Les Formes de vitalité , livre ebook

Odile Jacob - Daniel N. Stern

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

100 pages

Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

A propos
Informations
Extrait

Description

La vitalité peut prendre toutes sortes de formes dynamiques ; elle imprègne notre vie quotidienne, elle se manifeste en psychologie, elle habite les arts, elle agit en psychothérapie, mais qu’est-ce que la vitalité ? Et comment l’appréhender ? Pour Daniel Stern, la vitalité est un phénomène qu’il est possible d’analyser grâce à ses manifestations physiques et psychiques – mouvement, temps, espace, force perçue, intention sous-jacente. Remontant jusqu’aux origines de son développement en chacun de nous, il nous montre en quoi la compréhension de la vitalité peut aussi aider au processus thérapeutique, tout en s’intégrant à ce que nous savons aujourd’hui du fonctionnement du cerveau humain.« Une méditation importante sur un aspect central de ce qui constitue notre humanité. » Antonio Damasio, auteur de L’Erreur de Descartes.« Un livre fascinant qui entre dans les détails de notre vie consciente. » Robert Wilson, metteur en scène. Psychiatre, professeur et praticien de réputation internationale, Daniel N. Stern est l’auteur de nombreux ouvrages qui font référence. Il a notamment publié Journal d’un bébé, La Naissance d’une mère, en collaboration avec son épouse, Nadia Bruschweiler-Stern, et Le Moment présent en psychothérapie.

Sujets

Psychology

Psychotherapy

Sociologie, société et politique

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	30 septembre 2010
Nombre de lectures	0
EAN13	9782738198754
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Titre original : Forms of Vitality .
© Oxford University Press, 2010
Pour la traduction française : © ODILE JACOB, OCTOBRE 2010 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9875-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
L’écriture de cet ouvrage n’aurait pas été possible sans l’inspiration, le soutien et les idées de ma femme, Nadia Bruschweiler-Stern. Qu’elle soit chaleureusement remerciée ici pour les qualités de vitalité qu’elle a su donner à ce livre.
Première partie
Introduction et arrière-plan
Chapitre premier
Introduction aux « formes de vitalité » dynamiques

Ce livre a pour objet d’attirer l’attention sur un aspect de l’expérience humaine qui est en grande partie « caché sous nos yeux » : la vitalité. On en parle rarement, quoiqu’elle revête de nombreuses formes dynamiques et investisse notre vie quotidienne, la psychologie, la psychothérapie et les arts.
Mais qu’est-ce que la vitalité ? Nous savons que c’est une manifestation de vie. Nous la ressentons fortement en nous-mêmes et percevons son expression chez les autres. La vie se révèle sous tant de formes de vitalité différentes. Il doit y en avoir une gamme presque infinie. Alors, comment traiter de la vitalité et par où commencer ?
Par le passé, la doctrine du « vitalisme » soutenait que la vie était causée et entretenue par un principe vital impliquant un élan vital distinct de toutes les forces physiques, chimiques et mentales connues. Les progrès de la science ont relégué cette idée aux oubliettes depuis bien longtemps. Et, depuis, la vitalité n’a guère suscité d’intérêt.
Pourtant, la question n’a pas disparu. Elle demeure en tant qu’expérience humaine bien réelle. Nous vivons des expériences de vitalité comme nous respirons. Nous connaissons naturellement les autres gens à travers leur vitalité. Nous évaluons intuitivement leurs émotions, leur état d’esprit, ce qu’ils pensent et ce qu’ils veulent vraiment dire, leur authenticité, ce qu’ils s’apprêtent sans doute à faire, ainsi que leur état de santé d’après la vitalité exprimée par leurs mouvements quasiment incessants. Et les arts du spectacle vivant comme la musique, la danse, le théâtre et le cinéma (les exemples utilisés dans ce livre) nous émeuvent à travers des expressions de vitalité qui résonnent en nous.
Privé des manifestations de vitalité, le monde serait dénué d’une grande partie de son intérêt, et les interactions humaines seraient plus numériques qu’analogiques et prendraient des formes difficiles à imaginer.
Reprenant au XXI e siècle l’exploration de la vitalité, nous la traiterons comme une création mentale, comme un produit de l’intégration par l’esprit d’un grand nombre d’événements intérieurs et extérieurs, comme une expérience subjective, une réalité phénoménale. Pour autant, la vitalité doit avoir un ancrage dans l’action physique et dans des opérations mentales traçables. Elle n’est pas aussi indépendante de celles-ci que le vitalisme voulait le faire croire.
Nous commencerons par le mouvement, pour des raisons que je vais expliquer ci-après. Celui-ci ne se produit pas seul, quand l’esprit humain en fait l’expérience. Il va de pair avec d’autres événements. Un mouvement se déroule pendant un certain laps de temps, même s’il est bref. Il a un profil temporel avec un début, un cours et une fin. Notre esprit perçoit donc le temps, ainsi que sa forme et sa durée, simultanément au mouvement. Après tout, le temps est une invention humaine.
Le mouvement entraîne aussi la perception ou l’attribution de force(s) « derrière » lui ou « en » lui. Qui plus est, il se produit nécessairement dans l’espace, ce qui implique qu’il définit un sentiment d’espace. Enfin, un mouvement a une directionnalité . Il semble aller vers quelque chose. Et, inévitablement, s’y ajoute un sentiment d’intentionnalité .
Partant du mouvement, nous avons donc cinq événements dynamiques associés. Et ces cinq événements théoriquement différents – le mouvement , le temps , la force, l’espace et l’intention/directionnalité – pris ensemble créent l’expérience de la vitalité . En tant que globalité, que Gestalt, ils composent une « quintuple structure dynamique fondamentale ». C’est de cette Gestalt naturelle que naît l’expérience de la vitalité dans les mouvements de chacun de nous et dans ceux des autres.
Comment ces éléments séparés s’associent-ils pour aboutir à l’expérience de la vitalité ? Ces cinq événements vont-ils ensemble ou est-ce l’esprit qui les fait fusionner ? Les sciences se trouvent là dans une posture difficile. Elles sont naturellement amenées à comprendre les événements à des échelles de plus en plus réduites, et de façon de plus en plus isolée, afin de mieux appréhender leur fonctionnement. Ce qui débouche sur une fragmentation du monde tel que nous le connaissons normalement. Par exemple, nous savons maintenant que, pour mettre en œuvre notre capacité à reconnaître un visage familier, nous disposons d’un système nerveux qui comporte des neurones ou des circuits distincts en mesure de traiter les contrastes clair-sombre, d’autres qui se consacrent à l’évaluation de la symétrie dans le plan vertical, d’autres encore qui traitent des caractéristiques et proportions particulières, etc. Et toutes ces opérations ont lieu sans que nous en ayons conscience. Elles sont fascinantes, mais bien éloignées de l’expérience phénoménale et spontanée que nous vivons quand nous reconnaissons un visage familier. La question se pose alors de la recomposition de ce monde fragmenté. Comment revenir au « tout » bien connu qui forme notre expérience des phénomènes du quotidien ?
Or la vitalité est un tout. C’est une Gestalt qui émerge des expériences théoriquement distinctes de mouvement, de force , de temps, d’espace et d’intention. Elle ne subit pas plus d’analyse consciente, élément par élément, qu’un visage connu. Bien que chacun de ces éléments puisse être distingué des autres et étudié à part.
L’idée de Gestalt ou de « propriété émergente » semble être le concept le plus utile pour aborder une expérience holistique. L’approche directe d’une Gestalt est aussi mystérieuse que l’apparition d’une propriété émergente, et les sciences (théorie des systèmes dynamiques , théorie de la complexité , théorie du chaos ) s’efforcent de décrypter cela. Pourtant, il nous faut faire avec les touts, les Gestalts et les propriétés émergentes qui sont en grande partie ce dont le monde que nous connaissons semble être composé. Nous ne cessons pas d’accomplir cet extraordinaire travail d’intégration. En outre, en surface, les formes de vitalité dynamiques, comme tant d’autres phénomènes, sont immédiatement appréhendées à partir de leur quintuple structure dynamique fondamentale.
Il n’en demeure pas moins utile d’identifier les différentes parties qui contribuent à la création du tout et d’examiner de plus près cette Gestalt de vitalité.
Qu’est-ce qui fait que les formes de la vitalité sont « dynamiques » ? Un jour, on a demandé à Albert Einstein s’il pensait en mots ou en images. Il aurait répondu : « Ni l’un ni l’autre ; j’appréhende des forces et des volumes qui évoluent dans le temps et l’espace. » C’est là, en physique, le langage de la « dynamique », le processus de transformation ou d’évolution rapide de forces en mouvement. Dans la bouche d’Einstein, la « dynamique » décrit les changements de l’univers. On y retrouve même quelque chose de proche de l’intention, si ce n’est qu’elle prend la forme non mentale de l’entropie ou de la gravité.
Venons-en maintenant à la description de la « dynamique » des tout petits événements, de l’ordre de la seconde, qui composent les moments psychologiques interpersonnels de nos vies : la force, la vitesse et le déroulement d’un geste. Le rythme et l’accentuation d’un énoncé, voire d’un mot ; la façon dont se dessine un sourire sur un visage ou les instants successifs d’un sourire ; la manière de changer de position sur une chaise ; un haussement de sourcils lorsqu’on est intéressé par quelque chose, et la durée de cette expression ; le changement, le glissement d’un regard, un flash ou une cascade de pensées : voilà quelques exemples de formes et d’expériences dynamiques de la vie quotidienne. Elles se situent à une toute petite échelle, mais nous vivons à cette échelle, qui est à la base de notre expérience des autres et de notre perception de leur vitalité.
C’est la même chose avec les arts du spectacle vivant. Le flux dynamique de la musique (le son en mouvement), de la danse , du théâtre et du cinéma nous saisit quelques instants avant de nous lâcher pour nous rattraper à nouveau très vite un peu plus loin. La quintuple structure dynamique fondamentale du mouvement, du temps, de la force, de l’espace et de l’intention semble être une Gestalt naturelle de base qui s’applique au monde inanimé tel que nous l’observons, aux relations interpersonnelles telles que nous les vivons et aux produits de la culture tels que nous les appréhendons. L’esprit paraît avoir été conçu pour saisir des événements dynamiques.
Le terme « dynamique » a de nombreuses significations. La physique traite de la dynamique de forces objectives qui interviennent pour déplacer ou équilibrer des systèmes mesurables. Il s’agit d’énergies, de puissances et de forces en mouvement. Ou encore de changements en cours. Ell