Les femmes ont toujours travaillé
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Les femmes ont toujours travaillé , livre ebook

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Description

Se demande-t-on depuis quand les hommes travaillent ? Non, bien sûr. Se demande-t-on pourquoi ils travaillent ? Pas plus. Les interroge-t-on pour savoir si le travail à temps partiel leur conviendrait, s’ils aimeraient se consacrer seulement à l’entretien de la maison et à l’éducation des enfants ? Guère. Pour les femmes, il en va tout autrement. Leur travail est toujours présenté comme fortuit et récent. On feint d’ignorer que les femmes ont aussi été paysannes, commerçantes, ouvrières, employées, infirmières, institutrices. Depuis toujours. Voici l’histoire de leurs métiers et de leur évolution au cours des deux derniers siècles. Mieux vaut être née après 1950 et surtout après 1970…Historienne, Sylvie Schweitzer est professeure à l’université Lumière-Lyon-II. Ses recherches ont toujours porté sur l’histoire contemporaine du travail, qu’il s’agisse de l’usine taylorienne, avec Des engrenages à la chaîne. Citroën 1915-1935, ou des entrepreneurs, avec André Citroën. Le risque et le défi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2002
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738170439
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , F ÉVRIER  2002 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN :  978-2-7381-7043-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
Copyright
Remerciements
Introduction
Chapitre premier - L’ÉTAU JURIDIQUE
1804-1810 : LES LOIS DE L’EXCLUSION
DES RÉPUBLIQUES SANS CITOYENNES
D’UNE GUERRE À L’AUTRE
1965-1975 : CITOYENNES À PART ENTIÈRE
Chapitre II - LA CÉCITÉ STATISTIQUE
DES DISCOURS
DES CHIFFRES
Chapitre III - DEUX SIÈCLES DE TRAVAIL
LES LIEUX DE TRAVAIL
LES CONDITIONS DE TRAVAIL
DÉFENDRE SA VIE DE TRAVAIL
Chapitre IV - DES MÉTIERS DE TOUJOURS
AGRICULTRICES
TRAVAILLEUSES À DOMICILE
DES BONNES AUX AGENTES DE PROPRETÉ
BOUTIQUIÈRES ET VENDEUSES
Chapitre V - DU BÉNÉVOLAT À LA PROFESSIONNALISATION
INFIRMIÈRES ET ASSISTANTES SOCIALES
SAGES-FEMMES
MAÎTRESSES DES JEUNES ENFANTS
Chapitre VI - SERVIR LES MACHINES
LES MACHINES DE L’USINE
LES MACHINES DU BUREAU
IMPOSSIBLE FORMATION, IMPOSSIBLE PROMOTION
Chapitre VII - GÉRER LES PAPIERS
DES PAPIERS POUR L’ASSIGNATION
DES FORMATIONS FERMÉES
Chapitre VIII - FEMMES DIPLÔMÉES : LES AVANCÉES VERS LA MIXITÉ
FEMMES DU SAVOIR : DES ESPACES RÉSERVÉS
FEMMES D’AUTORITÉ : DE LA TOLÉRANCE AU CONSENTEMENT
FEMMES DU POUVOIR POLITIQUE : LE DERNIER CERCLE
Conclusion
Bibliographie
Remerciements

Durant deux ans, Laurent Douzou, Sheri Sawtell-Brun et Danièle Voldman m’ont assurée d’un inconditionnel soutien. Anna Bellavitis, Anne Boigeol, Isabelle von Bueltzingsloewen, Marie Chessel, Mariannick Cornec, Agnès Fine, Élise Feller, Catherine Marry, Margaret Maruani, Denis Pelletier, Michèle Riot-Sarcey, Bernadette Schweitzer, Évelyne Serverin et Simone Vuillemin ont apporté leurs constructives critiques au manuscrit. Je les en remercie.
Introduction

Songe-t-on à se demander depuis quand les hommes travaillent ? Non, bien sûr. Leurs tâches et métiers sont bel et bien pensés comme aussi vieux que le monde. À peine est-il besoin de les énoncer : paysans, artisans, commerçants, puis, l’industrialisation progressant, ouvriers, employés, entrepreneurs et encore médecins et enseignants. Se demande-t-on pourquoi ils travaillent ? Pas plus. Imagine-t-on de les interroger pour savoir si le travail à temps partiel leur conviendrait, s’ils aimeraient se cantonner au travail économiquement gratuit de l’entretien de leur maison assorti de l’éducation de leurs enfants ? Guère. Pour les femmes, il en va tout autrement. Leur travail est toujours présenté comme contingent, fortuit et récent. Le sens commun feint ainsi d’ignorer que les femmes ont aussi été paysannes, commerçantes, ouvrières, employées, infirmières, institutrices. Depuis toujours. Alors, pourquoi donc cette phrase récurrente : « Depuis que les femmes travaillent… » ? Est-ce parce que, quand il s’agit de l’histoire des femmes, domine l’amnésie ? Amnésie chronologique, amnésie juridique, amnésie sociale ? C’est comme s’il fallait sans cesse tout redire des ambitions des générations précédentes, du combat des féministes, de l’enfermement des femmes, spécialement depuis le XIX e  siècle. Sur le travail des femmes, la mémoire collective consent cependant à convoquer l’épisode de la Première Guerre mondiale, quand elles seraient entrées sur le marché du travail, pour en ressortir aussitôt. De la Seconde, qui se joue dans des conditions guère différentes, il n’est en revanche jamais question, ni des Trente Glorieuses. Tout semble donc commencer quand, dans les années 1970, un million de femmes supplémentaires, puis deux arrivent sur le marché du travail, principalement dans les emplois du secteur tertiaire et, plus souvent que les hommes, à temps partiel. Alors s’annonce la crise économique, celle qui fait gonfler le chômage et dont certains affectent de croire que le travail féminin l’aggraverait.
Première Guerre mondiale, années 1970 ? Ces chronologies ne résistent pas à la mise en perspective historique. En effet, on ne peut dire que les femmes commencent à travailler quand les poilus partent au front. Si les contemporains ont beaucoup parlé des munitionnettes, qui se retrouvent en grand nombre dans les usines d’armement, dans ces ateliers métallurgiques et mécaniques jusque-là surtout peuplés d’ouvriers qualifiés, les femmes n’arrivent pas alors dans l’industrie. Peu avant la guerre, 2,3 millions de femmes se déclarent ouvrières contre à peine 500 000 de plus en 1918. Si ce n’est pas négligeable, cela n’a rien d’un raz-de-marée. Il est en revanche exact qu’entre 1914 et 1918, les femmes occupent des emplois d’hommes, qui, avant la guerre, leur sont fermés : conductrices de tramways, factrices, professeures des lycées de garçons. Et ce ne sont que ces métiers-là que, la paix revenue, elles devront quitter. Il est donc bien plus juste de dire : les femmes sont arrivées sur le marché du travail pendant la Première Guerre mondiale dans des métiers interdits .
Pour les années 1970, il en va de même : 6,6 millions de femmes sont actives en 1962, 7,1 en 1968, 8,1 en 1975, avec ensuite une progression au rythme d’un million d’actives supplémentaires tous les dix ans, pour totaliser 12 millions en 1999, pour 14 millions d’hommes. La visibilité est numérique, mais aussi qualitative. Ce ne sont ni des ouvrières, ni même des fonctionnaires qui font grimper les chiffres de l’emploi féminin, mais d’autres types d’actives et en particulier des anciennes agricultrices — qui ont quitté une campagne où les recensements les ignoraient, reconverties en ouvrières et employées — et les femmes des milieux sociaux favorisés, autrefois inactives et désormais conquérantes. Pourquoi ? Tout simplement parce que les femmes sont enfin des citoyennes à part entière, nanties de leurs droits civiques, mais aussi civils, ceux de l’indépendance juridique face à leur conjoint et, surtout, ceux de l’égalité scolaire, toute récente : alors, les femmes peuvent devenir ingénieures, cadres, médecins, avocates, juges en grand nombre. Au lieu donc de dire « depuis que les femmes travaillent », il est bien plus juste d’énoncer : depuis que les femmes travaillent avec des droits égaux à ceux des hommes .
De fait, les chronologies qui scandent l’histoire des femmes et du travail ne sont pas celles communément admises par l’histoire politique, ni même par l’histoire sociale. Aux femmes, les droits manquent dès le début du XIX e  siècle, après la mise en place du code Napoléon, puis de l’enseignement secondaire. De plus, contrairement à ce qu’espéraient les féministes depuis le XIX e  siècle, le droit de vote octroyé en 1944 n’a pas changé immédiatement la condition des femmes : il leur a fallu attendre la décennie 1965-1975 pour que soient mises en place les lois permettant leur émancipation, en particulier au travail.
Comme historienne, comme universitaire, comme baby-boomeuse et mère active appartenant à la première génération usagère de ces nouveaux droits, c’est cette évolution-là que j’ai voulu ici retracer. Ce livre est né d’une double nécessité. Nécessité d’abord de n’avoir plus à sans cesse réitérer l’idée que « les femmes ont toujours travaillé ». Sociologues et économistes, par exemple, argumentent avec l’axiome « depuis que les femmes travaillent », brouillant bien souvent les raisonnements sur la société contemporaine. Nécessité ensuite de rassembler les savoirs sur l’histoire des femmes et de leurs travaux au cours des deux derniers siècles, en tâchant de comprendre comment et pourquoi le travail féminin est resté si longtemps invisible, en essayant de souligner l’articulation des différents registres qui concourent à leur attribuer un rôle second et soumis. Si, ces dernières années, la question a suscité de nombreux ouvrages et articles de sociologues 1 , de juristes 2 , d’économistes 3 , de politologues 4 et de philosophes 5 , mais aussi d’historien-ne-s 6 , travaillant tant dans les registres du culturel que du social, il n’y avait aucun livre rassemblant ces nouvelles connaissances.
À en tenter la synthèse, plusieurs options ont été prises. D’abord celle, formelle, d’abandonner le masculin pluriel, cette sorte de neutre, pour désigner des groupes de femmes et d’hom mes ; grammaticalement correct, il est aussi socialement accablant et a trop longtemps participé de l’invisibilité des femmes : à toujours parler des « instituteurs », on en oublie les institutrices, à toujours chercher les « ouvriers », les ouvrières sont forcloses et il en va de même pour les immigrées et tant d’autres 7 . Ensuite, pour ne pas signaler les femmes qu’entre parenthèses, a été adoptée une graphie qui ne décline pas les enseignant(e)s, mais les enseignant-e-s. Les noms de métiers ont aussi été systématiquement féminisés, dans le cadre de directives gouvernementales qui datent, on l’oublie trop, de 1986 et qui commencent, bien lentement et après une loi de 1998, à être appliquées. On lira donc ici l’histoire des cheffes, des magistrates et des professeures 8 . Le temps semble en effet révolu où les femmes devaient, pour être admises, en rajouter dans le conformisme masculin ambiant et ces signes sont aussi une manière de les sortir de l’invisibilité. Enfin, le XIX e comme le XX e  siècle classifient les femmes non pas pour elles-mêmes, mais selon l’état de leur relation juridique avec l’homme, les identifiant comme

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