Les femmes ne sont pas des hommes comme les autres , livre ebook

Odile Jacob - Anne de Kervasdoué , Janine Mossuz-Lavau

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182 pages

Français

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Extrait

Description

Les changements survenus dans la seconde partie du XXe siècle ont considérablement éloigné les femmes du profil adopté par leurs mères. Aujourd'hui, les femmes ne sont plus très loin de former la moitié de la population active; elles ont investi en masse l'enseignement supérieur; elles ont délaissé les bancs de l'Eglise et, armées de la législation sur la contraception et la dépénalisation de l'avortement, elles sont devenues libres de leur corps. Toutes ces transformations conduisent-elles à tracer le portrait d'une femme qui serait devenue le clone de l'homme ? On peut se poser la question si l'on se souvient des propos des féministes dans les années 1970 qui reprenaient les thèses « égalitaristes » de Simone de Beauvoir. Plus récemment, certains sont allés jusqu'à annoncer la venue d'une société « androgyne ». Mais qu'en pensent les femmes et les hommes de ce pays ? Comment les femmes se voient-elles par rapport aux hommes ? Comment se définissent-elles et décrivent-elles leurs compagnons ? Pour réponse à ces questions, Janine Mossuz-Lavau et Anne de Kervasdoué ont effectué une longue enquête auprès d'une centaine de femmes aux statuts les plus divers (âge, profession, provenance, géographique, état de vie, etc.). Il en ressort une prise de conscience très aiguë de ce qu'est aujourd'hui l'identité féminine. Politologue, Janine Mossuz-Lavau est directrice de recherche au CNRS et à la fondation nationale des Sciences politiques. Elle a publié Les Français et la politique (Odile Jacob, 1994). Anne de Kervasdoué, gynécologue, a déjà publié Questions de femmes et Questions d'hommes (Odile Jacob, 1996).

Sujets

Feminism

Sociologie, société et politique

Social Science

Feminist Theory

Informations

Publié par	Odile Jacob
Date de parution	01 mars 1997
Nombre de lectures	0
EAN13	9782738173188
Langue	Français
Poids de l'ouvrage	2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DES MÊMES AUTEURS
Janine M OSSUZ -L AVAU :
André Malraux et le gaullisme , Armand Colin, 1970. Réédité en 1982 aux Presses de Sciences-Po.
Les Clubs et la politique , Armand Colin, 1970.
Les Jeunes et la gauche , Presses de Sciences-Po, 1979.
André Malraux , La Manufacture, 1987.
Les Lois de l’amour. Les politiques de la sexualité en France (1950-1990) , Payot, 1991.
Les Français et la politique , Éd. Odile Jacob, 1994.
André Malraux, La Politique, la culture . Discours, articles, entretiens (1925-1975), présentés par J. Mossuz-Lavau, Paris, Gallimard, 1996.
En collaboration :
Avec Mariette Sineau, Enquête sur les femmes et la politique en France , PUF , 1983.
Avec Henri Rey, De Gaulle , Casterman, 1988. Les Fronts populaires , Casterman-Giunti, 1994.
Anne de K ERVASDOUÉ :
Questions de femmes , Éd. Odile Jacob, 1989. Réédité en 1996. Jours de femmes , Éd. Odile Jacob, 1992.
En collaboration :
Avec Jean Belaïsch, Questions d’hommes , Éd. Odile Jacob, 1996.
© O DILE J ACOB , FÉVRIER 1997 15, R UE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7318-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
S OMMAIRE
Couverture
Titre
DES MÊMES AUTEURS
Copyright
Remerciements
Introduction
Chapitre premier - Où la parole de l’intime n’est pas également partagée
La parole des femmes
La parole des hommes
Quand le conflit gronde
Sur le silence des hommes
Les femmes tisserandes du lien familial et social
Chapitre II - Où le plus fort n’est pas toujours celui qu’on croit
« Les femmes sont plus fortes que les hommes »
Les femmes seraient plus mûres que les hommes
Des femmes plus novatrices
Aux sources de la force féminine
Les dangers de la force féminine
La force des hommes
Chapitre III - Où se pose la question du travail et de la vie privée
Les hommes sont plus investis dans leur travail
Elles veulent une vie professionnelle et une vie familiale
Le point de vue des jeunes
Elles assument les tâches domestiques
Le travail, lieu par excellence des discriminations subies
Chapitre IV - Où la sexualité des femmes n’est pas la réplique de celle des hommes
Pas de sexualité sans amour
La double image de la sexualité féminine
Que nous disent-elles sur leurs pratiques sexuelles ?
Chapitre V - Où la politique au féminin a ses préoccupations propres
L’espace politique des hommes et des femmes
Au centre des préoccupations des femmes : l’humain
Du concret avant toute chose
Argent et politique : une exigence plus marquée
Politique au féminin et parité
Chapitre VI - Comme un roman : quelques histoires de vie
L’histoire d’Hélène
L’histoire de Gisèle
L’histoire de Claudine
L’histoire de Sophie
L’histoire de Léonie
L’histoire d’Isabelle
L’histoire de Dominique
Chapitre VII - Le regard des hommes
Dans la tourmente de l’évolution des femmes
La fascination biologique
Les hommes face aux détentrices de la parole de l’intime
Non, le rapport à la sexualité n’est pas identique
Chapitre VIII - Pour conclure : l’identité féminine égalitaire et différencialiste
L’égalité ou la différence : un brûlot dans le mouvement féministe
L’égalité et les différences : le point de vue des Françaises
Quel avenir pour l’identité féminine ?
Annexes
L’entretien non directif
Bibliographie (titres cités)
REMERCIEMENTS

Nous remercions donc au premier chef toutes celles et tous ceux qui ont accepté de se confier à nous au cours de cette enquête. Celle-ci a été financée par une dotation de L’Oréal que nous remercions aussi tout spécialement ici 1 . Cette recherche n’aurait pu être menée à bien sans le concours de plusieurs personnes qui nous ont facilité les contacts avec les hommes et les femmes que nous avons rencontrés, tout particulièrement en province : nous remercions donc encore Bernadette Bras, Catherine Marand-Fouquet, André Mossuz et Mireille Touet-Bigot. Notre gratitude va également à ceux de nos collègues sociologues qui ont accepté de lire, à l’état manuscrit, tout ou partie de ce livre, Michel Bozon, Michèle Ferrand, Margaret Maruani et Françoise Picq, dont les remarques nous ont été très utiles.

1 . Cette dotation a permis d’écrire l’ensemble de ce livre, à l’exception du chapitre sur le rapport à la politique qui a été rédigé à partir d’une autre enquête, réalisée entre 1992 et 1994 par Janine Mossuz-Lavau et financée pour les trois quarts par la Fondation nationale des sciences politiques et pour un quart par la Commission des Communautés européennes.
INTRODUCTION

Les femmes seraient-elles en passe de devenir des hommes comme les autres ? Les changements survenus chez elles dans cette seconde partie du XX e siècle les éloignent, en tout cas, considérablement du profil adopté par leurs mères et leurs grand-mères. Elles ont investi en masse l’enseignement supérieur et y sont même, depuis 1971, plus nombreuses que les garçons ; elles ne sont plus très loin de former la moitié de la population active ; elles ont délaissé les bancs de l’église où elles apprenaient à se conformer à un rôle soumis de mère et d’épouse. Avec la légalisation de la contraception et la dépénalisation de l’avortement, elles sont, en théorie du moins, devenues libres de disposer de leur corps. Elles sont de plus en plus nombreuses à vouloir faire de la politique, même si, là, le bât blesse, les portes ne s’entrouvrant que très chichement devant elles. Les plus jeunes ont grandi, de surcroît, dans la mixité, portent volontiers des tenues unisexes et estiment à plus de 80 % que, pour une femme, il est aussi indispensable de travailler que pour un homme 1 .
Toutes ces transformations conduisent-elles à tracer le portrait d’une femme qui serait devenue peu ou prou le clone de l’homme ? On peut se poser la question si l’on se souvient aussi des propos de certaines féministes des années 1970, reprenant les thèses de Simone de Beauvoir selon laquelle les femmes devaient se défaire des oripeaux du « spécifiquement féminin » pour s’aligner sur le modèle universel, incarné par les hommes. Tout le courant des féministes égalitaires, dont le but était avant tout l’obtention de l’égalité avec les hommes, s’est battu pour que l’on ne parle plus des différences, des particularités, car cela revenait pour elles à conforter les inégalités. Les « différencialistes », au contraire, considéraient que le féminin n’avait pu développer toutes ses potentialités, car il était réprimé par le patriarcat. Elles prônaient, en conséquence, de le faire advenir par un combat des femmes aidées par la psychanalyse. Ce débat égalité/différence a profondément meurtri le mouvement des femmes qui se sont déchirées pendant près de vingt ans au nom d’idéaux antagonistes dont certaines commencent à reconnaître aujourd’hui qu’ils conduisaient à des impasses. (Nous reviendrons plus longuement sur cet affrontement dans le dernier chapitre de ce livre.)
Il y a une dizaine d’années, Élisabeth Badinter n’a pas hésité, de son côté, à énoncer que « l’un est l’autre », que la ressemblance entre hommes et femmes est devenue telle que les uns et les autres ne se distinguent plus guère, au point d’ailleurs qu’elle envisage la disparition de la passion qui naîtrait du choc des contraires 2 .
Débats et controverses ont suivi. En même temps que des considérations sur la féminisation de la société, sur la transformation des hommes qui – l’image des nouveaux pères aidant – seraient moins masculins, moins « machos » qu’avant. L’idée d’une évolution vers une société d’androgynes fait ainsi son chemin, dans certains milieux intellectuels en tout cas. Claude Fischler, s’interrogeant sur la « féminisation » des mœurs, souligne dans Esprit que « les femmes, d’une part, s’approprient de plus en plus des pratiques, des valeurs, des représentations jusque-là masculines, mais en même temps et d’autre part, idées, valeurs, sensibilités féminines imprègnent de plus en plus largement l’ensemble de la société, y compris les hommes 3 ». Élisabeth Badinter considère, pour sa part, que « mâles et femelles ne deviennent pleinement humains que dans l’androgynat, lequel est double, ou n’est pas 4 ».
Mais les femmes et les hommes de ce pays, qu’en pensent-ils ? Comment les femmes se voient-elles par rapport aux hommes, comment se définissent-elles et décrivent-elles leurs compagnons ? Et les hommes, que disent-ils aujourd’hui de ces femmes qui ont tant évolué, et d’eux-mêmes qui n’ont pas forcément suivi le mouvement ? Quelle est la parole des Françaises et des Français « ordinaires », sinon du pays « profond » sur cette question de l’identité et de la différence ? En clair, dans la France d’aujourd’hui, nos concitoyennes et nos concitoyens se sentent-ils plutôt identiques ou plutôt différents ?
Pour répondre à cette question, nous avons effectué, de 1993 à 1995, une enquête. Nous sommes parties, magnétophone en main, à la rencontre de ces hommes et de ces femmes afin de recueillir leur discours sur eux-mêmes et sur leurs partenaires. Nous avons réalisé près d’une centaine d’entretiens (dont une quinzaine ont été suivis d’histoires de vie), à partir de la consigne suivante : « Compte tenu de ce que vous avez vécu, de votre expérience, de ce que vous voyez autour de vous, est-ce que vous diriez qu’aujourd’hui les hommes et les femmes, c’est pareil