'Anjouan. Ouani se situe à une dizaine de kilomètres au sud de Mutsamudu. Farid y était passé avant d'arriver ici. Il y avait là des candidats au bonheur, tous munis de sachets, de sacs contenant un peu de leur vie, une partie d'eux-mêmes qu'ils souhaitaient emmener dans le paradis. Il y avait même, parmi les passagers, une femme enceinte. Ils devaient être une vingtaine, ils attendaient avec une grande anxiété l'arrivée des passeurs et de leur embarcation, le kwassa-kwassa, ce bateau qui allait les déposer aux portes de l'Éden, à Mayotte. Farid avait passé la journée dans Ouani. Hafiz, son père, l'y avait accompagné, puis l'avait laissé après lui avoir donné les dernières recommandations pour le voyage. Le jeune homme avait traîné avec d'autres candidats au voyage, se mêlant aux villageois pour ne pas attirer l'attention des forces de l'ordre. Ouani était devenu le nouveau port international pour le départ pour Mayotte. Il avait payé trois cents euros pour cette traversée, soit près de sept fois le salaire moyen à Anjouan. Tous les membres de la famille et quelques membres du village s'étaient saignés pour réunir cette somme. Hafiz avait promis de tout rembourser dès que son fils Farid aurait trouvé du travail à Mayotte. Il y avait là hommes, jeunes hommes, femmes, des enfants, ainsi qu'une femme enceinte, tous attendaient le transport pour le paradis, l'Île de Mayotte, à soixante-dix kilomètres, soit sept à dix heures à bord de ces embarcations de fortune. Le rêve ou la mort. Du haut de ses vingt ans, le jeune Anjouanais partait avec l'espoir d'y rejoindre sa grande sœur et de trouver du travail. Fatima était partie quatre mois plus tôt, mais depuis, plus de nouvelles, plus rien, juste un appel à son arrivée. Sa famille vivait dans l'angoisse depuis ce dernier appel. Où était-elle ? Qu'était-elle devenue ? Était-elle toujours à Mayotte ? Farid rêvait aussi du bonheur et d'une vie meilleure à Mayotte, il en avait assez de cette précarité à Hombo, petite contrée à proximité de Mutsamudu, de cet avenir sombre, il voulait sortir du tunnel, il voulait atteindre cette lumière, lumière que tous les Anjouanais voyaient au loin, mais qui paraissait finalement si près... L'Île de Mayotte, Mayotte la Française, Mayotte la richesse, l'île hippocampe avait droit à tous les superlatifs tant elle faisait rêver. Il laissait derrière lui toute une vie, la famille, sa maman Amira, son père Hafiz, ses cousins, ses amis, leurs matchs de foot et leurs parties de pêches sur les plages de Mouamoua. Il laissait aussi Grand-Mère Atifa, qui lui avait donné la bénédiction avant son départ du village.
 
Les vagues ne cessaient de faire rouler les cailloux, produisant un bruissement reposant et enivrant à la fois, accompagnées d'un embrun qui distillait dans l'air le parfum salin des poussières d'eau. Une tension était palpable, cette traversée présentait beaucoup d'enjeux mais aussi beaucoup de risques : une météo changeante, une grosse vague, une panne de moteur, les garde-côtes, tous ces facteurs pouvaient faire échouer ce périple et mettre fin au voyage. Le bruit des vagues fut soudainement mêlé à un lointain vrombissement de moteur, une embarcation s'approchait. Sur les conseils d'un des passeurs qui accompagnait le groupe, tous se cachèrent derrière les rochers. La prudence était de mise, cela pouvait être des garde-côtes qui auraient été prévenus, ou, habitués au stratagème des passagers, qui s'étaient mêlés toute la journée aux riverains et aux villageois. Après s'être assuré qu'il s'agissait bien de son collaborateur, le passeur leur demanda de s'approcher de l'embarcation. Farid, son sac sur le dos, terminait son Doua. Il demandait à Dieu la bénédiction de l'embarcation qu'il allait emprunter, de le protéger durant son voyage, de mettre les bonnes personnes sur sa route. Le groupe avait commencé à monter dans l'embarcation, les passeurs aidèrent la femme enceinte à se hisser à l'intérieur du canot.
—  Mettez-vous bien de chaque côté, insista l'un des passeurs, il faut bien répartir le poids de chaque côté du bateau.
L'autre passeur faisait le guet pendant que tous s'empressaient de monter à bord. Le kwassa était équipé de deux moteurs.
 
Finalement, ils étaient vingt-cinq dans l'embarcation, dont les deux passeurs, soit dix-neuf adultes et quatre enfants, tous candidats au bonheur, dans une embarcation prévue pour six personnes. Des jerricans de carburant étaient regroupés et entreposés à côté des moteurs, augmentant encore plus la charge du bateau. Farid avait le tee-shirt trempé, il tenait ses savates dans les mains, ses cheveux crépus étaient déjà mouillés par une vague plus forte que les autres. Il avait les pieds trempés par la vase qui subsistait dans la cale du bateau, délivrant une odeur nauséabonde. Le kwassa s'éloignait de la côte avec difficulté, le poids des passagers, la force des vagues faisaient tanguer le petit bateau. Sous le vrombissement des moteurs, le rivage s'éloignait de plus en plus, les petites maisons et les lumières d'Ouani apparurent soudainement à la sortie de la petite crique, les visages des passeurs étaient empreints d'angoisse, ils avaient hâte de s'éloigner de la côte et de se retrouver en pleine mer.
 
Le ciel était transpercé d'étoiles, la Grande Ourse était visible au loin dans l’Élysée, la lune était au firmament, elle veillait sur les îles de l'archipel comme une maman veillerait sur ses petits, une fine brise démaquillait la surface de l'eau. Personne ne parlait sur l'embarcation, tous étaient accolés les uns aux autres, seuls étaient perceptibles le bruit de la coque giflant la surface de l'eau et le crissement sombre du moteur.
 
Cela faisait plus d'une heure qu'ils s'étaient éloignés de la côte. Ouani paraissait bien loin. Derrière eux, sur l'île, les maisons ressemblaient à des petits points lumineux. La petite arche longeait toute la côte ouest de l'île pour atteindre sa destination, avançant dans le noir tout en se repérant à l'aide des lueurs des habitations et des astres dans le ciel dégagé. La petite rade de Domoni était facilement visible et s'éloignait derrière eux. Bientôt, ils allaient passer devant la petite ville côtière de M'ramani, située à l'extrême sud de l'île, et depuis laquelle, par beau temps, il était possible de distinguer les feux des voitures à Accoua, la ville la plus proche, à vol d'oiseau, à Mayotte.
Anjouan semblait être posée sur l'océan. Tous guettaient aux alentours, les yeux rivés au loin vers le nouvel eldorado et ce, malgré l'obscurité. Tous craignaient de voir une lumière, d'entendre un bruit, seuls les enfants s'étaient endormis dans les bras de leurs parents. Et, telle une course contre la montre, l'esquif poursuivait son périple vers l'île hippocampe, espérant ne rencontrer personne ni embarcation sur sa route, cette route qui devait emporter tout le monde vers une vie nouvelle, un destin plus lumineux, un vrai paradis.
 
C'était la première fois que Farid quittait son île, la deuxième fois qu'il voyageait dans une embarcation. Exténué par sa journée, le jeune homme voulait s'assoupir, mais il ne se sentait pas bien, les secousses du bateau le faiblissaient, l'odeur pestilentielle de la vase compliquait encore plus les choses. Il commençait à avoir le mal de mer, il avait toujours été sujet à la cinétose, et ce, quel que soit le mode de transport qu'il utilisait. C'était d'ailleurs sa plus grande angoisse avant ce périple, mais il fallait à tout prix tenir, ne pas sombrer, pas à ce stade. L'odeur de la fumée libérée par les moteurs augmentait encore plus la difficulté. Farid n'était pas seul dans ce cas, d'autres personnes sur l'embarcation commençaient aussi à souffrir du mal des transports. Personne ne se plaignait, tous résistaient, le paradis a bien un prix. Un des enfants s'était réveillé et se mit à régurgiter par-dessus bord, tenu fermement par les hanches par un parent. Farid n'était pas loin de l'imiter, mais il se retenait. Le voyage commençait à devenir pénible pour la grande majorité des voyageurs, tous les enfants s'étaient finalement réveillés, impossible de continuer à dormir avec de telles secousses. Ils commençaient à gémir, les parents tentaient en vain de les réconforter. La fatigue commençait à prendre le dessus, les regards semblaient vides. La grande majorité des voyageurs n’avait pas d'expérience en grande mer, ne sachant pas nager. Sans gilet, sa

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